Jules Cavaillès, ou Jean Jules Louis Cavaillès, est un peintre et lithographe français né à Carmaux le et mort à Épineuil le . Il appartient au mouvement des peintres de la réalité poétique.
La plaque commémorative apposée aujourd'hui sur le mur du 6, rue Victor-Hugo à Carmaux rappelle que «Jules Cavaillès, peintre de la Réalité poétique, résistant tarnais» est né là le . Après des études secondaires au lycée d'Albi perturbées par une santé fragile[1], puis une classe de préparation à l'École nationale supérieure des arts et métiers à Castres, il est de à décembre 1921 dessinateur industriel aux mines de Carmaux[2]. C'est donc à l'âge de 21 ans que Jules Cavaillès, encouragé en cela par Albert-Émile Artigue, quitte sa ville natale et part à Paris pour, avec son épouse née Rose Féral (mariage le ), s'installer à La Ruche et se consacrer à la peinture[3].
Tout en fréquentant assidûment le Musée du Louvre, Jules Cavaillès est, de 1923 à 1925, élève à l'Académie Julian de Jean-Pierre et Paul Albert Laurens, les deux fils de Jean-Paul Laurens[2]. S'il fréquente alors étroitement des élèves de l'académie tels qu'Amédée de La Patellière, André Dignimont ou André Favory, il se lie surtout d'une durable amitié avec Roger Limouse dont il va partager l'atelier[4], les deux jeunes artistes œuvrant alors ensemble à des travaux publicitaires qu'ils signent Ambo[3]. Il expose en 1929 une nature morte et une étude au Salon des indépendants[5].
Avec son épouse Rose, Jules Cavaillès ouvre aux fins de ressources, successivement à Choisy-le-Roi et rue de l'Abbé-Groult dans le 15earrondissement de Paris, un petit commerce d'alimentation (des clients amis tels qu'André Derain, Henri Matisse, Marc Chagall et Pierre Bonnard s'y retrouvent et s'y attardent) qu'il tiendra jusqu'en 1936, date où il obtient la bourse Blumenthal et à partir de laquelle il va vivre exclusivement de son art[6]. En 1938, il est nommé professeur à l'École nationale supérieure des arts décoratifs où il se lie avec Raymond Legueult, Roland Oudot et Maurice Brianchon.
Homme de valeurs, lors de la Seconde Guerre mondiale, il revient dans le Tarn, prend part à la Résistance et devient, avec son ami Jean Cassou, un des chefs du maquis languedocien[7]: «son atelier du 19 rue de la Berchère à Albi est alors un Q.G. de la Résistance, lui-même en étant l'un des chefs, évoque Henri Bureau. On entreposait chez lui des tracts. Dans cet important centre de la clandestinité dans le Tarn devenu refuge des persécutés, des juifs comme Pierre Dac furent cachés»[8].
À la Libération, nommé conservateur du musée de Toulouse, il revient à Paris l'année suivante, s'y partageant entre son atelier de la rue de Poissy et la réintégration de son poste de professeur à l'École nationale supérieure des arts décoratifs[4]. En parallèle, il est professeur à l'Académie Julian de la rue de Berri, jusqu'en 1974.
En dehors des expositions dans les salons, il réalise des décors muraux (salle des mariages de la mairie de Poissy)[9] et des pièces de mobilier, collabore à la décoration de paquebots (Ferdinand-de-Lesseps, Jean-Laborde).
Œuvres
Fresques murales
Pavillon du Languedoc, Exposition universelle de 1937[4].
Jean Cassou, Éloge de Cavaillès, sept lithographies originales et culs-de-lampe de Jules Cavaillès imprimés par Mourlot Frères, Éditions Manuel Bruker, 1958[10].
Maurice Toesca, Le chant du ruisseau, vingt lithographies originales de Jules Cavaillès imprimées par Mourlot Frères, deux cents exemplaires numérotés, Le Livre contemporain et Les Bibliophiles franco-suisses, 1960.
Albert Camus, Théâtre: Les justes - Le malentendu - L'état de siège - Caligula, vol.5 des Œuvres d'Albert Camus, illustrations de Jules Cavaillès, Albert Sauret imprimeur, 1962.
Dominique Rolin, Carnet de Cannes, illustré de vingt-quatre dessins de Jules Cavaillès, trois cent cinquante exemplaires numérotés, collection «Carnets d'artistes», La Bibliothèque des arts, 1967.
Musée des beaux-arts de Gaillac, 2008, juillet décembre 2017.
Jules Cavaillès, le peintre du bonheur, Galerie Fleury, Paris, octobre-novembre 2008.
Musée de Saint-Lo, Musée de Menton, Musée Faure d'Aix-les-Bains, 2009.
Galerie Brame et Lorenceau, Paris, juin-juillet 2010[13].
Galerie Michel Estades, Lyon, mars 2013.
Millon S.V.V., commissaires-priseurs, Succession Jules Cavaillès - De l'Académie Julian à La Ruche, Hôtel Drouot, Paris, 8 mars 2016 (première vente: L'atelier de la Réalité poétique) et 11 mars 2016 (seconde vente: Le collectionneur).
Hommage à Jules Cavaillès, peintre de la Réalité poétique Musée Toulouse-Lautrec, Albi, avril-décembre 2017[14],[15].
Cavaillès illustrateur, Maison de la citoyenneté, Carmaux, 2017[16].
Le théâtre en tapisserie - Cavaillès, Lurçat, Matisse - La tapisserie «La magicienne» de Jules Cavaillès et ses gouaches préparatoires, Musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle, Sorèze, mai-décembre 2017[11],[12].
Réception critique
«Dans l'art de notre époque où l'on s'est fréquemment attaché à refaire et copier Cézanne, Picasso et même Segonzac, la peinture de Cavaillès éclate comme un fruit mûr de toutes ses promesses de bonheur.» - Florent Fels[25]
«Si les Fauves lui ont d'abord enseigné l'intensité, il a osé le retour à la nuance. Cavaillès est un peintre d'atmosphère, sa liberté poétique, son goût de la sensibilité pure qu'il rend en tons clairs et vifs, l'heureux raffinement de sa composition, tout concourt à faire de ses toiles des miroirs qui reflètent sa joie de vivre.» - Bernard Dorival[19]
«Son œuvre est constituée de toiles aux couleurs franches, dérivées d'un fauvisme très adouci, qu'il a mené vers 1950 par une réduction de formes à une sorte de dentelle diaphane qui rappelle lointainement Bonnard.» - Le Robert[9]
«Une peinture baignée de lumière impressionniste, endiguée et musclée par les leçons du fauvisme et qui s'inscrit dans le genre de la Réalité poétique.» - Gérald Schurr[26]
«Il peint par juxtaposition de couleurs pures, dérivées d'un fauvisme très adouci, suivant en cela un cheminement commun à de très nombreux peintres de l'entre-deux-guerres, délaissant l'intensité et l'esprit de recherche pour la joie de vivre.» - Dictionnaire Bénézit[2]
«Paré de toutes les couleurs du printemps, l'art de Jules Cavaillès, dérivé de celui de Renoir et de Bonnard, est un art heureux où les formes sont légères, les harmonies de tons clairs nuancées avec raffinement. Ses thèmes? Des fenêtres ouvertes sur des jardins ou la campagne; des intérieurs sentimentaux où des objets évocateurs de joies intimes dialoguent avec de fins bouquets de fleurs et des étoffes fanées.» - Maximilien Gauthier[6]
Prix et distinctions
Première bourse Blumenthal pour la pensée et l'art français, 1936[19].
Musée des beaux-arts de Marseille, Bouquet et pomme de pin, peinture.
Musée Fabre, Montpellier.
Musée d'art moderne de la ville de Paris.
Musée des beaux-arts de Rouen, L'invitation au voyage, peinture.
Musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc, La cour de ferme, peinture.
Musée des beaux-arts de Dijon, Les clochettes mauves, peinture.
Musée de l'abbaye, Saint-Claude (Jura), Jeune femme dans un fauteil vert, peinture.
Musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle, Sorèze, trois gouaches préparatoires pour la tapisserie La magicienne, 1949[12].
Musée des Augustins de Toulouse, ''Albi, huile sur toile 65x54cm, 1935; La convalescente, huile sur toile 65x46cm, 1943; Nature morte aux jumelles, huile sur toile, 73x54cm.
Musée d'art Ateneum, Helsinki, Silittâjâtâr, huile sur toile 81x100cm, 1949; Parc à Albi, 81x65cm.
Gisèle d'Assailly, Avec les peintres de la Réalité poétique, Juliard, 1949.
Jean-Albert Cartier, «Jules Cavaillès», Les cahiers d'art - Documents, no33, Éditions Pierre Cailler, Genève, 1956.
Bernard Dorival, Les peintres du XXesiècle du cubisme à l'abstraction, 1914-1957, Éditions Pierre Tisné, 1957.
Marcel Zahar, Jules Cavaillès, Éditions Pierre Cailler, Genève, 1961.
Jean Cassou, Jules Cavaillès, Éditions Galerie Charpentier, Paris, 1961.
Pierre Cabanne, Le Midi des peintres, collection «Tout par l'image», Hachette, 1964.
Pierre Mazars (préface de Georges de Caunes), Les œuvres d'art du paquebot France, Livror S.A., Genève, 1969.
René Huyghe de l'Académie française et Jean Rudel, L'art et le monde moderne, Larousse, 1970.
Sous la direction de Robert Maillard, Dictionnaire universel de la peinture, Le Robert, 1975.
Sanjiro Minamikawa, Ces maîtres dans leur atelier, Asahi Sonorama, Japon, 1980.
Jean Cassou, Jules Cavaillès, Éditions du Musée Toulouse-Lautrec, Albi, 1982.
Paul Morand, Claude Roger-Marx et François Daulte, Les peintres de la Réalité poétique, collection «Écoles et mouvements», La Bibliothèque des arts, 1994.
Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Bertrand de Viviès, Jules Cavaillès, peintre de la Réalité poétique, Éditions Grand Sud, Albi, 2008.
Christian Fleury et Diana Wiegersma, Jules Cavaillès, 1901-1977 - Le peintre du bonheur, Éditions Galerie Fleury, 2008 (lire en ligne).
Ouvrage collectif, Les peintres de la Réalité poétique, Éditions Grand Sud, Albi, 2011.
Ader Nordmann (texte de Nicole Belmont), Réalité poétique - Fonds Jules Cavaillès de la collection Jean-Paul Valabrega, Hôtel Drouot, (lire en ligne).
Amélie Adamo, Luce Barlangue, Lydia Harambourg et Valérie Pugin, Les peintres de la Réalité poétique - Donation Guy Bardone et René Genis, Éditions du Musée de l'abbaye de Saint-Claude, 2012 (extrait en ligne).
De Brayer à Villon, le Tarn, terre d'asile des artistes, Éditions du Musée des beaux-arts de Gaillac, 2015.
Millon S.V.V. (texte de Francesca Calisti-Cavaillès, Succession Jules Cavaillès - De l'Académie Julian à La Ruche, Salle SVV, 3 rue Rossinu, Paris, 8 et (lire en ligne).
Cyril Dumas, Les peintres de la Réalité poétique, Maison Cazenave, 2016.
Maximilien Gauthier, La fondation américaine Blumenthal pour la pensée et l'art français, Presses universitaires de France, 2017.
Association des amis de Jules Cavaillès, 2017 l'année Cavaillès, Éditions Bleu Pastel, 2017.
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