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Wiligelmo est un sculpteur italien du XIe siècle - XIIe siècle, actif dans l’Italie septentrionale. Il fut le plus important maître de la sculpture romane en Italie, insufflant à ses œuvres une force vitale et un sens de la narration inégalé de son temps.

Wiligelmo
Biographie
Activité
Sculpteur
Période d'activité
-
Œuvres principales
Façade de la cathédrale de Modène
Façade de la cathédrale de Modène

Biographie


Ni les lieux ni les dates de sa naissance et de sa mort ne sont connus. Une origine lombarde et plus précisément de Côme a été avancée, sans que cette hypothèse soit fondée sur quelque document que ce soit.


Style


L’avis est unanime à reconnaître que l’art de Wiligelmo, comme l’ensemble de la sculpture d’Émilie-Romagne de l’époque, dérive des grands centres d’innovation de la sculpture romane autour de 1100 comprenant, en plus de Toulouse (Saint-Sernin) et l’abbaye de Moissac, une série d’édifices espagnols de Jaca jusqu’à Santiago[1]. Dans l’incapacité de mieux définir les sources de Wiligelmo, plusieurs spécialistes ont adopté le concept d’un « sculpteur européen »[2]. Ceci ne présume en rien de l’origine du sculpteur et aucun élément connu à ce jour ne permet de préciser sa formation.


Activité artistique et œuvres



Cathédrale de Modène


L’unique support historique qui nous soit parvenu où se trouve le nom du sculpteur, est la plaque commémorative de la fondation de la cathédrale de Modène placée sur la façade occidentale de l’édifice (une autre plaque commémorative, avec cette fois le nom de l’architecte, se trouve sur l’abside principale). On constate par cette plaque que le nom de Wiligelmo est une forme fautive. En effet, il conviendrait de lire Vuiligelmus[3], qui est une des multiples dérivations de Guglielmo et correspond au français Guillaume.

La plaque est soutenue par les personnages d’Hénoch et Élie qui l’un comme l’autre ont la particularité d’avoir été élevés au ciel sans avoir à subir la mort terrestre, ce qui tend à vouloir conférer l’immortalité à la cathédrale et au sculpteur.

Les deux personnages ainsi que la gravure du texte ont été reconnus comme étant de la main de Wiligelmo[4]. L’épigraphe reprend tout d’abord quatre vers tirés de la Relatio de innovatione Ecclesie Santi Geminiani de Aimone[5], et mentionne la date de fondation de l’édifice, 1099. À la suite de ce texte est gravé un ajout de deux autres vers en caractères plus petits (faute de place) qui mentionnent et glorifient Wiligelmo. Non seulement l’ajout est évident, mais les deux textes furent gravés en deux temps sensiblement différents. Cette dichotomie ne permet donc pas de relier cette date de 1099 à la présence de Wiligelmo sur le chantier comme certains historiens de l’art l’ont proposée[6]. Voici le texte de cette plaque :

Du(m) Gemini Cancer
Cursu(m) consendit
ovantes. Idibus
in quintis Iunii sup t(em)p(o)r(e)
mensis. Mille Dei
carnis monos cen
tu(m) minus annis.
Ista domus clari
fundatur Gemini
ani. Inter scultores quan
to sis dignus onore. cla
ret scultura nu(n)c Vuiligelme tua[7]

Plaque de fondation sur la façade
Plaque de fondation sur la façade

Nous ignorons la date à partir de laquelle Wiligelmo fut actif sur le chantier de Modène.

Ce qui est certain, c’est que la Relatio de innovatione Ecclesie Santi Geminiani[8], ce document déjà cité qui relate la première phase de construction de la cathédrale (de 1099 à 1106), ne mentionne jamais Wiligelmo alors même que sa renommée aujourd’hui dépasse de beaucoup celle de l’architecte Lanfranco qui lui y est cité plusieurs fois[9]. D’autre part, les sculptures de la crypte réalisée en 1106, sont l’œuvre reconnue d’un premier atelier de sculpteurs lombards, antérieur à celui de Wiligelmo[10].

De ces éléments, plusieurs spécialistes en ont déduit que Wiligelmo n’était probablement pas sur le site durant cette première phase[9].

Hormis cette plaque, la façade sur laquelle elle est scellée constitue la plus fameuse vitrine des œuvres de Wiligelmo ; presque tous les éléments décoratifs qui s’y trouvent sont de lui ou de son atelier, et en particulier :


Le portail principal

Il est à lui seul un chef-d’œuvre remarquable par son rinceau peuplé qui court sur les chambranles, l’archivolte et l’architrave.

Le rinceau peuplé est supporté à la base par deux télamons, un de chaque côté. Celui de gauche, un genou à terre, est chaussé, ses longs cheveux sont soigneusement peignés et ses vêtements raffinés (nombreux plis), ces détails en font un personnage d’une classe sociale élevée. Celui de droite, debout, est pieds nus, les cheveux courts et protégé par un habit grossier, ce qui suggère un paysan.

Le rinceau est formé d’une combinaison de rameaux d’acanthe, de vigne et raisins, le tout peuplé de créatures fantastiques. L’ensemble pourrait constituer une sorte de parcours vers la rédemption : à la partie basse, des fauves et des monstres menacent l’homme, mais il s’élève jusqu’à la vigne du Seigneur où les conflits s’achèvent.

Les divers sujets que l’on parvient à identifier sont les suivants :

sur le chambranle gauche :

Sur le chambranle de droite, on trouve en partant de la base :

Sur l’archivolte se trouvent placées treize figures ; au centre se trouve un relief que certains spécialistes identifient à Janus, symbole de porte et de passage, alors que d’autres comme C. Frugoni pense qu’il s’agit de la représentation zodiacale des gémeaux. De part et d’autre de cette figure s’inclinent vers elle deux vieillards qui se tiennent à la végétation.

Puis à droite en partant de la base jusqu’à l’un des vieillards se trouvent :

Et a gauche, toujours en partant de la base jusqu’à l’autre vieillard :

La décoration de l’architrave est constituée au centre d’un mascaron de la bouche duquel s’échappe de part et d’autre une luxuriante végétation avec des grappes de raisin que deux huppes, animal caractérisé positivement par le Physiologus, qui becquettent le raisin. Les deux extrémités du rinceau comprennent deux personnages dont les vêtements dénoncent une différence d’appartenance sociale : sur la gauche un paysan nu pied, mal encapuchonné, avec une serpette à la main ; à droite un noble chaussé et bien vêtu avec une tunique et une cape, qui récolte également du raisin avec un outil identique[11].

D’autre part, les faces internes des chambranles du portail sont décorées de douze prophètes de l’ancien testament, six de chaque côté.

À gauche en partant du haut sont sculptés :

À droite, toujours en partant du haut, sont sculptés :

Sur chacun des sommets des faces internes des chambranles sont représentés un ange, ils transmettent le message divin, respectivement à Habacuc et Moïse.

Enfin sur le porche, se trouvent deux reliefs :

Les deux lions stylophores du porche ne sont pas de la main de Wiligelmo, ils datent probablement du Ier siècle apr. J.-C., il s’agit donc d’un remploi[14].


Histoire de la Genèse

Article détaillé : Histoire de la Genèse (Wiligelmo).
Création d'Adam, d'Ève et le péché originel
Création d'Adam, d'Ève et le péché originel

Ces bas-reliefs sont considérés comme étant des chefs-d’œuvre de l’art roman, ils sont l’œuvre de Wiligelmo.

Il s’agit de quatre plaques sculptées qui rapportent des épisodes de la Genèse, de la création d’Adam à la sortie de l’arche de Noé et de sa famille après le déluge.

Leurs emplacements actuels ne sont pas ceux d’origine, ils ont probablement été déplacés lors de l’ouverture des deux portails latéraux.


Génies porte-flambeau

Le génie porte-flambeau et l'ibis
Le génie porte-flambeau et l'ibis

Ces deux plaques se trouvent sur la façade, de part et d’autre du porche. Le flambeau renversé est une allégorie de la mort et l’origine du génie porte-flambeau remonte à l’époque hellénistique, il fut l’objet d’une grande diffusion sur les sarcophages durant l’Empire romain[15]. Ce symbolisme est renforcé sur l’une des deux plaques par la présence d’un oiseau qui a été identifié à l’ibis[16], animal qui selon le Physiologus est le plus immonde de tous les oiseaux.


Les symboles des évangélistes

Les quatre reliefs actuellement scellés sur la partie supérieure de la façade, au-dessus de la rosace et de part et d’autre d’une sculpture représentant le Rédempteur sur un trône à l’intérieur d’une mandorle, ne nous sont pas parvenus à leurs emplacements d’origine, ce qui est particulièrement visible en ce qui concerne l’aigle de saint Jean dont la tête est mutilée, de même le phylactère entre ses pattes est restreint à une superficie incomplète. Ils ont probablement été déplacés lors de l’ouverture de la rosace par les campionesi[17].

Les symboles des évangélistes au-dessus de la rosace
Les symboles des évangélistes au-dessus de la rosace

Les reliefs se présentent ainsi :


Samson déchirant le lion

Complètement à droite, Samson déchirant le lion
Complètement à droite, Samson déchirant le lion

Cette plaque se trouve également à la partie supérieure de la façade, à droite des symboles des évangélistes. Elle représente Samson déchirant la gueule d’un lion[21]. Son nom Samson est gravé sur le bord gauche.

Samson est un symbole du Christ salvateur.


Autres lieux d'activité


Portail de l'abbaye de Nonantola
Portail de l'abbaye de Nonantola

L’empreinte de Wiligelmo et/ou de son école est bien visible en Italie septentrionale, particulièrement dans la zone padane : sur la cathédrale de Crémone, dans la sacristie de laquelle se trouve une plaque de fondation dont l'épigraphe, comme à Modène, est soutenue par Hénoc et Élie ; le portail de l’abbaye de Nonantola ; sur la cathédrale de Plaisance ; l’abbaye Saint-Benoit de Polirone[22].


Voir aussi



Articles connexes



Liens externes



Notes et références


  1. (it) Willibad Sauerländer, Wiligelmo in Europa in Lanfranco e Wiligelmo : Il Duomo di Modena, Modène, Panini editore,
  2. Par exemple : Arturo Carlo Quintavalle ; Willibad Sauerländer.
  3. L’initiale de ce nom n’est pas un W mais un ensemble de deux VV. Le W n’existe d’ailleurs pas dans la langue latine. Il n’existe pas non plus deux lettres distinctes pour le U et le V mais une seule. Il fut appelé Wiligelmo par les anciens érudits modenesi et nous continuerons à le nommer ainsi. Pour plus de détails voir l’article de l’épigraphiste Augusto Campana. La testimonianza delle iscrizioni in Lanfranco e Wiligelmo – Il Duomo di Modena. Panini editore. Modena. 1984.
  4. (it) Augusto Campana, La testimonianza delle iscrizioni in Lanfranco e Wiligelmo – Il Duomo di Modena, Modène, Panini editore,
  5. Aimone, auteur présumé du texte, fut responsable de l’école de la cathédrale entre 1096 et 1110, et donc témoin oculaire de la première phase de la construction.
  6. (it) Arturo Carlo Quintavalle, L’officina della Riforma : Wiligelmo, Lanfranco in Lanfranco e Wiligelmo – Il Duomo di Modena, Modène, Panini editore, , p. 765-834
  7. Il s’agit du texte fourni par Saverio Lomartire in Lanfranco e Wiligelmo – Il Duomo di Modena. Panini editore. Modena. 1984
  8. La copie du XIIIe siècle de ce document qui nous est parvenue est conservée, sous la référence : O.II.11, dans les archives capitulaires de Modène.
  9. (it) Adriano Peroni, L’architetto Lanfranco e la struttura del Duomo in Lanfranco e Wiligelmo – il Duomo di Modena, Modène, Panini editore,
  10. (it) Arturo Carlo Quintavalle, Wiligelmo in Enciclopedia dell'Arte Medievale, Treccani,
  11. (it) Chiara Frugoni, Le lastre veterotestamentarie e il programma della facciata in Lanfranco e Wiligelmo – Il Duomo di Modena, Modène, Panini editore,
  12. Louis Charbonneau-Lassay en son Bestiaire du Christ, indique au sujet du cerf : « l’image du cerf comme emblème de l’âme fidèle qui aspire vers Dieu : « Comme une biche soupire après des courants d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô mon Dieu ! – Mon âme a soif du Dieu vivant». (David. Les psaumes, 42, 1 et 2).
  13. « Le baptistère épiscopal », sur Turisticka Zajednica Grada Solina (consulté le )
  14. (it) Fernando Rebecchi, Il reimpiego di materiale antico nel Duomo di Modena in Lanfranco e Wiligelmo – il Duomo di Modena, Modène, Panini editore,
  15. Franz Cumont, Recherches sur le symbolisme funéraire des Romains, Paris, Geuthner,
  16. (en) Erwin Panofsky, Renaissance and Renascences in Werstern Art, Copenhague, Russak and Company,
  17. Adriano Peroni, « La façade de la cathédrale de Modène avant l’introduction de la rosace », Cahier de civilisation médiévale,
  18. Mt1, 1 : « Généalogie de Jésus Christ ».
  19. Mc1, 1-2 : « Commencement de l’Évangile ». «voici que j’envoie mon ange ».
  20. Luc1, 5 : « il y avait au temps d’Hérode, roi de Judée ».
  21. Cet épisode de la vie de Samson se trouve dans Juges14, 5-18.
  22. (it) P. Rossi, Modena in Enciclopedia dell'Arte Medievale, Treccani,



На других языках


[de] Wiligelmo da Modena

Wiligelmo da Modena (auch Wiligelmus oder Guglielmo) war ein in Modena von ca. 1099 bis 1120 aktiver Steinmetz, der sich maßgeblich an der Wiederbelebung antiker Traditionen beteiligte.

[en] Wiligelmo

Wiligelmo (also known as Wiligelmus, Gulielmo da Modena, Cousin of Elmo or Guglielmo da Modena) was an Italian sculptor active between c. 1099 and 1120. He was the first sculptor in Italy to produce large-format sculptures and sign his work.[citation needed]

[es] Wiligelmo de Módena

Wiligelmo de Módena fue un escultor italiano que realizó diversos trabajos en los relieves de la Catedral de Módena hacia el año 1099 y probablemente fue también el arquitecto responsable de la edificación de la fachada y de la parte anterior de esa catedral. Es el más importante maestro de la escultura románica en Italia. Sus obras se caracterizan por su vivacidad y su sentido de la narración.
- [fr] Wiligelmo

[it] Wiligelmo

Wiligelmo (probabilmente da Willelmus, Guglielmo) (XI secolo – XII secolo) è stato uno scultore italiano, uno dei primi a firmare le proprie opere in Italia.



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