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Juan de la Huerta, dit Jean de la Huerta (1413 - vers 1462) est un sculpteur espagnol originaire de Daroca en Aragon, essentiellement actif dans le duché de Bourgogne.

Juan de la Huerta
Naissance

Daroca
Décès

Mâcon
Activité
Sculpteur
Lieux de travail
Duché de Bourgogne, Doubs

Biographie



Un artiste mystérieux


Jean de la Huerta est resté assez méconnu avant la fin du XXe siècle. On sait en effet peu de choses sur sa biographie alors qu’à l’évidence, cet artiste possède une puissante personnalité qui causera bien des soucis à ses commanditaires : il abandonne parfois son travail, il « cherche » de l'or, etc. Son nom[1], son prénom[2] ainsi que ses origines mêmes ont posé problème dans l'historiographie contemporaine : certains ouvrages historiques du XIXe siècle le présentent d'abord comme « Aveyronnais » ou « Avignonnais »[3]. Il s’agissait probablement de coquilles car il ne fait plus de doute aujourd’hui qu’il était Aragonais[4]De même, l'attribution qui lui est faite de certaines œuvres est encore contestée (bas-reliefs ornant la Capilla de los Corporales (Daroca), par exemple). Ayant réalisé la majorité de ses œuvres en Bourgogne, son talent n’a été révélé que tardivement, notamment grâce à l’exposition que lui a consacrée le musée des beaux-arts de Dijon en 1972. On mesure alors mieux son importance dans l’évolution de la sculpture bourguignonne du XVe siècle.


Le parcours bourguignon


Entre 1439 et 1441, on trouve une première trace de Jean de la Huerta et de ses productions avec les pleurants des tombeaux commandés par Louis de Chalon, prince d'Orange, et destinés à l'abbaye cistercienne de Mont-Sainte-Marie, aux Granges-Sainte-Marie (près de Nozeroy, dans le comté de Bourgogne). Un contrat du détaille cette commande : « trois tombeaux avec des pleurants ». Il s'agit peut-être de la raison principale de la venue de l'artiste dans la région. Formé dans son propre pays à l'art funéraire d'inspiration burgondo-flamande[5], de la Huerta est alors considéré comme le meilleur « imagier » résidant en Bourgogne[6].

Claus de Werve, Jean de la Huerta et Antoine Le Moiturier, Tombeau de Jean Sans Peur et de Marguerite de Bavière, Dijon, palais des ducs de Bourgogne.
Claus de Werve, Jean de la Huerta et Antoine Le Moiturier, Tombeau de Jean Sans Peur et de Marguerite de Bavière, Dijon, palais des ducs de Bourgogne.

C'est aussi en 1439 que la mort de Claus de Werve laisse inachevé le tombeau de Jean sans Peur (1371-1419) et de Marguerite de Bavière (1363-1423) commandé par le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Sur insistance du personnel de la Chambre des Comptes, le duc engage Jean de la Huerta le ou le afin qu’il achève le monument funéraire en moins de quatre ans. L’artiste doit se conformer au projet initial, probablement dû à Claus de Werve. Le contrat spécifiait déjà que ce tombeau devait être « aussi bon, ou meilleur, de mêmes hauteur et longueur », que celui de Philippe le Hardi. Il précisait les matériaux qui devaient être employés et non encore rassemblés par de Werve : marbre noir de Dinant (dalle et soubassement), albâtre de Salins[7] (pleurants, arcatures et gisants).

Parallèlement, le sculpteur propose ses services dans le reste du pays bourguignon (duché comme comté). Différents livres de comptes montrent qu’il y restera au moins jusqu’en 1462. En 1443, il œuvre pour le couvent des carmélites de Chalon-sur-Saône[8]. En , il reçoit une commande pour un retable dans l'ancienne église Saint-Jean de Dijon[9]. Le travail est achevé mais, en 1445, c'est l'église qui est rebâtie, entraînant la disparition de l'œuvre. Philippe Machefoing, vicomte-maïeur (maire) de Dijon et conseiller du duc, lui commande une chapelle funéraire pour ses parents, Monnot et sa femme, Jeanne de Courcelles, dans la collégiale Saint-Jean-Baptiste de la châtellenie ducale de Rouvres (1448)[10]. Vers 1450, on trouve encore sa trace, ou celle de disciples d'ateliers affiliés, dans plusieurs églises paroissiales, notamment avec de nombreuses Vierges à l'Enfant. Jean de la Huerta a aussi travaillé pour la famille du chancelier Rolin à Autun, entre 1449 et 1450. C'est également un « chercheur d'or » : il obtient du duc l'exclusivité pour l'exploitation des « mines d'or, d'argent et d'azur » en Bourgogne.


Les difficultés et la fuite


Pour autant, il semble que La Huerta éprouve de grandes difficultés à réaliser la commande ducale : il rompt par deux fois les blocs d’albâtre destinés à la taille des gisants des défunts. Lassé ou inquiet, il fuit Dijon à la fin et se réfugie soit à Mâcon, soit à Chalon, chez ses anciens protecteurs des Carmes. En 1457, il a des démêlés avec l’official de Besançon concernant les tombeaux de Mont-Sainte-Marie. On perd ensuite sa trace bourguignonne après le  : il était alors malade à Chalon[11]. C’est Antoine Le Moiturier, sculpteur avignonnais, qui reprend la suite du tombeau ducal en 1461 : il termine la sculpture des pleurants, des gisants et des lions (1470). Par un contrat en date du , ce dernier tiendra d’ailleurs à préciser la part respective des deux derniers artistes. Il semble ainsi que Jean de la Huerta a exécuté le plus grand nombre de pleurants, ceux présentant une attitude mouvementée et des effets de drapé (remous de plis), créant une ambiance agitée dans le cortège[12].

Par la suite, on pense que Jean de la Huerta travaille quelque temps à Avignon : statues de Sainte Marthe, de Saint Lazare… Cependant, certains historiens[réf. nécessaire] proposent une date antérieure (1446) pour ce séjour dans la cité papale. De même, d'autres historiens[réf. nécessaire] pensent qu'il revient à Daroca ; il serait responsable des bas-reliefs qui ornent la collégiale de Santa María de los Sagrados Corporales dans cette ville. De nouvelles recherches semblent partiellement infirmer cette hypothèse[13] : les sculptures seraient plus anciennes et de la Huerta n’y aurait participé qu’en tant qu'apprenti d'un sculpteur bourguignon qu'il aurait ensuite suivi à Dijon[13]. On ne sait pas précisément la date de sa mort (1462 ou après).


Œuvres


Un Pleurant du tombeau de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, musée des beaux-arts de Dijon.
Un Pleurant du tombeau de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, musée des beaux-arts de Dijon.

Notes et références


  1. On a d'abord trouvé « Lavverta » ou « de Orto », au XVe siècle, puis « de la Huerta » par la suite.[réf. nécessaire]
  2. « Jean » a longtemps dominé alors que les historiens d'art contemporain[réf. nécessaire] semblent vouloir préférer son prénom originel « Juan ».
  3. Cette paronymie est sans doute due à une coquille. Par ailleurs, Jean de la Huerta a peut-être fait un séjour avignonnais avant sa venue en Bourgogne puis, après 1461, il a été remplacé par un artiste véritablement avignonnais, Antoine Le Moiturier.
  4. Le contrat passé avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon, concernant le tombeau de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, précise : « Maistre Jehan de Lavverta, dit Daroca, natif du pais Darragon, tailleur d’images demourant en nostre ville de Dijon » (Dijon, le 23 mars 1442).
  5. Certains historiens[réf. nécessaire] pensent qu'il a aussi effectué son séjour avignonnais avant sa venue en Bourgogne. D'ailleurs, Louis de Chalon était aussi prince d'Orange par sa mère, Marie des Baux.
  6. Jacques Baudoin, Les grands imagiers d'Occident, Paris, Éd. Créer, 1983, (p.172).
  7. jeanmichel.guyon.free.fr.
  8. Un acte du 14 septembre 1444 fonde un anniversaire perpétuel en l'honneur de l'imagier « Johannes de Orto » de « Daroca ».
  9. Commande de Thiébault Liégeart, en date du 18 novembre 1444, pour un retable représentant la Visitation et destiné à sa chapelle familiale.
  10. atthalin.fr.
  11. D'ailleurs, peut-être est-il mort en 1462 ?[réf. nécessaire]
  12. dijoon.free.fr.
  13. (es) Fabian Mañan, Capilla de los Corporales de Daroca, 2006.
  14. insecula.com.
  15. cartelfr.louvre.fr.
  16. culture.gouv.fr.
  17. Messe de fondation en date du 19 mai 1448 ; acte de justice réglant un conflit entre l'artiste et le commanditaire en date du 10 décembre 1448.
  18. .
  19. culture.gouv.fr.
  20. culture.gouv.fr.
  21. culture.gouv.fr.
  22. latribunedelart.com.
  23. culture.gouv.fr.
  24. culture.gouv.fr.
  25. culture.gouv.fr.
  26. culture.gouv.fr.
  27. culture.gouv.fr.
  28. photo.rmn.fr.
  29. (es) Vierge du pilier.

Annexes



Bibliographie



Articles connexes



Liens externes


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На других языках


[en] Jean de la Huerta

Jean de la Huerta (1413 in Daroca – 1462 in Maçon) was a Spanish sculptor of Aragonese origin. Most of his work was produced in the duchy of Burgundy.
- [fr] Jean de la Huerta



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