Claude Lévêque est un artiste plasticien français, né le à Nevers (Nièvre), Il vit et travaille entre Montreuil et La Charité-sur-Loire.
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Claude Lévêque a grandi dans le quartier périurbain du Banlay, une cité ouvrière de Nevers. Ses parents Gilberte et d’André Lévêque apparaissaient souvent dans ses œuvres jusqu’au jour de leur disparition au début des années 2000. Sa mère, comptable de profession, consacrait son temps libre à la peinture sur le motif. Son père occupait un poste dans l’usine Alfa Laval de Nevers.
Claude Lévêque, après un CAP de menuisier[1], rejoint l'École nationale supérieure d'art de Bourges[2] où il découvre l'art moderne.
À la fin des années 1970, Lévêque s’ intéresse au mouvement punk. Au début des années 1980, il déménage de Nevers à Paris où il réalise des vitrines pour les marques Fiorucci et Sacha. Là aussi, une scène créative prolifique, marquée par l’énergie rock et le nihilisme punk, se développe.
En 1979, il commissionne pour la Maison de la Culture de Nevers une exposition d'Art corporel pour laquelle Michel Journiac et Gina Pane, notamment, réalisent des projets spécifiques[3]. Il organise également des festivals de cinéma expérimental consacrés à Andy Warhol, Kenneth Anger, Michael Snow ou Jonas Mekas, ainsi que des concerts. Il réalise aussi des photographies et des films super 8 (Chroniques froides, Malher déchiré, Régis, vacances d’été, Touquet Paris plage).
En 1982, Lévêque alors âgé de 29 ans est invité par Claude Postel[4], un cinéaste expérimental, à participer à une exposition à la Maison des Arts de Créteil, dans la banlieue parisienne. Il réalise Grand Hôtel, une œuvre tridimensionnelle dans laquelle les paramètres de la photographie et de la sculpture sont mêlés. Des corps y apparaissent recouverts d’une texture dorée en référence au premier « blockbuster » de l’histoire du cinéma, Goldfinger. Le critique d’art Michel Nuridsany remarque le dispositif et écrit un article[5] dans le Figaro qui marquera le point de départ de la carrière artistique de Lévêque.
Dès 1982, Claude Lévêque, agence des dispositifs immersifs à partir d’un répertoire de formes et d’effets empruntés à son environnement direct ou au monde du spectacle[6].
En 2000, l’œuvre Claude présentée dans l'exposition Voilà[7], à l'ARC/Musée d'art moderne de la ville de Paris, est plongée dans l’obscurité totale d’une pièce recouverte de plaques d’acier dans laquelle retentit un claquement.
En 2000, Lévêque est l’un des 80 artistes de l’exposition Présumé innocent- L'art contemporain et l'enfance organisée au CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux aux côtés d'artistes tels que Christian Boltanski, Annette Messager, Nan Goldin, Cindy Sherman, Robert Mapplethorpe ou Louise Bourgeois. Henry-Claude Cousseau, alors directeur du Centre d'art contemporain (CAPC), est mis en examen[8]. Malgré la polémique et les actions en justice aucun procès n'est finalement intenté à l’encontre des commissaires de l’exposition Marie-Laure Bernadac et Stéphanie Moisdon[9]. L’œuvre de Lévêque, Arbeit macht frei, qui associe la figure de Mickey en néon dessiné par un enfant et la réplique à l’identique de l’enseigne des camps de concentration d’Auschwitz n’est pas visée par la polémique. Cette œuvre qui critique l’« entertainement », sera toutefois écartée[10] de l’exposition Il était une fois Disney au Grand Palais en 2007.
Exécuté en 2007 par la manufacture de la Savonnerie, son tapis de laine baptisé Soleil noir, orne le sol du bureau d'Emmanuel Macron à l'Élysée[11].
Lévêque a également produit de nombreuses œuvres en néon, souvent associées à des objets abandonnés dans des vide-greniers ou dans la forêt. Les premières écritures étaient de la main de sa mère Gilberte[12]dont l’écriture, au fil des ans, devenait de plus en plus tremblante. À la suite de sa disparition, les textes ont été écrits par des adolescents dont l’écriture, également fragile, évoque d'autres états intermédiaires de l’être entre l’enfance et l’âge adulte.
En 2009, Lévêque représente la France à la 52e Biennale de Venise où il présente Le Grand Soirdont le commissaire est Christian Bernard alors directeur du MAMCO à Genève.
En 2010, le dispositif La Rumeur des Bataille présenté dans Lab-Labanque, ancienne Banque de France de Béthune, fait échos au scandale des « subprimes » qui agite les États-Unis depuis 2008 [13].
En 2014 et 2015, il habille avec les œuvres Le plus grand chapiteau du monde I et II l'entrée du Musée du Louvre, la pyramide de Ieoh Ming Pei[14], les fossés et le donjon du Louvre médiéval[15] usant de néons, un gaz qui est un de ses matériaux privilégiés[16].
Le , il est nommé chevalier de la Légion d'honneur mais refuse la décoration[17].
Exposée à la Nuit Blanche 2013[18], son œuvre je suis venu ici pour me cacher, fait référence à Bernadette Soubirous, venue se réfugier à Nevers — où l'artiste est né —, qui fut harcelée après avoir eu une apparition de la vierge Marie[19].
En 2015, il est associé à l’exposition Le Bleu de l’œil au musée Soulages à Rodez[20].
En 2018, il produit pour l’Opéra Garnier et le 350e anniversaire de l’Opéra Bastille à Paris Les Saturnales, un diadème lumineux à Bastille et deux sculptures dorées à Garnier qui représentent des pneus. Ces derniers font polémique lors de leur installation[21].
La galerie Kamel Mennour à Paris a accueilli diverses expositions monographiques de l’artiste comme Welcome To Suicide Park en 2008, Basse Tension en 2010, ou encore en 2018 Aube bleu dans laquelle Catherine Deneuve interprète la chanson Mon amie la rose de Françoise Hardy.
Durant l’été 2020, Claude Lévêque montre l’installation La Tendresse des Loups dans l’église Saint-Joseph, au Havre succédant à l’artiste japonaise Chiharu Shiota. L’édifice en béton armé reconstruit en 1952 par Auguste Perret après la Seconde Guerre mondiale est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco et comporte un jeu de vitraux colorés qui reflète la lumière naturelle de la nef. Pour cette architecture imposante, Lévêque a imaginé un dispositif composé de lys blancs qui composent un écran fragmenté qui réceptionnent la lumière colorée. Le titre La Tendresse des Loups est une traduction française d'une chanson du groupe Coil inspiré par un film phare des années 1970, produit par Rainer Werner Fassbinder, qui relate l’histoire d’un tueur en série.
En 2019, à la suite d'une plainte déposée par Laurent Faulon, un sculpteur né dans la Nièvre en 1969, aujourd’hui basé à Genève en Suisse, le parquet de Bobigny ouvre une enquête préliminaire à l’encontre de Claude Lévêque pour « viols et agression sexuelles sur mineur de moins de 15 ans » pour des faits survenus dans les années 1980 qui, s’ils s’avéraient, seraient aujourd’hui prescrits.
Claude Lévêque répond à Laurent Faulon, dans un mail, à la suite du dépôt de sa plainte[22]:
« Ça me désole qu'on soit parvenu à ce point de non-retour tant de temps après une aventure forte à une certaine époque, inavouable aujourd'hui. Les plaisirs se sont transformés en douleur et tristesse […]. Je m'en veux de n'avoir pas su mesurer ta souffrance souterraine révélée lors de tes confidences et accusations récentes. Mon ego, hors réalités, m'a emporté dans une idéalisation hors sol, vers quelqu'un qui m'a aimé dans la fraîcheur de ses sentiments. Ça me mine aujourd'hui. »
Le plaignant estimant que la justice est trop lente informe les médias du contenu de sa plainte. Le 10 janvier 2021, le journal Le Monde publie un article [23] co-signé par Emanuelle Lequeux et Yann Bouchez.
Le 13 janvier, Magali Lesauvage pour Mediapart annonce dans un article[24] avoir enquêté auprès de 80 personnes du monde de l'art et recensé deux témoignages anonymes de Nivernais qui auraient été sous l'emprise de Lévêque dans les années 1980 ainsi qu'une synthèse de la plainte déposée par Faulon. À la suite de l'article du journal Le Monde, de très nombreux médias nationaux et francophones relaient ces mêmes informations.
Divers professionnels du monde de l’art procèdent à une relecture de l’œuvre de Lévêque, à la lumière de ces révélations, comme Emmanuelle Lequeux pour Beaux arts magazine[25].
Lionel Bovier, actuel directeur du Mamco, s’est prononcé publiquement pour une censure de l’œuvre affirmant avoir retiré toute mention du travail de l’artiste du site du Mamco et refusé de l’exposer à l’avenir. « Quand je vois une sculpture de Carl André, je ne pense pas aussitôt à sa possible responsabilité dans la mort de sa compagne (l’artiste) Ana Mendieta, défenestrée (en 1985). En revanche, je ne peux plus regarder une œuvre de Lévêque sans y voir un indice de ses crimes présumés. C’est comme une gigantesque enquête à rebours[26]».
Des journalistes et personnalités du monde de l’art se sont en revanche questionnés sur la censure de l’œuvre : Étienne Dumont pour le magazine suisse Bilan[27], Carole Talon-Hugon invitée par Marie Sorbier sur France Culture[28], ou Christian Bernard sur le blog Sitaudis[29].
Me Emmanuel Pierrat, avocat de Claude Lévêque, a publié un Droit de réponse[30]dans divers médias dans lequel il explique qu' « à la suite d’accusations graves mettant en cause Lévêque, celui-ci avait déposé plainte contre X étant victime de dénonciation calomnieuse et de chantage aux fins de l’accuser de prétendues agressions sexuelles sur mineur, dans un objectif avéré de nuire à son travail artistique».
Les révélations par la presse des accusations portées à l’encontre de Claude Lévêque alors que l’affaire est en cours s’inscrivent dans un débat plus vaste concernant la prise en compte par les médias de la présomption d’innocence[31]. Le 23 février 2021, une tribune qui demande l'application de la présomption d'innocence de l'artiste, est publiée dans Artpress et signée par divers professionnels du monde de l'art dont Gilles Barbier, Yvon Lambert ou Catherine Millet[32]. À la suite de cette tribune, Stéphane Sauzedde, directeur de l'ESAA (école d'art d'Annecy) où le plaignant de l'affaire Léveque se trouve être enseignant, demande un boycott, qui divise le monde des écoles d'art, d'une biennale organisée par Artpress[33].
En décembre 2021, le conseil de quartier de Bel Air demande l'illumination d'une œuvre de Lévêque éteinte en janvier 2021 par la Mairie à la suite des accusations portées contre l'artiste[34]. La mairie de Montreuil annonce le rallumage de l'installation Modern Dance le 16 mars suivant[35].
« Nevers aujourd’hui m’apparaît cinématographique, avec ses territoires urbains intacts et ses décors néo-réalistes pasoliniens. Ce que j’y ai vécu active encore mon présent. Ici comme ailleurs toujours ce même constat de faillite des systèmes de production qui assassinent et broient le genre humain[36]".
Proche de l'actrice Catherine Deneuve, avec qui l'artiste partage la passion du jardinage, ils déclarent, dans un entretien croisé de 2017[37] :
« — Catherine Deneuve : Puis on découvre évidemment une histoire plus compliquée. Je suis attirée par les choses qui n’ont pas toujours l’apparence qu’elles semblent avoir. Ou qui peuvent évoluer vers un mystère ou un secret. C’est le cas de vos œuvres. J’aime beaucoup les secrets. Et je les respecte beaucoup. Je ne tiens pas forcément à ce qu’on les révèle.
— Claude Lévêque : Oui, la partie enfouie. J’aime beaucoup cela aussi. C’est l’ambiguïté du sens qui fait que l’on est attiré par quelque chose. Bien sûr, lorsque je travaille avec la lumière, comme avec mes néons, il y a un aspect féerique. Et quelque chose se révèle, la phrase que je dessine avec la lumière apporte une inquiétude, de l’angoisse. »
Claude Lévêque est aujourd'hui représenté en France par la galerie Kamel Mennour.
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