Emmanuel Radnitsky (ou Rudzitsky), dit Man Ray[3], né le à Philadelphie (États-Unis) et mort le à Paris 6e[4], est un peintre, photographe et réalisateur américain naturalisé français[5].
Radenski, Emmanuel; Man Rei; Radenski, Emmanuel; Rudnitzky, Emmanuel
Nationalités
Française Américaine
Formation
Art Students League of New York Boys and Girls High School (en) Boys High School de Brooklyn (en)
Activités
Réalisateur, designer, acteur, créateur de bijoux, graveur, cinéaste, sculpteur, collagist, peintre, photographe, monteur, directeur de la photographie, scénariste, assemblage artist
Acteur du dadaïsme à New York, puis du surréalisme à Paris, Man Ray a perfectionné la technique du photogramme de Christian Schad et inventé, aux côtés de la photographe Lee Miller, le procédé dit de solarisation.
Biographie
L'École Moderne de la ville de New York[6] vers 1911-1912.
Emmanuel Radnitsky naît dans le sud de Philadelphie, en Pennsylvanie, le 27 août 1890. «Manny» est l'aîné d’une famille juive ashkénaze d’origine russe. Ses parents sont Melach «Max» Radnitzky, un tailleur, et Manya «Minnie» Radnitzky (née Lourie ou Luria), couturière. Il a un frère, Sam, et deux sœurs, Dorothy «Dora» et Essie (ou Elsie), la plus jeune née en 1897, peu de temps après leur installation dans le quartier de Williamsburg à Brooklyn, à New York. Il sera l'oncle de la photographe (en) Naomi Savage[7].
Au début de 1912, la famille Radnitzky change son nom de famille en Ray, sous l’initiative du frère de Man Ray, qui a choisi le nom de famille en réaction à l'antisémitisme fréquent à l'époque. En même temps, Manny devient «Man». Plus tard, il refusera même de reconnaître avoir eu un autre nom que celui de «Man Ray»[8].
Le père Radnitzky enrôle ses enfants pour l'aider dans son atelier.
Man Ray fréquente la Modern School du Ferrer Center qui fonctionne à Manhattan puis Harlem, selon les principes de l'éducateur libertaire catalan Francisco Ferrer. Cette formation anarchiste est déterminante puisqu'elle le libère très tôt du respect des valeurs établies, désacralise à ses yeux les techniques d'expression traditionnelles et l'encourage à ne suivre que sa propre nécessité individuelle dans toutes ses innovations.
Refusant toute hiérarchie entre la peinture et la photographie, il considère la caméra et le pinceau comme des instruments équivalents à ce qu'est la machine à écrire pour un écrivain[9].
New York
Sa carrière commence à New York où il fréquente la Galerie 291 du photographe Alfred Stieglitz. Il travaille ensuite chez un graveur, dans la publicité et enfin comme dessinateur chez un éditeur de cartes[10].
Avec son ami proche Marcel Duchamp, ils forment la branche américaine du mouvement dada. Après quelques expériences artistiques infructueuses, notamment une publication sur le dada new-yorkais en 1920, Man Ray conclut que «Dada ne peut pas vivre à New York».
Paris
Le , Man Ray débarque au Havre (Seine-Maritime), puis arrive à Paris, à la gare Saint-Lazare où Marcel Duchamp l'accueille chez lui, au 22, rue de la Condamine[10].
Noire et blanche par Man Ray, avec Kiki de Montparnasse comme modèle et un masque africain (1926)
Il s'installe dans le quartier du Montparnasse, rencontre et tombe amoureux de la chanteuse et modèle français Kiki de Montparnasse qui devient sa muse[10].
Il fréquente les bals des Beaumont ainsi que des cabarets, dont le Bœuf sur le toit et le Jockey[11].
Il rencontre également le couturier Paul Poiret. Il réalise de nombreuses photographies de mode qui sont publiées dans les magazines et contribuent à le faire connaître. À son grand regret, il n'aura jamais l'occasion de faire le portrait du couturier. Dans son livre de souvenirs, il confie qu'à la mort de Paul Poiret, il a envoyé à un journal une photographie du médecin personnel du couturier comme étant un portrait de Poiret et qu'elle a été publiée comme telle.
En 1922, ses portraits de peintres et d’écrivains publiés dans Vanity Fair remportent du succès[10]. La même année[12], l'agent de Marcel Duchamp, Pierre Roché, un ami rencontré en à New York, qui a fait travailler avant guerre Hélène Perdriat pour Paul Poiret et qui est un intime de Marie Laurencin, l'amante de la sœur du couturier, Nicole Groult, lui prête de l'argent pour ouvrir un studio de photographie au 31 bis, rue Campagne-Première[pasclair][10]. En échange [réf.souhaitée], il y développe les photographies érotiques des uns et des autres, telle celle de Helen Hessel se déshabillant sur la plage.
Outre Vanity Fair, il collabore aux magazines Littérature,Vogue (éditions française, anglaise et américaine), ainsi qu'à La Revue surréaliste[10].
Avec Jean Arp, Max Ernst, André Masson, Joan Miró et Pablo Picasso, il présente ses œuvres à la première exposition surréaliste de la galerie Pierre à Paris en 1925.
Ami de Marie-Laure de Noailles et de Charles, vicomte de Noailles, il tourne en 1928 à Hyères à la Villa Noailles son troisième film Les Mystères du château de Dé[10].
En 1929, Man Ray commence à travailler avec Lee Miller qui, en plus d'être sa muse et son assistante, devient sa maîtresse. Jusqu'en 1932, ils entretiennent cette relation créative, développant ensemble le potentiel esthétique de la solarisation[13],[10].
En 1931, il réalise une œuvre à vocation publicitaire intitulée Électricité. Il s'agit d'un album composé d'un ensemble de photographies commandé par la Compagnie Parisienne d'Électricité. Cet ensemble de rayogrammes a pour objectif la promotion de l'électricité à usage domestique, en tant que symbole de la modernité[14].
À Montparnasse, durant vingt ans, Man Ray révolutionne l'art photographique. Les grands artistes de son temps posent sous son objectif, comme James Joyce, Gertrude Stein ou Jean Cocteau. Il contribue à valoriser l'œuvre d'Eugène Atget qu'il fait découvrir aux surréalistes et à son assistante Berenice Abbott. Avec le groupe surréaliste, il participe d'octobre à au 6e Salon des surindépendants[15].
Salvador Dalí et Man Ray photographiés par Carl Van Vechten à Paris en 1934.
En 1934, Meret Oppenheim pose pour Man Ray; cette série de photographies de nus devient l'une de ses séries les plus célèbres.
Fin 1934, au bal nègre de la rue Blomet, il fait la connaissance de la jeune guadeloupéenne Adrienne Fidelin[16],[17]. Il a 46 ans et elle presque 20. Elle devient sa compagne, son modèle et sa muse. Inséparables, Man Ray l'introduit dans son cercle d'amis artistes et écrivains, adeptes du surréalisme, mouvement alors en vogue. Dans son autobiographie, Man Ray décrit le groupe constitué par Pablo Picasso, Dora Maar, Paul Éluard et son épouse Nusch, Max Ernst et Leonora Carrington, ainsi que Lee Miller et Roland Penrose, André Breton[16]. C'est ainsi le début d'une histoire d'amour de cinq années étroitement mêlée à une vie artistique intense, au sein de la communauté surréaliste[18]. Adrienne prend alors le nom d'Ady Fidelin[16]. C'est l'un des membres les plus fascinants de l’avant-garde internationale[19].
Hollywood
En 1940, après la défaite de la France, et inquiété du fait de ses origines juives, Man Ray parvient à rejoindre Lisbonne et s'embarque pour les États-Unis en compagnie de Salvador et Gala Dalí ainsi que du cinéaste René Clair. Après quelques jours passés à New York, il gagne la côte ouest avec le projet de quitter le pays pour Tahiti où il resterait quelques années.
Arrivé à Hollywood, il reçoit des propositions d'exposition et rencontre dans un night-club sa deuxième femme, la danseuse et mannequin d'origine roumaine (en)Juliet Browner[18],[20] avec laquelle il se marie en 1946[21], et décide de se remettre à peindre. Installé à Los Angeles, il peint notamment des sculptures mathématiques qu'il avait découvertes et photographiées à l'institut Henri Poincaré dans les années 1930, donnant à chacune d'elles le titre d'une œuvre de Shakespeare[22]
Retour à Paris
En 1951, il revient à Paris et habite par la suite à l'hôtel Istria, au 31 bis, rue Campagne-Première[23]. Cette même année, il expérimente la photographie en couleur dans son atelier du 2 bis rue Férou[10],[24].
Il devient satrape du Collège de 'Pataphysique en 1963, année où il publie son autobiographie Self-Portrait[25].
Il meurt à Paris le et est inhumé au cimetière du Montparnasse (7edivision). Sa tombe porte l'épitaphe: «Unconcerned, but not indifferent» («Détaché, mais pas indifférent»).
La tombe de Man Ray à Paris au cimetière du Montparnasse: «Unconcerned, but not indifferent».
Entre le 18 et le , la tombe de Man Ray est profanée à cinq reprises[26]. Le médaillon représentant le couple est brisé et la stèle de son épouse Juliet Man Ray née Browner (1911-1991) est détruite.
African sculpture on lying woman, 1930. Il s'agit en réalité d'un portrait de Simone Breton de 1927[53].
Échiquier surréaliste, 1934, panoptique de vingt portraits d'artistes surréalistes: De haut en bas, et de g. à dr.: Breton, Ernst, Dali, Arp, Tanguy, Char, Crevel, Eluard, De Chirico,Giacometti, Tzara, Picasso, Magritte,, Brauner, Péret, Rosey, Miro, Messens, Hugnet, Man Ray.[réf.nécessaire].
La Photographie n'est pas l'art: 12 photographies, Paris, Éd. GLM, 1937, avec un avant-propos d'André Breton, Convulsionnaires[61].
Alphabet for adults, Beverly Hills, California, Copley Galleries, 1948.
Photographs-Portraits, Paris, Édition Prisma.
Self Portrait, Londres, André Deutsch, 1963; Autoportrait, traduit de l'américain par Anne Guérin, Paris, Robert Laffont, 1964; réédité chez Seghers, 1986.
Distinctions
1966: prix culturel de la Société allemande de photographie.
1974: médaille du progrès de la Royal Photographic Society[62].
Son pseudonyme emprunte trois lettres à son prénom et trois à son nom, et signifie littéralement «homme rayon» (de lumière), ce qui doit être entendu comme «l'homme qui écrit avec la lumière», c'est-à-dire le sens étymologique du mot «photographe».
Paul Paul Avrich Collection, Anarchist voices: an oral history of anarchism in America, AK Press, (ISBN1-904859-27-5 et 978-1-904859-27-7, OCLC64098230, lire en ligne)
(en) Jules Heller, North American Women Artists of the Twentieth Century: a Biographical Dictionary., Routledge, (ISBN1-306-37471-5, 978-1-306-37471-2 et 978-1-315-05168-0, OCLC868964311, lire en ligne)
(en) Neil Baldwin, Man Ray, American artist, Da Capo Press, (ISBN0-306-81014-X et 978-0-306-81014-5, OCLC46887930, lire en ligne)
« Man Ray », dans Encyclopædia Universalis (lire en ligne).
Guy Duplat, «Couples d'artistes: Lee Miller et Man Ray», La Libre Belgique,.
(en) Jeff L. Rosenheim, «Electricité», sur MetMuseum (consulté le )
Agnès De La Beaumell, Alberto Giacometti, le dessin à l'œuvre, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 2001, 256 p. (ISBN9782844260109).
Wendy A Grossman et Sala Patterson, «Adrienne Fidelin», sur academia.edu, in Le modèle noir, Musée d’Orsay/Flammarion, Paris, pages 306-311, (consulté le )
Pierre Descargues, Man Ray, avant-propos de Dora Vallier, Paris, Artcurial, 1991.
Chantal Vieuille, Nusch, portrait d'une muse du Surréalisme, Artelittera, avec des photographies de Man Ray, Paris, 2010 (ISBN2-9536-2490-2).
Isabelle Fortuné, «Man Ray et les objets mathématiques», Études photographiques, no6, (lire en ligne).
Michel Butor, L'Atelier de Man Ray, photographies de Maxime Godard, Paris, Bernard Dumerchez, 2005.
Noriko Fuku et John P. Jacob, préface de Marc Restellini, Atelier Man Ray. Unconcerned but not indifferent, [catalogue de l'exposition], Éd. Pinacothèque de Paris, 2008.
Alain Jouffroy, «Man Ray (1890-1976)», in Encyclopædia Universalis (en ligne sur Universalis-edu.com).
Fonds: Man Ray (1923-1999) [agendas et divers documents]. Cote: 2011.M.17. Los Angeles: Getty Research Institute, Getty Center (présentation en ligne).
Filmographie
François Lévy-Kuentz, Man Ray. 2 bis, rue Férou, 1989, 23 min, Éditions Dilecta. Film sur l'atelier de Man Ray peu avant sa destruction.
Quentin Lazzarotto, Man Ray et les équations shakespeariennes, 2019, produit par l'institut Henri-Poincaré: moyen métrage documentaire.
Man Ray, dans Chambre noire, interview par Michel Tournier, 10 min 36, 1961.
Другой контент может иметь иную лицензию. Перед использованием материалов сайта WikiSort.org внимательно изучите правила лицензирования конкретных элементов наполнения сайта.
2019-2025 WikiSort.org - проект по пересортировке и дополнению контента Википедии