Son fils est l'architecte Camille Robida (1880-1938).
Biographie
Fils d'un menuisier, Albert Robida étudie pour devenir notaire, mais dans l'ennui de telles études, il s'adonne à la caricature. En 1866, il dessine au Journal amusant puis dans diverses revues. En 1879, il imagine un personnage élevé par des singes, Saturnin Farandoul.
Il illustre des guides touristiques, des ouvrages de vulgarisation historique, des classiques littéraires: Villon, Rabelais, Cervantès, Swift, Shakespeare, Les Cent Contes drolatiques d'Honoré de Balzac, les Mille et une nuits. Il œuvre aussi dans un registre plus léger avec une histoire des maisons closes.
En 1885, il participe à la première Exposition internationale de blanc et noir et y obtient une médaille de bronze[2].
Entre 1891 et 1905, il fournit une soixantaine de planches à la revue La Nature de Gaston Tissandier[3].
Pour l'Exposition universelle de 1900, en aval du pont de l'Alma, il conçoit une reconstitution d'un quartier du «Vieux Paris»[4].
Sa renommée s'éclipse quelque temps après la Première Guerre mondiale.
Albert Robida a été redécouvert grâce à sa trilogie d'anticipation:
Le Vingtième Siècle, 18831883 en science-fiction;
La Guerre au vingtième siècle, 1887;
Le Vingtième Siècle. La vie électrique, 1891-1892.
Il imagine ainsi dans La vie électrique le téléphonoscope, un écran plat mural qui diffuse les dernières informations à toute heure du jour et de la nuit, les dernières pièces de théâtre, des cours et des téléconférences: c'est l'ancêtre de la télévision moderne. Les aéronefs sont également bien implantés comme moyen de transport individuel et il y mentionne même un «train-tube électro-pneumatique» qui rappelle l'hyperloop d'Elon Musk. Le récit se déroule en 1953.
Outre ses qualités de visionnaire, son œuvre L'Horloge des siècles (1902), avec les changements de paradigmes qu'elle présente, annonçait déjà, selon certains de ses critiques, le Philip Kindred Dick du roman À rebrousse-temps.
Albert Robida est inhumé au cimetière de Croissy-sur-Seine, dans le tombeau familial dessiné par l'un de ses fils, l'architecte Camille Robida[5].
Œuvres
L'œuvre d'Albert Robida comporte au moins 60 ouvrages écrits, tous genres confondus (anticipation, aventure, jeunesse, histoire, tourisme, architecture,etc.) et 200 livres illustrés. Il a participé à 70 revues de presse et réalisé environ 60 000 dessins[6].
Anticipation
Le Vingtième Siècle, 1883.
La Guerre au vingtième siècle, 1887.
Le Vingtième Siècle. La vie électrique, 1891-1892.
L'Île de Lutèce: enlaidissements et embellissements de la Cité.
La Bête au bois dormant, texte et illustrations de Robida, paru en feuilleton dans Le Petit Français illustré, avril-, en édition livre chez Armand Colin, 1904[9].
La part du hasard.
En haut du beffroi (Armand Colin, 1895)
L'Académie de danse de Iaroslaw (Armand Colin, 1895)
Le voyage de M.Dumollet.
Les vieilles villes d'Italie: notes et souvenirs, 1878.
Les vieilles villes de Suisse, 1879.
Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul[10], 1879.
La grande mascarade parisienne.
La fin des livres, avec Octave Uzanne.
Contes pour les bibliophiles, avec Octave Uzanne.
Les vieilles villes d'Espagne: notes et souvenirs.
Un caricaturiste prophète: la guerre telle qu'elle est.
Normandie, texte, dessins et lithographies par A. Robida, Paris, La Librairie illustrée, s. d. [1890], 331 pages, 40 planches en deux tons hors-texte et nombreuses illustrations dans le texte. Tome II: Bayeux, Lisieux, Bernay, Honfleur, Le Havre, Fécamp, Dieppe, Eu, Rouen, Louviers, Évreux, Vernon. Rééd.: Éd. de Crémille, Genève, 1994, 169p. (lire en ligne)
Paris, splendeurs et souvenirs, Éditions de Crémille, Genève, 1992, textes, dessins et lithographies par A. Robida, 824p., 2 volumes. Tome 1: Le cœur de Paris, 412p. Tome 2: Paris, de siècle en siècle, 412p.
Contes et nouvelles
Satanas anachorète, texte et dessins par Albert Robida, cinq illustrations dans le texte:
in La Couronne de Lierre, Paris, Philippe Mouillot, 1902[15];
Cures d'air dans la montagne, illustration du Vingtième siècle (1883).
Maison tournante aérienne, illustration du Vingtième siècle (1883).
L’Embellissement de Paris par le métropolitain, La Caricature du .
Le Vingtième Siècle. La vie électrique, illustration de couverture (1892).
Ex-libris de Frédéric Raisin, bibliophile genevois (1909).
Ex-libris de Frédéric Raisin, bibliophile genevois (1914).
Postérité
Bandes dessinées inspirées de l'œuvre d'Albert Robida
Hauteville House, scénario de Fred Duval, dessins de Thierry Gioux, 4 tomes, Delcourt 1er, 2004-2007.
Le Futuriste, scénario d'Olivier Cotte, dessins de Jules Stromboni, Paris, Casterman, 2008.
Sir John Arthur Livingstone: Le roi des Singes, tome 1, scénario de Philippe Bonifay, dessins de Fabrice Meddour, Vents d'Ouest, 2012.
Grandville, bande dessinée britannique uchronique steampunk créée par Bryan Talbot en 2009.
Prix littéraire
En 1954, les Éditions Métal créent le grand prix du roman d'anticipation scientifique: «Ce prix comprend deux sous-sections qui s'appellent: le prix Rosny aîné, d'une part, qui couronne un ouvrage sérieux, sur des bases scientifiques exactes, et, d'autre part, le prix Robida, couronnant un ouvrage de philosophie humoristique, ou d'utopie toujours avec le côté humoristique.» Cette initiative n'a cependant qu'une existence éphémère. Car si le prix Rosny aîné[17] a bien été remis une seule fois à Charles Henneberg le , le prix Robida n'a jamais été décerné[18].
Cette œuvre a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par Ambrosio Film de Turin —en 1913— et d'une adaptation télévisée par RAI (https://www.youtube.com/watch?v=I3wEcWUkga4) en 1977.
Claire Barel-Moisan et Matthieu Letourneux (dir.), Albert Robida: De la satire à l'anticipation, Paris, Impressions Nouvelles, , 360p. (ISBN978-2-874-49920-3).
Philippe Brun, Albert Robida, 1848-1926: sa vie, son œuvre: suivi d'une bibliographie complète de ses écrits et dessins, Paris, Éditions Promodis, , 250p. (ISBN978-2-903-18132-1, OCLC11362286).
Thomas Carrier-Lafleur, «L'extraordinaire en série: démesures verniennes chez Albert Robida et Gustave Le Rouge», dans Guillaume Pinson et Maxime Prévost (dir.), Jules Verne et la culture médiatique: de la presse du XIXesiècle au steampunk, Québec, Presses de l'Université Laval, coll.«Littérature et imaginaire contemporain», , 254p. (ISBN978-2-7056-9667-2), p.77-120.
Daniel Compère (dir.), Albert Robida du passé au futur: un auteur-illustrateur sous la IIIe République, Amiens / Paris, Encrage / Les Belles Lettres, coll.«Travaux» (no50), , 206p. (ISBN978-2-911-57670-6 et 978-2-251-74140-6, OCLC81249601).
Sandrine Doré, «Une vision de la fin des arts: Robida et le futur de l'image», dans Clément Dessy et Valérie Stiénon (dir.), (Bé)vues du futur: les imaginaires visuels de la dystopie (1840-1940), Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll.«Littératures», , 305p. (ISBN978-2-7574-0887-2), p.107-126.
(en) Arthur B. Evans (trad.Patrick Dusoulier), «Science-fiction et fiction scientifique en France: de Jules Verne à J.-H. Rosny aîné», ReS Futurae, vol.11, (DOIhttps://doi.org/10.4000/resf.1406, lire en ligne).
Philippe Kaenel, «Un imaginaire électrique et sexuel: autour d'Albert Robida», dans Clément Dessy et Valérie Stiénon (dir.), (Bé)vues du futur: les imaginaires visuels de la dystopie (1840-1940), Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll.«Littératures», , 305p. (ISBN978-2-7574-0887-2), p.127-142.
Bertrand Tillier, «Robida et la «guerre de demain»», dans Fritz Taubert, Vincent Chambarlhac, Véronique Liard et Bertrand Tillier (dir.), Veilles de guerre: précurseurs politiques et culturels de la Grande Guerre, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll.«Histoire et civilisations», , 268p. (ISBN978-2-7574-2356-1), p.237-246.
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