François Martin dit Martin de Grenoble est un sculpteur français actif principalement durant la période révolutionnaire, né le à Grenoble (Isère)[1] et mort le à Lyon (Rhône)[2].
François Martin
Données clés
Nom de naissance
François Joseph Martin
Alias
Martin de Grenoble
Naissance
Grenoble (Isère)
Décès
4 frimaire an XIII () (42 ans) Lyon (Rhône)
Nationalité
Français
Pays de résidence
France
Profession
Sculpteur
Activité principale
Sculpteur de portraits en buste
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Biographie
Jeunesse grenobloise
Il naît dans le quartier Saint-Louis de Grenoble, où son père est luthier. Dès l’âge de 11 ans, il fréquente l’École Publique de Dessin de Grenoble, dirigée par Jacques-André Trelliard-Desprats[3], qui s'est lui-même formé en Italie. Il reçoit cet enseignement jusqu’en , où il obtient un accessit pour le "genre des académies"[4].
François Martin concourt pour le grand prix de sculpture à l'ancienne Ecole académique de Paris entre 1772 et 1775 [5],[6].
Années parisiennes
Sa carrière de sculpteur commence vraiment lorsqu'il monte à Paris en , où il est élève de l'Académie royale[3]. En , une lettre au ministre de l'intérieur révèle qu'il a été «élève de Pajou», car il appose cette mention à côté de sa signature[5].
En , il apparaît dans un "état des élèves formés par l'école de dessin de Grenoble" comme «Martin, de Grenoble, sculpteur statuaire à Paris»[7].
Il expose au Salon de la Correspondance, en ainsi que l’année suivante[5].
A cette époque, travaillant plusieurs matières, il exécute de nombreux bustes de personnages connus, historiques ou contemporains, et quelques figures de femmes, bustes dont il vend des épreuves commercialement. Le , le Journal général de la cour et de la ville fait l'éloge de ses bustes «en talque blanche, couleur de terre cuite & bronzée [...] de la grandeur de quart de nature, dont le prix est de six livres»(valeur équivalente en : 62 €)[5],[8],[9],[10].
Engagement révolutionnaire
Outre sa lettre de au ministre de l'intérieur, véritable credo révolutionnaire («Je puis le dire sans vanité, Citoyen Ministre, il en est peu qui dans mon art, aient montré plus de zèle à propager les sentimens de la liberté qui sont profondément gravés dans mon cœur. Avant et depuis la Révolution, je me suis particulièrement attaché à mettre sous les yeux des français les images chéries des philosophes qui ont répandu des lumières utiles à notre siècle et qui d'une main hardie secouoient les chaines du despotisme et nous traçoient énergiquement les avantages de la liberté»), de nombreuses sources montrent que François Martin a épousé les idées de la Révolution, mettant son art au service de cette cause, tout en exerçant une action militante[5] .
Le 12 floréal an II (), Pascal-Thomas Fourcade, adjoint à la commission de l'instruction publique du Comité de salut public, écrit dans un rapport à celui-ci «Le citoyen Martin fut un des premier à se parer des couleurs chéries de la Liberté. On l'a vu dans les moments de crise, dans tous les lieux où l'on avait besoin d'hommes énergiques et valeureux. Il haranguait pendant le jour, lorsque les espions du tyran cherchaient à corrompre l'esprit public, il passait une partie de la nuit à reproduire les traits des Martyrs ou des défenseurs de la Liberté, pour les exposer le lendemain à la vénération publique. Marat était persécuté, il était obligé de se soustraire aux poignards des royalistes. Le génie de Martin retraçait au peuple la figure de son ami»[4],[5].
Le même jour, un arrêté du Comité lui attribue la somme de 300 livres pour sa participation au concours de l'an II par la soumission d'une figure en pied de la Liberté. Cette indemnité lui sera renouvelée le 23 prairial an II () par un arrêté co-signé par Robespierre[5].
Le 11 brumaire an III (), pour les bustes de Jean-Jacques Rousseau et de Benjamin Franklin offerts au Comité de salut public, celui-ci «autorise la Commission d'instruction publique à lui faire payer une somme de cinquante livres; [et l'invite] à procurer à cet artiste des moyens de travail [...] [et] à le comprendre dans son état de distribution»[11].
Le 22 brumaire an III (), nouvelle autorisation accordée pour «faire remettre au citoyen Martin sculpteur, deux cents livres d'indemnité provisoire»[11].
Le 4 nivôse an III (), le Comité de salut public décide d'octroyer des «secours et encouragements aux savants, gens de lettres et artistes». 126 personnes en bénéficient, dont François Martin à hauteur de 1 500 livres[11].
Le rapport de Fourcade atteste l'amitié entre François Martin et Marat. Après l'assassinat de ce dernier le 25 messidor an I (), il reçoit 2 400 livres pour la réalisation de son tombeau au jardin des "ci-devant Cordeliers"[4],[11]. Puis il sera chargé de son démontage en vue du transfert des cendres de Marat au Panthéon le 5e jour complémentaire an II ()[11].
Il fut lié également avec Fréron,Tallien et Chénier[12].
Adresses successives à Paris
En : collège des Trésoriers près de la porte de la Sorbonne
En : rue de Tournon à l'hôtel du Saint-Esprit
Le 7 brumaire an II (): 3 rue Neuve-Saint-Marc
Le 27 fructidor an II (): 5 rue Gît-le-Cœur
Le jour de l'opinion an II (): rue Hautefeuille
Le 25 floréal an III (): 2 rue Grétry
Installation à Lyon
À la fin de l’année , début du Directoire, il s’établit à Lyon[13]. Il y poursuit son activité de statuaire en exécutant les bustes de personnalités civiles et militaires, généralement locales[3].
Il se marie à Grenoble le 20 fructidor an VII () avec Thérèse-Françoise Barberoux, native de Saint-Marcellin (Isère)[14].
Il meurt à Lyon le 4 frimaire an XIII (). Son acte de décès le qualifie de «sculpteur de l'académie de Paris demeurant rue Lanterne N°42, marié à Marie Moiru survivante». Il s'était donc remarié[2]. Bénézit rapporte que ses amis se cotisèrent pour le faire enterrer[15], et Edmond Maignien, qu'il laisse «deux enfants en bas âge, recommandés à la commisération publique»[4].
Selon une rubrique nécrologique parue dans un journal de Grenoble quelques jours après sa mort, «il avait fait de longs voyages pour se former sur les grands modèles. Dans plusieurs contrées de l'Italie et de la France, il existe des traces de ses brillants succès»[4].
Expositions
En et : il expose au salon de la Correspondance les bustes du botaniste Linné, de Parmentier, de Bailly, de La Fayette[5].
En , au musée Carnavalet, exposition "Paris et la Révolution": buste de Marat[16].
Du au au Musée de la Révolution française, Vizille (Isère), exposition temporaire "Face à face – Laneuville et Martin de Grenoble": onze bustes réalisés par François Martin sont rassemblés et exposés, dont ceux de Voltaire et d'un personnage supposé être Diderot, signés au dos "Martin fecit". Et c'est en mettant une petite annonce dans la Tribune de l'art que le musée a retrouvé une pièce maîtresse de Martin de Grenoble, un buste de Marat signé et daté au dos "Martin de Grenoble fecit 1791 mai"[17],[18],[19],[20].
Œuvre
Les archives permettent de dénombrer au moins une quarantaine de personnages sculptés de la main de François Martin, quasiment tous en buste. Mais sa production totale a été beaucoup plus importante, du fait de la réalisation en plusieurs exemplaires de ses bustes "en talque blanche, couleur de terre cuite & bronzée" destinés au grand public. Il utilisa aussi la terre crue patinée[13] et le marbre blanc.
Quant à son style, l'examen global de ses œuvres fait apparaître de nombreux signes de réalisme, sans complaisance systématique envers ses modèles.
Si l'on excepte un buste en marbre blanc de Montesquieu vendu chez Sotheby's en , étrangement signé “F. MARTIN GRATIANOPOLITANUS AETATIS 15 fecit” ("F. Martin de Grenoble l'a fait à l'âge de 15 ans"), ce qui tendrait à l'attribuer à la période grenobloise du sculpteur[21], la majeure partie de sa production a eu lieu à Paris, puis dans une moindre mesure à Lyon.
Période parisienne
Ses principales sources d'inspiration sont alors[5]:
Personnages de l'antiquité ou de l'histoire
Brutus, Scévola, Guillaume Tell.
Monde des lettres, de la philosophie, de la Renaissance ou de l'époque classique
Personnages de la Révolution et contemporains illustres
Bailly, Desmoulins, Despréaux, La Fayette, Lalande, Marat (buste[22] et tombeau), Mirabeau, Philippeaux.
On peut y ajouter Mlle de Choiseul-Stainville, victime de la Révolution sans y avoir participé[6],[23].
Une galerie d'art propose dans son catalogue un buste "présumé de Louis-Charles de France dit Louis XVII" en terre cuite signé au dos "Martin fecit"[3].
Divers
Selon les textes, François Martin a reçu de nombreuses commandes d'anonymes. Dans cette catégorie, très peu d'œuvres sont conservées ou lui sont clairement attribuées: une jeune fille les cheveux retenus par un ruban, en marbre blanc, un buste de femme en terre cuite. On y trouve aussi une figure en pied de la Liberté[5].
Période lyonnaise
Des personnalités de la ville lui passent des commandes de bustes. On connaît en particulier ceux de Bureau de Pusy, préfet du Rhône, du général Duhesme, en service sous la Révolution puis sous l'Empire, de Pierre Jubié (marqué au dos "16 7 1799 Martin" et "Pierre Jubié de Lyon né à La Sône le âgé de 67 ans")[13].
La mort le surprend alors qu'il travaille à un buste de Pie VII[5],[4].
En , un buste d'homme en terre cuite, sur socle en marbre, de 75 cm de haut, daté et signé François Martin, fut acquis par la collection Jacquemart-André[27].
Stanislas Lami (préf.Henry Roujon), Dictionnaire des sculpteurs de l'École française au dix-huitième siècle, t.2, Paris, Honoré Champion, , 411p. (OCLC1145930481, BNF34214726, lire en ligne), p.115-118..
Archives municipales et métropolitaines de Grenoble (Série GG, N°240), «1766-1789: École de dessin»[PDF] (consulté le ) : «Martin, de Grenoble, sculpteur statuaire à Paris [...] (1784)», p.336.
Retronews, «Avis particulier: Le sieur Martin, sculpteur...», Journal général de la cour et de la ville, , p.8 (lire en ligne, consulté le ).
James Guillaume, Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention nationale, t.5, (OCLC1143190574, BNF37557771, lire en ligne), p.17-385.
[Martin, sculpteur] Charles Read, L'intermédiaire des chercheurs et curieux, vol.22, Paris, B. Duprat, , 760p. (OCLC763928690, lire en ligne), p.298-300..
«Pierre Jubié de Lyon», Buste en terre crue patinée, sur collections.isere.fr (consulté le ).
Marie Michellier, Maxime Quemener et Thao Huynh, «Au château de Vizille, l'Art du Portrait sous la Révolution signé Laneuville et Martin», France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, (lire en ligne, consulté le ).
Adrien Goetz, «Laneuville et Martin de Grenoble, artistes oubliés de la Révolution française», Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
[Buste de Montesquieu par F. Martin de Grenoble (vente Sotheby's 2006)] Antoinette Ehrard, Portraits de Montesquieu, Presses universitaires Blaise Pascal, (lire en ligne), p.108.
«Buste de Marat 1791 (Martin de Grenoble)», Photo par Albert Brichaut du buste de Marat à l'expo. de la ville de Paris en 1900, sur www.parismuseescollections.paris.fr (consulté le ).
Musée Jacquemart-André: catalogue itinéraire (4e édition entièrement revue) / Institut de France (Buste d'homme par Martin (François), Grenoble. Terre cuite signée et datée 1794), (lire en ligne), p.53.
: Principaux documents utilisés comme sources pour la rédaction de cet article.
Stanislas Lami (préf.Henry Roujon), Dictionnaire des sculpteurs de l'École française au dix-huitième siècle, t.2, Paris, Honoré Champion, , 411p. (OCLC1145930481, BNF34214726, lire en ligne), p.115-118..
[Martin, sculpteur] Charles Read, L'intermédiaire des chercheurs et curieux, vol.22, Paris, B. Duprat, , 760p. (OCLC763928690, lire en ligne), p.298-300..
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