Fils d'épicier[1], About fait ses études au petit séminaire, puis entre au lycée Charlemagne[2], où il devient un élève brillant et remporte le prix d'honneur de philosophie au Concours général[2]. Il entre ensuite à l'École normale supérieure en 1848[2] et est reçu premier à l'agrégation de lettres de 1851[3].
Nommé en 1851 membre de l'École française d'Athènes[2], il séjourne deux ans en Grèce en compagnie de l'architecte Charles Garnier[2] et du peintre Alfred de Curzon. Il séjourne en Égypte de 1867 à 1868. Il participe aussi au voyage inaugural de l'Orient-Express en 1883. S'inscrivant dans le courant du mishellénisme ayant succédé au philhellénisme alors passé de mode[4], il tire de chacun de ses voyages des ouvrages satiriques marquants. En 1854, La Grèce contemporaine, qui insiste sur l'écart entre le mythe grec fondé sur l'Antiquité et la réalité contemporaine, remporte un grand succès[2]. Le Roi des montagnes ridiculise le mythe romantique du pallikare, guerrier-bandit héros de la guerre d'indépendance grecque. Le Fellah décrit comment un paysan égyptien élevé en Europe devient une personnalité dans son pays et finit par épouser une Anglaise, fascinée par l'exotisme. De Pontoise à Stamboul parodie le célèbre Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand.
Cependant, ce mishellénisme est à tempérer par sa découverte d'un pays qu'il trouve admirable[5] et dont le peuple «est encore un des peuples les plus spirituels de l'Europe [car] il travaille facilement[6].» Il loue sa passion pour la liberté, son sens de l’égalité et son patriotisme[7]. Le mishellénisme d'About, qui a souvent été très exagéré par la suite, est davantage à attribuer à son propre style caractéristique, caustique et incisif, qui est très goûté à l’époque.
Edmond About est également un critique d'art acerbe, très disposé à railler les peintres d'avant-garde. Ses comptes rendus de Salon en 1855 et 1857, d'une savoureuse verve comique, éreintent notamment les prétentions du réalisme de Gustave Courbet et appellent à la prudence face à ce qu'il considère comme une brèche ouverte à l'anarchie dans l'art.
Favorable au Second Empire[2], ce qui lui vaut les railleries du jeune Clemenceau, et violemment anticlérical[2], il se fait connaître comme polémiste[2]. La Prusse en 1860 est une parfaite illustration de l’opinion favorable qu’About avait de l’Empire et de Napoléon III, et qui se manifestait en particulier par une germanophilie appuyée, qui se précisa en austrophobie[n 1] et en prussophilie[n 2]. Ces opinions reflétaient la politique menée par Napoléon III, qui se solda par un échec lorsque les batailles de Wœrth, de Gravelotte et de Sedan modifièrent complètement l’image du Prussien dans l’opinion française. En 1871, About rallie la Troisième République et soutient la politique de Thiers[2]. Il entre alors au XIXesiècle[8], dont il deviendra rédacteur en chef[9]. En 1881, il s'installe avec son épouse et ses huit enfants au château de Grouchy à Osny[10]. Initié, le , à la franc-maçonnerie du Grand Orient de France, dans la loge Saint-Jean de Jérusalem à Nancy, il publie dans le journal le Siècle, plusieurs articles hostiles aux hauts grades maçonniques, position courante dans la gauche républicaine[11].
Edmond About est aussi un auteur comique tant il sait manier la satire[2]. Il connaît la célébrité grâce à ses nouvelles au style vif, clair et concis, et à ses romans qui évoquent des situations imaginaires, souvent inspirées par les progrès de la science[2]. Mariages de Paris (1856), Le Roi des montagnes (1857), L'Homme à l'oreille cassée (1862) ou Les Mariages de province (1868) sont autant de succès d'édition.
Il a écrit aussi des œuvres littéraires pour la jeunesse[12].
Comme Francisque Sarcey et Henry Bauër, il possède en 1880 la villa Marmaille, une des premières villas de la station balnéaire de Malo-les-Bains à l'est de Dunkerque[13].
Élu le membre de l’Académie française[14], il meurt moins d’un an plus tard, peu de temps avant le jour prévu pour sa réception, à l’âge de cinquante-six ans[15]. Son discours de réception était déjà imprimé. Deux ans avant sa mort, About, que ses admirateurs appelaient le petit-neveu de Voltaire, à cause de son esprit de raillerie, avait découvert qu’il était diabétique. Traité par les docteurs Moisard et Félizet, sa maladie était bien contrôlée lorsque, un mois avant sa mort, les actionnaires de son journal le XIXesiècle ont entamé contre lui une campagne dans laquelle ils n’avaient peut-être pas tous les torts, mais About, dont la constitution était minée par la maladie n’a pas résisté aux émotions du combat. Terrassé par l’idée de police correctionnelle évoquée par les papiers timbrés apportés chez lui, il a succombé à des accidents qu’il aurait facilement surmontés en temps ordinaire. En voulant le renverser, ses actionnaires l’ont tué. Très rapidement le diabète est reparu, aggravé d’une laryngite qui a amené la congestion pulmonaire dont il est mort, en son hôtel de la rue de Douai, entouré de sa femme et de ses huit enfants, et sans le secours de la religion[16].
Sa tombe au cimetière du Père-Lachaise est ornée d’une statue réalisée par le sculpteur Gustave Crauk[14], qu'il avait apprécié dans ses commentaires du Salon de 1857[17]. Une rue de Paris porte son nom.
Œuvre
Œuvre d'Edmond About
Tolla, Paris, Hachette, , 308p. (OCLC257125334, lire en ligne); réédition de luxe chez le même éditeur après la mort de l'auteur illustrée par Félicien de Myrbach (1889).
Les Mariages de Paris, , lire en ligne sur Gallica Dont «Les Jumeaux de l'hôtel Corneille», «L'Oncle et le Neveu», «Terrains à vendre», «Le Buste», «Gorgeon» et «La Mère de la Marquise».
Théâtre impossible. Guillery. L'Assassin. L'Éducation d'un prince. Le Chapeau de Sainte Catherine, .
Dernières lettres d'un bon jeune homme à sa cousine Madeleine, .
Le Progrès, 1864.
La Vieille roche. 1re partie: Le Mari imprévu (1865); 2e partie: Les Vacances de la comtesse (1865); 3e partie: Le Marquis de Lanrose (1866).
Le Turco (Le bal des artistes - Le poivre - L’ouverture au château - Tout Paris - La chambre d’ami - Chasse allemande - L’inspection générale - Les cinq perles), Hachette, 1866.
Pierre de Beaumont (dir.) et Edmond About, L’homme à l’oreille cassée, Paris, A. Hatier, , 102p., 18 cm (ISBN963-525-864-X, lire en ligne), p.2 (Avant-propos).
Sophie Basch, Le Mirage grec. La Grèce moderne devant l'opinion française (1846-1946), 1995, pp.76-80
Edmond About, La Grèce contemporaine, «Chapitre I: Le pays», Paragraphe VIII: «Conclusion - La Grèce telle qu'elle est», 1855: «Elle [la Grèce] a même, si je ne me trompe, une beauté plus originale. Je vous accorde que la Grèce ne ressemble pas à la Normandie: tant pis pour la Normandie! […] Si un enchanteur ou un capitaliste faisait le miracle de changer la Morée en nouvelle Normandie, il obtiendrait pour récompense les malédictions unanimes des artistes.»
L'Echo Régional, supplément gratuit au N°3106 du 12 septembre 2008 - Guide du Val d'Oise 2008-2009: Sur la trace des écrivains
Daniel Ligou, Dictionnaire de la Franc-maçonnerie, Paris, Presses universitaires de France, , 3eéd., 1359p. (ISBN978-2-13-054497-5, lire en ligne), p.3.
Isabelle Nieres-Chevrel et Jean Perrot, Dictionnaire du livre de jeunesse: la littérature d'enfance et de jeunesse en France, Paris, Electre-Ed. du Cercle de la Librairie, dl 2013, 989p. (ISBN978-2-7654-1401-8 et 2765414017, OCLC862208705), p.5
Dunkerque: dunes, briques et béton (Numéro 41 de Cahiers du patrimoine. Photos de Philippe Dapvril), Paris, Association Christophe Dieudonné, , 303p. (ISBN978-2-908271-16-4, lire en ligne), p.200.
Béatrice Balland, Edmond About (1828-1885): homme de lettres, un Lorrain très parisien, Paris, Service départemental d’archives de la Moselle, , 128p. (lire en ligne), p.95.
Gilles Pudlowski, Dictionnaire amoureux de l’Alsace, Paris, Plon, , 800p. (ISBN978-2-259-20947-2, OCLC716987553, lire en ligne).
«About», Le Matin, Paris, no327, , p.1-2 (lire en ligne, consulté le ).
Edmond About, Voyage à travers l’Exposition des beaux-arts: peinture et sculpture, Paris, L. Hachette, , 274p. (lire en ligne), p.210.
Un article évoquant son activité de critique d'art dans la revue numérique Images-Re-vues, no1, Thomas Schlesser, «Le réalisme de Gustave Courbet, de l'art démocratique à l'anarchie»:
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