L'œuvre de Nan Goldin est inséparable de sa vie: marquée par le suicide de sa sœur en 1963, c'est en photographiant sa famille qu'elle entame son œuvre photographique qui, par la suite, reste très proche de l'album de famille, par sa technique comme par ses sujets.
Elle considère, depuis sa jeunesse, la photographie comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant ainsi de faire naître une deuxième mémoire.
Biographie
Nan Goldin naît à Washington DC et grandit dans le Massachusetts, dans une famille juive de la classe moyenne[2]. Lorsqu'elle a 11 ans, sa sœur aînée Barbara se suicide après plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques[3]. À quinze ans, elle s’initie à la photographie, poussée par un de ses professeurs de la Satya Community School de Lincoln (Massachusetts).
Dans une interview à The Advocate, elle déclare être activement bisexuelle depuis le début de sa vie sexuelle[4]. Elle indique par ailleurs avoir été largement inspirée et influencée par la communauté LGBT, qui l'a entourée depuis son adolescence[4].
En 1972, elle entre à l’école de musique à Boston où elle rencontre le photographe David Armstrong. Ce dernier devient drag queen, ce qui permet à Nan Goldin de côtoyer ce milieu très marginalisé qu'elle photographiera tout au long de sa vie. À cette époque, Nan Goldin utilise surtout les couleurs primaires. Après avoir déménagé à New York, en 1978, elle commencera à réaliser des photos aux couleurs saturées, plongées dans une lumière artificielle. Elle tombe enceinte d'un père anonyme.
Durant ces années commence à naître l’œuvre qui la rendra célèbre (et qui mit plus de 16 ans à être élaborée), The Ballad of Sexual Dependency, constituée de plus de 800 diapositives projetées en boucle et accompagnées de chansons d’univers et d’inspirations très divers, tels que James Brown, Maria Callas ou encore The Velvet Underground.
Les principaux thèmes évoqués sont la fête, la drogue, la violence, le sexe, l’angoisse de la mort. Pourtant, Goldin a avant tout le désir de photographier la vie telle qu'elle est, sans censure. Or, selon elle, ce qui est intéressant, c'est le comportement physique des individus. Elle traite de la condition humaine, de la douleur et de la difficulté de survivre.
Nan Goldin n’a pas de tabou, allant même jusqu'à se photographier peu après avoir été battue par son petit ami de l’époque, ce qui avait manqué de lui faire perdre un œil. Ce fameux cliché fait partie de la série intitulée «All By Myself» qui évoque et qui atteste de son propre délabrement, physique et mental. C’est en étalant publiquement sa vie et son histoire qu’elle réussit à mieux se comprendre et à s’accepter, tout en s’identifiant dans la société.
Nan Goldin est confrontée au début des années 1980 à l’apparition du sida, qui décime ses amis proches et ses modèles, qu’elle considère comme sa propre famille, et qu’elle photographie de leur vie quotidienne à leur cercueil. C'est, par exemple, le cas de Cookie Mueller, morte à 40 ans le , à qui Goldin consacre une exposition en 1991; à cette occasion est publiée «La dernière lettre» (A Last Letter) de son amie, qui décrit le drame de la génération du début du baby-boom fauchée par l'épidémie.
Nan Goldin vit depuis 2007 entre Londres et Paris. Son travail a évolué vers des ambiances moins destructrices et plus tendres que ne l'étaient ses travaux des années 1980.
En 2014, comme elle souffre d’une tendinite au poignet gauche, un médecin berlinois lui prescrit de l’OxyContin. Ce puissant anti-douleur crée chez elle une addiction, si bien qu'en , elle doit suivre une cure de désintoxication. Nan Goldin décide aussi de mener une campagne contre la famille Sackler, en possession de Purdue Pharma, l'entreprise qui vend l'OxyContin aux États-Unis. Elle souhaite notamment que les musées n'acceptent plus le mécénat de cette famille[5],[6].
Décoration
2006: Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres[7],[8]
Œuvre
Nan Goldin et ses photographies forment un ensemble singulier où le spectateur se sent «aspiré» par leur monde. Archétypes communs, mémoire collective, histoires dans lesquelles il s'identifie et/ou s'interroge, la photographie de Nan Goldin renvoie le spectateur à ses propres questionnements.
Son travail est considéré comme un miroir tendu à sa génération ou comme un répertoire désenchanté d'évènements récents de notre expérience collective; il soulève, notamment, les problèmes de la relation entre vérité et simulation, entre prose et poésie.
Diaporamas
1981-1996: The Ballad of Sexual Dependency
1987: The Ballad of Sexual Dependency, Les Rencontres d'Arles (projection)
1994: The Other Side: 1972-1992
1994-1995: Trio to the End of Time
1992-1996: All By Myself
1997: The Ballad of Sexual Dependency, Les Rencontres d'Arles (projection au théâtre antique le mercredi )
2001: Heartbeat
2004: Sœurs, Saintes et Sibylles
2008: The Other Side, 1972 - 2006
2008: The Ballad of Sexual Dependency, 1981-2006
2009: The Ballad of Sexual Dependency, 1981-2006, Les Rencontres d'Arles (projection au théâtre antique), musique live: Tiger Lillies
(en) Christoph Heinrich (Sous la direction de) (trad.de l'allemand), Emotions & relations: Nan Goldin, David Armstrong, Mark Morrisroe, Jack Pierson, Philip-Lorca diCorcia, Köln New York, Taschen, , 200p. (ISBN3-8228-7507-4)
Guido Costa (trad.de l'anglais), Nan Goldin, Paris, Phaidon, coll.«55», , 125p. (ISBN0-7148-9148-7)
«Nan Goldin ou la politique de l'intimité», Frédéric Martel, Nouvelle Revue française, Gallimard, , no559, p.274–289
Filmographie
Contacts, Jean-Pierre Krief, France, 2000, 14 min, Arte
All the Beauty and the Bloodshed, documentaire de Laura Poitras, 2022
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