Artiste d’art sacré chrétien, il est essentiellement connu pour ses sculptures sur ivoire qui ornent un grand nombre d’objets liturgiques, ses statues en bois, ses crèches et ses médailles[2],[3].
Biographie
Une enfance difficile
Fernand Py naît en 1887 dans une modeste maison de la rue du Hasard à Versailles[5]. Son père, graveur, est Louis Charles Py. Sa mère s’appelle Eugénie Ernestine Gras. Il semble qu’il ait eu trois frères, Gaston, Marcel et Georges ainsi qu’une sœur Marguerite[6].
Il vit une enfance difficile[5]. Malentendant[5], son handicap l’isole des autres enfants et il est l’objet de harcèlement. L’origine de cette demi-surdité n’est pas claire. D’après Henri Brochet, il est malentendant de naissance[5]. D’après Henri Charlier, son handicap résulte d’une typhoïde[6]. De plus, en raison de «malheurs familiaux», il entre avec ses frères Gaston et Marcel à l’assistance publique en 1899[4]. Il a alors onze ans[6].
Apprentissage de la sculpture sur bois
Heureusement, un oncle de Fernand, avocat, apprend sa situation après environ 6 mois et l’en retire[7]. Décelant peut-être un don chez son neveu, il le place à 13-14 ans comme apprenti sculpteur sur bois chez des fabricants de meubles[4] du faubourg Saint-Antoine de Paris[5],[7]. Il y reste trois ans, d’abord comme simple apprenti puis comme ouvrier apprenti. Py s’y fait remarquer en raison de son goût pour la création, au grand dam de son patron qui souhaiterait que son ouvrier se contente de copier les motifs demandés par le client[7].
Son oncle protecteur meurt quelque temps après l’avoir placé[7], laissant Py seul pour faire ses premiers pas dans la vie active. Une fois son apprentissage effectué, Py ne peut pas rester chez son patron du faubourg Saint Antoine, car celui-ci ne peut pas le payer comme un véritable salarié. De plus, sa surdité le rend timide et mal à l’aise avec les manières des autres compagnons. Enfin, il ne veut pas continuer à reproduire encore et encore les mêmes ornements[8].
Découverte et maîtrise de la sculpture de l'ivoire
Vers 1908, il s’intéresse à la sculpture sur ivoire et rencontre des marchands ou des antiquaires[5],[8],[4]. Pour eux, il réalise des Vierges ou des Christs dans un style médiéval. Artistiquement, il est déjà plus libre au niveau du mouvement et des détails de ses figures[8]. Son talent est tel qu’une de ses sculptures est authentifiée comme médiévale par un expert[5]! Néanmoins, ces milieux marchands ne sont pas toujours honnêtes et certains n’hésitent pas à faire passer volontairement ses œuvres pour des pièces d’époque. Cela irrite Py pour qui la foi et la morale chrétienne sont des choses sérieuses[8].
Artiste chrétien, ami de Charlier et membre de l'Arche
Il déménage à la campagne pour «travailler dans une atmosphère morale plus digne, faire des statuettes ou des Christs qui iraient dans les églises ou chez des chrétiens»[8]. Cela lui permet également de s’affranchir de la copie et de réaliser ses propres œuvres.
En 1912, il rencontre Henri Charlier et noue avec lui une solide amitié[5],[6],[8],[4]. Ce dernier lui communique son «esprit», c'est-à-dire le goût de la taille directe[5]. Il lui permet également d’acquérir la culture artistique qui lui manque[8],[9]. Charlier lui fait découvrir Rodin, Cézanne, les primitifs flamands, etc.[9]
Dès 1920, il rejoint et travaille avec «L’Arche»[11]. Ce groupement d’artistes chrétiens est fondée en 1917 par l’architecte Maurice Storez et Valentine Reyre. Il a pour objectif de promouvoir le renouveau de l’Art sacré, en réaction au style saint-sulpicien encore très présent à l’époque, et de retrouver l’esprit des anciennes corporations d’artisans[11].
Devenu progressivement un maître reconnu, il enseigne la sculpture à des élèves dont François Brochet[5],[2].
Tout au long de sa vie d’adulte, son épouse, Jeanne Riquet, partage sa foi et le soutient[2],[3],[10].
Py est un homme simple et d’après Charlier, il est «trop artiste et désintéressé pour songer à autre chose qu’à l’art même»[10]. Il ne s’adonne donc qu’à très peu de mondanités. Néanmoins, il présente régulièrement au public des œuvres[10]. Ainsi il expose au Salon d'automne en 1922, aux Salon des indépendants en 1923 et au Salon des artistes décorateurs en 1924[12].
Son caractère aimable et jovial[4] lui permet de devenir l’ami de Valéry-Radot, de Henri Ghéon et d’Henri Brochet. C’est ce dernier qui après sa mort survenue le , rédige une biographie en son hommage qui parait dans la revue L’Art d’Eglise en 1953[5],[2].
Eglise Notre-Dame de Verneuil-sur-Avre, Sainte Thérèse de Lisieux, bois.
Funérailles
Ses funérailles se déroulent le 3 septembre 1949 dans la cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre qu'il aimait particulièrement et pour laquelle il avait sculpté une grande statue de Sainte Thérèse[2],[3],[5],[4].
Il est inhumé, avec son ciseau et son marteau[4],[13], au cimetière Saint-Amâtre d'Auxerre[14].
Personnalité
Après sa mort, Abel Moreau, journaliste au journal La Croix, le présente de la manière suivante[4]:
«Fernand Py avait une âme d'enfant toujours ouverte aux émerveillements; comme les enfants, il vivait dans un monde de rêve où se mouvaient une quantité de personnages venus en droite ligne des âges de foi et de fantaisie…
Foncièrement bon, toujours joyeux malgré une surdité précoce, aimant la compagnie, les visites, les bons mots, les histoires gaies, il était avant tout un artiste et un artiste chrétien…
On l'aimait bien. Sa maison au bord de l'eau, sa silhouette un peu lourde, et cette œuvre innombrable que l'on imaginait autour de lui, faisaient partie de cet admirable paysage d'Auxerre, l'un des plus beaux qui soient.»
Œuvres
Py pratique la taille directe sur bois, ivoire et parfois sur pierre[5].
Parmi ses œuvres, on trouve de nombreux objets ou éléments d’objets liturgiques en ivoire, des statues en bois représentant divers saints, des crèches dont une a été particulièrement reproduite et des médailles[5].
Voici une liste d'œuvres, loin d'être exhaustive[12]:
Maître-Autel des Missions catholiques de l'Exposition de 1914
Statue en bois de Jeanne d'Arc dans l'église Saint-Michel de Sabres (vers 1920)[15],[16],[17]
Statuette d'ivoire représentant Jean Jaurès, conservé au centre national et musée Jean Jaurès[18] (vers 1920?)
Statue en bois de Saint Michel dans l'église Saint-Cyr de Monéteau[2]
Une fable de La Fontaine, titre attribué: Le Loup, la mère et l'enfant (1925). Sculpture conservée au musée Antoine Lécuyer de Saint Quentin[19]
Statue en pierre de Saint Joseph au parc du château de Bourron (1925)[20],[21]
Statue en bois de Saint Fiacre dans l'église Saint-Sévère de Bourron-Marlotte (entre 1925 et 1930)[22]
Croix d'autel (dessinée par Droz et Sanlaville) pour l'Exposition internationale de 1927[23]
Calice d'ivoire du chanoine Guinand (1928)
Chaire et confessionnal en bois de l'église Saint Médard d'Acy-le-Haut (entre 1925 et 1930)[24],[25],[26],[27],[28]
Statues en bois de Sainte Thérèse de Lisieux, l'une pour l'Église Notre-Dame de Verneuil-sur-Avre et l'autre (différente de la première) pour la cathédrale Saint-Etienne d'Auxerre
Corpus en ivoire du crucifix surmontant l'autel de l'église Saint Chrysole de Comines[29] (vers 1929, crucifix dessiné par Dom Bellot)
Corpus en ivoire de la croix d'autel pour le Brescia College de London, Ontario (1929, dessin de Dom Bellot)[30]
Statue en bois de Jeanne d'Arc dans l'église Saint-Genès de Thiers (vers 1930)[31],[32]
Calice en ivoire massif offert par les anciens combattants à Benoit XV
Porte du tabernacle de l'autel du grand séminaire de Cambrai
Croix de procession pour la manécanterie de Paris (1929)
Crèche de Commensacq, reproduction en plâtre par la Librairie de l'Art Catholique, d'un original en bois (vers 1934)[33]. Cette librairie a produit en de nombreux exemplaires cette crèche que l'on retrouve encore aujourd'hui dans plusieurs églises et monastères[34],[35],[36].
Crèche de Commensacq
Crèche de l'ancien couvent des Augustines d'Arras, un des rois mages
Crèche de l'ancien couvent des Augustines d'Arras, un des rois mages
Crèche de l'ancien couvent des Augustines d'Arras, un des rois mages, Balthazar
Crèche de l'ancien couvent des Augustines d'Arras, l'enfant Jésus.
Crèche de l'ancien couvent des Augustines d'Arras, un des rois mages, Balthazar, et Joseph
Croix d'ivoire exposée à Rouen en 1932
Crosse de Madame Angèle Bontemps, abbesse de Jouarre en ivoire et palissandre (1937-1956)
Tabernacle de l'église Sainte Mathilde de Puteaux et gravure des médaillons du chemin de croix[37] (vers 1935?)
Calice pour l'abbaye de Solesmes (1936, en collaboration avec l'orfèvre Rivir)[38]
Tabernacle pour l'abbaye Saint André de Zevenkerken[39] (1949)
Certaines médailles de Py sont éditées par Riquet[12] et certaines de ses sculptures sont reproduites en plâtre par la Librairie de l'Art Catholique de Louis Rouart[22],[40].
Croix pendentif, bronze doré
médaille de Saint Benoît
L'Art sacré - Publicité pour Maurice Riquet (mai 1939)
Chemin de croix édité par la Librairie de l'Art Catholique (vers 1935)
Chemin de croix édité par la Librairie de l'Art Catholique (vers 1935)
Pour l'orfèvre François Biais, Py créé des nœuds de calice et de ciboire ainsi que des crosses[12],[41].
Hélène Guéné, «L’Arche, un moment du débat sur l’art religieux (1919-1934)», Chrétiens et sociétés. XVIe – XXIesiècles, no7, , p.23–38 (ISSN1257-127X, DOI10.4000/chretienssocietes.6741, lire en ligne, consulté le ).
Bernard Berthod, Elisabeth Hardouin-Fugier, Gaël Favier (préf. Alain Erlande-Brandenburg), Dictionnaire des arts liturgiques, Frémur éditions, , 512p. (ISBN979-10-92137-05-7), p.407.
Pierre Ordioni, Une jeunesse pour l'éternité, FeniXX réédition numérique, (ISBN978-2-307-23105-9, lire en ligne).
Claude Bergeron, Geoffrey Simmins et Jean Rochon (dom.), L'Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac et ses bâtisseurs, Presses Université Laval, (ISBN978-2-7637-7527-2, lire en ligne).
Yves Sjöberg, Mort et résurrection de l'art sacré, Paris, Bernard Grasset, coll.«Eglise et temps présent», (lire en ligne), p.299.
Annexes
Bibliographie
Généralités
Bernard Berthod, Elisabeth Hardouin-Fugier, Gaël Favier (préf.Alain Erlande-Brandenburg), Dictionnaire des arts liturgiques, Frémur éditions, , 512p. (ISBN979-10-92137-05-7).
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