Issue d'une famille bourgeoise d'origine espagnole, Eva Gonzalès vit à Paris une enfance heureuse. Sa mère est Marie Céline Ragut, une musicienne fille d'un industriel lyonnais. Son père est le romancier Emmanuel Gonzalès, feuilletoniste au journal Le Siècle, né à Saintes d'un père monégasque. Il est président de la Société des Gens de Lettres, aussi grandit-elle dans un univers d'artiste et de gens de lettres[1].
Ils habitent au troisième étage du no11 rue Bréda[2] ainsi qu'au no2 rue Bréda et au no4 avenue Frochot[3].
Édouard Manet, Portrait d'Eva Gonzalès (1869-1870), Londres, National Gallery.
Présentée par Alfred Stevens à Édouard Manet[1], elle entre dans son atelier en 1869 et y rencontre Berthe Morisot, qui est jalouse de son amitié avec le maître[5]. Elle sert fréquemment de modèle pour les membres de l'école impressionniste. Elle reçoit les éloges d'Émile Zola et de Jules-Antoine Castagnary.
Elle réalise également des estampes (Henri Guérard détente sur la plage, estampe; Portrait, pointe sèche).
Probablement sur demande de Manet[1], elle est admise au Salon de 1870 et présente L'Enfant de troupe, où se fait sentir l'influence du Joueur de fifre d'Édouard Manet[6]. Au même Salon, Manet présente le Portrait d'Eva Gonzalès qu'il vient d'achever, où elle est représentée assise peignant une nature morte[7]. Elle expose également aux éditions du Salon de Paris de 1872, 1874, 1876, de 1878 à 1880 puis de 1882 à 1883[4].
Elle et son fiancé, l'artiste peintre et graveur Henri Guérard, sont amis avec le peintre Norbert Gœneutte, qui fait plusieurs portraits d'elle, de son mari et de leur fils.
Eva Gonzalès prend parfois son mari, et très souvent sa sœur cadette, Jeanne, pour modèles dans plusieurs de ses tableaux[8], ainsi que sa mère, musicienne. Le couple se rend à la ferme Saint-Siméon à Honfleur, où il retrouve leurs amis peintres Félix Bracquemond, Félix Buhot, Paul Cézanne, Adolphe-Félix Cals, Jules Chéret, Ernest Cabaner et Norbert Gœneutte.
Retirée à Dieppe pendant la guerre franco-prussienne de 1870, elle y peint des tableaux assez sombres[4].
Elle se refusa à participer aux Salons impressionnistes.
Vie privée
Eva Gonzalès épouse l'artiste peintre et graveur Henri Guérard en 1879 après des fiançailles de trois ans[9].
Elle meurt d'une embolie le dans le 9e arrondissement[10], peu de temps après avoir accouché d'un fils, Jean Raymond Guérard[4]. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre à Paris.
Henri Guérard se remarie en 1888 avec sa sœur, Jeanne Gonzalès, également artiste peintre[4],[11].
1882, Cercle artistique et littéraire (Exposition spéciale des œuvres des artistes femmes)[4]
1882, Paris, galerie Georges Petit
1883, Paris, galerie Georges Petit
Expositions posthumes
1885, rétrospective dans les salons de La Vie Moderne[4], 88 œuvres exposées
1900, Exposition universelle à Paris, rétrospective centennale de l'art français de 1800 à 1889, Une loge aux Italiens, hst; Portrait de M. Guérard Gonzalès[14].
1907, exposition rétrospective au Salon d'automne à Paris
1932, Paris, galerie Bernheim jeune, rétrospective « Eva Gonzalès »
1950, Paris, galerie Alfred Daber, rétrospective « Eva Gonzalès »
1952, Monaco, Sporting d'Hiver, « Eva Gonzalès »
1959, Paris, galerie Alfred Daber, « Eva Gonzalès »
1983, Nagoya, musée préfectoral d'Aichi; Tokyo, Tkashimaya Art Gallery; Osaka, Takashimaya Art Gallery; Utsunomiya, musée préfectoral des beaux-arts; Kumamoto, musée préfectoral de Kumamoto, « Six femmes peintres: Berthe Morisot, Mary Cassatt, Suzanne Valadon, Eva Gonzalès, Marie Laurencin, Nathalie Gontcharova »
1986, New York, Rizzoli, « Les Femmes impressionnistes »
1989, Londres, George Weidenfeld and Nicolson
1993 (octobre-décembre), Paris, musée Marmottan, « Eva Gonzalès, Mary Cassatt, Berthe Morisot, Marie Bracquemond, les femmes impressionnistes »
Une exposition rétrospective «Eva Gonzalès - Jeanne, Henri, Edouard - L'art ensemble», première faite par un musée au monde, était prévue en 2020[15], au musée de Dieppe, dans le cadre de la quatrième édition du festival Normandie impressionniste, mais a été reportée à une date ultérieure.
Œuvres d'Eva Gonzalès
Enfant de troupe (ou Le Clairon) (1870), musée de Gajac.
Aujourd'hui rue Henry-Monnier où elle avait son atelier.
Blandine Bouret, «Mémoires des lieux. Les ateliers du bas-Montmartre. II: autour de la place Pigalle», La Gazette de l'Hôtel Drouot, no22, 1erjuin 2001, p.44-46.
Dictionary of Women Artists, Chicago, Fitzroy Dearborn Publishers, , 596–599
Dominique Bona, Berthe Morisot: le secret de la femme en noir, Grasset, , 341p. (ISBN978-2-246-53711-3), p.119 à 124.
Dominique Bona, Berthe Morisot: le secret de la femme en noir, Grasset, , 347p. (ISBN978-2-246-53711-3), p.123.
Sophie Chaveau, Manet: le secret, Paris, Télémaque, , 381p. (ISBN978-2-7533-0238-9), Page 200
Alan Riding, «3 Artists Who Left A Fainter Impression», The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
Lot 286, catalogue général officiel: Beaux-arts: exposition centennale de l'art français (1789-1889) / Exposition universelle internationale de 1889 à Paris; préface d'Antonin Proust.
Une planche de quatre timbres dentelés reproduisant quatre de ses œuvres fut éditée[Quand?] par la République de Côte d'Ivoire.
Bibliographie
Dictionnaires
Dictionnaire Bénézit
Dictionnaire Larousse
Ouvrages généralistes
Tamar Gab, Femmes impressionnistes, New York, Rizzoli, 1986
Edward Lucie-Smith, Femmes Impressionnistes, Londres, George Weidenfeld and Nicolson, 1989
Marianne Delafond, Les Femmes impressionnistes; Mary Cassatt, Eva Gonzalès, Berthe Morisot, Paris, 1993 (ISBN2-85047-227-1)
Collectif, Les Femmes impressionnistes: Mary Cassatt, Eva Gonzalès Berthe Morisot, musée Marmottan et la Bibliothèque des Arts, 1993, 188 p. (ISBN2-8504-7227-1)
Isabelle Compin, Anne Roquebert, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre et du musée d'Orsay, Paris, 1986 et 1990
Jean-Jacques Lévêque, Les années impressionnistes 1870-1890, ACR édition, , 660p. (ISBN978-2-867-70042-2).
Articles
Jules-Antoine Castagnary, «Salon de 1873. Troisième Article. Le salon des refusés. – Ce qu’il aurait dû être. Ce que l’administration a fait. Il n’en est pas moins la condamnation du jury. – MM. Frimin, Girard, Lançon, d’Alheim, Merino, Denneulin, Lépine, Rouard, Sebillot, Tixier, Joncking, Châtellier, Shoutteten, Jourdan, Feyen, Lecomte, Donzel, Arlin, Quost, Rozezenski, Eva Gonzalès, Charles Frère, Thompson, Burgat, Mossa, Renoir, Lintelo, Boetzel, Benassit», Le Siècle, 24 mai 1873
Philippe Burty, « Eva Gonzalès », in Paris Salon de la Vie moderne
R. Henard, « Les Expositions », La Renaissance, 4 avril 1914, p.25
L. Hautecoeur, « Exposition Eva Gonzalès », La Chronique des arts et de la curiosité, no15 du 11 avril 1914, p.115
F. Monod, « L'impressionnisme féminin », Art et Décoration, supplément de mai 1914, p.3
(en) « The Women Stars of Impressionism », International Herald Tribune, 16-17 octobre 1993, p.9
(en) B. Ivry, « Fine artists whose gender doomed them to obscurity », The European élan, no182, Londres, 1993, p.17
P. Piguet, « Impressions de femmes », La Croix l'Évènement, 23 novembre 1993
Essais, catalogues
Claude Roger-Marx, Eva Gonzalès, Saint-Germain-en-Laye, Éditions de Neuilly, 1950, p.25
Claude Roger-Marx, Eva Gonzalès, Paris, galerie Daber, 1959
Marie-Caroline Sainsaulieu, Jacques de Mons, Eva Gonzalès (1849-1883), étude critique et catalogue raisonné, La Bibliothèque des Arts, Paris, 1990, 360 p.
Elisabeth Jacquet, Eva Gonzalès, rencontre avec une jeune femme moderne, L’Atelier contemporain, 2020 (présentation en ligne)
Roman
Eduardo Manet, Le Fifre, Écriture éditeur, 2011, 254 p. (ISBN978-2-35905-031-8)
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