Antoine Irisse (de son vrai nom Avram Iris) est un peintre français de l’École de Paris, né le à Kichinev en Bessarabie (alors en Russie, actuellement en Moldavie) et mort à Paris le .
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La critique l'a classé, dès 1929, pour la partie la plus importante de son œuvre parmi les Fauves. Sa peinture, chargée de poésie, est un hymne à la lumière, à la couleur, à la joie de vivre païenne. Il simplifiait les formes et la perspective. Ses sujets étaient simples comme il l'était lui-même : vues de son atelier, modestes accessoires de vie, vases de fleurs, portraits.
C'était un poète inspiré par Matisse qu’il admirait. La couleur était pour lui un outil d’expression et constituait un langage chargé d’émotion.
Sa jeunesse avec ses parents et ses deux frères se passe dans un milieu marqué par l’antisémitisme et les persécutions qu’il ne pourra jamais oublier. Il fait des études à l’École des Beaux-Arts de Kichinev puis, fuyant les pogroms de Bessarabie, il émigre en Belgique où il étudie à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles.
À Kichinev déjà, les conversations entre jeunes étudiants tournaient autour de la capitale de la France où, disait-on, de nombreux artistes, venus de tous les horizons, créaient un art nouveau.
À 23 ans, il s’installe définitivement à Paris. Il travaille dans l’atelier de Wlérick et Arnold, où il rencontre ses amis Pignon et Dayez. Il fréquente également l'Académie de la Grande Chaumière. Il découvre à Paris la liberté de peindre, la liberté tout court. Il peut enfin être lui-même. Il participe activement à la vie artistique de Montparnasse. Il se lie d'amitié avec Michel Kikoine, Mané-Katz, Jean Pougny, Othon Friesz, Utrillo, Dobrinsky, Terechkovitch et bien d'autres. Il fréquente régulièrement les cafés du carrefour Vavin aux terrasses du Sélect, du Dôme, de la Rotonde ou de la Coupole où se forge l'esprit de l'École de Paris et où il retrouve ses amis artistes, ainsi que des galeristes, critiques et marchands d'art.
Ses premières expositions, notamment à la galerie de la Jeune Parque, en 1929, sont saluées par la critique. On pourra lire à son sujet[1] : « l’exubérance, la turbulence et la joie de peindre en toute liberté sont son apanage. » Selon le même auteur, il fait partie des « gentils fous bien sympathiques avec leur fauve peinture éclaboussée [qui apportent] une vraie jeunesse [à la peinture]. » À propos de son exposition en 1930, Mounesseau écrira dans l'Écho de Paris[2] : « […] Irisse [est un] jeune peintre qu’il faudra suivre […] Sa peinture […] violente, emportée, brutale révèle un véritable tempérament de coloriste […]. »
En 1931, il se produit dans une exposition-vente dite « le petit tableau » à la galerie Katia Granoff et une autre, en 1932, à L’Archipel avec Raoul Dufy, Friesz, Mané-Katz, Picasso, Pougny, Utrillo, Maurice de Vlaminck, entre autres. Certains de ces peintres sont encore peu connus.
Il expose en 1931 à la galerie Katia Granoff où il est remarqué par Waldemar George, futur rédacteur en chef de la revue Prisme des arts, qui le suivra ensuite tout au long de sa carrière et lui apportera ses conseils, son soutien puis la reconnaissance de son talent. Ses toiles séduisent J.-M. Campagne qui, dans un long article, écrit[1] : « […] J’ai vu l’autre jour chez Katia Granoff, l’exposition d’un jeune Russe, le peintre Irisse. […] Celui-là est même décidé d’aller, pour soutenir sa peinture, jusqu’à mourir de faim. […] Il n’en est qu’aux promesses mais on sent un métier très libre, déjà dégagé et la délicieuse folie d’un vrai peintre. Je voudrais qu’il continue ainsi et qu’on se souvienne de son nom. »
Il expose ensuite en 1932 avec le groupe de la Péniche à bord du Boucanier, en 1933 à la galerie des Quatre Chemins, où son style se confirme puis, en 1934, à la galerie Armand Drouant où il est préfacé et conseillé par Waldemar George. Parallèlement, il participe de façon régulière aux principaux Salons parisiens.
En 1936, il s'installe dans un atelier plus vaste à Montparnasse. C’est aussi l’année de son mariage.
Ses expositions se raréfient pendant les années noires de la Seconde Guerre mondiale. Irisse reste à Paris mais, dénoncé comme juif par un de ses fournisseurs, il doit se cacher et échappe de peu à la Gestapo. Pourtant il ne cesse de peindre. Sa mère qu'il adorait est prise dans une rafle en 1942, déportée et assassinée à Auschwitz.
Peu avant la Libération, Irisse participe au Salon de Mai dès sa création en 1945. René Barotte écrira dans Paris Presse L’Intransigeant[3] : « C’était avec Pignon et Dayez, un des pionniers du Salon de Mai. » Sa participation se poursuivra chaque année de 1945 à sa mort en 1957. Il expose régulièrement aussi au Salon des indépendants dont il est sociétaire, au salon des Tuileries et au Salon d’automne.
Il acquiert la nationalité française en 1940.
Irisse a consacré toute sa vie à la peinture. Pourtant il a dû, pendant de longues années, pour pouvoir faire vivre sa famille (sa fille naît en 1940) et pour préserver une recherche picturale authentique, choisir un second métier, celui de céramiste. Mais il n'a jamais cessé de peindre. C'est pendant cette période que son art atteint son plein épanouissement. Lorsqu'il peut enfin se consacrer entièrement à la peinture, en 1954, il est foudroyé par une maladie qui ne lui laissera que deux ans à vivre.
Son exposition en 1952 à la galerie André Weil, avenue Matignon, le classe définitivement parmi les peintres représentatifs de son époque et, plus précisément, parmi les Fauves. Henri Héraut déclare dans le Journal de L'Amateur d'Art[4] : « Les quelques toiles qu'il expose classent Irisse parmi les bons peintres de sa génération. Cet artiste, trop modeste, n'occupe pas le rang qu'il mérite pour la diversité de ses moyens et la plupart de ses réussites. »
Irisse choisit d'évoluer assez naturellement vers une forme d'expression plus abstraite. Il se dégage tout à fait des formes et ne s'intéresse plus qu'aux associations de plans colorés. Il réalise quelques toiles pleines de promesses alors qu'il est fatigué et amaigri.
La dernière exposition d'une partie importante de son œuvre, toujours à la galerie André Weil, en , remporte un vif succès auprès de la critique. On peut lire dans le journal Combat de 6 : « Irisse arrive à un style lumineux et coloré dans la meilleure tradition des Fauves et de Matisse. Ses formes sont simples, allusives, sa couleur sonore. »
Emporté par une maladie qui ne pardonne pas, il meurt le , quelques jours à peine après la fin de sa dernière exposition à laquelle il n'a pu assister. Il a seulement 53 ans. Sur son lit de mort, il réclamait encore ses tubes de peinture pour étaler des couleurs.
Sa nouvelle orientation est restée en grande partie à l’état de projet.
Waldemar George souligne, dans la revue Le Peintre[5], ses harmonies colorées et les décrit ainsi :
Dans la même revue, en 7, il décrit son œuvre ainsi :
Henri Héraut écrit dans le Journal de l'Amateur d'art 8, en 1956 :
En , Waldemar George lui rend hommage, à l'annonce de sa mort, en écrivant dans L'Arche 9 :