Prix Antonin-Artaud 1967 Prix Guillaume-Apollinaire 1976 Grand prix de poésie de la SGDL 1983 Prix France Culture 1988 Grand prix national de la poésie 1992 Prix Robert-Ganzo de poésie 2010 Prix international de poésie Gabriele d’Annunzio 2011 Grand prix de poésie de l'Académie française 2016
Auteur
Langue d’écriture
français
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Biographie
Saluée, entre autres, par Louis Aragon, André Pieyre de Mandiargues et Maurice Blanchot[4], l'œuvre de Bernard Noël est très abondante et protéiforme: poésie, essais, textes sur l'art, textes politiques, théâtre, livres pour enfants,etc.
Son premier livre, Extraits du corps, paraît en 1958 aux éditions de Minuit. Il sera la matrice d'une œuvre qui cherche à saisir comment le corps produit de la pensée. À partir de ce recueil, la plupart des titres de Bernard Noël comporteront quinze lettres.
Pendant la guerre d'Algérie, il est porteur de valises pour le réseau Curiel et, arrêté en décembre 1961, il subit une incarcération de deux semaines. Très marqué par la violence d'État durant cette période, il ne parvient plus à écrire pendant neuf années. En 1967, il renoue avec l'écriture en publiant La Face de silence.
En 1969, Le Château de Cène, un roman érotique, paraît aux éditions Jérôme Martineau sous le pseudonyme d'Urbain d'Orlhac. Le roman est réédité en 1971 par Jean-Jacques Pauvert sous le vrai nom de l'auteur. En 1973, ce livre vaut à Bernard Noël un procès pour outrage aux bonnes mœurs[5]. À la suite de sa condamnation, et à la demande de Jean-Jacques Pauvert[6], il écrit en 1975 un pamphlet intitulé L'Outrage aux mots dans lequel il fustige l'hypocrisie de la justice et du pouvoir. Il crée alors le mot sensure pour dénoncer le détournement de sens du langage par les institutions officielles.
De 1969 à 1971, il travaille à un Dictionnaire de la Commune pour lequel il lit tous les tirages des 141 journaux parus durant la Commune de Paris. L'ouvrage paraît en 1971. Rapidement devenu une référence, il sera plusieurs fois réédité.
De 1973 à 2015, Bernard Noël écrit neuf Monologues, récits dont toutes les phrases commencent par un pronom personnel.
En 1975, il crée une forme de poèmes qu'il appelle des Lettres verticales. Chacune est dédiée à un(e) ami(e) dont le nom apparaît en acrostiche. Il en existe une cinquantaine, la dernière datant de 2021.
En 1983, il crée une forme de textes qu'il nomme les "romans d’œil" en regardant les artistes au travail dans leur atelier. Il y mêle la gestuelle et les propos des peintres à l'analyse de leurs tableaux (Onze romans d’œil, Romans d'un regard, Le Roman d'un être sur le peintre Roman Opalka). Son goût pour la peinture le conduit à réaliser quantité de livres d'artistes et de textes pour des catalogues d'expositions. À partir de 1987, il réalise lui-même des lavis et des dessins qu'il nomme "chosins".
En 1995, il est chargé de la célébration du centenaire de Paul Éluard. Il décide alors de faire un état des lieux de la poésie mondiale et il réunit les contributions d'une centaine de poètes français et étrangers dans le volume Qu'est-ce que la poésie? (éd. Jean-Michel Place)
En 2007, grâce à l’éditeur Bernard Dumerchez, Bernard Noël rencontre le peintre Zao Wou-Ki avec qui il réalise le livre d'artiste Le Jardin d'encre. Ce poème continuera sous le nom de Chemin d'encre avec l’artiste François Rouan. Après avoir prévu de le poursuivre jusqu'à sa propre mort, l'auteur y mettra le point final en 2018.
Les éditions P.O.L ont rassemblé un choix de textes de Bernard Noël en quatre volumes d'Œuvres (qui ne sont pas complètes): Les Plumes d'Éros (textes érotiques, 2010), L'Outrage aux mots (textes politiques, 2011), La Place de l'autre (textes sur l'écriture et sur les écrivains, 2013) et La Comédie intime (monologues, 2015).
Bernard Noël a joué un rôle important dans le monde de l'édition. De 1967 à 1970, il a été directeur littéraire chez Delpire. En 1977, il a créé la collection des "Classiques abrégés" pour l'École des Loisirs, très utilisée dans les collèges et les lycées. De 1977 à 1983, il a pris la direction de la collection "Textes" de Flammarion (créée par Paul Otchakovsky-Laurens en 1972). Sous l'égide de Bernard Noël, cette collection, spécialisée dans l'écriture de recherche, a publié notamment Denis Roche, Claude Ollier, Jean-Claude Montel, Claude Louis-Combet, William Carlos Williams ou E.E. Cummings.
Bernard Noël a réalisé de nombreuses traductions (Lovecraft, Shakespeare, Powys, Pentadius,etc.). De 1983 à 1985, il a dirigé le Centre littéraire de Royaumont où il a initié des séminaires de traduction collective, en collaboration avec Emmanuel Hocquard. Il a également dirigé plusieurs collections chez divers petits éditeurs.
Son œuvre a été distinguée par plusieurs prix littéraires. Elle est traduite dans de nombreux pays.
La sensure
La sensure est une notion élaborée par Bernard Noël dans son texte L'Outrage aux mots, écrit et publié en 1975. Ce mot-valise (sens + censure) désigne un langage vide de sens.
Bernard Noël conçoit cette notion de sensure à l'issue du procès qui lui est intenté en 1973 après la parution de son premier roman, Le Château de Cène. À "l'outrage aux mœurs" dont on l'accuse, il rétorque par "l'outrage aux mots" en dénonçant le détournement de la langue par un pouvoir qui n'est pas d'une moralité exemplaire. Ainsi, les gouvernements ont appelé "événements d'Algérie" ce qui était en réalité une guerre et les mots "pacification" et "maintien de l'ordre" ont servi à masquer les actes de torture et le racisme d'État. "Par l’abus de langage, le pouvoir bourgeois se fait passer pour ce qu’il n’est pas: un pouvoir non contraignant, un pouvoir “humain”, et son discours officiel, qui étalonne la valeur des mots, les vide en fait de sens – d’où une inflation verbale, qui ruine la communication à l’intérieur de la collectivité, et par-là même la censure. Peut-être, pour exprimer ce second effet, faudrait-il créer le mot SENSURE. " (L'Outrage aux mots)
Bernard Noël a fait lui-même évoluer ce concept de sensure, notamment en élargissant son champ vers ce qu'il a appelé la "castration mentale" (abrutissement des individus par la télévision qui encourage la surconsommation) puis la "captation mentale" (usage généralisé des smartphones et outils numériques). (cf. entretien avec Yves Jouan, revue "Apulée" numéro 5)
Œuvre (sélection)
Le site de ressources Atelier Bernard Noël propose une bibliographie très détaillée et des extraits de l'oeuvre.
On pourra lire également des extraits sur Lieux-dits.eu[7].
Littérature, poésie, essais (premières éditions)
Aux éditions Flammarion
1967: La Face de silence, prix Antonin-Artaud
1972: "La Peau et les Mots"
1973: Les Premiers Mots
1975: Treize cases du je
1979: Le 19 octobre 1977
1983: La Chute des temps
Aux éditions Fata Morgana
1968: À vif enfin la nuit
1970: Une messe blanche
1977: Le double jeu du tu, coécrit avec Jean Frémon
2003: Traces du temps (Bernard Noël, Alain Freixe, Raphaël Monticelli), reproductions d'œuvres de Leonardo Rosa
2005: La Vie en désordre (avec tirage de tête complété par une gravure d'Henri Baviera), réédition en 2009
2008: En présence… (entretien avec Jean-Luc Bayard, filmé par Denis Lazerme). + DVD
2017: Bernard Noël, du jour au lendemain (21 entretiens avec Alain Veinstein)
Aux éditions Lignes-Manifeste
2003: Artaud et Paule
2004: Le Retour de Sade
Aux éditions Ypsilon
2010: Paul Trajman ou la main qui pense[8],[9],[10]
Aux éditions Artgo
2010: Une Rupture en soi suivi de L'Écriture du Corps, coll. «Au Coin de la rue de l'Enfer» (Artgo & Cie) avec un CD[11]
2020: Un toucher aérien avec des dessins de Bernard Moninot (Artgo & Cie)
Aux éditions Cadastre8zéro
2011: Ce jardin d’encre, avec François Rouan, bilingue français/ espagnol, traduit en espagnol par Sara Cohen, coll.«Correspondances»[12]
2012: Le Chemin d’encre, avec François Rouan, bilingue français/ arabe, traduit en arabe par Mohammed Bennis, coll.«Correspondances» (avec une édition spécifique pour le monde arabe[13])
2018: Le Chemin d’encre 2, avec François Rouan, bilingue français/ anglais, traduit en anglais par Eléna Rivera[14]
Chez d'autres éditeurs
1955: Les Yeux chimères, Caractères
1958: Extraits du corps, Minuit
1969: Le Château de Cène (sous le pseudonyme d’Urbain d’Orlhac), éd. Jérôme Martineau
1971: Dictionnaire de la Commune, éditions Hazan
1977: Lecture du chilam, Brandes
1979: La Photo d'un génie, éditions Lettres de casse
1983: L’enfer, dit-on…, Herscher
1994: La Castration mentale, Ulysse fin de siècle
1995: La Maladie de la chair, Éditions Ombres, coll. «Petite bibliothèque Ombres»
1995: L'Espace du désir, L’Écarlate
1996: Le Roman d’Adam et Ève, éditions Stock
1997: Photographies d'une chorégraphie, May B. Maguy Marin, photographies de Claude Bricage, coll. «Arts chorégraphiques: l'auteur dans l'œuvre», Armand Colin
2003: Le Vide après tout, La Dragonne
2004: Roman sans angles ou l'atelier de Maria Desmée, les Éditions de l'Inventaire & Sapriphage
2005: Portrait de l'Aubrac (photographies de Dominique Noël), Nouvelles Presses du Languedoc
Postface manuscrite à El’Pubis, accompagnant 12 planches de photos-contact d’Henri Maccheroni avec un texte d’André Drean, éditions Traversière, 1978
Postface à Séverine (1855-1929), Vie et combats d'une frondeuse d'Évelyne Le Garrec, l'Archipel, 2009
Le Roman du Geste in Robert Brandy, Artgo Bruxelles, 2009
Laurine Rousselet, Correspondance avec Bernard Noël, Artaud à la Havane, coll. «Créations au féminin», éd. L'Harmattan, 2021
Théâtre, opéra
1988: La Reconstitution, P.O.L
1991: traduction de La Nuit des Rois de Shakespeare, L'Arpenteur/Gallimard
1993: adaptation de Adam et Ève de Mikhaïl Boulgakov, Dumerchez
1996: L'Exercice de l'amour, livret de l'opéra d'Ahed Essyad, MFA/Radio France
2002: Onze voies de fait et Héloïse et Abélard (livret de l'opéra d'Ahmed Essyad), Atelier des Brisants
2004: Le Retour de Sade, Léo Scheer
Des textes de Bernard Noël ont fait l'objet de plusieurs représentations théâtrales: Les Premiers Mots, La Langue d'Anna, Le Syndrome de Gramsci, Extraits du corps, etc.
Entretiens et articles en ligne de Bernard Noël
Entretiens
«La castration mentale», entretien avec Bernard Noël[31] (La République des lettres)
«Le permis de chasse», Arabesques[36] et Mouvances.ca[37]
«Incursions, irruptions, la culture du mépris en Israël» sur Bellaciao[38], La République des lettres[39], Planète non violence[40], Mouvances.ca[41] et La CoUrBE du CUBE ou une Milady Renoir[42]
«Précis d'humiliation» sur Formes-Vives[43] et la section de Toulon de la LDH[44]
Illustrations
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Bernard Noël: le corps du verbe, Colloque de Cerisy, (lire en ligne).
Jean Frémon, «L'outrage», in Fabio Scotto (dir.), Bernard Noël: le corps du verbe. Colloque de Cerisy, Lyon, ENS éditions, 2008, p. 287-330.
B. Noël, L'Outrage aux mots, Paris, Pauvert puis P.O.L, 1975 puis 2011,
«Le lendemain du procès, Jean-Jacques Pauvert m'a téléphoné de bonne heure. Il voulait que j'écrive ce que j'avais dit au juge, que j'en fasse un livre. Ce désir était amical. J'ai eu envie d'y répondre.»
Fabio Scotto, «Bernard Noël et Paul Trajman: la main qui pense», dans Littérature comparée et correspondance des arts, Presses universitaires de Strasbourg, coll.«Configurations littéraires», (ISBN979-10-344-0492-6, lire en ligne), p.207-214.
Patrick Wateau, Bernard Noël ou l'expérience extérieure, éditions José Corti, coll. «en lisant en écrivant», 2001
Claire Fourier, Bernard Noël ou Achille immobile à grands pas, suivi de Nonoléon par Bernard Noël, Jean-Paul Rocher éd., 2002
Jacques Ancet, Bernard Noël ou l'éclaircie, Opales, 2002
Serge Martin (dir.), Avec Bernard Noël toute rencontre est l’énigme, La Rochelle, éd. Rumeur des âges, 2003. Comprend un extrait d'un texte de Bernard Noël «Le retour de Sade»), une introduction de Serge Martin, des textes de Jacques Ancet, Béatrice Bonhomme, Claude Fintz, Geneviève Jolly, Sophie Loizeau, Tina Magaard, Anne Malaprade, Laurent Mourey, Philippe Païni, Serge Ritman, Muriel Tenne, avec des œuvres de Colette Deblé, Olivier Debré, André Masson, Bertrand Vivin et Jan Voss
Jean-Luc Bayard, les Roues carrées, essai-poème, préface de Paul Otchakovsky-Laurens, Ypsilon, 2010
Alain Marc, Bernard Noël, le Monde à vif, Le Temps des cerises, 2010
Michel Surya, Le Polième (Bernard Noël), Éditions Lignes, 2011
Bernard Noël fait partie des écrivains recensés par Alain Marc dans Écrire le cri, Sade, Bataille, Maïakovski… (préface de Pierre Bourgeade, L’Écarlate, 2000 (ISBN978-2-910142-04-9)).
Ouvrage anthologique
Bernard Noël, Politique du corps, coll.«Figures» éd. revue Ah!, 2010
Revues
Europe (étude et entretien avec Alain Marc), no823-824, novembre-décembre 1997
Amastra-N-Gallar (sous la dir. d'Emilio Arauxo), n° spécial «Bernard Noël», no15, automne 2008 Participation de J. Ancet, D. Bisutti, B. Bonhomme, H. Carn, R. Detambel, Cl. Fourier, B. Machet, A. Malaprade, L. Murey, F. Pazzottu, C. Royet-Journoud. Comprend une «Lettre autour du corps» de Bernard Noël
Europe, «Bernard Noël», dir. Chantal Colomb-Guillaume, no981-982, janvier-février 2011
NU(e) no49 «Bernard Noël» (dir. Tristan Hordé), novembre 2011 (ISSN1266-7692)
Articles
Lucie Bourassa, «“Bruits de langues” et articulations: la poésie de Bernard Noël à contre-sensure», Études françaises, vol. 55, n° 3, 2019, p. 155-172 (lire en ligne).
Filmographie
En présence d'un homme, film de Denis Lazerme dont le DVD accompagne le livre En présence..., éditions L'Amourier, 2008
La Forme qui parle, film de Matthieu Mounier dont le DVD accompagne le livre réalisé avec Anne Pétrequin, éditions Derrière la vitre, 2009
Dans la peau des livres, avec Bernard Noël à Mauregny-en-Haye, 42 min, réalisation Thésée, Arthésée éditions, 2009 (International Standard Audiovisual Number 0000-0002-5FFC-0000-B-0000-0000-4)
Paysage de lignes, film sur les dessins de Bernard Noël, 55 min, réalisation Thésée, Arthésée éditions, 2019
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