Cícero Dos Santos Dias, dit Cícero Dias, né le à Escada au Brésil et mort le à Paris 16e, est un peintre brésilien ayant passé l'essentiel de sa vie en France (1937-2003).
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Figure éminente de la peinture brésilienne, Cícero Dias, est marqué par sa double appartenance au Modernisme brésilien et à l’École de Paris, au carrefour de deux continents et de deux époques. Pour beaucoup, il était le dernier grand nom du modernisme pictural brésilien.
Cícero Dias naît le à Escada, près de Récife, dans la région de Pernambouc au Brésil. Il passe son enfance à Jundiá dans une plantation de canne à sucre, un « engenho », du Nordeste Brésilien.
En 1925, il entre à l'école des Beaux-Arts de Rio de Janeiro, section architecture. Il est proche de l’architecte et urbaniste Lucio Costa (qui créera Brasilia avec Oscar Niemeyer). L’une des raisons qui m’a fait venir à Rio était l’École d’Architecture...Dans la classe avant la mienne, étudiait Lucio Costa. Dans celle d’après, étudiait Oscar Niemeyer. Dans ma classe, étudiait Carlos Leão, qui deviendrait bientôt mon meilleur ami...[1].
Cícero Dias fréquente les groupes d'intellectuels et d'artistes de l'époque : A Rio, il est aux côtés de la jeune intelligentsia carioca, dont l'architecte Carlos Leão, les poètes Manuel Bandeira et Murilo Mendes et les peintres Di Cavalcanti et Ismael Nery. Il côtoie aussi le mouvement moderniste lancée lors de la Semana de Arte Moderna en 1922 à São Paulo, par Oswald de Andrade et Tarsila do Amaral. Oswald de Andrade a posé les principes de ce mouvement dans Le Manifeste anthropophagique, publié en mai 1928.
A Recife, Cícero Dias est très proche du mouvement régionaliste, fondé par le sociologue Gilberto Freyre en 1926 et de l'écrivain José Lins do Rego, dont le nationalisme régionaliste célèbre le nord-est du Brésil. Gilberto Freyre étudie les valeurs profondes du peuple brésilien, lance le fameux « Manifeste régionaliste du nordeste » (publié sous sa forme définitive seulement en 1952) et organise le premier Congrès Afro-Brésilien en 1934, dont Cícero Dias illustrera l’affiche.
Cícero Dias réalisera aussi la couverture de Casa-Grande & Senzala, de Gilberto Freyre publié en 1933. « Il y avait une grande différence entre le modernisme de São Paulo et le régionalisme de Pernambuco… les régionalistes, eux, étaient des ethnographes, des sociologues, des historiens – ils étaient de véritables scientifiques sociaux. Cependant que les modernistes étaient tous des artistes. C’était ça la grande différence et c’est peut-être à cause de ça qu’il y a eux tellement de querelles entre eux »[2].
Cícero Dias rencontre l'écrivain français Blaise Cendrars, grand amoureux de la culture brésilienne, qui séjourna au Brésil entre 1926 et 1927. Cícero Dias devint ainsi, à travers lui, familier de la France.
Il rapporte aussi les avis portés sur sa peinture par d’autres français : « Benjamin Peret, Benjamin Crémieux, Blaise Cendrars, Paul Morand des écrivains français qui étaient au Brésil et voyaient ma peinture, ont commencé à en discuter… tout en étant brésilienne, ma peinture était naturellement moderne, comme celle qui se faisait en Europe »[3].
Lorsque Di Cavalcanti revint d'Europe en 1926, lui et Dias devinrent inséparables. Il est possible que Di Cavalcanti ait été l'un des premiers à visiter mon atelier sur Correia Dutra, se souvient Dias[4].
Cícero Dias abandonne définitivement l’École des Beaux-Arts et l’architecture en 1928, pour se dédier complètement à la peinture.
Cette année-là, âgé de 21 ans, il présente sa première exposition, lors du premier Congrès de Psychanalyse en Amérique latine, à la Policlínica de Rio, avec le soutien enthousiaste de Di Cavalcanti, qui revendiquait Dias comme son protégé, et celui de l'écrivain Graça Aranha, Cette exposition provoqua un scandale auprès de certains visiteurs et l’enthousiasme des Modernistes. Dans le cadre de cette exposition le poète moderniste Murilo Mendes a écrit « Gloire de Cícero Dias »[5].
Les œuvres de la décade de 20, d’une grande poésie révèlent un univers singulier. Ces aquarelles au dessin d’une grande délicatesse et d’une gamme chromatique très riche, mêlent le rêve à l’imaginaire fantastique de la région du nord-est brésilien.
En 1930, il participe à “l’Exposition d’art moderne brésilien” au Nicholas Roerich Museum à New-York, exposition collective d’artistes brésiliens contemporains dont Anita Malfatti, Tarsila do Amaral, Alberto Guignard, Di Cavalcanti et Ismaël Nery.
Cícero Dias a vingt-trois ans, au Salon National de 1931, organisé par Lucio Costa, à l’Ecole des Beaux-Arts de Rio de Janeiro, lorsque son immense panneau (15 m x 2,5m) "Eu vi o mundo… ele começava no Recife" provoque un scandale retentissant, par son ampleur, l’audace de ses représentations : scènes typiques du Nordeste, rêveries érotiques, où l’imagination, la fantaisie et la crudité se donnent libre cours. Ce fut un véritable coup de force dans l'art brésilien, où rien de semblable n'avait été fait jusqu'alors. Mario de Andrade dans une lettre adressée à Tarsila do Amaral qui se trouvait en Europe, dit que l'œuvre de ce jeune pernamboucain faisait « craquer les murs » de l'École Nationale des Beaux-Arts qui abritait l'exposition[6]. Malheureusement, des vandales coupèrent 3m du côté gauche du panneau où apparaissaient les « nus scandaleux ».
Cícero Dias réalisera les décors et les costumes du ballet Jurupari, de Serge Lifar sur une musique de Villa-Lobos, présenté à Rio de Janeiro en 1934 et à São Paulo. J’ai très bien connu Villa-Lobos. J’ai travaillé avec lui dans des montages de ballets au « Teatro Municipal » de Rio de Janeiro. Mes grands tableaux ont été utilisés comme décor en 1934[7].
A cette époque, la peinture de Cícero Dias était très différente de celle de ses pairs. Il a créé son propre monde, lyrique, inclassable, épique, prolifique, déroutant, onirique, à la fois réel et irréel. Son travail perturba ses contemporains, ce qui l’incitera entre autres à rejoindre la France. Philippe Dagen en parle en ses termes « Dias aime se référer dans ses propos à une sorte de préhistoire de l’art, commune à tous, où tous puiseraient, lac souterrain des origines, réservoir enfoui du mythe, d’obsessions, de fantômes et de visions. Aux artistes de découvrir les résurgences que ce Léthé nourrit, à eux de se faire sourciers et explorateurs »[8].
En 1937, fuyant la dictature Vargas, il choisit de s'installer à Paris et y rejoint les peintres brésiliens Di Cavalcanti, Noemia Mourão et l’écrivain Paulo Prado. En 37, Di Cavalcanti m'a écrit pour que j'aille à Paris. Il y avait déjà trouvé un atelier pour moi. Alors, j'ai décidé de partir[9].
A Paris, il est proche de l’avant-garde française, européenne et du mouvement surréaliste, il fréquente Calder, Picasso, Fernand Léger et l'écrivain Paul Éluard entre autres.
Dès 1938, sa première exposition particulière à la Galerie Jeanne Castel à Paris, lui apporte succès et reconnaissance de ses pairs. Figurent parmi les invités : l’ambassadeur du Brésil Souza Dantas, Blaise Cendrars, Benjamin Crémieux, Raymond Cogniat (directeur de la galerie des Beaux-Arts), Paul Éluard, Jean Cassou, Paul Fort, Jean Cocteau, Francis Carco, Abel Bonnard, Picasso, Paul Valéry.
En 1939, il participe à l'exposition latino-américaine, au Riverside Museum à New York avec entre autres Tarsila do Amaral et Di Cavalcanti…
Au début de la guerre, Cícero Dias fréquente assidument l’atelier de Picasso, rue des Grands Augustins. En 1941, il fait la connaissance chez des amis communs, de Raymonde Voraz qu’il épousera en 1943.
Peu de temps après l’entrée en guerre du Brésil aux côtés des alliés, en février 1942, Cícero Dias et une soixantaine de diplomates brésiliens sont emmenés à Baden-Baden en Allemagne. Par une soirée glaciale de février 42, après avoir dîné avec Picasso et Dora Maar, nous remontons à son atelier et il m'y fait cadeau d'une très belle gravure. Ce geste amical me réconforte en cette veille de mon départ pour l'inconnu[10]. Durant sa captivité, il reçoit des lettres de Paul Éluard et de Jaime Sabartés, le secrétaire de Picasso, ce dernier et sa fiancée Raymonde lui envoient aussi des vivres et des livres[11].
En mai 1942, à la suite de négociations entre l'Itamaraty (Ministère des Affaires Étrangères du Brésil) et la chancellerie nazie, de nombreux brésiliens sont échangés à Lisbonne contre des allemands détenus au Brésil. De Baden-Baden, je devais ensuite me rendre au Portugal où s'effectuait un échange de Brésiliens déportés en Allemagne avec des Allemands qui étaient au Brésil. J'étais de cette fournée[12]. J’ai passé 3 mois en Allemagne…je suis parti de Baden-Baden le 24 mai 1942, 2 jours à Biarritz, le 30 à Lisbonne…[13].
Il revient clandestinement en France et s’installe à Vichy. Intimement lié à Paul Éluard, Cícero Dias reçoit à l’ambassade du Brésil, le poème Liberté. Ce poème publié dans le recueil « Poésie et Vérité », lui a été envoyé de Clermont-Ferrand par Louis Parrot. Dans l’attente de pouvoir quitter la France avec ce poème, Cícero Dias vit et peint dans une petite chambre d’hôtel à Vichy, un minuscule atelier dans un coin de la chambre[14]. Raymonde l’y rejoint, fin aout 1942.
Le 11 novembre 1942, jour de l’invasion de la zone libre par les allemands, ils franchissent la frontière, le poème dissimulé dans la poche de Cícero Dias. Ils atteignent Lisbonne le 17 novembre 1942. Le 15 mars 1943, Cícero Dias fait parvenir le poème, par la valise diplomatique, à Roland Penrose à Londres. Ce dernier en accuse réception le 15 avril 1943. Ce cri de Liberté put être lancé en avril 1943 par milliers, depuis des avions de la Royal Air Force sur le territoire français occupé par les nazis[15]
Le 10 décembre 1942, Cícero Dias répondant à une invitation du gouvernement portugais, inaugure sa première exposition à la Salão Silva de Lisbonne. Il avait préparé cette exposition alors qu’il était encore à Vichy. L’exposition présente les œuvres des trois dernières années, le catalogue est préfacé par un poème de Paul Éluard, envoyé à Cícero Dias le 31 octobre 1942. Ce poème sera renommé A sa place et publié en juin 1943 dans la revue Confluences[16].
A Lisbonne, il fréquente et se lie d’amitié avec des artistes et écrivains portugais, parmi lesquels Mericia de Lemos, Almada Negreiros, Sara Afonso, Rui Cinatti, Antônio Dacosta, Carlos Queiroz, Adriano de Gusmão, Antônio Pedro, Gastão de Bettencourt, Casais Monteiro, Carlos Botelho et Luis Trigueiros.
Pendant son séjour dans la capitale lusitanienne, dans son atelier Rua das Praças, le style de Dias amorce un changement radical. D’une part le traitement de la figure est stylisée, fragmentée et s’éloigne ainsi du réel, d’autre part sa palette change et devient plus audacieuse. Les sujets même de ses peintures ont un côté plus ludique, particulièrement lorsqu’il associe un coq et un ananas, une femme et une noix de cajou, penchant presque jusqu’à l’irrévérence.
En février 1943, la ville de Porto accueille la deuxième exposition personnelle de Cícero Dias au Portugal. Le catalogue reproduit le poème d’Eluard « A sa place ».
La même année, il décroche le premier prix du Salon d'Art Moderne à Lisbonne. 1943 s’achève par son mariage le 23 décembre, avec Raymonde Voraz.
En 1944, il participe à l'exposition « Peinture Brésilienne Moderne » à l'Académie Royale des Arts, à Londres, avec deux peintures et deux aquarelles. Cette exposition-vente est organisée au profit du fonds de bienfaisance de la Royal Air Force.
En 1945, Picasso lance un appel à Cícero Dias pour que celui-ci revienne à Paris. En dédicace sur un exemplaire de sa pièce de théâtre « Le Plaisir Attrapé par la queue » : Picasso écrit : Pour Dias, dont la présence à Paris est nécessaire. Et Dias rentre à Paris.
De retour en France, il s’installe à Paris dans un atelier Villa d’Alesia.
Déjà au Portugal et encore à son retour à Paris, il s’engage vers une peinture abstraite à travers une phase de transition : la période végétale, où les souvenirs de la luxuriance tropicale du Nordeste sont toujours prégnants, tant dans la schématisation des formes végétales, que par l’utilisation d’une palette où se déclinent les verts intenses et profonds.
Son dessin se simplifie, la prédominance du vert laisse la place aux couleurs primaires, complémentaires ou opposées, des bleus et des jaunes, des verts et des rouges qui évoquent toujours les paysages lumineux de sa jeunesse. Peu à peu les peintures aux courbes et aux couleurs douces côtoient des peintures plus géométriques à la palette d’intensité plus radicale, et sa production tend ainsi vers l’abstraction.
Il se lie à l’École de Paris, groupe d’artistes abstraits. Avec certains d’entre eux, il expose à la galerie Denise René dès 1946, puis régulièrement, notamment en 1948 lors de l’exposition « Tendances de l’art abstrait » avec Arp, Delaunay, Hartung, Kandinsky, Kupka, Mondrian, Poliakoff, Vasarely… entre autres.
En 1948, Cícero Dias retourne au Brésil.
Il exécute un ensemble de grandes fresques murales abstraites les premières d’Amérique Latine, sur les murs d’un immeuble moderniste, siège du Secrétariat des Finances de l’État de Pernambuco, à Recife. Ces fresques sont les réminiscences abstraites des paysages, des souvenirs que Cícero Dias gardaient en mémoire.
Ce changement ne serait pas facilement accepté par certains de ses admirateurs, comme Manuel Bandeira, bien qu'il fût compris par d'autres, tels que Gilberto Freyre.
Deux expositions rétrospectives sont aussi organisées : en juillet à Récife, à la faculté de Droit. Dans le catalogue sont publiés deux poèmes d’Eluard, réunis sous le titre Palmiers, l’autre à l’École des Beaux-Arts de Rio, où Gilberto Freyre rédige le texte de présentation.
En France, il participe à l’exposition « l’Art Mural » au Palais des Papes, en Avignon.
Leur fille Sylvia, nait en octobre de cette même année, Picasso sera son parrain.
En 1949, il participe à l'inauguration du Musée d'art moderne de São Paulo, dont le directeur est Léon Degand, avec Arp, Calder, Delaunay, Kandinsky, Léger, Magnelli, Miró, Picabia, Poliakoff, Soulages et Vasarely.
Il prend part à l'exposition "Les grands courants de la peinture contemporaine" au Musée de Lyon, France.
En 1950, il participe à la 25ème Biennale internationale de Venise, où il était exposé dans le « Pavillon du Brésil » avec Roberto Burle Marx, Milton Dacosta, Emiliano Di Cavalcanti, Flavio de Carvalho, Candido Portinari, José Pancetti, Bruno Giorgi, Victor Brecheret, Livio Abramo, Oswaldo Goeldi. Durant l’été 1950, il voyage en Italie, entre Rome et Taormina, et réalise une série de gouaches singulières et colorées.
Du 20 au 26 septembre 1950, Cícero Dias se rend avec Willi Baumeister et Miró entre autres, à la deuxième Semana de Arte à Santillana del Mar, Santander, Espagne, réunion d’artistes, d’écrivains et d’architectes, rattachés à l’École Altamira[17](créée en 1948).
L’année 1951 est marquée par l’incendie de l’atelier de Cícero Dias, à Montparnasse, Paris[18]. Une partie de sa production est détruite.
Dias participe à la première Biennale Internationale de São Paulo et au Salon de mai au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.
1951-1952 La galerie Denise René organise l’exposition Klar Form, à Copenhague, au Danemark, puis itinérante en Scandinavie, qui présente les pionniers de l’art abstrait, dont Cícero Dias.
En 1952, les musées d'art moderne de São Paulo et de Rio de Janeiro, organisent des expositions rétrospectives de Cícero Dias."Cícero Dias vient d'avoir son exposition à São Paulo. J'étais ravi. Je le vois comme le plus grand peintre de tous les temps. Oui, je le répéterai encore et encore…Cícero Dias est arrivé à la synthèse de ma philosophie anthropophagique"[19]. Il participe à la 26e édition de la Biennale internationale de Venise. L’ouvrage "Témoignages pour l'Art Abstrait" est publié aux éditions « d’Art d'Aujourd'hui » à Paris. Le critique Léon Degand y consacre un chapitre à Cícero Dias, en compagnie des artistes abstraits internationaux de premier ordre.
En 1953, Cícero Dias grâce à ses liens d’amitié avec Picasso obtient le prêt de Guernica pour la IIe Biennale de São Paulo.
Le Groupe Espace est créé en 1951, Cícero Dias fait partie des fondateurs avec André Bloc, Felix Delmarle, Sonia Delaunay et Fernand Léger…
En 1954, le groupe expose à Biot, Cícero Dias y présente une Maquette pour l’équipement d’un musée moderne, avec la complicité de l’architecte Claude Parent. Ce projet repense l’expérience muséale des visiteurs en mettant à leur disposition les œuvres choisies, qui viennent à eux grâce à une rampe de présentation. Cícero Dias a pu compter sur le concours d’artistes amis, qui ont réalisé pour ce Musée des œuvres en miniature.
En 1955, il participe à l’Exposition Internationale de peinture contemporaine, au Modern Art Museum de Pittsburgh, aux États-Unis.
En 1958, une salle spéciale est consacrée à Cícero Dias à l’Exposition Universelle et Internationale, Pavillon Brésilien, à Bruxelles. En 1959, Cícero Dias expose au Salon de mai, à Paris, au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, au Brasilianischer Künstles, Haus der Kunst, Munich, Allemagne, ainsi qu’au Musée d’Art Moderne de Bahia, Salvador, pour une Exposition rétrospective 1926-1959.
A la fin des années 1950, Cícero Dias expérimente un nouveau champ pictural : les Entropies, une parenthèse dans son œuvre. Les Entropies naissent d’une dynamique du mouvement, de formes libérées des contraintes géométriques où des cascades de couleurs viennent saturer la surface. La peinture est travaillée dans le sens vertical, sans lignes droites, sans lignes marquées, ni schéma à suivre - c'est la fascination de la liberté, du lâcher prise.
Ces tableaux ont fait l’objet de deux expositions individuelles, en 1966 au Musée d’lxelles, Belgique et en 1978 au Musée des Beaux-Arts André Malraux, au Havre en France.
En 1960, lors de l’exposition l’art moderne brésilien, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris consacre une salle à Cícero Dias.
En 1965, le panneau Visão Carioca, polyptyque de 8 mètres de long, commandés à Cícero Dias par Carlos Lacerda pour le 400ème anniversaire de Rio et l’inauguration du siège de la Banque Banerj, allie la liberté des entropies à l'exubérance des paysages de Rio de Janeiro.
En 1965, une salle spéciale à la Biennale Internationale de São Paulo est consacrée à une rétrospective de son œuvre.
Au cours des années 60, il revient à une figuration qui combine certains aspects de ses premières peintures, le passage par l'abstraction et quelques éléments du répertoire visuel du nord-est brésilien. Cette peinture lyrique est imprégnée de souvenirs et de références à son enfance, retour nostalgique à sa jeunesse et aux souvenirs de Recife. Cette peinture figurative luxuriante, introduit des images folkloriques et rurales tirées de scènes costumbristes de la vie quotidienne.
Parallèlement et jusqu’à la fin de sa vie, il poursuit son travail sur l’abstraction.
Pendant cette période, Cícero Dias mêle de façon plus marquée le figuratif et l’abstrait. Les thèmes sont les mêmes qu'auparavant, mais les scènes s’insèrent désormais dans un canevas, comme des fenêtres individuelles et indépendantes. Le paysage autant que les figures se font plus géométriques. La végétation omniprésente tout au long de son œuvre, est désormais plus stylisée et schématisée. Une atmosphère paisible, langoureuse se dégage de ses œuvres des années 1980. Dans ses peintures abstraites, la composition est marquée par un plus grand dynamisme et un accent est mis sur la symétrie.
Au début des années 1980, Cícero Dias réalise deux grands panneaux (6 m x 4,5 m) pour la Casa da Cultura de Recife, Pernambuco, ayant pour thème la vie du leader religieux Frei Caneca, lors des Révolutions de 1817 et 1824. Il peint les différents éléments dans son atelier rue de Longchamp à Paris, ces derniers seront transportés et assemblés au Brésil. Cícero Dias a fait de très nombreuses recherches historiques sur ce héros de l’histoire de Pernambuco. Les deux panneaux dont la composition est similaire, présentent une succession de scènes compartimentées entourant le sujet principal. Des phylactères ponctuent le tableau d’annotations.
En 1982, il participe à l’exposition « Paul Éluard et ses amis peintres » au centre Pompidou à Paris. Il édite « La suite Pernambucana » à l’atelier Pierre Baday à Paris, composée de 25 lithographies, à partir des aquarelles des années 1920.
En 1987, la galerie Denise René, Paris, expose ses peintures de 1950 à 1965. Il participe à l’exposition “Modernidade, art brésilien du XXe siècle”, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
En 1991, il réalise une peinture murale pour la station de métro Brigadeiro à São Paulo (20 x 3m), large fresque abstraite colorée en céramique.
En 1996 le panneau "Eu vi o mundo… ele começava no Recife" est exposé à la maison de l'Unesco, à Paris, à l’occasion de la parution de la monographie Cícero Dias, par Antonio Bento e Mário Carelli, édité par Banco Icatu S.A, Rio de Janeiro, 1997.
En décembre 1999 est inaugurée à Recife la dernière œuvre de l’artiste : Praça do Marco Zero, œuvre d’art monumentale, une « Rose des Vents » gigantesque qui sera peinte sur le sol de la Place Marco Zero. Il s’agit d’une représentation du ciel, une cosmogonie inspirée de la lecture de la Divine Comédie de Dante.
Cícero Dias décède à Paris le à 95 ans. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris (9e division).
Cícero Dias a été proche des milieux intellectuels, tant littéraires (poètes, écrivains, sociologues, anthropologues) qu’artistiques (peintres, architectes, chorégraphes, musiciens). Cependant son œuvre exprime une singularité rarement influencée par les différents courants artistiques de son époque et qui a interrogé critiques et historiens de l’art. Dias aime se référer dans ses propos à une sorte de préhistoire de l’art, commune à tous, où tous puiseraient, lac souterrain des origines, réservoir enfoui du mythe, d’obsessions, de fantômes et de visions[20].
Dès son arrivée à Rio, Cícero Dias s’est lié aux grands intellectuels et artistes de l’époque, il était proche des mouvements avant-gardistes des années 20-30 : Modernisme, Mouvement Anthropophage et Mouvement Régionaliste, bien qu’il n’ait jamais adhérer réellement à ces mouvements. De ses fréquentations il garda des amitiés durables, entre autres parmi les artistes : Di Cavalcanti, Noêmia Mourão, Ismael Nery, Tarsila do Amaral, Anita Malfatti, Lasar Segall, parmi Les architectes Carlos Leão, Lucio Costa, Oscar Niemeyer, et parmi les poétes et écrivains Graça Aranha, Rachel de Queiroz, Manuel Bandeira, José Lins do Rego, Rubem Braga, Mário Pedrosa, les poètes Mario de Andrade et Murilo Mendes et enfin le sociologue Giberto Freyre et le compositeur brésilien Villa Lobos.
A son arrivée en France, en 1937, il retrouve les intellectuels qu’il avait connu au Brésil : Blaise Cendrars, Paul Morand et Jules Supervielle. En 1938, son exposition à la Galerie Jeanne Castel à Paris, lui ouvre les portes du monde intellectuel et artistique parisien, dont les surréalistes. En découlera des amitiés fortes avec entre autres les artistes : Picasso, Dora Maar, Alexander Calder, Llorens Artigas, Max Bill, Henri Laurens, Alberto Magnelli, Miro, les poètes Paul Éluard, René Char et Jaime Sabartés, les architectes Claude Parent et Le Corbusier et le chorégraphe Serge Lifar.
Lors de son passage à l’abstraction, il participe activement au groupe Espace et se lie à l’École de Paris, que la Galerie Denise René a soutenu : Hans Arp, André Bloc, Silvano Bozzolini, Jean Deyrolle, César Domela, Alexander Calder, Robert Jacobsen, Fernand Léger, Albert Magnelli, Richard Mortensen, Edgar Pillet, Michel Seuphor et Victor Vasarely.
L'affinité de Cícero Dias avec les poètes est l'un des traits frappants de sa biographie…Paul Éluard le comprit, il fut séduit par le monde "végétal" dont le graphisme de plus en plus rigoureux renforçait la richesse chromatique tropicale. Cícero Dias lui inspira des poèmes tels que « Palmiers » qu’il fera en référence au tableau « La sieste »[21].
Son œuvre d’illustrateur est importante, au Brésil et au Portugal, Cícero Dias collabora avec des poètes tels que : Raul Bopp en 1931 pour Cobra Norato, nheengatu da margem esquerda do Amazonas publié à São Paulo, Editions Irmãos Ferraz. Le premier recueil et probablement l’œuvre la plus importante du mouvement anthropophagique. Il dessina la couverture du roman brésilien Menino de Engenho de José Lins do Rego publié en 1932 au Brésil. Cícero Dias réalisa la couverture de Casa-Grande & Senzala (Maîtres et esclaves) de Gilberto Freyre publié en 1933 avec l’œuvre « Casa Grande do Engenho Noruega »
En 1934, Cícero Dias conçut l’affiche du premier Congrès afro-brésilien.
En 1934, il dessina les décors et costumes du ballet Jurupari, de Serge Lifar sur une musique de Villa-Lobos, présenté à Rio de Janeiro.
Cícero Dias propose une nouvelle interprétation d'un épisode des Lusíadas de Luís Vaz de Camões, Ilha dos Amores, publié en juillet 1944 à Lisbonne.
Il collabora à la revue Atlantico Revista Luso Brasileiran n.º 5 en 1944, en illustrant : Enéas Ferraz, Beco sem saída da lua et le poème Suma d’Augusto Frederico Schmidt.
Il illustra deux poèmes : ]anaina et Pela fé de Zambi de Jorge de lima publiés dans la revue Atlantico Revista Luso Brasileiran, n°6 en 1945.
L’édition posthume des poèmes Ciclo da Moura d’Augusto Frederico Schmidt publiée en 1967 fut enrichie de dessins Cícero Dias.
En 1990 est publié 12 poemas de Merícia de Lemos, avec les illustrations de Cícero Dias, Imprensa Nacional, Casa Da Moeda.
L’œuvre de Cícero Dias est caractérisée par la fusion entre la tradition du Nordeste brésilien et la vie intellectuelle de Rio ou de Paris. Sa peinture est marquée par sa double appartenance au Modernisme brésilien et à l’École de Paris, au carrefour de deux continents et de deux époques. Son œuvre fait le lien entre la culture populaire et la culture intellectuelle (sa curiosité pour les cultures anciennes, le quattrocento italien, l’histoire de son pays, les modernistes brésiliens…)
Cícero Dias fit d'abondantes recherches sur les relations historiques franco-brésiliennes. Il a rédigé en 1972, le Catalogue du fonds Ferdinand Denis, conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, Institut Français des Hautes Études Brésiliennes, à Paris.