Jakob Wölfli, le père d'Adolf Wölfli, est un tailleur de pierre de profession. Alcoolique, il tombe dans la délinquance et finit en prison. Adolf Wölfli prétend, dans sa biographie imaginaire Du berceau au tombeau, ou prière à la malédiction pour le labeur et la sueur, la souffrance et le tourment, que ses parents eurent sept fils dont il était le cadet. Sa mère Anna était probablement blanchisseuse[1].
En 1872, le père abandonne sa famille qui, à peine installée à Berne, meurt presque de faim malgré le dévouement d'Anna. En octobre de la même année, après que tout, ou presque, a été vendu aux enchères, la famille revient à Schangnau, sa commune d'origine. L'assemblée communale convoquée, place Adolf et sa mère chez un paysan, conseiller d'État et agriculteur à Cherlishof, commune de Bumbach. Ils seront séparés en [2]. En 1875, le père retourne dans son pays natal où il succombe au delirium tremens.
Adolf Wölfli va de ferme en ferme où, témoin de beuveries et obligé lui-même de boire, il est parfois maltraité au point de manquer l'école, et parfois mieux reçu. À neuf ans, il apprend la mort de sa mère. D'abord chevrier, il est valet de ferme à partir de 1880[3].
En 1890, il est condamné à deux ans de prison pour tentatives de viol sur deux mineures[4]. Il purge sa peine à la prison Saint-Jean de Gals, dans le canton de Berne[4]. Il récidive à sa sortie, mais est cependant déclaré irresponsable et interné en 1895 à l'asile d'aliénés de Waldau, près de Berne, où il demeure jusqu'à sa mort[3].
En 1899, Wölfli commence à dessiner, écrire et composer de la musique[5]. Pendant 30 ans, il accumule 1 300 dessins, 44 cahiers où sont exposées ses nombreuses théories scientifiques et religieuses, au travers de longues emphases où les mots sont déformés ou créés, l'orthographe transformée, les voyelles et les consonnes doublées ou triplées pour accentuer le rythme des phrases et sa biographie imaginaire de 25 000 pages, La Légende de Saint Adolf, dans laquelle il affirme une connaissance nouvelle, quasi encyclopédique[6].
En 1921, le psychiatre Walter Morgenthaler publie une monographie entièrement consacrée à Adolf Wölfli, un ouvrage qui contribue grandement à faire connaître l’œuvre d'Adolf Wölfli et dans laquelle il plaide pour que ce dernier soit reconnu comme un artiste[7],[8].
(de) Von der Wiege bis zum Graab, Oder, Durch arbeiten und schwitzen, leiden, und Drangsal bettend zum Fluch. Schriften 1908-1912 [Du berceau au tombeau, ou, par le travail et la sueur, la souffrance et les privations, par la prière même, vers la damnation. Écrits 1908-1912], Francfort, Fondation Adolf Wölfli, musée des Beaux-Arts de Berne, 1985.
Wölfli dans la culture
Adolf Wölfli pourrait être un des modèles de Moravagine, le héros fou et criminel du roman de Blaise Cendrars qui a eu, au cours de ses études de médecine à Berne (1909), l'occasion de se rendre à l'asile de Waldau[12],[13].
Le peintre visionnaire américain Joe Coleman a réalisé en 1995 le portrait d'Adolf Wölfli sous le titre Saint Adolf II[14],[15].
Philippe Dagen, «Les dessins chantants d'Adolf Wölfli, un fou génial interné de 1895 à sa mort en 1930, le Suisse a produit une œuvre moderne stupéfiante. Il est exposé à Villeneuve-d'Ascq.», Le Monde, (lire en ligne).
(de) Angela Fink, Kunst in der Psychiatrie: verklärt - verfolgt - vermarktet, , 202p. (ISBN978-3643504494), p.42-43.
Eric Tariant, «L’envolée de l’art brut», Le Temps, (lire en ligne).
Anastasia Altmayer, Isabelle Spaak, «Art brut: six cotes à la hausse. Leur talent est souvent reconnu après leur mort. Six artistes atypiques ont récemment obtenu des enchères record à titre posthume.», Le Parisien, (lire en ligne).
Florian Dèbes, «3 raisons d'aller voir le LAM», L'Express, (lire en ligne).
Claude Leroy, La Main de Cendrars, Presses Univ. Septentrion, , 360p. (ISBN9782859394875, lire en ligne), p.175
Patrice Delbourg, L'odyssée Cendrars, Écriture, (ISBN9782359050141, lire en ligne).
(de) Dr Walter Morgenthaler, Ein Geisteskranker als Künstler: Adolf Wölfi, Berne/Leipzig, 1921 Rééditions (fr) Dr W. Morgenthaler, Adolf Wölfli. Traduction et préface de Henri-Pol Bouché. Paris, Publications de l'Art brut, 1964. (en) Dr W. Morgenthaler, Madness and Art: The Life and Works of Adolf Wölfli, Ùniversity of Nebraska Press, USA, 1992).
(de) Collectif, Adolf Wölfli 1864-1930, Werk aus einer Privatsammlung, Bâle, Kupferstichkabinett, Kunstmuseum, 1971.
Collectif, Adolf Wölfli, Berne, Fondation Adolf Wölfli, Musée des Beaux-Arts de Berne, 1976. — Avec une présentation chronologique de la vie et de l'œuvre d'Adolf Wölfli par Elka Spoerri.
(en) Elsa Longhauser et Elka Spoerri, The Other Side of the Moon. The World of Adolf Wölfli, [catalogue d’exposition], Philadelphie, 1988.
Michel Thévoz, L'Art brut. Genève, Albert Skira, coll. «La Peinture», 1975, 1980.
«Wölfli: l’empire du songe», in: Christian Delacampagne, Outsiders, fous, naïfs et voyants dans la peinture moderne (1889-1960), chapitre 5, Paris, Éditions Mengès, 1989, p.76–88.
(en) Elka Spoerri, «Wölfli», Raw Vision, no4, 1991.
(en) Edward Gomez, «Adolf Wölfli: An examination of the «Funeral March», the Swiss Visionary’s final voluminous Illustrated books», Raw Vision, no18, 1997.
«Saint Adolf II, Empereur du gigantisme», in: Jean-Louis Ferrier, Les Primitifs du XXesiècle, Terrail, 1997, p.76–91.
«Le Phénomène Adolf Wölfli», in: John Maizels, L’Art brut, chapitre 2, Phaidon, 2003, p.22–30.
Ouvrages mentionnant Wölfli
(de) Hans Prinzhorn, Bildnerei der Geisteskranken, Springer Verlag, Berlin, 1922 (édition française: Expressions de la folie, Gallimard, 1984 et 1996).
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