Mark Van Oppen nait à Zolder[1] et y a passé une partie de son enfance, alors qu’on y construisit un circuit automobile[2]. C'est une région minière, il est fils de mineur et est prédestiné à marcher sur les traces de son père, jusqu'à la crise économique du début des années 1970 qui voit la fermeture des charbonnages et l'oblige à changer d'orientation[3]. Enfant, il dessinait déjà des bandes dessinées sur ses propres ours en peluche. Mais Marvano est aussi un fan de bandes dessinées. Il a grandi avec la lecture des auteurs flamands classiques comme Willy Vandersteen, Marc Sleen et Jef Nys, mais a également dévoré les séries réalistes et plus matures du magazine Tintin dont Bernard Prince, Bruno Brazil, Buddy Longway, Comanche, Corto Maltese, Jonathan, Les Scorpions du désert et Martin Milan[3]. Ce sont ces bandes dessinées qui lui donnent l'envie de devenir dessinateur[4]. Passionné de science-fiction, il est grand fan de Star Trek, des romans d'Isaac Asimov[3], Roger Zelazny et Clifford D. Simak[5]. Il étudie l'architecture d'intérieur au Provinciaal Hoger Architectuur Instituut à Hasselt, il obtient son diplôme et exercera[1] cette profession pendant près d'une décennie[3].
Illustrateur de science-fiction
À 16 ans, Marvano postule pour un emploi au Studio Vandersteen, mais sa candidature est rejetée[3]. Plutôt que d'abandonner, Van Oppen cherche ailleurs. Il envoye son travail à Berck, qui lui téléphone aussitôt pour devenir son assistant[3]. À partir de 1978, il dessine des centaines d'illustrations pour le magazine flamand Orbit[1] sous le pseudonyme de Marvano, le contraction de son prénom et de son nom[3]. En 1980, il publie sa première bande dessinée De vlucht van het paard, scénarisée par Kees van Toorn, rédacteur en chef de ce magazine, une adaptation du roman de science-fiction de Larry Niven[3]. Il attire l'attention de la maison d'édition néerlandaise Meulenhoff[1], qui l'engage comme illustrateur de livres et trouve un client régulier avec la maison d'édition allemande de science-fiction Heyne[3],[1].
Rédacteur en chef de Kuifje (1982-1986)
En 1982, grâce à ce travail, Marvano se fait remarquer par Marc Legendre, alors rédacteur en chef de Kuifje, la version néerlandophone de Tintin et lui succède[3] pendant quatre ans. Il peut ainsi abandonner définitivement la profession d'architecte d'intérieur[6]. Van Oppen se heurte régulièrement à Jean-Luc Vernal, rédacteur en chef de Tintin ainsi qu'avec ses éditeurs du Lombard Guy et Raymond Leblanc sur son ton éditorial socialement responsable et le choix des sujets d'interview, comme un représentant de Greenpeace. Parallèlement, il publie quelques courtes histoires complètes dans Tintin[7] et ses numéros spéciaux, ainsi que dans le trimestriel Robbedoes +[8], frère néerlandais de l'éphémère Spirou +[3].
En 1986, il dirige le secteur bande dessinée de l'éditeur flamand De Gulden Engel jusqu'à la faillite qu'il a vu venir et s'y résigne[3].
La rencontre avec Joe Haldeman (1988-2007)
En 1988, enthousiasmé par un roman d'anticipation de l'américain Joe Haldeman, il lui propose de l'adapter en BD. Ce sera La Guerre éternelle aux éditions Dupuis dans la collection Aire libre. Puis, en 1990, Marvano a dessine la version définitive de la bande dessinée post-apocalyptique Solitaire qui confronte un patient en fauteuil roulant et une fille qui ont tous deux survécu à la peste, en collaboration avec le romancier flamand Bob van Laerhoven[Note 1] pour la collection Histoires et Légendes aux éditions du Lombard. Les premières versions de l'histoire étaient apparues dans Robbedoes Album + au début des années 1980. Cet album passe inaperçu[5].
Marvano enchaîne avec Red Knight (1990), une adaptation modernisée de la bande dessinée classique de chevalier médiéval Le Chevalier rouge de Willy Vandersteen, basée sur un scénario de Ronald Grossey. L'idée a été inspirée par la version plus mature de Batman de Frank Miller, qui est devenue un succès inattendu dans les années 1980[3]. Mal promotionné par son éditeur[3], cet album passe lui aussi inaperçu[5].
En 1991, Marvano accepte d'adapter en bande dessinée Rourke, d'après le roman de Paul-Loup Sulitzer en collaboration avec Jean Annestay puis avec son ami Marcel Rouffa. Sept albums sont initialement prévus, quatre albums sont publiés chez Dupuis, la série étant prématurément arrêtée pour cause de mévente et de désintérêt de ses créateurs[3]. À la suite, en 1994, il publie assumant le scénario et le dessin Les Sept Nains de nouveau dans la collection Aire Libre[3], qui est le premier tome de la trilogie Berlin, son premier chef-d’œuvre. De nombreux observateurs ne prennent pas au sérieux ce premier essai pourtant réussi[5].
En septembre 1996, Marvano démarre chez Dupuis une nouvelle série de science-fiction avec Haldeman: Dallas Barr, adaptée du roman Immortalité à vendre. Elle a été rééditée et poursuivie par Le Lombard à partir de 2004[3].
Enfin en mars 2002 est sortie la suite de La Guerre éternelle, la série Libre à jamais aux éditions Dargaud, adaptée du roman La Liberté éternelle de Joe Haldeman[3]. Une série d'anticipation que Mœbius qualifie de «magnifique réussite»[9].
Séries réalistes (2007-2018)
Parallèlement à ses séries de science-fiction, Marvano a entrepris l'écriture d'une trilogie dont Les Sept Nains forme désormais le premier volume. Publiée chez Dargaud, la série porte le titre générique de Berlin, ville servant de toile de fond aux trois histoires. Le deuxième volume, Reinhard le Goupil, se passe en 1948; on y retrouve Stuart, rescapé de l'équipage des Sept nains, qui assure les liaisons du pont aérien. Quant à la troisième partie de la trilogie, parue en , elle se situe de nos jours; le personnage principal recherche ce qui est arrivé aux protagonistes du deuxième tome, notamment à l'époque de la construction du mur de Berlin[3].
En 2009, Marvano scénarise pour Magda[Note 2] un one shot Les Petits Adieux publié au Lombard et ensemble ils abordent le thème difficile de l’accompagnement dans l’anonymat de personnes en détresse dans le cadre d'une structure de type télé-accueil[10].
Trilogies de la Seconde Guerre mondiale (2010-2015)
En 2010, Marvano entame sa première trilogie Grand Prix[4] (2010-2015) sur la Seconde Guerre mondiale. La série a été inspirée par la vie du pilote automobile Rudolf Caracciola, qui a vécu dans les années 1920 et 1930. La série se déroule pendant l'entre-deux-guerres et traite à la fois des courses automobiles et de l'industrialisation automobile d'Hitler pour financer secrètement ses plans militaires. Le traité de Versailles (1919) interdit à l'Allemagne de reconstruire son industrie aéronautique et ses moteurs puissants, mais ne mentionne rien sur les voitures de course ou la technologie des fusées. En 2013, il publie sa seconde trilogie sur ce thème La Brigade Juive[11] se déroule en 1945, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il suit Leslie Toliver, un personnage récurrent de la série Grand Prix, qui se rend en Pologne dans le cadre de la Brigade juive pour retrouver sa mère et sa petite amie perdues[3].
Bonneville (2018)
En 2018, avec Bonneville, les voitures de course[Note 3] sont à nouveau le sujet d'un diptyque (Dargaud). L'histoire se déroule derrière les records de vitesse terrestre détenus aux Bonneville Salt Flats dans l'Utah dans les années 1950 et 1960. Pour ce faire, Marvano choisit une technique narrative inhabituelle; 'Bonneville' est présenté comme une adaptation du manuscrit fictif d'un livre autobiographique de la mormone Zeldine Johnson[3] et il annonce se retirer de l'industrie de la bande dessinée traditionnelle, dégoûté des pratiques veules de celle-ci. Il se consacre à l'illustration de science-fiction[3].
Graphisme
Marvano est un auteur de tout premier plan dont le graphisme précis et fin en fait un émule de Frank Miller[12].
««Larvatus prodeo» (je m’avance masqué). La fameuse devise de René Descartes convient à merveille à Marvano, qui avance dans le sillage de l’école belge classique tout en étant l’un de ceux qui s’en écarte avec le plus de brio et l’un des acteurs les plus importants de sa régénération.»
Œuvres
Albums de bande dessinée
La Guerre éternelle
Série finie
Soldat Mandella, Dupuis, (1988)
Lieutenant Mandella, Dupuis, (1989)
Major Mandella, Dupuis, (1989)
Red Knight
Série finie
La Salamandre scénario de Ronald Grossey, Standaard Uitgeverij, (1990)
Solitaire, Le Lombard coll. Histoires et légendes, Bruxelles, janvier 1990 Scénario: Bob Van Laerhoven - Dessin: Marvano - Couleurs: Béatrice Monnoyer - (ISBN2-8036-0792-1)[13]
Rourke
Série finie
La Mort est toujours bonne, Dupuis, (1991)
Le Bon Dieu ne dort jamais, Dupuis, (1992)
Les Trois Concubines, Dupuis, (1994)
Tigre d'avril, Dupuis, (1995)
Les Sept Nains (Dupuis, 1994)
Dallas Barr
Série finie
1 Immortalité à vendre, Dupuis coll.«Repérages», Marcinelle, septembre 1996 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bruno Marchand - (ISBN2-8001-2349-4)
2 Le Choix de Maria, Dupuis coll.«Repérages», Marcinelle, mai 1997 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bruno Marchand - Traduction: Yvan Delporte (ISBN2-8001-2443-1)
3 Premier Quartier, Dupuis coll.«Repérages», Marcinelle, juin 1998 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bruno Marchand - Traduction: Yvan Delporte (ISBN2-8001-2626-4)
4 Nouvelle Lune, Dupuis coll.«Repérages», Marcinelle, août 1999 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bruno Marchand - Traduction: Yvan Delporte (ISBN2-8001-2848-8)[14]
5 Anna des mille jours, Dupuis coll.«Repérages», Marcinelle, août 2000 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Rudolf et Rachel Boogerman - Traduction: Yvan Delporte (ISBN2-8001-2979-4)[15]
6 Sarabande, Le Lombard coll.«Polyptyque», Bruxelles, janvier 2005 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN2-8036-2059-6)[16]
7 La Dernière Valse, Le Lombard coll.«Polyptyque», Bruxelles, novembre 2005 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN2-8036-2093-6)
Libre à jamais
Série finie
1 Une autre guerre, Dargaud coll. Fictions, Paris, février 2002 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bruno Marchand - Traduction: Nicole Pauwels (ISBN2-87129-400-3)[17]
2 Exode, Dargaud coll. Fictions, Paris, novembre 2002 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bruno Marchand - Traduction: Yvan Delporte (ISBN2-87129-460-7)
3 Révélation, Dargaud coll. Fictions, Paris, novembre 2003 Scénario: Joe Haldeman - Dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - Traduction: Alain De Kuyssche (ISBN2-87129-537-9)[18],[9]
Berlin
Série finie
Les Sept Nains (réédition, 2007, traduction: Brigitte Hendrickx et Thierry Martens, (ISBN978-2-505-00003-7))
Les Petits Adieux, Le Lombard coll. Signé, Bruxelles, 13 novembre 2009 Scénario: Marvano - Dessin et couleurs: Magda - (ISBN978-2-8036-2581-9)[10],[20]
Grand Prix
Série finie
1 Renaissance, Dargaud, Paris, 18 juin 2010 Scénario et dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN978-2-505-00683-1)[2],[21]
2 Rosemeyer, Dargaud, Paris, 6 mai 2011 Scénario et dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN978-2-505-01127-9)[5],[22]
3 Adieu, Dargaud, Paris, mai 2012 Scénario et dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN978-2-505-01377-8)[23]
La Brigade juive
Série finie
1 Vigilante, Dargaud, Paris, 8 novembre 2013 Scénario et dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN978-2-505-01708-0)[24]
2 TTG, Dargaud, Paris, 26 juin 2015 Scénario et dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN978-2-505-01989-3)
3 Hatikvah, Dargaud, Paris, 27 mai 2016 Scénario et dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN978-2-505-06531-9)[25]
Bonneville
Série finie
1 Quatre zéro sept!, Dargaud, Paris, 16 février 2018 Scénario et dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN978-2-505-06948-5)[26]
2 1968, Dargaud, Paris, 28 septembre 2018 Scénario et dessin: Marvano - Couleurs: Bérengère Marquebreucq - (ISBN978-2-505-07003-0)
Expositions
Berlin Centre belge de la bande dessinée, Bruxelles du 2 décembre 2008 au [27]
Thierry Bellefroid, ««Une autre guerre», tome 1 de «Libre à jamais», par Marvano et Haldeman. Dans la nouvelle collection «Fictions» des éditions Dargaud.», BDParadisio, (lire en ligne, consulté le )
Henri Filippini, Dictionnaire de la bande dessinée, Paris, Bordas, , 731p. (ISBN2-04-018455-4, BNF35065653), p.649.
Jean-Louis Lechat, Un demi-siècle d’aventures t.2: 1970 - 1996, Bruxelles, Le Lombard, , 224p. (ISBN280361233X, BNF37539082), p.101..
(nl) Jean-Marie Derscheid, Didier Pasamonik et Éric Verhoest, «Marvano, tussen wetenschap en fictie», dans Het Belgisch stripverhaal, een kruisbestuiving, Snoeck, , 229p. (ISBN9-789053-497401).
Philippe Tomblaine, «Marvano», dans La Seconde Guerre mondiale dans la BD, Paris, PLG - coll. Mémoire Vive, , 300p. (ISBN978-2917837214).
Patrick Gaumer, «Marvano», dans Dictionnaire mondial de la BD, Paris, Larousse, (ISBN9782035843319), p.571-572..
Philippe Mellot, Michel Denni, Laurent Turpin et Isabelle Morzadec, Trésors de la bande dessinée: BDM 2021-2022 - Catalogue encyclopédique & Argus, Paris, Les Arènes, , 1700p. (ISBN9791037502582), p.126, 168, 180, 308, 494, 655, 865, 952, 981, 1018, 1043.
Périodiques
(nl) Pieter van Oudheusden et Hans Pols, «Marvano», Stripschrift, no299, , p.4-11
Marie Moinard, «Grand Prix: signes avant-coureurs», dBD, no44, , p.73.
(nl) Marvano (interviewé par la Rédaction), «Marvano: “De autoracerij als weerspiegeling van de wereld”», BM Mag, Standaard Uitgeverij, no18, (lire en ligne)
Articles
Catherine Henry et Thierry Bellefroid, «Interview Marvano et Haldeman - "Libre à jamais"», BDParadisio, (lire en ligne, consulté le )
Magda & Marvano (interviewés par Nicolas Anspach), «Marvano & Magda: "Les petits Adieux est un album né suite à lecture du journal d’une victime d’un pédophile "», ActuaBD, (lire en ligne, consulté le )
Nicolas Anspach, «Marvano retrace la période noire et dorée du Sport Automobile», ActuaBD, (lire en ligne, consulté le )
Didier Pasamonik, «Marvano, le «Alan Moore» flamand», ActuaBD, (lire en ligne, consulté le )
Marvano (Nicolas Anspach), «Marvano ("Grand Prix"): «Les coureurs allemands arboraient les signes nazis plus par opportunisme sportif que par affinité idéologique»», ActuaBD, (lire en ligne, consulté le )
Marvano (interviewé par Morgan Di Salvia), «Marvano: «Mon idée pour ‘Grand Prix’ était de réaliser une histoire de l’entre-deux-guerres avec un angle original.»», ActuaBD, (lire en ligne, consulté le )
Marvano (interviewé par Toon Horsten), «Entretien avec Marvano: Je suis un réaliste», Institut Goethe, (lire en ligne, consulté le )
Didier Pasamonik, «Marvano et sa surprenante Brigade juive», ActuaBD, (lire en ligne, consulté le )
Jacques Schraûwen, «Marvano: une exposition/vente pour un " passeur de mémoires "», RTBF, (lire en ligne, consulté le )
Jean-Laurent Truc, «Archives: Marvano, de Berlin aux bolides de Bonneville après La Brigade juive», ligne claire, (lire en ligne, consulté le )
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