Jean-André Rouquet (1701-1758) est un artiste peintre miniaturiste et critique d'art genevois, actif entre Londres et Paris, qui fut l'ami de William Hogarth.
Rouquet est né le dans la République de Genève. Il est le fils de Jacques Rouquet et de Françoise Saulier, protestants français réfugiés à Genève[1].
Après un séjour à Paris, il s'installe à Londres, à partir de 1722[1], très actif sous le règne de Georges II, proposant l'exécution de portraits en miniature, alors à la mode. Il travaille son art sans doute dans la lignée ou sous l'influence de Christian Friedrich Zincke(en) et de Charles Boit, qui avaient établis dans la capitale anglaise deux ateliers de portraits sur émail et cuivre réputés. On lui attribue celui de William Hogarth (vers 1740), conservé à la National Portrait Gallery de Londres[2]. Rouquet épouse Jane Setchell, une Anglaise, et se lie d'amitié avec Hogarth[1].
En 1746, il publie en français les Lettres de Monsieur *** à un de ses amis à Paris, pour lui expliquer les estampes de Monsieur Hogarth, éditées chez R. Dodsley et M. Cooper (Londres)[3]. Selon Ronald Paulson, il s'agit de la toute première monographie sur les gravures d'Hogarth: cet ouvrage comprend des images et des légendes, ainsi que des commentaires critiques. Par ailleurs, Rouquet se lie d'amitié avec l'acteur David Garrick et serait l'auteur des décorations du Pavillon chinois situé dans les Vauxhall Pleasure Gardens, inaugurés vers 1730[4].
Vers 1751, Rouquet revient à Paris, peut-être sur l’instigation de Madame de Pompadour – Zincke, qui a travaillé pour elle, aura pu lui recommander son disciple. Le marchand d'estampes Pierre-Jean Mariette le décrit comme étant «un être peu communicatif et d’un caractère qui ne le rendoit pas fort aimable dans la société»[5]. Étienne La Font de Saint-Yenne le proclama «le Raphaël de l'émail»[6].
Jane, sa femme, meurt le , ce qui le plonge dans un état dépressif qui ne le quittera plus. Il est cependant reçu par l'Académie royale de peinture et de sculpture le suivant, et expose des émaux au Salon de Paris en 1753, 1755 et 1757. Le , le marquis de Marigny lui obtient un appartement aux Galeries du Louvre[7].
En 1755, à Paris (chez Charles Antoine Jombert), puis à Londres (chez J. Nourse), est publié son essai L'État des arts en Angleterre dont il se justifie ainsi dans la préface: «les discours exagérés que tiennent en faveur de l'Angleterre tant de gens qui la connaissent peu, particulièrement sur l'article des arts, et ce que disent à son désavantage tant d'autres qui la connaissent encore moins, ont donné lieu à cet ouvrage»[8]. Cet essai, jugé comme le seul ouvrage de l'époque qui dresse un bilan de la scène artistique anglaise entre 1730 et 1755[9], est cité dans l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. La même année, alors que Diderot publie L'histoire et le secret de la peinture en cire[10], Rouquet, pour s'en moquer, publie une pochade intitulée L'Art nouveau de la peinture en fromage, ou en ramequin[11].
Vers le mois d’, une attaque d’apoplexie le paralyse d’un côté. En août, l’artiste manifeste de violents troubles psychologiques (il bombarde les passants, allume du feu dans sa chambre, tente de se suicider) et, au terme d’une enquête où ses voisins aux Galeries du Louvre que sont Charles-Nicolas Cochin, Jean Restout, Jean Siméon Chardin, Nicolas-Charles de Silvestre (1699-1767), Maurice Quentin de La Tour et François-Thomas Germain l’orfèvre sont entendus, il est déclaré fou et transféré à Charenton[12].
Ayant perdu la raison, il meurt le à l'asile de Charenton.
Œuvre
Miniature représentant William Hogarth, attribuée à Rouquet, vers 1740, Londres, National Portrait Gallery.
Les portraits en miniatures de Rouquet sont très peu signés, ou seulement de l'initiale «R.».
Expositions
Salon de Paris
1753: Cinq petits portraits en émail, à savoir M. Desfourniel, Mademoiselle Desfourniel, M. de Silvestre, Mademoiselle ***, M. Cochin le fils[13].
1755: Portrait de M. le Marquis de Marigny, Directeur & Ordonnateur Général des Bâtimens du Roi (émail) et plusieurs portraits sous le même cadre, peints aussi en émail[14].
1757: Plusieurs Portraits peints en émail d’après nature[15].
R. W. Lightbown, «Introduction», dans Jean-André Rouquet, The Present State of the Arts in England, reprint de l'édition de 1755, avec appareil critique, Londres, 1970.
«Enquête sur l'état mental et les extravagances d'André Rouquet, peintre en émail du Roi, faite par Pierre-Charles Davoust, lieutenant-général de la Prévôté de l'Hôtel, avec les dépositions de Cochin, Silvestre, Restout, Chardin, Germain, Quentin de la Tour» (17 août 1758), dans Jules Guiffrey, Scellés et inventaires d'artistes français du XVIIe et du XVIIIe siècle, Deuxième partie, [1741-1770: Documents inédits tirés des Archives nationales], Charavay frères libraires, 1885, pp.256–267.
Salon de 1753, notice exposant 15488], base salons du musée d'Orsay.
Salon de 1755, notice exposant 15596], base salons du musée d'Orsay.
Salon de 1757, notice exposant 15655], base salons du musée d'Orsay.
Julie Aronson et Marjorie E. Wieseman, Perfect likeness - Europe and American portrait miniatures from the Cincinnati Art Museum, Yale University, 2006.
«Rouquet», dans Henri Clouzot, Dictionnaire des miniaturistes sur émail, Paris, Albert Morancé, 1924.
«Rouquet, Jean André (le Raphaël de l'émail)», par Dominique Radrizzani (1998), SIKART Dictionnaire sur l'art en Suisse — lire en ligne.
Mark Hallett et Christine Riding, William Hogarth, RMN/Hazan, (ISBN978-2-7541-0115-8, lire en ligne).
«Rouquet, Jean-André» dans (en) Neil Jeffares, Dictionary of pastellists before 1800, Londres, Unicorn Press, , 758p. (ISBN978-0-906290-86-6, lire en ligne).
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