Hubert-François Bourguignon d'Anville, connu sous le nom de Gravelot ( - ), est un illustrateur, graveur, dessinateur et peintre français qui connut un certain succès à Londres au début du XVIIIesiècle et qui y laissa l'empreinte du «goût français».
Hubert-François Gravelot
Maurice Quentin de La Tour, Hubert-François Gravelot, 1769, pastel. Musée des Beaux-Arts de Bordeaux (inv. RF 1943.47).
Frontispice de The Toast, poème de William King (1735).
Élève considéré comme moyen par l'Académie royale de peinture[1], Gravelot tente tout de même le voyage de Rome avant d’être contraint, faute de ressources, de revenir à Paris sans avoir pu dépasser Lyon. Après l’échec d’une opération commerciale à Saint Domingue où l’a envoyé son père, il devient l’élève de Jean Restout puis de Boucher.
De 1732 à 1745, Gravelot s'installe à Londres. Bien que sujet à l'anglomanie comme nombre de ses compatriotes[2], il s'y rend sur l'invitation du graveur Claude Dubosc (1682-1745)[3] afin de travailler sur les gravures de l'édition anglaise de l'ouvrage de Bernard Picart, Traité des cérémonies religieuses de toutes les nations. On trouve dans les carnets de note du graveur George Vertue une appréciation très positive du style de Gravelot. Ce dernier commence alors à fréquenter une société d'artistes, la St Martin's Lane Academy dirigée par William Hogarth, à une époque où Londres ne comportait ni galerie, ni musée, ni exposition, pas même une école qui fut l'équivalent de l'Académie royale à Paris. Gravelot prend comme élève un certain Thomas Gainsborough qui deviendra l'un des peintres les plus importants de l'école anglaise du XVIIIesiècle. Son style est imité, et Gravelot est sans doute l'un des promoteurs du rococo en Angleterre, tant il excelle dans l'art de l'ornement. Gravelot s’est également distingué dans ses illustrations et ses rocailles qu’il avait réalisées pour des ébénistes, tapissiers et des chaudronniers, qui furent une source d'inspiration pour des orfèvres, tapissiers et des ébénistes parmi lesquels on compte Thomas Chippendale, sans oublier les miniaturistes travaillant pour la fabrique de porcelaine de Chelsea.
Ses illustrations, notamment 35 frontispices pour la seule édition des Œuvres complètes de Shakespeare en 1744[4], ont influencé les artistes anglais et il travaille aux côtés de graveur comme Gerard van der Gucht. On compte aussi le Pamela: or, Virtue rewarded de Samuel Richardson qu'il illustre en 1741 d'après des compositions peintes par Francis Hayman.
Les sentiments anti-français déclenchés par la bataille de Fontenoy en 1745 ramènent Gravelot à Paris en octobre, où, accompagné par l'un de ses élèves, Thomas Major et d'une fortune estimée à 40 000livres, il n’a aucune difficulté à employer ses talents. Durant l'hiver 1745-46, Gravelot réussit à faire libérer son jeune élève embastillé, les Anglais ayant été déclarés un temps suspects, en faisant intervenir le marquis d'Argenson.
Il illustre aux côtés de graveurs comme Noël Le Mire, l'Histoire de Tom Jones de Fielding (1750), le Décaméron (1757), la Nouvelle Héloïse (1761), les Contes moraux de Marmontel (1765), les Métamorphoses d’Ovide (1767-71), La Jérusalem délivrée du Tasse (1771) mais aussi les œuvres complètes de Corneille, Racine et Voltaire: certains de ces livres illustrés sont considérés comme parmi les plus beaux de cette époque.
Grand lecteur, Gravelot était le frère du géographe Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville avec lequel il travailla sur une série de cartes et qui écrivit son éloge funèbre où il rappelle sa bibliomanie. Son frère rapporte que lorsqu'il dessinait, il s'aidait d'une série de poupées qu'il fit concevoir à Londres équipées de leurs vêtements[5].
Il se maria deux fois: avec Marie-Anne Luneau, décédée en 1759, puis avec Jeanne Ménétrier en 1770.
Quentin de La Tour a fait son portrait exposé au Salon de l'Académie Royale de peinture et de sculpture en 1769.
Le bibliophile Emmanuel Bocher (1835-1919) contribua à faire redécouvrir ses talents de dessinateurs.
Livres illustrés par Gravelot
The ceremonies and religious customs of the various nations of the known world, William Jackson, Claude Du Bosc, 1733-1739
Shakespeare, The works of Shakespeare, H. Lintott, C. Hitch, J. and R. Tonson, C. Corbet, R. and B. Wellington, J. Brindley and E. New. 1740
Edward Young, The poetical works of the Reverend Edward Young, Curll, Tonson, Walthoe, Hitch, Gilliver, Browne, Jackson, Corbett, Lintot and Pemberton, 1741
Confers Middleton, The history of the life of Marcus Tulles Cicero, James Bettenham, 1741
Samuel Richardson, Pamela: or, Virtue rewarded, Samuel Richardson, 1742
Thomas Steakhouse, A new history of the Holy Bible, Stephen Austen, at the Angel and Bible in St. Paul's Church-Yard., 1742-1744
Nicholas Tindal, Rapin-Thoyras, The history of England, John and Paul Knapton, at the Crown in Ludgate-Street., 1743
Robert Boyle, The works of the Honourable Robert Boyle, A. Millar, opposite Catharine-Street, in the Strand., 1744
Thucydide, Thoukydidos, Platónos kai Lysiou logoi epitaphior, Ek Theatrou en Oxonia, 1746
Pierre Rémond de Sainte-Albine, Le Comédien, Vincent Fils, 1749
Henry Fielding, Histoire de Tom Jones, ou l'enfant trouvé, chez Jean Nourse, 1750
Henry Baker, The microscope made easy, R. and J. Dodsley, 1754
Charles Rollin, The antient history of the Egyptians, Carthaginians, Assyrians, Babylonians, Medes and Persians, Macedonians, and Grecians, John and Paul Knapton, 1754
Henry Fielding, L'Histoire de Tom Jones, ou L'Enfant trouvé, plusieurs éditeurs, 1750
Henry Fielding, La storia di Tom Jones, Presso Gio Battista Regozza, 1757
Almanach utile et agréable de la Loterie de l'École royale militaire pour l'année 1759, Chez Prault Père, 1759
Pierre-Thomas Gondot, Le prix de la beauté, ou, Les couronnes, Chez De Lormel, imprimeur-libraire, rue du Foin, à Sainte Geneviéve, et se vend aussi aux spectacles, 1760
Almanach utile et agréable de la Loterie de l'École royale militaire pour l'année 1760, Chez Prault Père, 1760
Germain-François Poullain de Saint-Foix, Catalogue des chevaliers, commandeurs et officiers de l'ordre du Saint Esprit, avec leurs noms & qualités, depuis l'institution jusqu'à présent, Christophe-Jean-Franc̦ois Ballard, 1760
Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Heloïse, chez Duchesne, 1761
Fontenelle, Les Amours de Mirtil, 1761
Jean de Joinville, Histoire de saint Louis, L'Imprimerie Royale, 1761
Illustrations pour La Nouvelle Heloïse de Jean-Jacques Rousseau
Dessins de Don Quixote
Notes et références
Le catalogue de la bibliothèque de l'ENSBA inventorie 14 dessins conservés dans son fonds.
Citons le graveur Pierre-Charles Canot, arrivé à Londres en 1740, et qui travailla avec l'un des élèves de Gravelot, Charles Grignion l'aîné (1717-1810).
Voir (en) Alan R. Young, Hamlet and the Visual Arts, 1709-1900, Newark (Del.), University of Delaware Press, , 405p. (ISBN0-87413-794-2, lire en ligne), p.28-29
Charles-Philippe de Chennevières-Pointel et Anatole de Montaiglon, Abecedario de P. J. Mariette sur les arts et les artistes, Paris, J.-B. Dumoulin, 1853, p.172-173.
(en) Kimberley Rorschach, Eighteenth-Century French Book Illustration: Drawings by Fragonard and Gravelot from the Rosenbach Museum and Library, Philadelphie, Rosenbach Museum and Library, 1985.
(en) Sir Lawrence Gowing (ed.), A Biographical Dictionary of Artists, Oxfordshire, Andromeda Oxford Limited, nouv. édit. 1995 (ISBN978-0816032525).
Notice no70 de Christophe Leribault in Raphael to Renoir: Drawings from the Collection of Jean Bonna, New York, The Metropolitan Museum of Art / The Yale University Press, 2009, p.156-158.
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