Élie de Gontaut-Biron, grand-père de Jean de Gaigneron
Le , Jean de Gaigneron, le plus jeune fils du second mariage du vicomte Marie Paul Philippe Maxime de Gaigneron-Morin avec Agnès de Gontaut-Biron (fille d'Élie de Gontaut-Biron) voit le jour à Paris[1].
En 1908, il est élève à l'Académie Julian à Paris[2]. En 1910, il devient l'élève d'Othon Friesz.
Marcel Proust
Il accomplit son service militaire du au et est libéré avec le grade de sergent. Rappelé le , il sera démobilisé le , ayant été blessé deux fois, la seconde fois en 1918 au Maroc. Pendant ce séjour marocain, il expose d'abord à la foire de Rabat en («ses portraits et ses paysages sont d'une jolie pâte» y observe-t-on)[3], puis l'année suivante à l'hôtel Excelsior de Casablanca dans le cadre du concours agricole général du Maroc[4],[5].
De retour en France, il participe pour la première fois au Salon d'automne en 1919 – «il a rapporté du Maroc des compositions expressives, réalisées dans une manière sobre, d'une belle tenue» y remarque Émile Sedeyn[6] – et reprend la peinture en recevant les conseils de Jacques-Émile Blanche, développant son goût du portrait et engageant avec ce dernier une longue et profonde amitié: la Fondation Custodia conserve les lettres écrites par Jacques-Émile Blanche à Jean de Gaigneron dont les dates vont de à , ainsi qu'une photo du portrait qu'il en fit[7].
Pendant l'entre-deux-guerres Jean de Gaigneron fait partie de la société intellectuelle parisienne, comme l'énoncera sa présence dans les réceptions du Rapprochement intellectuel présidé par François-Charles d'Harcourt[8]. Il est l'ami notamment de Marcel Proust (André Maurois[9], Guillaume Perrier[10] et Jean-Yves Tadié, entre autres, évoquent la lettre fervente de celui-ci à Jean de Gaigneron à propos du mot « cathédrale » employé par l'artiste pour définir À la recherche du temps perdu[11]), de François Mauriac[12] (le Portrait de François Mauriac par Jean de Gaigneron demeurera dans la collection de l'écrivain jusqu'à ce que celui-ci en effectue la donation à la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet[13]), de Paul Morand[14] ou de l'abbé Arthur Mugnier dont, estime Ghislain de Diesbach, le meilleur des portraits est celui qu'a brossé Jean de Gaigneron[15]. En , il fait la connaissance de sir Harold Nicolson et de son épouse Vita Sackville-West qu'il présente à Marcel Proust.
De 1928 à 1929, Jean de Gaigneron collabore à la revue de Louise Weiss L'Europe nouvelle[16] dans laquelle il écrit des articles sur les expositions parisiennes, commentant notamment les œuvres de Maurice de Vlaminck, Hermine David, Henri Matisse ou Othon Friesz.
Durant l'année 1930, lors d'un séjour en Italie, il réside à Florence chez Violet Trefusis, proche de Vita Sackville-West, à la villa l'Ombrellino(it)[17].
En 1932, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[18].
Mobilisé en 1939 quand éclate la Seconde Guerre mondiale, il est capitaine au 248erégiment d'infanterie et est fait prisonnier à Saint-Lô (Frontstalag 131) avant d'être déporté en Allemagne[19], puis libéré après l'armistice de 1940. Au Salon des Tuileries de 1944, il présente un Portrait de Francis Poulenc[20].
Il meurt à Paris le . À l'Hôtel Drouot à Paris, la vente de ses collections et d'une partie de son atelier se déroule les 8 et [21], une autre vente de son atelier ayant lieu le [22].
Son neveu Jean-René de Gaigneron étant également peintre, il existe une confusion sur l'attribution de certaines œuvres.
«Quand Jean Cocteau disait du portrait de la princesse Murat, par Gaigneron, que le Louvre est tapissé d'ouvrages de ce genre-là, j'ignore quelle était son intention - bienveillante ou non? Mais Cocteau accordait le plus grand éloge à Gaigneron qui, à peu près seul, aujourd'hui, dans sa génération, possède l'ingénuité "authentique", l'honnêteté froide et nue, l'une des meilleures qualités du portraitiste si celui-ci sait, de plus, peindre et construire une figure.» - Jacques-Émile Blanche[24]
«Jean de Gaigneron expose portraits, fleurs et paysages. Plutôt que certaines œuvres où le souci de perfection glisse vers le souci du joli, on préfère les études plus directes: paysages simples, où la lumière se compose par son jeu avec les ombres, - portraits, de femmes surtout, où est caractérisé l'essentiel des traits et de l'attitude. La part la meilleure, ce sont encore les natures mortes, bouquets de fleurs isolés, où passe parfois un souvenir de l'art de Manet.» - Léonard Beck[39]
«Jean de Gaigneron entreprend mon portrait. Semblant, quant au train de vie, réduit aux miettes du prodigieux gâteau dont s'empiffrèrent ses ancêtres durant nombre de siècles, cet aristocrate de qualité possède un assez joli talent de peu d'ampleur; sensible et sans griffre, n'ayant d'ailleurs aucune prétention supérieure à son mérite, il souffre néanmoins d'être considéré comme un dilettante doué mais qu'on ne prend guère au sérieux. Au 2, Rue Séguier, son appartement, qui repose sur la très académique Librairie Perrin, contient quelques restes d'une splendeur passée. Tout cela ne va pas sans une poignante mélancolie. Au mur, son portrait, jeune, par Jacques-Émile Blanche. Il me confie mal supporter une solitude qui lui pèse tout particulièrement au retour des mondanités nocturnes qui le laissent avec lui-même... Nous interrompons l'ébauche par un déjeuner d'étudiants qu'avait préparé la femme de ménage et que réchauffe lui-même cet homme allié à des familles régnantes... Oncle, cousin ou neveu des porteurs des plus grands noms de France, il n'en fait aucun étalage. Vraiment un charmant homme.» - Michel Ciry[43]
Œuvres référencées
Livre
Carnets de guerre de Roger Accaries, Portrait du sous-lieutenant Roger Accaries, 1915[44].
Collections publiques
Le château de Sissinghurst appartint à Harold Nicolson (aujourd'hui propriété National Trust)
Michel Ciry, « 17 et 23 décembre 1952 », La vie est une ombre - Journal 1945-1952, Éditions Buchet/Chastel, 1992, pages 416-418; Michel Ciry évoque également Jean de Gaigneron: « 9 septembre 1985 », Les nourritures célestes - Journal 1985-1986, Plon, 1987, pages 106-107.
Lors de sa première affectation sur le front, il fait le portrait d'un camarade de tranchée le sous-lieutenant Roger Accaries dont les carnets de guerre sont édités par l'Association du Mémorial des batailles de la Marne à Dormans (cf. Dans la fournaise).
Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol.5, Gründ, 1999.
Fonds d'archives
bibliothèque historique de la ville de Paris, fonds d'archives Jean de Gaigneron, lettres et autographes, cinquante-deux feuillets (descriptif en ligne).
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