Benassit est le fils de James Benassit, négociant, et de Malvina Augusta Magdeleine Martell. Le couple part de Bordeaux pour s’installer à Londres dans le quartier de St Marylebone.
Benassit fréquente l’atelier de John-Lewis Brown[1], puis élève de François-Édouard Picot aux Beaux-Arts de Paris[2],[3], il débute au Salon en 1859[4],[5]. Il y exposera régulièrement entre 1863 et 1888, devenant membre de la société du Salon des artistes français[6].
Benassit avait une réputation d’esprit et de finesse, mélange d’humour britannique et de malice gasconne qui lui donnaient une saveur toute particulière, pour lequel il deviendra célèbre[1], qu’il s’est, par exemple, amusé à exercer sur son premier maitre, à le faire enrager en exerçant sur lui cet esprit si original avec lequel il racontait des histoires sans avoir l’air d’y toucher, sans rire, avec une fine bonhomie, seulement trahi par son œil toujours pétillant de malice. Il avait d’ailleurs fondé la « Société des Acerbes », dotée de trois présidents (Clément Laurier, Charles Monselet et lui-même) et pas de membres, dont la raison sociale était de dire du mal de tout et de tous, de blâmer rigoureusement les choses blâmables, de dire son fait à chacun, devant, derrière, en tout temps, en tous lieux[1]:133, même si, de l’avis de certains, cet esprit lui nuisait plus qu’autre chose[alpha 1], opinion partagée par l’auteur de sa nécrologie dans l’Aurore[alpha 2]. Il a néanmoins mis cet esprit à profit en s’amusant, avec son camarade Clément Laurier, à détourner les Fables de Jean de La Fontaine. Ayant toujours préféré la société des gens de lettres à celle des peintres, Ses fables, parodies fines et gauloises des œuvres du « Bonhomme » ont connu un réel succès dans le Nain Jaune, où Aurélien Scholl les a publiées. Beaucoup sont restées légendaires parmi les « scies d’atelier». Benassit se proposait de les publier, ainsi que la mémorable histoire «de Jean-Baptiste Chaudeton, peintre français», mais ce projet est resté dans les cartons[5].
«Lorsqu’il eut dévoré son patrimoine, il fit de l’illustration — pour vivre. De là datent ses lithographies ; ses eaux-fortes et ses dessins[5].» Quelques uns de ces derniers, publiés dans le Boulevard, d’Étienne Carjat, ont obtenu un réel succès, tels les dessins, quelque peu allégoriques, de l’Absinthe, du Vin et de l’Eau-de-Vie, que Baudelaire et Henry Murger ont qualifié de purs chefs-d’œuvre[5]. En 1875, il a enrichi le Voyage sentimental à travers la France et l'Italie de Laurence Sterne édité par la Librairie des Bibliophiles de 24 aquarelles originales[9]. Il a également illustré les Petites Comédies du vice d’Eugène Chavette[10], et le premier roman d’Anatole FranceLe Crime de Sylvestre Bonnard.
Quand la vie lui a paru plus facile, il a quitté le crayon et le burin pour le pinceau, brossant, depuis ce temps, plus de quatre cents tableaux qui ont fait la fortune de beaucoup de spéculateurs, mais sans jamais augmenter la sienne[5].
En 1862, il publie chez Bertauts à Paris, une suite de lithographies intitulée La Boisson. Il collabore alors régulièrement au journal satirique illustré La Lune. En 1866, il produit pour Alfred Delvau, 25 eaux-fortes pour les Heures parisiennes, publié chez Damase Jouaust[11], ainsi que de nombreuses affiches[10].
Lors de la guerre franco-allemande de 1870, pendant le siège de Paris, il a servi, avec de nombreux autres écrivains et artistes[alpha 3], dans le 61e bataillon de la Garde nationale, basé à Montmartre[12].
À partir de 1882, alors que le marchand d’art Paul Durand-Ruel avait réussi à faire atteindre à ses toiles le prix qu’elles méritaient, une paralysie progressive de la main l’a obligé à apprendre à se servir de sa main gauche pour continuer à peindre. Tombé dans la misère, quelques uns de ses amis ont pris[alpha 4], en 1884, l’initiative d’une tombola qui, les offrandes s’étant multipliées à la dernière heure, a dû être repoussée d’un mois[13].
En 1891, malade de corps mais saint d’esprit, il épouse, in extremis[alpha 5], Angèle Marie Camper[alpha 6]. Son épouse meurt en 1893[alpha 7]. Il passe les derniers mois de son existence à la maison de retraite, annexe de l’hospice civil de Jouarre, où il meurt le [alpha 8] et est inhumé le .
Galerie
Œuvres de Louis Émile Benassit
Soldats français durant l’hiver 1870, s.d., coll. privée.
L’Absinthe ! (1862), lithographie, Washington, National Gallery of Art.
Cinq heures du soir, eau-forte pour les Heures parisiennes d’Alfred Delvau, 1866.
Soldats et cantinière aux fortifications en 1871 (1871), aquarelle, Paris, musée Carnavalet.
Illustration pour Les Petites comédies du vice d’Eugène Chavette (1874), Paris, BnF.
Notes et références
Notes
Le citoyen Bénassit [sic] est un peintre qui aurait infiniment de talent s’il n’avait pas tant d’esprit ; je ne suis pas fâché de lui jeter cette injure à la face[7].
«Au fond, le caractère de Bénassit était fait d’une grande timidité et d’un manque de confiance en lui même, qui l’empêchait, à la fois, d’affirmer son talent de peintre et d’oser se faire homme de lettres. Il eût réussi dans l’un ou l’autre genre, s’il ne s’était laissé réduire au rôle de plaisant par les camaros qui ne comprenaient pas ce que son esprit fantaisiste dissimulait d’amertume et de regrets[8].»
Charles Monselet témoigne ainsi de la présence de Benassit au sein de son bataillon : «Il me coûte un peu d’avouer que je n’étais pas un soldat exemplaire. Ainsi, il m’arrivait souvent de manquer à l’appel, qui avait lieu tous les matins sur la place Saint-Pierre, à Montmartre. Heureusement, un de mes amis était là, dont la délicatesse s’ingéniait à masquer mon absence. C’était Bénassit. Voici comment il s’y prenait: Lorsque mon nom était prononcé, un silence se faisait. Bénassit sortait des rangs, grave et présentant l’arme, puis il disait d’une voix profonde : « Mort au champ d’honneur ! »».
Au nombre desquels les plus fidèles sont, selon Fernand Xau, Charles Monselet, le comte H. O’Héguerty et Paul Arène[5].
Ne pouvant se déplacer, le mariage a lieu à son domicile parisien de la rue Lepic.
Acte no1131 dressé au 18earrondissement de Paris, mariage de 1891.
À l’âge de 57 ans. Acte no400 dressé au 15earrondissement de Paris, décès de 1893.
Acte no33 dressé à Jouarre-sur-Seine, décès de 1902.
Références
Louis Lemercier de Neuville, Souvenirs d’un montreur de marionnettes, Paris, Maurice Bauche, , 348p., 1 vol. fig., couv. ill.; in-16 (lire en ligne sur Gallica), p.131-137.
La Gazette des Beaux-Arts, Paris, (lire en ligne), p.8.
L’Artiste: revue de l’art contemporain, t.1, Paris, (lire en ligne), p.251.
Jules Noriac, «Courrier de Paris», Le Monde illustré, Paris, vol.17, t.33, no849, , p.35 (lire en ligne, consulté le ).
Scaramouche, «Bénassit», L’Aurore, Paris, no1760, , p.1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
Catalogue de la bibliothèque de feu M. le comte A*** W***, t.1 Très Beaux Livres modernes illustrés, Paris, Henri Leclerc, , 3 vols. (lire en ligne), p.134
Henri Beraldi, Les Graveurs du XIXesiècle: guide de l’amateur d’estampes modernes, t.II Bellangé - Bovinet, Paris, L. Conquet, , 187p., 25 cm (OCLC1288538704, lire en ligne), p.31-2.
Alfred Delvau (ill.Louis Émile Benassit), Les Heures parisiennes, Paris, Librairie centrale, , 210p., 1 vol. : 25 eaux-fortes d'Émile Bénassit; in-18 (OCLC1245959886, lire en ligne sur Gallica).
William Thomas Jeffcott et George John Tossell, The French newspaper reading book: containing extracts from twenty newspapers, Londres, Hachette, , xi, 294, 19 cm (OCLC270941868, lire en ligne), p.33.
Parisis, «Émile Benassit», Figaro, Paris, no108, , p.1-2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
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