Claude Michel est le fils de Thomas Michel et Anne Adam, et s’inscrit donc dans la dynastie de sculpteurs Adam avec ses frères Sigisbert François (1728-1811) et Pierre Joseph Michel (1737-1787). Il est très vite appelé Claudion, Clodion ou le petit Claude pour le différencier d’un frère plus âgé. Dès 1756, il est élève de l’école du modèle à l’Académie royale de peinture et de sculpture, logeant chez son oncle Lambert Sigisbert Adam. À la mort de ce dernier en 1759, il s’inscrit comme élève de Jean-Baptiste Pigalle. Le , Clodion est lauréat du premier prix de sculpture avec un bas-relief représentant Absalon, qui fait tuer son frère Amnon dans le festin aujourd’hui disparu, puis est pensionnaire à l’École royale des élèves protégés dès [2].
Ainsi, le , il reçoit son brevet pour l’Académie de France à Rome. Brillant modeleur, il y réalise des petits sujets en terre cuite qui plaisent aux amateurs. Un de ses premiers chefs-d’œuvre est la Minerve (1766, New York, Metropolitan Museum of Art), qui fait référence à la Minerve antique de la collection Giustiniani[2].
Ce séjour constitue un environnement propice à l’épanouissement d’une culture artistique et littéraire à laquelle l’avait sensibilisé son oncle Lambert Sigisbert Adam. Clodion se distingue par son charme et son élégance, à la fois en tant que modeleur, mais également par la taille du marbre. En 1766, il reçoit la commande d’un groupe en marbre pour le duc de la Rochefoucauld, et en 1768 d’une Vestale destinée à Catherine II de Russie. Il décide de prolonger son séjour romain au-delà des trois ans réglementaires et ne quitte Rome qu’en [2].
Carrière en France et second voyage à Rome
En 1773, il montre un choix d’œuvres à l’Académie royale de peinture et de sculpture, en obtenant ainsi l’agrégation. Dès , il expose au Salon les modèles en plâtre représentant Jupiter, Hercule, Le Fleuve Scamandre desséché par les feux de Vulcain, une esquisse pour un monument funéraire et des bas-reliefs d’inspiration antique[2].
Entre 1773 et 1774, il se rend pour la deuxième fois à Rome, où il réalise de délicats bas-reliefs en terre cuite. Il en profite pour récupérer des blocs de marbre pour ses commandes pour le jubé de la cathédrale de Rouen, et pour la galerie de l’hôtel de l’abbé Terray[2].
Sa carrière prend de l’ampleur après l’avènement de Louis XVI en 1774. En effet, Clodion s’implante dans le monde des amateurs fortunés construisant des hôtels particuliers dans les nouveaux quartiers parisiens. Il exécute d’importants bas-reliefs pour l’architecte Alexandre Théodore Brongniart dont le Triomphe de Galatée pour Bouret de Vézelay[2].
En 1782, il exécute deux frises en stuc pour la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, ainsi qu’un décor pour la salle de bains de l’hôtel de Besenval, dans un tout autre esprit. En effet, l’appareillage en pierre de tonnerre met en valeur un cortège de déités déshabillées. Au centre de la pièce, une Jeune femme dénudée fait écho à la Jeune Grecque endormie de Joseph-Marie Vien, peinte pour Besenval. À cela s’ajoutent deux frises sur les amours des Dieux inspirées des Métamorphoses d’Ovide[2].
En 1778, Clodion reçoit sa première commande royale pour un portrait de Montesquieu assis, s’inscrivant dans la série des «Grands hommes de la France» prévue pour orner la Grande Galerie du Louvre. Vingt-sept statues sont réalisées pour ce projet, mais ne furent jamais installées. Clodion réalise un modèle en plâtre pour le Salon de 1779, mais celui-ci est largement critiqué, à tel point que le marbre qu’il présente en 1783 est basé sur un modèle ultérieur. En 1784, il participe au concours pour l’érection d’un monument public commémorant l’ascension en ballon des frères Robert destiné à être exposé au jardin des Tuileries à Paris, pour lequel il réalise deux modèles en terre cuite qui font forte impression[2].
Clodion multiplie les œuvres légères et virtuoses jusqu’à la Révolution. Sa clientèle est telle qu’il n’a plus besoin d’exposer au Salon avant 1801. Il se fait discret durant la Révolution, mais —contrairement à une légende tenace— ne se retire pas à Nancy. Sa carrière redémarre à partir de 1795 et durant l'Empire. Il poursuit sa production de brillantes terres cuites, en parallèle de commandes prestigieuses, parfois monumentales[2].
Satyre enfant courant avec un hibou, 1773, terre cuite, 45,1 cm, Cleveland, Cleveland Museum of Art[5].
Satyresse enfant courant avec un nid, 1773, terre cuite, 45,1 cm, Cleveland, Cleveland Museum of Art[5].
Le Sacrifice à l’Amour, vers 1773, bas-relief en marbre, 26 × 30,7 × 2 cm, Paris, musée des Arts décoratifs[15].
Le Sacrifice à l’Amour, vers 1773, terre cuite, 23 × 26 cm, collection particulière[2].
Une femme qui, en expirant, montre à son époux le fils qu’elle lui donne, 1773, bas-relief en terre cuite, 24 × 40 × 2 cm, Paris, musée du Louvre[16].
Ange tenant un cœur, 2emoitié du XVIIIesiècle, marbre, 187 × 90 × 70 cm, Versailles, château de Versailles[2].
La Bascule, vers 1775, terre cuite, 44,5 × 41,3 cm, Toledo, musée d'Art de Toledo[17].
Fillette portant des fleurs dans sa tunique, années 1770, terre cuite, Cleveland, Cleveland Museum of Art[18].
Jeune fille présentant des guirlandes de roses sur un plateau, années 1770, terre cuite, 45,1 × 15,2 × 17,3 cm, Cleveland, Cleveland Museum of Art[19].
L’Offrande à Priape, vers 1775, terre cuite, 45,1 × 33,5 × 21,9 cm, Malibu, J. Paul Getty Museum[20].
La Poésie et la Musique, vers 1774-1778, marbre, 117,6 × 89,1 × 56 cm, pour la galerie de l’hôtel de l’abbé Terray, Washington, National Gallery of Art[22].
Jeune fille portant une aiguière, années 1780, terre cuite, 43,5 × 16,5 × 11,5 cm, Paris, collection particulière[5].
Bacchant proposant un plateau de fruits à une bacchante portant un enfant, années 1780, terre cuite, 44,5 × 23 × 23,5 cm, Suisse, collection particulière[5].
Bacchant portant un vase, accompagné d’une bacchante tenant un enfant par la main, années 1780, terre cuite, H. 50,8 cm, Waddesdon, Waddesdon Manor[23].
Bacchante courant portant des fruits dans sa tunique, vers 1780-1785, terre cuite, collection particulière[5].
Léda et le cygne, vers 1782, terre cuite, 39,5 × 18,5 × 18 cm, Laneuveville-devant-Nancy, château de Montaigu[2].
Montesquieu, 1783, marbre, 164 × 122 × 122 cm, Paris, musée du Louvre[24].
Égyptienne au naos, vers 1783, terre cuite, 48 × 19,5 × 13 cm, Paris, musée du Louvre[25].
Modèle pour un monument commémorant l’ascension en ballon des physiciens Charles et Robert, 1784, terre cuite, H. 109,5 cm, New York, Metropolitan Museum of Art[26].
Les grands décors architecturaux
Enfants et petits satyres volant ses enfants à une panthère, vers 1781, bas-relief en terre cuite, 24,5 × 79,1 × 4,5 cm, modèle pour le décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, New York, Metropolitan Museum of Art[5].
Enfants et petits satyres volant ses enfants à une panthère, vers 1781, bas-relief en stuc, 165 × 642 × 9 cm, élément de décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, Paris, musée du Louvre[27].
Enfants et satyres conduisant une chèvre au sacrifice, vers 1781, bas-relief en terre cuite, 25,4 × 77,5 × 4,8 cm, modèle pour le décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, New York, Metropolitan Museum of Art[5].
Enfants et satyres conduisant une chèvre au sacrifice, vers 1781, bas-relief en stuc, 166,5 × 660 × 9 cm, élément de décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, Paris, musée du Louvre[2].
Satyresses jouant avec des satyres enfants autour d’un œil-de-bœuf, vers 1781, Nancy, Musée lorrain.
Satyresses jouant avec des satyres enfants autour d’un œil-de-bœuf, vers 1781, bas-relief en stuc, 185 × 412 × 24 cm, élément de décor de la cour de l’hôtel de Bourbon-Condé, Nancy, Musée lorrain[2].
Naïade, 1782, pierre de tonnerre, destinée à la salle de bains de l’hôtel de Besenval, collection particulière[2].
Vénus et l’Amour avec Léda et le cygne, 1782, pierre de tonnerre, 103 × 323 × 22 cm, décor pour la salle de bains de l’hôtel de Besenval, Paris, musée du Louvre[28].
Pan poursuivant Syrinx sous le regard de l’Amour, 1782, pierre de tonnerre, 104 × 323 × 23 cm, décor pour la salle de bains de l’hôtel de Besenval, Paris, musée du Louvre[29].
Paire de vases à décor identique d’une ronde de satyres et de satyresses avec les accessoires d’une thiase bachique, 1782, pierre de tonnerre, H. 107 cm, diam. 42 cm, destinés à la salle de bains de l’hôtel de Besenval, Paris, musée du Louvre[30].
Erigone, 1782, plâtre, 205 × 80 × 47 cm, élément de décor de la salle à manger, Maisons-Laffitte, château de Maisons-Laffitte[5].
Erigone tenant la grappe de la main droite, fin XVIIIesiècle, terre cuite, 56,1 × 20,5 × 16,8 cm, réduction d’après le modèle du château de Maisons, Paris, Petit Palais[5].
Erigone tenant la grappe de la main gauche, fin XVIIIesiècle, terre cuite, 52,5 × 18 × 12,5 cm, réduction d’après le modèle du château de Maisons, Stockholm, Nationalmuseum[5].
Enlèvement de Psyché, 1797-1800, terre cuite, 59 × 32,5 × 43 cm, Londres, Victoria and Albert Museum[31].
Deux jeunes femmes – ou nymphes – portant avec trois bras une coupe chargée de fruits, entre 1785 et 1793, plâtre, 235 × 110 × 100 cm, destiné à la salle à manger de l’hôtel Botterel-Quintin, Paris, musée des Arts décoratifs[5].
Deux jeunes femmes – ou nymphes – portant avec quatre bras une coupe chargée de fruits, entre 1785 et 1793, plâtre, 235 × 110 × 100 cm, destiné à la salle à manger de l’hôtel Botterel-Quintin, Paris, musée des Arts décoratifs[5].
Le Retour du chasseur, entre 1795 et 1800, terre cuite, 37,5 × 13 × 13 cm, Bayonne, musée Bonnat-Helleu[32].
Bacchant enlaçant une bacchante avec un thyrse chargé de raisin sur l’épaule, 1799, terre cuite, 54,9 × 32,2 × 25,7 cm, Cincinnati, Cincinnati Art Museum[5].
Louis Lévêque, Portrait du sculpteur Claude Michel dit Clodion (1738-1814), 1859, buste en marbre, Paris, musée du Louvre[38].
Notes et références
Albert Jacquot, Les Adam et les Michel et Clodion, Paris, Rouam, (ISBN2012730752)
Pierre-Hippolyte Pénet et Guilhem Scherf, Les Adam. La sculpture en héritage, Gand, Snoeck, (ISBN978-94-6161-623-4 et 94-6161-623-6, OCLC1280397973, lire en ligne).
Les actes de mariage et de divorce ainsi que son acte de décès sont reproduits par Henri Herluison, in: Actes d'état-civil d'artistes français…, Orléans, H. Herluison, 1873, pp.80-82 (en ligne).
Anna L. Poulet et Guilhem Scherf (dir.), Clodion (1738-1814), catalogue de l’exposition (Paris, musée du Louvre, 17 mars – 29 juin 1992), Paris, RMN, 1992
Antoine Dingé, Notice nécrologique sur C.M. Clodion, 1814, 8p.
Albert Jacquot, Les Adam et les Michel et Clodion, Paris, Rouam, 1898.
Albert Jacquot, Essai de répertoire des artistes lorrains. Sculpteurs, Paris, Librairie de l’art ancien et moderne, 1901.
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Anonyme, «Clodion», Connaissance des Arts, no40, , p.72-77.
(en) James Parker, «Clodion’s Bas-reliefs from the Hôtel de Condé», The Metropolitan Museum of Art Bulletin, vol.XXV, no6, , p.230-241.
Michèle Beaulieu, «Le mausolée de Ninette par Clodion», Le Pays lorrain, no2, 1971, p.81-84.
Guilhem Scherf, «Clodion [le décor de la salle de bains de l’hôtel de Besenval]», in: Gaborit (dir.), 1988, p.86-87.
(en) Anne L. Poulet, «A Neoclassical Vase by Clodion», The Art Institute of Chicago. Museum studies, vol.15, no2, 1989, p.138-153 et 177-180.
Guilhem Scherf, «Autour de Clodion, variations, imitations, répétitions», Revue de l’art, no91, 1991, p.47-59.
Anna L. Poulet et Guilhem Scherf (dir.), Clodion (1738-1814), Paris, RMN, 1992. — Catalogue de l’exposition, Paris, musée du Louvre, du au .
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Guilhem Scherf, «Homère mordu par les chiens de Clodion (1738-1814): une œuvre inédite retrouvée – Remarques sur l’exposition Clodion», Revue du Louvre. La Revue des Musée de France, no3, 1993, p.54-60.
Guilhem Scherf, «La Léda de Clodion, une terre cuite de la collection Édouard Salin au château de Montaigu», Le Pays lorrain, no3, juillet-, p.139-146.
Guilhem Scherf, «La galerie des ‘’Grands Hommes’’ au cœur des salles consacrées à la sculpture française du XVIIIesiècle», Revue du Louvre. La Revue des Musée de France, no5/6, 1993, p.58-67.
Guilhem Scherf, «L’Offrande à l’Amour de Clodion: une acquisition majeure du musée des Beaux-arts de Nancy», Péristyles, Cahier de l’Association Emmanuel Héré, no4, 1994, p.19-24.
Béatrice Salmon (dir.), Autour de Clodion, les terres cuites de la collection Paul Cailleux, musée Bonnat de Bayonne, Nancy, Ville de Nancy, 1996. — Catalogue de l’exposition, Nancy, musée des Beaux-Arts, du au .
Guilhem Scherf, «Claude Michel, dit Clodion (1738-1814). “Cet artiste est remply de goût dans ses ouvrages”», in: Pierre-Hippolyte Pénet et Guilhem Scherf (dir.), Les Adam, La sculpture en héritage, Gand, Éditions Snoeck, 2021, p.267-275. — Catalogue de l’exposition, Nancy, musée des Beaux-Arts, du au .
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