La Cité internationale de la tapisserie a ouvert ses portes le . Elle intègre l'ancien musée départemental de la tapisserie d'Aubusson créé en 1982, à l’initiative du Conseil général de la Creuse, afin de présenter l'histoire et les collections de tapisseries d'Aubusson et de Felletin situés dans le département de la Creuse et la région Nouvelle-Aquitaine[1].
Type |
Musée d'art, musée de la tapisserie (d) ![]() |
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Ouverture | |
Fermeture | |
Visiteurs par an | |
Site web |
Collections |
Tapis et tapisseries des XVe au XXIe siècles |
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Pays | ![]() |
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Région |
Nouvelle-Aquitaine |
Commune |
Aubusson |
Adresse |
Rue des Arts (expositions estivales : Avenue des Lissiers) 23200 Aubusson |
Coordonnées |
45° 57′ 15″ N, 2° 10′ 00″ E |
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À la suite de l'inscription de la tapisserie d’Aubusson au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l'UNESCO en 2009, et face au manque de place du musée départemental, au sein du Centre Jean-Lurçat, pour présenter les collections, il est décidé de réaliser une Cité internationale de la tapisserie dans les bâtiments, reconstruits en 1969 par Robert Danis, de l’École nationale d'art décoratif d'Aubusson (ENAD) créée en 1884.
En , la gestion du musée départemental est confiée au syndicat mixte de la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson, regroupant le conseil régional du Limousin, le conseil général de la Creuse et la communauté de communes Aubusson-Felletin, avec pour objectifs le transfert, la restructuration et l'agrandissement du musée, l'adaptation des réserves et la réalisation des équipements modernes nécessaires, dans le cadre d'un nouveau projet scientifique et culturel[2].
Le , à l’occasion du 350ème anniversaire de la création de la Manufacture Royale de tapisseries d’Aubusson par Colbert en 1665, est dévoilé un bloc de 3 timbres, édité par La Poste, dédié à la tapisserie d'Aubusson et à la nouvelle Cité[3].
Ce lieu consacré au rayonnement de la tapisserie est inauguré par François Hollande et ouvre ses portes le dans le bâtiment de l’ancienne école réhabilité par l’agence d’architecture Terreneuve. Il offre des galeries d'exposition de 1 200 m2, un centre de formation aux métiers de la tapisserie et une plateforme de création contemporaine et d'innovation, comprenant des espaces professionnels (pépinière arts textiles / art tissé, atelier de tissage abritant un métier à tisser de 7 mètres et atelier aubussonnais du Mobilier national pour la restauration de tapisseries), ainsi qu'une bibliothèque constituée de 18 800 ouvrages, de fichiers d’artistes, thématiques ou topographiques, de fonds iconographiques ou audiovisuels et d'archives[4], qui en font le premier centre de ressources sur la tapisserie en Europe.
En 2018, la Cité internationale de la tapisserie est lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main dans la catégorie « Parcours ». Ce prix récompense notamment son travail de conservation et de valorisation de l’art de la tapisserie[5],[6].
La Cité internationale de la tapisserie présente un ensemble de tapisseries du XVe au XXIe siècles, mais aussi des tapis et des fonds de cartons et de maquettes :
En 2006, l'Atelier Fougerol de tapisserie d'Aubusson a fait don à la commune d’Aubusson de 135 tapisseries du XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle de la collection de tapisseries anciennes de Maxime Fougerol, décédé en 1992.
Le nouveau parcours d’exposition de la Cité internationale de la tapisserie s'articule autour de trois espaces thématiques : Tapisseries du monde, Les Mains d'Aubusson et La Nef des tentures.
La première salle, qui présente des « Tapisseries du monde », aborde l'universalité de la tapisserie, en montrant que cette technique de tissage a été utilisée par tous les peuples du monde à un moment donné de leur histoire.
« Les Mains d'Aubusson » est consacré à tous les savoir-faire de la filière tapisserie, de la teinture à la filature en passant par le tissage sur métier de basse lisse. Il met en relief la particularité de la tapisserie d'Aubusson, qui est d'être une production "à quatre mains", résultat de l'association d'un artiste créateur et d'un lissier artisan d'art, capable d'interpréter l'intention artistique de l'auteur.
Espace principal de l'exposition, « La Nef des tentures » expose dans une galerie de 600 m2 et de 7 mètres de haut près de six siècles de productions de tapisseries d'Aubusson depuis le XVe siècle. Dans des décors en trompe-l'œil, les œuvres sont recontextualisées dans leurs époques d'origine, à commencer par la Millefleurs à la licorne, la plus ancienne tapisserie marchoise connue à ce jour. Le XVIe siècle est caractérisé par les verdures inspirées des Flandres, dites « à feuilles de choux », « à grandes feuilles », « à feuilles renversées » ou « à aristoloches », peuplées d’animaux réels ou fantastiques.
Le XVIIe siècle est bien représenté avec des sujets littéraires ou religieux à la mode : Didon et Enée, Saint-François d'Assise, tenture de Renaud et Armide, etc et le XVIIIe siècle par des sujets mythologiques ou profanes (scènes galantes, champêtres, chinoiseries) à but décoratif.
Le XIXe siècle voit l’émergence des grandes manufactures qui participent aux expositions des produits de l’industrie, puis aux expositions universelles. La décoration intérieure se diversifie dans les tissages d’ameublement, les tapis, en suivant de multiples styles (néoclassique, néo-gothique, orientaliste).
Le XXe siècle est illustré par les deux grands mouvements de création : les tapisseries conçues à partir de modèles pensés directement par des peintres cartonniers pour être réalisés en tapisserie, à l'instar de Jean Lurçat, et les tapisseries de peintres, adaptées des œuvres des grands artistes du XXe siècle, qui nécessitent l'intervention d'un "metteur en laine", intermédiaire permettant de réaliser l'adaptation de l'œuvre pour la tapisserie. La Cité internationale de la tapisserie possède la seule tapisserie reproduisant une œuvre de Man Ray ou encore des œuvres de Le Corbusier, Georges Braque, etc. De plus, les tapisseries réalisées par l'atelier des élèves lissiers de l'École Nationale d'Arts Décoratifs d'Aubusson, pour la plupart d'après des modèles des grands maîtres du XXe siècle, ont été déposées à la Cité internationale de la tapisserie par l'État.
Le XXIe siècle comprend la signature d'une convention avec le Tolkien Estate pour la réalisation en quatre ans à Aubusson d'une série exclusive de treize tapisseries et un tapis, tissés à partir de l'œuvre graphique originale de J. R. R. Tolkien[7]. À cela s'ajoute une collection contemporaine commanditée auprès du studio Ymer&Malta et composée de sept pièces.
Dans le cadre de l'action de redynamisation du patrimoine de la tapisserie d'Aubusson, le Fonds régional pour la création de tapisseries contemporaines a également initié, à partir de 2010, un appel à projets annuel, qui a permis en 2010-2011 le tissage de trois œuvres contemporaines, dont Peau de Licorne[8] de Nicolas Buffe[9]'[3]. Chaque année, les œuvres des lauréats rejoignent les collections du musée, en renforçant la collection d'œuvres du XXIe siècle, mise en avant au sein de la plateforme de création contemporaine. Cet espace contemporain est régulièrement renouvelé en fonction des avancées des tissages des œuvres lauréates et des "tombées de métier" (fin de tissage).
Outre le musée de la tapisserie et le centre de documentation, la Cité comporte un centre de formation de tissage de basse lisse et un pôle professionnel avec un atelier de lissier, qui perpétuent l'enseignement du savoir-faire de basse lisse malgré la fermeture de l'École nationale d'art décoratif en 2011, ainsi qu'un atelier de restauration textile du Mobilier National, une pépinière d'entreprises art textile/art tissé, une plateforme de création contemporaine avec résidences d'artistes et un atelier jeune public.
L'atelier de tissage a ensuite accueilli le lissier aubussonnais Patrick Guillot[10] pour la réalisation de la tapisserie commémorative du centenaire de la première guerre mondiale Pieta for World War I, de l'artiste allemand Thomas Bayrle. En 2016, la Cité internationale de la tapisserie a signé une convention avec le Tolkien Estate pour la réalisation d’une série de treize tapisseries et un tapis, tissés à partir de l’œuvre graphique originale de J. R. R. Tolkien illustrant ses ouvrages : Les Lettres du Père Noël, Le Silmarillion, Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux[11]. La première tombée de métier aura lieu au printemps 2018 (avec présentation le à l'abbaye du Thoronet) et la dernière en 2021.
Pour rajeunir son image en 2021, la Cité internationale de la tapisserie a décidé de réaliser cinq tapisseries monumentales tirées des films d’animation du réalisateur japonais Hayao Miyazaki. La première à être tissée, dont le résultat sera inédit, représente deux des personnages de Princesse Mononoké (1997), Ashitaka et son cerf-bouquetin Yakkuru, qui s’abreuvent dans le clair-obscur d’une forêt[12]'[13].