Vítězslav Nezval, né le à Biskoupky, près de Brno, et mort à Prague le , est un poète, cofondateur du «poétisme» au sein du mouvement artistique Devětsil, romancier, essayiste et journaliste tchécoslovaque.
Nezval et Philippe Soupault (à gauche)Buste de Vítězslav Nezval, Dalešice
Biographie
Vítězslav Nezval commence sa scolarité à l'école primaire de Šamikovice où son père, instituteur, était affecté. En 1911, il entre au lycée de Třebíč. Il est bachelier en 1919.
Il s'inscrit tout d'abord à la Faculté de droit à Brno, puis, au printemps 1920, change d'orientation et entre à la faculté de lettres à l'université Charles IV à Prague.
À l'automne 1922 paraît son premier recueil de poème Most (Le Pont), puis Pantomima en 1924. Cette même année, il adhère au Parti communiste tchécoslovaque et obtient un poste de secrétaire de rédaction d'un dictionnaire encyclopédique. Il occupe ce poste jusqu'à l'été 1925 quand il décide alors de devenir écrivain à part entière.
De 1923 à 1929, Nezval s'impose comme le chef de file du «poétisme», courant littéraire qu’il anime avec l’écrivain Karel Teige, «réceptif aux progrès de la civilisation de l'après-guerre, [qui] puise dans le foisonnement d'idées et de visions sur la société future inspiré du Marxisme et de la Révolution russe d'octobre[1].»
En 1927, Nezval publie un triptyque, Akrobat, texte dans lequel il cherche à «planter la rose rouge de l'Europe aux côtés de la rose jaune d'Asie, en signe du sourire que s'adressent les deux continents, afin de guérir l'homme mutilé par l'exploitation économique et par les régimes dictatoriaux.
À partir de 1929, il multiplie les publications poétiques, romanesques comme Kronika z konce tisíciletí (Chronique de la fin du millénaire) inspirée par ses souvenirs d'enfance et d'adolescence ou Jak vejce vejci (Comme deux gouttes d’eau), roman dont l’action est un tissu de hasards, de rencontres fortuites et autres péripéties, échappant à toute logique, et dramatiques à destination du théâtre d'avant-garde comme Koktajly.
En mai 1933, Nezval se rend à Paris où il rencontre André Breton. Avant de retourner en Tchécoslovaquie, il passe par Monaco et l'Italie qui lui inspirent une nouvelle, Monako et un recueil de poèmes, Sbohem a šáteček (Adieu, agite le petit mouchoir).
En mars 1934, à Prague, avec Karel Teige, et les peintres Jindřich Štyrský et Toyen, il fonde le premier groupe surréaliste tchécoslovaque et l'année suivante, il invite Breton et Paul Éluard à donner une série de conférences. Il réunit certains textes de Breton dans un recueil intitulé Co je surrealismus? (Qu’est-ce que le surréalisme?)
En , il participe au premier Congrès des écrivains soviétiques à Moscou. Il reste cinq semaines en URSS et en rapporte le récit Neviditelná Moskva (Le Moscou invisible).
Nezval revient à Paris en juin 1935 pour le Premier Congrès international des écrivains pour la défense de la culture. Il racontera l'année suivante le souvenir de ces journées passées à Paris sous le double digne de l'émerveillement et de la mort dans le récit Rue Gît-le-Coeur. En 1936, il publie Řetěz štěstí (La Chaîne du bonheur) inspiré du récit Nadja d'A. Breton. Il écrit des poèmes surréalistes comme Žena v množném čísle (La Femme au pluriel) et Absolutní hrobař (Le Fossoyeur absolu) où il tente de «saisir, dans le subconscient et le surréel, le secret de l'expression poétique[2].»
À la manière de François Villon, il écrit une série de ballades et sonnets autour de «l'éternel étudiant Robert David», personnage imaginaire inspiré de ses années de facultés.
Pour cause de divergences politiques, le groupe surréaliste tchèque se dissout en mars 1938.
En 1939, il commence un Tableau historique (Historický obraz), en trois parties, dont la première subira une censure partielle en 1940[3]. Puis, en 1941, ces œuvres sont interdites de diffusion mais, bien que sur liste noire, V. Nezval refuse de quitter la Tchécoslovaquie. Il est arrêté en septembre 1944 et incarcéré jusqu'en mai 1945.
Il publie un long poème Veliký orloj (La Grande horloge astronomique) qui retrace l’atmosphère de l’occupation nazie et les espoirs suscités par la résistance et la libération par l’Armée rouge en 1945.
Après le «Coup de Prague» de 1948, V. Nezval se rapproche des autorités officielles. Il est nommé directeur du Département de l’art cinématographie au sein du nouveau ministère de l’Information et de la Culture, poste qu’il occupe jusqu’en 1951. Il publie des Cantiques à la Paix et des Odes à Staline[4].
Avec le poème Zpěv míru (Chant de la paix), il obtient la médaille d’or du Conseil mondial de la paix et, le , il reçoit le titre d’ «artiste national».
En mai 1956, à Paris, le Théâtre Sarah-Bernhardt présente Dnes ještě zapadá slunce nad Atlantidou (Le Soleil se couche encore ce soir sur l’Atlantide), texte dramatique qui illustre la lutte de l’humanité pour la paix et contre la destruction atomique.
Vítězslav Nezval meurt avant d’avoir achevé son autobiographie. Il est enterré au cimetière de Vyšehrad à Prague.
Œuvres
Most (Le Pont), 1922, poèmes
Pantomima, 1924, poèmes
Falešný mariáš (La Fausse belote), 1924, recueil d'essais sur la poésie, le cinéma et les beaux-arts
Menší růžová zahrada (Un modeste jardin de roses), 1926, poèmes
Básně na pohlednice (Poèmes pour cartes postales), 1926
Diabolo, 1926
Nápisy na hroby (Inscriptions tombales), 1926
Karneval (Carnaval), 1926, nouvelle romanesque
Akrobat, 1927
Manifesty poetismu (Manifestes du poétisme), 1928, en collaboration avec Karel Teige
Kronika z konce tisíciletí (Chronique de la fin du millénaire),1929
Básně noci (Poèmes de la nuit), 1930
Posedlost (Acharnement), 1930
Dolce far niente, 1931
Koktajly, pièce en vers
Schovávaná na schodech (Cache-cache dans l’escalier), pièce en prose
Milenci z kiosku (Les Amants du kiosque)
Depeše na kolečkách (Une dépêche sur roulettes), vaudeville
Skleněný havelok (Pélerine de verre), 1932, poèmes
Pět prstů (Les Cinq doigts), 1932, poèmes
Jak vejce vejci (Comme deux gouttes d’eau), 1933, roman
Zpáteční lístek (Un billet de retour) 1933
Monako, 1933, nouvelle
Sbohem a šáteček (Adieu, agite le petit mouchoir), 1933, poèmes
Neviditelná Moskva (Le Moscou invisible), 1935
Řetěz štěstí (La Chaîne du bonheur) 1936, récit
Žena v množném čísle (La Femme au pluriel), 1936
Ulice Gît-le-cœur (Rue Gît-le-Cœur), 1936, récit
Praha s prsty deště, 1936, poèmes, publié sous le titre Prague aux doigts de pluie, aux Éditeurs français réunis, Paris, 1960 (traduction de François Kérel, préface de Philippe Soupault)
52 hořkých balad věčného studenta Roberta Davida (52 ballades amères de l’éternel étudiant Robert David), 1936
Anti-lyrique, Éditions surréalistes, Paris, 1936, adaptation de Benjamin Péret
100 sonetů zachránkyni věčného studenta Roberta Davida (100 sonnets à celle qui a sauvé l’éternel étudiant Robert David), 1937
Absolutní hrobař (Le Fossoyeur absolu), 1937
70 básní z podsvětí na rozloučenou se stínem věčného studenta Roberta Davida (70 poèmes des enfers, en guise d’adieu à l’ombre de l’éternel étudiant Robert David), 1938
Pražský chodec (Le Piéton de Prague), 1938, journal
Matka naděje (Mère Espoir), 1938, poème
Loretka (La Lorette), 1941, poème
Manon Lescaut de l’abbé Prévost, traduction et adaptation pour le théâtre, 1941
Historický obraz (Tableau historique), 1945
Veliký orloj (La Grande horloge astronomique), 1945
Balady Manoně (Les Ballades à Manon), 1945, recueil des poèmes écrits en 1939 et 1940
Valérie a týden divů (Valérie et la semaine des merveilles), 1945, roman noir commencé en 1935
Zpěv míru (Chant de la paix), 1950, poème
Z domoviny (De mon terroir), 1951
Křídla (Les Ailes), 1952, poèmes
Chrpy a města (Des bleuets et des villes), 1955
Dnes ještě zapadá slunce nad Atlantidou (Le Soleil se couche encore ce soir sur l’Atlantide), 1956, texte dramatique
Traductions en français
Antilyrique, traduit par Benjamin Péret, Paris, G.L.M., 1936
Le Chant de la Paix, traduit par François Kérel, préface de Paul Eluard, Paris, Seghers, 1954
Poèmes choisis, choix présenté par Jean Marcenac, Paris, Seghers,1954. Réédition Robert Laffont, Paris, 1992
Prague aux doigts de pluie (Praha s prsty deště), et autres poèmes, 1919-1955, traduit du tchèque par François Kérel, préface de Philippe Soupault, Paris, Éditeurs français réunis, 1960
Valérie ou la semaine des merveilles, roman noir traduit par Milena Braud et Jean Rousselot, préface de Petr Kral, Paris, Robert Laffont, 1984. Réédition 2007
Rue Gît-le-Coeur, 1936, récit traduit du tchèque par Katia Krivanek, préface de Bernard Noël, Paris, éditions de l'Aube, 1988
Nocturne sexuel, avec 11 collages de Jindrich Styrsky, traduit du tchèque par Helena Staub, Sauve, Clémence-Hiver, 1992
Adaptation cinématographique
Erotikon (1929)
Valérie au pays des merveilles
Hommages
(8143) Nezval, astéroïde
Biographie
Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire du surréalisme et de ses environs, Office du livre, Fribourg, Suisse, et Presses universitaires de France, Paris, 1982, notice p.300.
Notice biographique, in Poèmes choisis, op. cit., pages 85 à 93. : source utilisée pour la rédaction de cet article
Le Cas Nezval, in Cahiers de l’Est no15, Paris, 1979.
Notes
Notice biographique, op. cit., p. 85.
Notice biographique, op. cit., p. 89.
Le poème Švábi (Les Cafards souabes) ne paraîtra qu'en 1945. Notice biographie, op. cit., p. 90.
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