La statue équestre de Louis XIV est un monument situé au centre de la promenade du Peyrou à Montpellier (Hérault) érigée depuis 1828. Classée monument historique en 1954 sur un site classé (1943)[1], cette statue en bronze est la deuxième version de la représentation du roi sur la ville, une première version ayant été détruite durant la Révolution française. Sur la base des dessins de Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), elle est la réplique, aux moindres dimensions, réalisée par le sculpteur Jean-Baptiste Joseph Debay (1779-1863) et fondue par Auguste-Jean-Marie Carbonneaux (1769-1843).
Pour les articles homonymes, voir Statue équestre de Louis XIV.
Type |
Statue |
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Partie de | |
Destination initiale |
Monument |
architecte et associés |
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Matériau | |
Construction |
1718 et 1828. |
Propriétaire |
propriété de la commune. |
Patrimonialité |
Pays | ![]() |
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Région |
Languedoc-Roussillon |
Département |
Hérault |
Commune | |
Adresse |
Coordonnées |
43° 36′ 41″ N, 3° 52′ 12″ E |
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La ville de Montpellier et la statue équestre sont les premières représentations du roi après les villes de Paris (place des Victoires) et Versailles (statue équestre à la place d'Armes), choisies par le roi Louis XIV.
Cette initiative de réalisation a inspiré l'implantation de statues similaires dans les villes de :
L'histoire de la statue équestre de Louis XIV est hautement liée à la promenade du Peyrou. Elle débute le 31 octobre 1685[4] avec le vote des États de Languedoc pour la mise en place d’une statue équestre à la gloire du roi.
Des désaccords, parmi les conseillers, dominent les décisions pour des intérêts politiques, économiques et philosophiques[5] et des années seront nécessaires pour concilier un concept novateur. L'esprit régnant de l'époque impose que le monument réside sur une place royale au centre de la ville, tel l'image du roi sur ses sujets. Or avec le projet de la promenade du Peyrou, la statue réside au milieu des champs[6]. L'idée novatrice, apportée par le comte de Broglie et l'intendant de Basville, est de démontrer que le roi règne sur la région et au-delà des villes[7]. Les structures architecturales des villes basées sur les héritages de remparts ne permettent pas de recevoir de grands édifices. Plusieurs sites sont proposés, au sein de la ville, pour installer la statue imposante tel que le collège des Humanités[8] qui deviendra le musée Fabre[9] ou encore la place de la Canourgue[10].
La commande est réalisée à Paris (rue de Bourbon) auprès des sculpteurs Pierre Mazeline et Simon Hurtrelle, le 23 septembre 1686, sur la base de dessins fournis par l'architecte Jules Hardouin-Mansart sous la supervision du cardinal de Bonzy[11]. La statue en bronze est terminée dans le local parisien en 1692, représentant une hauteur de 4,5 mètres pour une longueur de 4,8 mètres[12].
Des contretemps ralentissent l’installation de l’œuvre. La guerre navale, qui oppose l'Angleterre à la France, empêche le transport depuis la capitale par la voie maritime d'une telle masse (19 tonnes), les voies carrossables et le matériel de transport n'étant pas accessibles à cette époque. C’est seulement à partir de 1713[13] que la statue quitte Paris et navigue via la Seine, puis du Havre à Bordeaux, remonte la Garonne et chemine sur le canal des deux mers, pour arriver aux étangs de Frontignan et Villeneuve-lès-Maguelone et remonter à destination de Montpellier par le port Juvénal. À Bordeaux, les habitants curieux investissent le navire qui, sous le poids de la curiosité, est déstabilisé et la statue tombe à l'eau. Des mois ont été nécessaires pour la récupérer et quelques fractures ont été malencontreusement faites lors des manutentions[11].
Arrivée au mois d'août 1717 à Montpellier, elle est mise en place sur la promenade du Peyrou le 10 février 1718[13] et inaugurée avec la présence de l'intendant de Basville le 27 février de la même année[14]. L'inscription porte la mention « LUDOVICO MAGNO COMITIA OCCITANIAE INCOLUMI VOVERE EX OCULIS SUBLATO POSUERE. ANNO 1718 », se traduisant par « À Louis le Grand vivant les populations d'Occitanie ont voué cette statue et l'ont érigée après sa mort » qui est rédigée par l'historien de Mandajors. Voltaire en donne son approbation dans l'ouvrage Le Siècle de Louis XIV en fournissant le sens de cette inscription par « à Louis le Grand après sa mort »[15].
Trente trois années ont été nécessaires pour réaliser ce projet pour lequel les principaux instigateurs étaient morts dont Louis XIV depuis trois années[11].
Les travaux d'embellissements et d'aménagements ont continué sur la promenade du Peyrou, ainsi l'aqueduc Saint-Clément et son réservoir est construit à partir 1753 et le projet du château d'eau a été retenu en 1766.
Durant la révolution française de 1792, la statue est abattue le [16] et envoyée en morceaux à Lyon pour y être fondue et réaliser des canons. Le piédestal est démonté et a servi partiellement de socle pour la fontaine des trois Grâces située sur la place de la Comédie. Une guillotine est installée à la place de la statue, faisant une vingtaine de victimes[15], dont dix ecclésiastiques réfractaires, neuf royalistes, deux émigrés, une femme ayant caché des royalistes et une autre personne[17].
Après cette période historique, le préfet de Nogaret fait élever, en 1800, une colonne commémorative en l'honneur des soldats morts au champ d'honneur[18].
Le conseil général de l'Hérault, républicain puis bonapartiste, se convertit au légitimisme. Dès le 12 octobre 1814, il est unanimement décidé de reconstituer le monument avec l’inscription latine : « EVERTERAT FUROR, RESTITUIT PIETAS » dont le comte d’Artois, futur Charles X, pose symboliquement la première pierre[19],[20].
Durant plusieurs années, des correspondances ont été échangés entre Montpellier et Paris. Le préfet Creuzé de Lesser propose qu'il soit fait une copie de l’œuvre de la place des Victoires à Paris, réalisée par François Joseph Bosio. Devant le refus de l'artiste, le département de l'Hérault traite avec les sculpteurs Jean-Baptiste Debay et Auguste Carbonneaux quand survient la Révolution de juillet 1830 ou des Trois Glorieuses[21].
La Révolution ayant apporté des comportements hostiles de la population vis-à-vis de la royauté, la mise en place de la statue est volontairement retardée[22]. Il a été envisagé de changer la tête pour la remplacer par celle de Paul Riquet[23]. Le maire intérimaire Dessale-Possel indique, le 26 juin 1833, « la statue équestre de Louis XIV doit être considérée plutôt comme un objet d’art destiné à orner la place du Peyrou que comme un monument politique. Louis XIV n’est plus en effet qu’un personnage historique ». Dans une conjoncture politique agitée, la statue reprend la place de l’ancienne le 29 août 1838, après une absence d’un demi-siècle. Le maire de Montpellier Zoé Granier mène l’opération avec discrétion et en évitant toute solennité[24].
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