Raphaël Jean Lépold Cassou[1] dit Jean Cassou, né le à Bilbao et mort le à Paris, est un écrivain, résistant, conservateur de musée, critique d'art, traducteur, et poète français. Il est également le directeur-fondateur du Musée national d'art moderne de Paris et le premier président de l'Institut d'études occitanes.
Pour les articles homonymes, voir Jean Cassou (homonymie) et Cassou.
Jean Cassou
Jean Cassou à Belgrade en 1963.
Données clés
Nom de naissance
Raphaël Jean Lépold Cassou
Alias
Jean Noir
Naissance
Bilbao (Espagne)
Décès
(à 88 ans) Paris5e
Activité principale
romancier, poète, critique d'art, traducteur, résistant français, conservateur en chef du Musée national d'art moderne
Distinctions
Compagnon de la Libération Grand prix national des Lettres Grand prix de la Société des gens de lettres Prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco (1967)
Jean Cassou naît à Bilbao[1] dans le pays basque espagnol. Son père est ingénieur des Arts et manufactures, sa mère est andalouse. Quand la famille s'installe à Saint Quentin, Jean a quatre ans. Son père décède alors qu'il n'a que seize ans. Jean Cassou effectue ses études secondaires au lycée Charlemagne en subvenant aux besoins de sa famille, puis commence une licence d'espagnol à la faculté des lettres de la Sorbonne à Paris. Il la poursuit en 1917 et 1918 en étant maître d'études au lycée de Bayonne et, ajourné plusieurs fois, n'est pas mobilisé pour la Grande Guerre.
Secrétaire de Pierre Louÿs, il tient à partir de 1921 la chronique «Lettres espagnoles» dans la revue Mercure de France, époque où il devient l'ami du poète espagnol Jorge Guillén avec lequel il entretient une correspondance fournie[2]. Il réussit en 1923 le concours de rédacteur au ministère de l'Instruction publique et publie en 1926 son premier roman. De 1929 à 1931, il est conseiller littéraire des éditions J.-O. Fourcade[3], aux côtés d´Henri Michaux.
Devenu inspecteur des monuments historiques en 1932, Jean Cassou est en 1934 membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et directeur de la revue Europe de 1936 à 1939.
En 1936, il reçoit le prix de La Renaissance[4],[5] pour Les Massacres de Paris d'où ressort «sa sensibilité d'artiste et de poète, sa vision colorée, émouvante et prenante»[6].
La même année, il participe au cabinet de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-arts du Front populaire. Il est alors favorable à l'aide à la République espagnole, se rapproche du Parti communiste avec lequel il rompt en 1939 lors du pacte germano-soviétique. Lors de l’exposition internationale de 1937, il participe avec Matisse, Braque, Picasso ou Léger au comité d'organisation de l'exposition «Origines et développement de l'art international indépendant[7]», qui présente l'avant-garde internationale contemporaine du au au musée du Jeu de Paume dédié aux écoles étrangères depuis 1922.
En avril 1940, il est affecté au Musée national d'art moderne, qui était sur le point d'ouvrir au palais de Tokyo, dont il devient conservateur adjoint, puis conservateur en chef durant quelques semaines, avant d'être destitué en septembre 1940. Tandis qu'approchent les armées allemandes, il est envoyé au château de Compiègne et se consacre à la sauvegarde du patrimoine national.
L'Occupation
Révoqué de son poste de conservateur du Musée d'art moderne par le régime de Vichy, il entre dans la Résistance dès septembre 1940, rédigeant ses premiers tracts. Il protège Wilhelm Uhde. Retrouvant certains de ses amis qui partagent ses opinions, Claude Aveline, Agnès Humbert, il rencontre le groupe clandestin du Musée de l'homme, Boris Vildé, Anatole Lewitsky et Paul Rivet. Avec Aveline, Agnès Humbert, Simone Martin-Chauffier, Marcel Abraham et Pierre Brossolette, il assure la rédaction du journal du groupe Résistance (six numéros de à mars 1941).
Tandis que de nombreux membres du groupe du musée de l'Homme sont arrêtés, il échappe à la Gestapo et se réfugie à Toulouse. Agent du «réseau Bertaux» à partir d'. Il est arrêté en [8] pour ses activités au musée de l'Homme et emprisonné à la prison militaire de Furgole à Toulouse où il compose de tête, sans la possibilité de les écrire, ses Trente-trois sonnets composés au secret, publiés clandestinement au printemps 1944 sous le pseudonyme de Jean Noir[9]. Grâce au Front national des musiciens, Henri Dutilleux en prend connaissance, et met l'un des poèmes, La Geôle, en musique. Darius Milhaud compose aussi pour voix mixtes, sur 6 de ses sonnets, dont La Barque funéraire.
Libéré après un an de prison, il est envoyé par la surveillance du territoire (ST) au camp d'internement de Saint-Sulpice-la-Pointe. Sur injonction de la Résistance au directeur de la ST, il est libéré en juin 1943 et reprend ses activités de résistant comme inspecteur de la zone Sud. Il est également rédacteur des Cahiers de la Libération et président du comité régional de Libération de Toulouse. Le gouvernement provisoire de la République française le nomme en commissaire de la République de la région de Toulouse; il y côtoie Serge Ravanel, chef régional des FFI. En août, au moment de la libération de la ville, sa voiture rencontre une colonne allemande: deux de ses compagnons sont tués et il est laissé pour mort. Transporté à l'hôpital dans le coma, il est remplacé mais maintenu dans son titre, dont il démissionne après un an de convalescence.
Après la guerre
En 1945, Jean Cassou retrouve sa fonction de conservateur en chef des Musées nationaux et est nommé conservateur en chef du Musée national d'art moderne, poste qu'il occupe jusqu'en 1965. Il est le premier président de l'Institut d'études occitanes de 1945 à 1952 et en 1956 le président du Comité national des écrivains. Il enseigne également à l’École du Louvre de 1961 à 1963.
A la tête du Musée d’art moderne, il organise en 1953 une exposition de peintres américains, la première en France depuis quinze ans, financée par le Congrès pour la liberté de la culture (Congress for Cultural Freedom - CCF), lequel était lui-même financé par la CIA, mais secrètement —financement qui ne sera rendu public aux États-Unis qu'en 1967—. Les artistes figurant dans cette exposition furent baptisés «les douze apôtres de Dulles»[10].
En 1964, il devient membre de l'Académie flamande des Beaux-Arts et de plusieurs autres académies étrangères.
De 1965 à 1970, il est directeur d'études à l'École pratique des hautes études.
Il est un militant actif du Mouvement de la Paix.
Il est le beau-frère du philosophe Vladimir Jankélévitch (1903-1985), dont il a épousé la sœur, Ida Jankélévitch, née le à Bourges et décédée le à Paris.
Jean Cassou meurt le [1] à son domicile situé au 4 rue du Cardinal-Lemoine[1]; il est enterré au cimetière parisien de Thiais (dans une tombe anonyme de la 21e division[11]).
Honneurs
Décorations
Grand officier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération par décret du 12 juin 1945, 1038e compagnon[12]
Croix de guerre 1939-1945 (1 citation)
Médaille de la Résistance française avec rosette par décret du 31 mars 1947[13]
Commandeur de l'ordre des Palmes académiques
Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres
Officier de l'ordre de Léopold (Belgique)
Officier de l'ordre du Mérite de la République italienne
Officier de l'ordre du Lion d'or de la maison de Nassau (Pays-Bas)
Prix et distinctions
1936: Prix de La Renaissance[5] pour Les Massacres de Paris
1967: Prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco
1971: Grand prix national des Lettres
1983: Grand prix de littérature de la SGDL pour l'ensemble de son œuvre
1983: Médaille d'or du mérite des beaux-arts du ministère espagnol de l'Éducation, de la Culture et des Sports[14]
Œuvres
Romans
Les Harmonies viennoises, Paris, éd. Émile-Paul Frères, 1926
Le Pays qui n'est à personne, Paris, éd. Émile-Paul Frères, 1927
La Clef des songes, 1928
Mémoires de l'Ogre, Plon, 1930
Sarah, Paris, Roberto Alvim Corrêa, 1931
Comme une grande image, éd. Émile-Paul Frères, 1931
Les Inconnus dans la cave, Paris, Gallimard, 1933
Les Massacres de Paris, Paris, Gallimard, 1935
Le Centre du monde, Paris, Le Sagittaire, 1945
Le Bel Automne, Paris, Julliard, 1950
Dernières pensées d'un amoureux, Paris, Albin Michel, 1962
Le Voisinage des cavernes, Paris, Albin Michel, 1971
Poésie
Trente-trois sonnets composés au secret, Paris, Éditions de Minuit, 1944; rééd. Poésie/Gallimard, 1995 Initialement publié clandestinement durant l'Occupation, sous le pseudonyme de «Jean Noir»[9].
La Folie d'Amadis et autres poèmes, Paris, 1950
La Rose et le Vin: poèmes suivis d'un commentaire, avec hors-texte de Lancelot Ney, Paris, 1952
Essais
Éloge de la folie, 1925
Vie de Philippe II, Paris, Gallimard, 1929; orig. 1927, Vies des hommes illustres, n° 29
Panorama de la littérature espagnole contemporaine, Paris, Kra, 1929 (éd. augm. 1931)
Les Nuits de Musset, Paris, éd. Émile-Paul Frères, 1931
Bayonne, Paris, éd. Émile-Paul Frères
Frédégonde, Trémois
Grandeur et infamie de Tolstoï, Paris, Bernard Grasset, 1932
Pour la poésie, Paris, Roberto Alvim Corrêa, 1935
Tempête sur l'Espagne, Paris, L'Homme réel, 1936
La Querelle du réalisme (coll.), Paris, Éditions sociales internationales, 1936
Ramón Pérez de Ayala, A.M.D.G., roman, La Connaissance
Lope de Vega, Font-aux-cabres, fresque dramatique en trois actes, Paris, Les Ordres de Chevalerie, 1949, avec Jean Camp, lithographies de Carlos Fontsere
Nouvelles espagnoles présentées par Jean Cassou; préface de Henri Barbusse; traduites de l'espagnol par Jean Cassou et Hélène Pomiès, Paris, Gallimard, 1937, 217 p.; 19 cm, coll.«La Renaissance de la nouvelle»
Préfaces
Víctor Alba, Insomnie espagnole, 1946
Federico García Lorca, Poésies 1921-1927: Chansons, Poème du Cante Jondo, Romancero gitan, 1968; traduit de l'espagnol par A. Belamich, P. Darmangeat, J. Supervielle et J. Prévost; édition Gallimard, coll.«Poésie»
Joe Bousquet, Lettres à Jean Cassou, 1970; Rougerie
(es) J. Cremades Gomez-Pablos, La Espana contemporanea en la vida, la obra y la amistad de Jean Cassou, UvA-DARE, the institutional repository of the University of Amsterdam, , 101p. (lire en ligne).
Cité in Florence de Lussy (dir.), Jean Cassou, 1897-1986. Un musée imaginé (catalogue d'exposition du Musée national d'art moderne), Bibliothèque nationale de France, 1995 (ISBN978-2-7177-1935-2): * p. 25 («[Chronologie, 1929.] Olivier Fourcade fait appel à lui pour recruter des auteurs.») *
p. 76 («Devenu en 1929 conseiller littéraire chez Fourcade, Jean Cassou contactait des auteurs et recevait des manuscrits.»)
«Mai», Almanach Hachette, , p.135 (lire en ligne, consulté le ).
Décerné par la revue La Renaissance politique, littéraire et artistique.
Mme Ch. Pomaret, directrice de La Renaissance de l'art français et des industries de luxe. Voir notice de périodique sur le catalogue général de la BnF.
(es) «Real Decreto 1727/1983, de 22 de junio, por el que se concede la Medalla al Mérito en las Bellas Artes, en su categoría de oro, a don Fernando Zóbel», Boletin Oficial del Estado, Madrid, no150, , p.17774 (lire en ligne).
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