Le Centre d'art et de technologie des médias de Karlsruhe (en allemand : Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe, ZKM), est une institution culturelle fondée en 1989 et occupant depuis 1997 un bâtiment industriel classé monument historique, une ancienne manufacture de munitions de Karlsruhe, Allemagne. Il organise des expositions temporaires et des manifestations thématiques, effectue des recherches et réalise des productions dans le domaine des nouveaux médias, tout en proposant des programmes pédagogiques pour le grand public et pour les groupes.
Type | |
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Ouverture | |
Site web |
Pays |
Allemagne |
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Commune |
Karlsruhe |
Coordonnées |
49° 00′ 05″ N, 8° 23′ 01″ E |
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Sous son toit, le ZKM abrite deux musées, trois centres de recherche ainsi qu’une médiathèque ; il réunit ainsi la recherche et la production, les expositions et les manifestations, les archives et les collections en un même lieu. Il intervient au carrefour de l’art et de la science et s’imprègne des nouvelles recherches dans le domaine des technologies des médias pour les développer. Après le décès en 1999 de son fondateur et premier directeur Heinrich Klotz, le ZKM est dirigé par le professeur Peter Weibel[1],[2],[3], puis par Alistair Hudson à partir de 2022[4]. En dehors du ZKM, le bâtiment de l’ancienne manufacture de munitions accueille également l’École nationale supérieure d'art et de design (Staatliche Hochschule für Gestaltung Karlsruhe), ainsi que la Galerie de Karlsruhe (Städtische Galerie Karlsruhe), un musée consacré aux artistes de la ville.
En 2023, il a été annoncé que Alistair Hudson serait nommé à la suite de Peter Weibel, pour diriger le ZKM.[5]
La création du Centre d'art et de technologie des médias remonte au début des années 1980. En 1986, dans le contexte d’une importance croissante des médias et d’une rapide évolution dans le monde de l’art, des représentants de la municipalité, de l’Université de Karlsruhe, de l’École supérieure de musique, du Centre de recherche nucléaire de Karlsruhe et d’autres institutions ainsi que des représentants du milieu artistique à Karlsruhe se réunissent pour fonder le Groupe de projet ZKM. En , le Groupe de projet ZKM présente son plan de travail dénommé Concept 88 dans lequel cette initiative décrit la réunion des arts et des nouveaux médias prévue sur le plan théorique et pratique[6].
La mise en place d’un conseil de fondation en 1989 et la nomination de Heinrich Klotz en tant que premier directeur permettent ensuite de concrétiser le projet du ZKM. La création du ZKM est marquée par trois dates: la résolution du conseil municipal de Karlsruhe le , la décision du conseil des ministres du Land de Bade-Wurtemberg le et l’entrée en vigueur des statuts le . Dans les premiers temps suivant la fondation, le ZKM occupe différents bâtiments au centre-ville. Jusqu’à l’installation à son adresse actuelle, le festival d’art des médias MultiMediale (MultiMediale 1-5, 1989-1997) se déroule tous les deux ans sur des sites chaque fois différents[6].
Pendant longtemps, un terrain situé au sud de la gare centrale de Karlsruhe est prévu comme emplacement final du ZKM. À cet effet, et dans l’idée de construire un nouveau bâtiment, le ZKM organise un concours international d’architecture en d’où ressortira le projet visionnaire de l’architecte néerlandais Rem Koolhaas[7]. Pour des raisons de coût et de manque d’espace, la construction du »Cube de Koolhaas« n’est cependant pas réalisée, et en 1992, le ZKM décide de réaménager le bâtiment de l’ancienne manufacture[8].
Karlsruhe opte pour la réutilisation d’une ruine industrielle appelée »Hallenbau A«, construite entre 1914 et 1918 par l’architecte Philipp Jakob Manz et destinée à servir de manufacture d’armes et de munitions. Ce bâtiment, réparti en dix cours intérieures et totalisant une longueur de 312 mètres, se situe sur l’ancien emplacement de la société »Industriewerke Karlsruhe Augsburg« (IWKA), une friche industrielle qui depuis les années 1970 séparait le centre-ville des quartiers avoisinants au sud-ouest. Le réaménagement et la construction annexe du Cube des Médias s’inspirant de l’ébauche de Koolhaas commencent en 1993 d’après les projets du bureau hambourgeois Schweger[9]. Lorsque le ZKM emménage dans le »Hallenbau A« en 1997, il dispose, en dehors de studios et d’instituts dédiés à la recherche et à la production, d’un théâtre des médias, de salles de concerts et de manifestations, d’une médiathèque ainsi que d’un musée des médias. Dans un deuxième temps, le réaménagement du bâtiment est complété par les espaces consacrés au Musée d’Art Contemporain (1999) et à l’école de design associée au ZKM, la Staatliche Hochschule für Gestaltung Karlsruhe (2001). En 2004-2005, le Musée d’Art Contemporain intègre le ZKM[10],[11].
« Le ZKM se fixe comme objectif d’évaluer les potentiels naissant d’une relation entre les arts traditionnels et la technologie des médias pour obtenir des résultats novateurs. Le but étant un enrichissement des arts, et non leur amputation par la technique. Les arts traditionnels et les arts des médias doivent donc se mesurer les uns aux autres. Les deux parties disposent, chacune pour soi et ensemble, d’un lieu au ZKM qui encourage leur développement. En cela, le Bauhaus de Weimar fondé en 1919 peut valoir de modèle[12]. »
— (Heinrich Klotz)
Formulée en 1992 par le directeur Heinrich Klotz, cette idée directrice est mise en œuvre et développée au cours des années suivantes. À présent, les activités du ZKM sont marquées par quatre pensées directrices.
Sous son toit, le ZKM | Karlsruhe abrite deux musées, trois centres de recherche, une médiathèque, un laboratoire ainsi que plusieurs salles de spectacles:
Musées
Instituts de recherche et de production
Salles de spectacles du ZKM
Les deux musées ainsi que la bibliothèque et son espace Médialounge sont accessibles au public. En outre, le foyer du ZKM propose à ses visiteurs le point d’information, la boutique du musée[13] et le café-restaurant »ZetKaeM«[14].
Les expositions et les manifestations organisées au sein du ZKM présentent des positions et des sujets issus de l’art contemporain, elles mettent en lumière également des artistes et des mouvements artistiques presque oubliés aujourd’hui, ainsi que des œuvres d’art associant des médias et des genres divers, de l’application iPhone à la peinture à l’huile.
En point de mire, le Musée des Médias se penche sur l’histoire et la critique sociale des Nouveaux Médias qui modifient le contexte de notre vie depuis près de 50 ans. L’ordinateur, le téléphone et Internet intègrent progressivement la société et la vie de chaque individu et les équipements techniques occupent une place de plus en plus importante. En outre, le Musée des Médias se focalise sur l’interaction entre l’individu et l’œuvre: c’est grâce aux actions et aux réactions des visiteurs que des œuvres d’art peuvent naître; ainsi, l’individu devient lui-même un élément constitutif de l’installation, ce qui lui permet d’explorer la manière dont il conçoit les nouvelles technologies. Au travers d’œuvres d’art médiatiques et d’installations interactives, les artistes et les scientifiques questionnent les développements technologiques s’appliquant aux médias ainsi que les visions des créateurs. Les expositions temporaires »net_condition. Art et politique de l’art dans l’univers en ligne«[15],[16] (net_condition. Kunst/Politik im Online-Universum) ( - ), »Iconoclash. Au-delà des guerres d’images dans la science, la religion et l’art«[17],[18] (Iconoclash. Jenseits der Bilderkriege in Wissenschaft, Religion und Kunst) (mai - ), »bit international«[19] ( - ) ou »Digital Art Works. The Challenges of Conservation«[20],[21] ( - ) ont été très remarquées sur le plan national et international[22].
Depuis , le Musée d’Art Contemporain se situe dans les cours intérieures ou atriums 1 et 2 de l’ancienne manufacture. Sur une surface d’exposition de 7 000 m2, il présente des œuvres issues de collections particulières du Bade-Wurtemberg, notamment des collections FER, Grässlin, Siegfried Weishaupt, de la banque du Land de Bade-Wurtemberg, de la fondation VAF/MART ainsi que la collection Boros (Wuppertal); elles sont associées à des fonds de la Collection ZKM et à d’autres collections coopérantes. Les expositions temporaires montrent en premier lieu des œuvres de la seconde moitié du XXe siècle jusqu’aux positions actuelles de l’art contemporain. Depuis 1999, des expositions monographiques se sont tenues ici, entre autres sur Bruce Nauman, Bill Viola, Sigmar Polke, Franz West, Sylvie Fleury, Martin Kippenberger et Tobias Rehberger[23]. Parmi les expositions thématiques spéciales, notons par exemple »Making Things Public. Atmosphères de la Démocratie«[24],[25],[26],[27],[28] (Making Things Public. Atmosphären der Demokratie)(mars - ), »Art de la lumière et lumière artificielle«[29],[30] ( - ), »La Religion, un Médium«[31],[32] (Medium Religion) ( - ) ou encore »The Global Contemporary. Mondes artistiques après 1989«[33],[34],[35] ( - ). En outre, d’autres expositions plus petites ont lieu dans les salles du musée consacrées aux projets.
Parallèlement aux expositions, les manifestations proposées sont une plateforme de rencontre entre visiteurs et acteurs issus de différents milieux, par exemple du domaine politique, économique ou philosophique. Du point de vue de la forme et du contenu, les manifestations varient d’un rendez-vous à l’autre: de l’opéra présenté sur scène multimédia aux performances, spectacles de danse et projections cinématographiques, en passant par les congrès scientifiques et les concerts populaires. Le ZKM est alors simultanément organisateur et partenaire de coopération, au même titre qu’interlocuteur pour la location de salles. Les manifestations ont lieu dans différentes salles, notamment la Salle de conférences, le Théâtre Multimédia, le Foyer et le Cube du ZKM.
Les instituts de recherche du ZKM offrent un cadre adéquat pour développer des projets transdisciplinaires. Le travail de recherche est en partie effectué sur place par les collaborateurs du ZKM, mais le plus souvent il se fait dans le contexte de coopérations avec d’autres établissements d’éducation et de recherche. Leur objectif est d’analyser et d’explorer les plus récentes technologies dans le domaine de l’image, de la musique et de la communication du point de vue de leur application et de leur pertinence pour l’art, tout en considérant l’influence de la globalisation des réseaux et de la communication en ligne sur notre société d’information.
Fondé en 1991, l’Institut des médias visuels interroge notre culture des médias en évolution permanente, au travers d’une approche créative et critique. En dehors de ses propres créations artistiques, la collaboration avec des artistes internationaux en résidence (William Forsythe, Bill Viola et autres) et la coopération avec des établissements culturels et des instituts de recherche constituent les orientations principales du travail de cet institut. Au terme d’un projet, l’institut se charge de présenter les résultats obtenus sous forme d’expositions et de conférences. L’éventail des créations de l’institut s’étend de la vidéo numérique et de l’animation 3D aux installations interactives et immersives, des systèmes logiciels permettant la création en temps réel d’environnements naturels et architecturaux jusqu’aux applications audiovisuelles se prêtant à la performance. Jusqu’en 2011, l’un des points forts du travail de recherche de l’institut était constitué par le domaine des environnements immersifs (par ex. PanoramaScreen) qui permet de développer des solutions logicielles et matérielles pour des projets artistiques. Depuis 2011, un nouvel accent est mis notamment sur le développement de productions en réalité augmentée[36].
L’Institut de musique et d'acoustique effectue des recherches et des développements dans le domaine de la musique électroacoustique et expérimentale, ainsi que dans le domaine de la synthèse numérique du son et de la composition algorithmique. Il encadre également des artistes en résidence et des scientifiques au cours de leurs productions, organise des concerts de musique contemporaine et initie des congrès scientifiques et des festivals. Ainsi, chaque année il accueille »next_generation«, le rendez-vous européen des studios électroniques, et »Quantensprünge«, un festival de concerts bisannuel. À cela viennent s’ajouter l’organisation et la remise du prix de musique électronique le mieux doté au monde, le Prix Giga-Hertz[37], ainsi que, depuis 2009, la remise du prix Walter Fink[38] consacré à la danse, à la musique électronique et aux médias. À l’intérieur du fameux »Cube bleu« du ZKM se trouve un studio d’enregistrement utilisé pour les productions artistiques.
Fondé en 2001, l’Institut des Médias, de l’Éducation et de l’Économie se définit comme un institut de recherche interdisciplinaire orienté vers la pratique. Dans le cadre de recherches commanditées, il se consacre à l’étude scientifique de phénomènes économiques et sociaux qui vont de pair avec l’utilisation des Nouveaux Médias. En termes de projets, l’accent est mis sur l’analyse et la mise en évidence de processus non identifiés jusqu’à présent dans ces domaines, dans le but d’exploiter ensuite de nouvelles ressources. Se basant sur les résultats de ses recherches, l’institut se charge également de conseiller des institutions publiques et des entreprises privées. D’autres sujets de recherche de l’institut sont les »Médias et les immigrants«, la »Communication basée sur Internet« et la »Communication scientifique«.
Établie au début des années 1990 par le premier directeur du ZKM, Heinrich Klotz, la Collection ZKM continue de se développer depuis. Elle comporte la collection du Musée d’Art Contemporain, celle du Musée des Médias ainsi que la Collection Vidéo et Audio, sans oublier plusieurs archives complémentaires. La collection est le résultat d’une approche particulière associant divers genres et médias : si autrefois la peinture et la sculpture étaient complètement isolées des nouvelles influences dues à l’art vidéo et à la photographie, les collections du ZKM sont en revanche issues d’une pratique visant à surmonter les genres[39].
Dès ses débuts, la collection du Musée d’Art Contemporain a accueilli des œuvres d’art de tous les genres artistiques; la collection du Musée des Médias, en revanche, s’est spécialisée tout de suite dans les œuvres d’art médiatiques et interactives, en majorité créées sur place. Plus de 500 artistes internationaux en résidence[40] au ZKM ont réalisé des œuvres qui, après leur présentation à Karlsruhe, sont venues intégrer la Collection ZKM. Ainsi, le ZKM dispose d’une des plus grandes collections d’arts médiatiques qui remonte aux débuts de l’art vidéo, de l’installation électronique et de l’holographie. On y compte également une collection d’environ 1 200 vidéos d’art et de 13 800 supports audio, non conservés dans le musée, mais rendus accessibles par la Médiathèque[41] du ZKM. Ils sont visionnables à partir des quatre fauteuils d’écoute de Dieter Mankau et sont en grande partie disponibles sur Internet.
Une des premières du genre à s’établir en Allemagne, la Collection Vidéo a permis de faire connaître la vidéo en tant que forme artistique indépendante. La collection comprend des œuvres d’art vidéo des années 1960, 1970 et 1980, et entre autres le magazine vidéo «Infermental». Grâce au Laboratoire pour Systèmes vidéos antiques associé à la médiathèque, d’importantes collections vidéo en provenance d’Europe et des États-Unis ont pu être sauvées et récupérées pendant les dernières années; elles sont actuellement accessibles au public.
La Collection Audio comporte des morceaux de musique contemporaine, avec un accent particulier mis sur la musique électroacoustique. En dehors des enregistrements sonores, des partitions et des ouvrages spécialisés, des photographies historiques et des posters font également partie de la collection. Une importance particulière est attachée aux Archives internationales de Musique électroacoustique numérique (Internationales Digitales Elektroakustisches Musikarchiv, IDEAMA) qui rassemblent des morceaux de musique électroacoustique des débuts jusqu’à nos jours.
En dehors des créations d’art vidéo et de musique électronique, le ZKM acquiert des archives et des documents sur les arts électroniques, c’est-à-dire sur l’art vidéo, la musique électroacoustique, l’art informatique et les formes d’art intermédiales. Ils permettent aux chercheurs de se procurer un savoir et des connaissances sur les évolutions artistiques des 50 dernières années.
La bibliothèque commune au ZKM et à l’École nationale supérieure d’Art et de Design (Staatliche Hochschule für Gestaltung) contient environ 53 000 livres, magazines et supports d’information numériques. Son fonds porte principalement sur l’art des XXe et XXIe siècles et surtout sur les arts médiatiques, l’architecture, le design, la théorie des médias, la cinématographie, la photographie et la musique électroacoustique. Tous les ouvrages de la bibliothèque peuvent être recherchés par Internet[42].
En collaboration avec des éditeurs, le ZKM publie des catalogues d’exposition ainsi que des ouvrages spécialisés venant compléter les expositions monographiques et thématiques.
Publications du ZKM (sélection) :
Publications au sujet du ZKM (sélection) :
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