Jeanne Malivel née le à Loudéac et morte le à Rennes est une peintre, illustratrice et graveuse française.
Naissance | Loudéac (France) |
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Décès |
(à 31 ans) Rennes (France) |
Sépulture | |
Nationalité | ![]() |
Activités |
Peintre, graveuse, illustratrice, céramiste |
Autres activités |
enseignante |
Formation |
Académie Julian, École nationale supérieure des beaux-arts de Paris |
Mouvement |
Seiz Breur |
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Jeanne Malivel naît dans une famille de négociants. Après des études secondaires à l'institution de l'Immaculée Conception à Rennes, elle est remarquée par son professeur de dessin, Louise Gicquel (1876-1956). Elle devient infirmière à l'hôpital militaire de Loudéac en 1915, et décide dès l'année suivante de suivre les cours de l'Académie Julian à Paris[1],[2].
Elle est reçue 14e au concours d'entrée de l'École des beaux-arts de Paris en et adhère à la Gilde Notre-Dame, ce qui lui permet de faire la connaissance de Maurice Denis et de George Desvallières. En raison des bombardements sur Paris pendant la Première Guerre mondiale, elle revient à Loudéac mais est à nouveau reçue avec succès[3],[2] au concours d'entrée des Beaux-Arts de Paris. Elle loue un atelier avec Marguerite Huré (1895-1967) et Renée Trudon (1891-1934), deux condisciples de l'École des beaux-arts.
Parallèlement à ses études aux Beaux-Arts, elle suit des cours de langue et de littérature celtique au Collège de France, ainsi que des cours de breton au Cercle celtique[2].
En 1917, elle adhère à la Gilde Notre-Dame dirigée par l'abbé Léon Cadart, en accord avec sa foi[2]. Ses membres s'inspirent de l'art et de la foi médiévale pour insuffler un renouveau de l'art catholique[2]. Jeanne Malivel va par la suite, en 1919, rejoindre Maurice Denis dans les Ateliers d'art sacré que l'artiste avait fondé rue de Fürstenberg[2].
Elle adhère en 1919 au groupe régionaliste breton Unvaniez Yaounkiz Breiz, dont le journal est Breiz Atao. Elle rencontre nombre d'artistes bretons résidant à Paris, comme René Quillivic, James Bouillé ou encore René-Yves Creston et Suzanne Creston.
À partir de 1919, elle aborde la gravure sur bois, travaillant entre autres sur l'illustration de Histoire de notre Bretagne, ouvrage écrit par Jeanne Coroller-Danio[4] et originellement destiné aux enfants. Cet ouvrage paraît finalement en 1922. Salué par les nationalistes bretons, il est violemment attaqué dans la presse. Tous saluent pourtant le travail graphique de Jeanne Malivel.
Au début de l'année 1923, elle devient professeure à l'École des beaux-arts de Rennes, à l'instigation de son directeur Jules Ronsin. Elle va y demeurer trois ans, avant que ses soucis de santé ne la contraignent à abandonner cette activité[2]. Elle y enseigne principalement la gravure, et son atelier va être déterminant dans la diffusion de la xylographie auprès des jeunes artistes alors en formation à Rennes : sous son influence, André Mériel-Bussy, Édouard Mahé, Marguerite Houël et René Salmon de La Godelinais s'essayent à cette technique. Plusieurs d'entre eux, cependant, ne poursuivirent pas dans cette voie une fois quittée l'École des beaux-arts[2].
Au cours de l'été 1923, Jeanne Malivel participe activement à la création au mouvement des Seiz Breur en vue de participer à l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui doit se tenir à Paris. En dépit des difficultés rencontrées avec Jean-Julien Lemordant, le groupe réussit à présenter un ensemble cohérent (l'Osté, salle des Côtes-du-Nord) qui est récompensé à maintes reprises.
Pourtant, dès le début de l'année 1925, le groupe des Seiz Breur connaît de vives tensions et Jeanne Malivel s'en écarte, tout comme son ami Pierre Abadie-Landel. Elle se retire alors volontairement de la scène artistique et de la vie militante[2]. Elle se marie en avec Maurice Yung, contrôleur des droits indirects, et le couple emménage à Vitré à la fin de cette même année. Touchée par une typhoïde, elle meurt à la clinique Saint-Vincent de Rennes, le .
Elle est inhumée à Loudéac[5].
Jeanne Malivel a été l'une des grandes rénovatrices de la gravure sur bois en Bretagne. S'inspirant de ses recherches sur l'art irlandais mais aussi le haut Moyen Âge, elle commence à aborder cette technique en 1919 avec un Saint-Maurice, patron de Loudéac, initialement conçu comme une image de pardon et qui sera reproduit sous diverses formes.
Son œuvre gravé compte plus de 150 gravures sur bois[2]. Ses travaux de gravures sont essentiellement destinés à l'édition illustrée, dont sa plus célèbre réalisation est Histoire de notre Bretagne pour laquelle elle grave 72 bois.
Elle réalise également vers 1922 une série de gravures prenant pour thème la nature (L'Arbre sans feuilles, Le vieux Poirier).
En 1919, Jeanne Malivel fait paraître dans Breiz Atao un article où elle appelle à l'épanouissement d'un art populaire, reflet de l'identité bretonne. En accord avec cet engagement militant, elle s'adonne à la conception de meubles, de motifs textiles, et à la pratique de la céramique. Son usage de la gravure, qu'elle qualifie d'« imagerie » plutôt que d'estampe, trahit cette conception tournée vers la diffusion populaire plutôt que vers la clientèle d'amateurs, qui recherchent la rareté[2].
Dès 1919, Jeanne Malivel conçoit des ensembles mobiliers pour son entourage familial ou amical. Ces meubles visent là encore à la rénovation des arts appliqués et sont parfois inspirés de meubles de la région de Loudéac. Ils sont réalisés par les ébénistes Julien Bacon à Caurel, Christian Lepart à Rochefort-en-Terre ou encore Gaston Sébilleau à Redon. Ces réalisations peuvent être ornées de polychromie. Elle dessine et fait réaliser par un forgeron loudéacien toutes les ferrures de ses meubles. L'un de ces ensembles, à décor de lignes brisées, sera présenté au pavillon de la Bretagne à l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925.
En 2019, les étudiants des diplômes d'études celtiques (DEC/DSEC), de l'université Rennes 2, lui rendent hommage en prenant pour nom : Promotion Jeanne Malivel - Yann-Fañch Kemener.
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