Daniel Derveaux, né le à Paris et décédé le à Saint-Malo[1], est un artiste et éditeur d'art français.
Il a produit près de 2 500 dessins, une centaine de bois et linos gravés, 40 000 épreuves d'eau-fortes, 6 000 pierres, zinc, aluminium, 300 gravures sur cuivre, 1 000 tirages en sérigraphie, près de 10 millions d'exemplaires tirés; des impressions publicitaires et éditions d'art par lithographie, typographie, et offset façon lithographie. Cette production lui vaut d'avoir figuré longtemps dans le Who's who[2].
Daniel Louis Derveaux est né à Paris le .
Sa carrière artistique et littéraire débute dans le Nord, au cours des années 30. Le jeune artiste parcourt alors le Ferrain et bénéficie de l'enseignement du peintre et graveur bailleulois Jules Alphonse Deturck. À 19 ans, il crée sa propre maison d'édition à Tourcoing : les "Éditions d'Art Daniel Derveaux".
Observateur, méticuleux, Daniel parvient par ses nombreuses productions (dessins et gravures sur cuivre, sur bois...) à établir un catalogue méthodique des villages du Nord, dont il a mis en valeur le patrimoine architectural en faisant paraître plusieurs ouvrages illustrés.
En 1936, après la publication de En pays de Ferrain, Daniel part pour le service militaire. De retour en 1938, il présente une exposition d'estampes à Lille. Mais bientôt la guerre éclate, et le jeune artiste est appelé sous les drapeaux.
L'épisode militaire de la vie de Daniel Derveaux est présenté par le Dr. Michaël Séramour sur quelques pages de son ouvrage Des arcs-en-ciel sous l'uniforme[3], paru en 2021 aux éditions des Paraiges ; cet ouvrage vient parachever sa thèse de doctorat d'histoire[4], soutenue en 2010 à l'université de Metz :
"Sursitaire de la classe 1934, Daniel Derveaux est incorporé au 162e régiment d'infanterie de forteresse en septembre 1936 et commence son service au Camp de Veckring. Remarqué par le lieutenant-colonel Miserey, le jeune artiste est employé comme secrétaire particulier et quitte Veckring pour Metz, où il se voit confier la "mission" de réaliser un historique illustré du site du Hackenberg. Après maintes recherches dans les archives municipales de Metz et dans celles de l'Évêché, il rédige son texte en gothique sur vélin d'Arches qu'il enlumine de nombreuses illustrations, avant de faire relier pleine peau le manuscrit par le maître-relieur tourquennois Edmond Coudou, avec lequel il travaillait avant son service militaire. D'une qualité exceptionnelle, l'ouvrage devient le livre d'or du Hackenberg, présenté aux illustres visiteurs invités à y déposer une signature entre 1937 et 1940. Robert Louard, jeune appelé, [...] paracheva l'oeuvre initiale en la rehaussant encore de nombreuses aquarelles." [3]
Puis, affecté à la caserne Barbot en 1937, "il réalise des cartes des secteurs de Veckring et d'Hestroff et de nombreux dessins et croquis destinés à l'instruction. [...] Parallèlement à ses activités militaires, il expose au XVIe Salon des artistes mosellans en avril." En août 1939, "il est affecté dans les intervalles du secteur d'Hestroff - toujours au 162e RIF". (voir ). Nommé guetteur dans un "arbre-observatoire" de la forêt de Villers, il est ensuite invité au petit Bois-de-Bousse par le capitaine Wolff, pour "croquer" (dessiner par croquis) ses hommes : ce sera la naissance de l'oeuvre Descente du guet [5]. Le lieu où il dessine sera vite renommé "Fort aux Fresques". Voir l'analyse d'Ophélie Nimeskern, doctorante en histoire de l'art, sur cette oeuvre[6]. Citons encore Michaël Séramour :
"De retour au Bois-de-Villers, Daniel Derveaux continue de dessiner jusqu'au décrochage de la nuit du 13 au 14 juin 1940. Il s'illustre comme observateur dans le clocher de Lupcourt, bombardé par l'ennemi - ce qui lui vaut l'obtention de la croix de guerre 39-45 - pour finalement être fait prisonnier le 20 juin 1940 à proximité de Charmes. Toujours actif, il réalise des aquarelles et dessins accompagnant une trentaine de chants populaires européens, des portraits de camarades d'infortune, des lions gravés." [3]
Démobilisé en 1941, il vient s'établir à Saint-Malo.
Daniel Derveaux a été le seul artiste à avoir véritablement dessiné et gravé le vieux Saint-Malo tel qu'il était antérieurement aux bombardements d’août 1944. Ses épreuves ont d'ailleurs servi à la reconstruction de Saint-Malo, et aux attributions des dommages de guerre[7] : pour cette raison, la commune de Saint-Malo décida de l'honorer en nommant un passage à son nom[8].
Il écrit et illustre de nombreux livres sur Saint-Malo, Rennes et la vallée de la Rance. En même temps, il créait des lithographies de portraits, costumes et sites bretons, des vues de port et de très nombreuses cartes géographiques ou historiques sur la France et toutes ses régions - par exemple la carte de Bretagne armoriée tirée à plusieurs milliers d'exemplaires-, sur l'Europe et le monde. Il fut également publicitaire en créant quantité d'affiches, dépliants, papiers à en-tête à l'usage de nombreuses manifestations de toute la région Ouest.
"L'oeuvre du malouin d'adoption se vend dans les librairies spécialisées, les musées nationaux et s'exporte à l'étranger." [3]
Marié en 1944 à Renée Moigne, il eut trois enfants. C'est en 1982 que Pierre Derveaux reprend la suite des Editions d'Art Daniel Derveaux (voir : ) avec de nouvelles gravures historiques, qu'il transmet en 2006 à son fils Guillaume[9],[10].
Gravures :
Daniel Derveaux a alterné les techniques les plus variées : dessins crayon, plume, sanguine, lavis ; xylographie ; taille-douce : pointe sèche, burin, eau-forte, aquatinte ; lithographie ; impression en offset.
Dès l'âge de 18 ans, il grave sur cuivre et tire à l'eau-forte une série de dessins à la plume sur l'Italie, puis sur Tourcoing et le Nord. Il s'adonne aussi à la gravure sur bois. En 1934, série de 64 eaux-fortes sur Roubaix, et plusieurs portraits de famille à la pointe sèche sur cuivre. En 1935 : 27 eaux-fortes d'une ferme, la cense "Montagne". 180 dessins à la plume rehaussés de lavis sépia.
1936-1940 : service militaire et guerre, très nombreux dessins humoristiques à la plume, au crayon ; illustration par dessins et aquarelle du Livre d'Or du Hackenberg, paraphé par tous les généralissimes et personnalités alliés - dont Churchill, le roi George VI... - ayant visité le Fort en ces mois de guerre ; fresques humoristiques sur les parois souterraines de l'abri du Bois de Bousse [6] (Bockange, Moselle); gravures sur lino.
1940-1941 : Dessins et aquarelles illustrant les Chants Populaires Européens, portraits, linos gravés.
À partir de 1942, il assimile la technique de l'impression lithographique, en dessinant sur pierre au crayon gras lithographique, et pour ce faire sur autant de pierres (60 kg chacune) que de couleurs à passer. Et il va créer ou reproduire en les agrémentant, quantité d'estampes et cartes géographiques ou historiques à thèmes, effectuer 85 dessins de l'intra-muros malouin[7]. Il grave des cuivres et tire en même temps de nombreuses eaux-fortes et bois gravés pour le livre Saint-Malo de Bretagne, crée des ex-libris (cuivres, bois) pour des amis.
Pendant 13 ans, de 1945 à 1958, il exécute dessins et éditions publicitaires (cartes, programmes de voyages, affiches - pour la station balnéaire de Carnac entre autres -, en-têtes de lettres, publicités illustrées pour la Frégate de Renault, la Brittany Air Service, l'Historial de Montmartre, d'autres musées de cire, des préfectures, syndicats d'Initiatives, les biscuits Gondolo, des casinos, des produits pharmaceutiques, etc.)
En même temps paraissent des centaines d'eaux-fortes, dessins, près de 50 cartes géographiques genre ancien, agrémentées de blasons, armoiries ou scènes de genre, réimpression des ports d'Ozanne, des costumes régionaux de Lalaisse, des centaines de lithographies (en majorité des crayons) pour ses récents ouvrages « Gentilhommières... » et « de la Côte d'Emeraude... ».
Ensuite il adaptera la technique de la lithographie, en reportant sur zinc par photomécanique le dessin sur pierre, zinc destiné à l'impression offset. Parfois il dessine au crayon gras lithographique directement sur le zinc à imprimer.
Ses gravures, proposées par les librairies spécialisées, les comptoirs de vente des musées et monuments nationaux, et à l'international, sont présents dans d'innombrables foyers en France et à l'étranger.
Il fit de nombreuses expositions dont la dernière organisée par la Ville de Saint-Malo en mars 2008, dans la tour Bidouane sur les remparts.