Charlotte-Gertrude-Hélène Daniel, dite après ses mariages MmeMartner (1798), puis MmeCamô (1811), est une miniaturiste, une artiste peintre et une sculptrice française, née à Paris le et morte à Nancy le . Surtout connue pour ses miniatures, elle est notamment active à Fort-de-France, en Martinique, dans les années 1800 et 1810.
Charlotte Martner
Charlotte Martner, Autoportrait présumé, à une balustrade devant sa boîte à peindre en miniature, Fort-de-France, 30 septembre 1805, miniature sur ivoire contrecollé sur carton, collection privée[1].
Née à Paris le , Charlotte-Gertrude-Hélène Daniel est la fille du graveur sur métaux Jérôme-François Daniel (v.1751-1810) et de son épouse Angélique-Charlotte Chollet (v.1752-1824)[2],[3]. Le couple a une seconde fille, Angélique-Adrienne Daniel (v.1787-1848), graveuse sur métaux, mariée en 1819 à Louis-Thomas Raban (1790-1845), graveur et imprimeur en taille-douce, imprimeur-lithographe, républicain et militant révolutionnaire.
Portrait présumé de Charlotte Martner, son mari, le personnel de la maison et une hôte dans une salle à manger à Fort-de-France, huile sur toile, XIXesiècle, collection privée.
Charlotte Daniel épouse à Paris, le , l'officier de santé Jean-Baptiste-André Martner (1760-1810)[4].
Le couple s'embarque le du Havre pour la Louisiane, d'où ils gagnent la Martinique, restituée par la Grande-Bretagne à la France depuis septembre 1802. La Gazette de la Martinique du 23 Brumaire an XIII (14 novembre 1804) informe ses lecteurs que «Madame Martner, artiste», établie à Fort-de-France, «peint avec beaucoup de succès la miniature et le portrait». À cette époque, elle sculpte un buste de Bonaparte utilisé lors d’une fête donnée par les autorités en l’honneur de Rose Claire des Vergers de Sannois, mère de la future impératrice Joséphine, le 18 Brumaire an XIII (9 novembre 1804)[2],[3]. Peut-être à cette occasion, elle peint aussi en miniature un portrait de Mme Tascher de La Pagerie[5].
L'artiste réalise au cours de son séjour en Martinique plusieurs autres portraits miniatures datés et signés Mme Martner.
Devenue veuve le , Charlotte Martner se remarie à Fort-de-France le avec un colon martiniquais, Dominique-Paul-Jean Camô (1752-1818), natif de Catalogne. Trois enfants naissent de cette union dans la capitale de la colonie: Charles-Marie-Laurent-Dominique-Jérôme, le (le futur général de brigade Camô)[6],[note 1], Angélique-Joséphine-Charlotte, le et Dominique-Charles-Joseph-Marie, en 1817[2].
L'artiste continue de peindre après son remariage et son second veuvage, comme l'indique l'apparition sur le marché de l'art en 2021 d'une miniature signée D Vve Camô Fer 1821 (Daniel veuve Camô février 1821)[7].
Revenue en France métropolitaine à une date incertaine après 1818, Charlotte Camô s'établit à Nancy où elle meurt le [2],[3].
État de la recherche
Jeune femme en robe blanche sur fond de palmiers, 1804, l'œuvre de Charlotte Martner qui a suscité les premières recherches sur l'artiste.
Le premier chercheur à attirer l'attention sur Charlotte Martner a été Maurice Meslans, intéressé par les orfèvres et artistes des Antilles, qui a fait l'acquisition vers 1976 d'une miniature représentant une Jeune femme sur fond de palmiers, datée de 1804 et signée par une artiste féminine[2] dont le patronyme, commençant par un M, était difficile à déchiffrer. L'historienne de l'art Nathalie Lemoine-Bouchard a inclus l'artiste en 2008 dans son ouvrage de référence Les Peintres en miniature actifs en France sous le nom de «MmeMantner(?)» et a publié une image de la miniature, sa seule œuvre alors répertoriée[8].
Peu après, Meslans est parvenu à rassembler suffisamment de données biographiques sur la miniaturiste, dont son nom de femme mariée (Martner) et son lieu d'activité (la Martinique), pour permettre à Philippe Rossignol, spécialiste d’histoire et de généalogie des Caraïbes, d'identifier l'état civil de l'artiste, en s'appuyant en partie sur les recherches généalogiques de Cédric Touvet[2].
Le relais de la recherche a par la suite été repris par N. Lemoine-Bouchard[3], qui a réussi à retracer en 2017, dans la descendance de l'artiste, la propre boîte à peindre de celle-ci (inutilisée depuis sa mort) et plusieurs de ses œuvres[9].
D'autres miniatures de la main de Charlotte Martner ont aussi fait leur apparition sur le marché de l'art au cours des dernières années, permettant ainsi d'enrichir le corpus de ses œuvres[10].
Œuvre
Miniatures
Revers de la miniature Jeune femme en robe blanche sur fond de palmiers, 1804.
Jeune femme en robe blanche sur fond de palmiers[note 2], 1804, miniature, aquarelle sur ivoire, 5,4 × 4,2 cm, signée Mme / Martner / 1804, collection privée[11]; au revers, un dessin est interprété par le propriétaire de l'œuvre, Maurice Meslans, comme «une tombe, ou cénotaphe, en cheveux, surmontée de deux cœurs et entourée de feuillages»[2], qui propose d'identifier le modèle représenté à une femme morte à Fort-de-France en 1804, à savoir Rose Caroline Madeleine Raynal Eysseris, épouse d'Aimé Félix Eustache Deslandes[12],[13], tandis que Nathalie Lemoine-Bouchard interprète ce même dessin comme «un autel où brûlent deux coeurs, référence [au] récent mariage [de l'artiste]» et y voit plutôt un autoportrait[14].
Autoportrait présumé, à une balustrade devant sa boîte à peindre en miniature (visage et haut du corps en partie effacés), 1805, miniature sur ivoire contrecollé sur carton, 14,5 × 11,5 cm, signée du monogramme DM (pour «Daniel Martner»), localisée «Fort de France de Mart[ini]que» et datée «30 9bre 1805» (pour le ), collection privée, descendance de l'artiste[1].
Portrait de Sir George Beckwith, à mi-corps, en uniforme, 1809, miniature sur ivoire, 9,5 × 9 cm, œuvre peinte au temps de la prise de la Martinique par Beckwith, signée et datée Mme Martner 1809, vendu aux enchères en 2014 (Stansted Mountfitchet(en) (Royaume-Uni), Sworder, 9 septembre 2014, lot 375), localisation inconnue[15],[16].
Un gentilhomme de la Martinique, 1810, miniature ovale, aquarelle sur ivoire, 6,8 × 5 cm, signée et datée Mme Martner 1810, autrefois dans une collection privée de Saint-Cyr-sur-Mer (Var), en vente chez un marchand d'art en 2022[17].
Portrait du père de l'artiste, le graveur sur métaux Jérôme-François Daniel, miniature sur ivoire circulaire réalisée de mémoire à Fort-de-France en octobre 1810 (probablement à l'annonce de la maladie du père); au revers, monogramme DMC (pour Daniel Martner Canô), accompagné d'une annotation autographe: «Le sentiment peut suppléer au modèle / Portrait de mon Père fait de mémoire / après sept ans d’absence par sa / respectueuse fille D. Martner / Fort royal de Martinique / au mois d’octobre 1810», collection privée, descendance de l'artiste[5].
Portrait de Mme Tascher de la Pagerie, miniature, entre 1804 et 1810, connue uniquement par les vers dédiés à l'artiste par M.de Rondemare[5].
Portrait d'élégante à la robe blanche de style Regency, miniature ovale, signée et datée D Vve Camô Fer 1821 (Daniel veuve Camô février 1821), vendue aux enchères en 2021 (Grasse, Hôtel des ventes de Grasse, 3 juillet 2021, lot 20), localisation inconnue[7].
Jeune fille noire coiffée d’un fichu, assise à une table, peut-être en train de coudre ou de broder, miniature sur ivoire inachevée, non datée, collection privée, descendance de l'artiste[18].
Miniatures de Charlotte Martner
Portrait de Sir George Beckwith, à mi-corps, en uniforme, 1809.
Un gentilhomme de la Martinique, 1810.
Portrait du père de l'artiste, le graveur sur métaux Jérôme-François Daniel, fait de mémoire, octobre 1810.
Portrait d'élégante à la robe blanche de style Regency, février 1821.
Autres
Buste de Napoléon Bonaparte, sculpture pour la fête du organisée à Fort-de-France en l'honneur de Mme Tascher de la Pagerie[3].
Portrait présumé de Charlotte Martner, son mari, le personnel de la maison et une hôte dans une salle à manger à Fort de France, huile sur toile, XIXesiècle, collection privée, descendance de l'artiste, tableau qui est peut-être à attribuer à C. Martner[18].
Nathalie Lemoine-Bouchard, «Mme Martner (Paris, 1781-Nancy, 1839), peintre, peintre en miniature et sculpteur aux Antilles», La Lettre de la miniature, no4, , p.3 (ISSN2114-8341, lire en ligne).
Nathalie Lemoine-Bouchard, «Du nouveau sur: Charlotte Martner, peintre en miniature à la Martinique, et sa boîte à peindre», La Lettre de la miniature, nos41-44, , p.2-6 (ISSN2114-8341, lire en ligne).
Nathalie Lemoine-Bouchard, «À propos d’un portrait inédit de Mme Martner, peintre en miniature à la Martinique en 1810, des compléments sur cette artiste devenue veuve Camô», La Lettre de la miniature, no67, , p.9-11 (ISSN2114-8341).
Maurice Meslans et Philippe Rossignol, «09-48 Mme Martner, artiste (Martinique, 19e)», Généalogie et Histoire de la Caraïbe, no227, , p.6016 (ISSN0997-3923, lire en ligne).
Table des mariages et des divorces célébrés à Paris de 1793 à 1802, lettres LEM-MELY, image 405/474, document numérisé sur Geneanet, page consultée le 13 septembre 2022.
Nathalie Lemoine-Bouchard, «Mantner (?), Mme», dans Les Peintres en miniature actifs en France, 1650-1850, Paris, Les Éditions de l'Amateur, (ISBN978-2-85917-468-2), p.368.
M. R. Meslans, «09-48 Mme Martner, artiste (Martinique, 19e)», Généalogie et Histoire de la Caraïbe, nouvelle série no8 (4e trimestre), , p.44 (lire en ligne).
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