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Grifo di Tancredi, anciennement appelé Maestro di San Gaggio, est un peintre italien de l'école florentine, mentionné en Toscane entre 1271 et 1312.

Grifo di Tancredi
Naissance
Vers 1250
Florence
Décès
Vers 1315
Activité
Peintre
Lieu de travail
Florence
Mouvement
pré-renaissance italienne

Biographie


Les repères documentaires, malgré sa longue carrière, ne sont pas très nombreux[1],[2]. Il est mentionné pour la première fois en 1271 à Volterra comme louant une boutique avec un autre peintre – un certain Filippo di Jacopo. En 1281, il (Grifa tancredi) reçoit un paiement pour des travaux de peinture sur la Fontana Maggiore à Pérouse. En 1295, un acte notarial indique qu’il a pris un apprenti. En 1297 apparaît la première occurrence de son nom dans le registre des peintres florentins. Le , il reçoit un paiement pour une fresque exécutée au Palazzo Vecchio à Florence, représentant l’assaut du château de Pulicciano par les Guelfes blancs en cette même année 1303. La dernière occurrence de son nom figure dans le registre florentin en 1312.


L’œuvre


La reconstitution de l’œuvre de Grifo di Tancredi débute en 1946, lorsque Garrison[3] identifie, sous quatre peintres anonymes, des œuvres de la fin du Duecento, avant que Roberto Longhi[4] ne les regroupe comme étant d’un seul auteur qu’il nomme « Maestro di San Gaggio » (d’après l’œuvre principale : la Madone dite « de San Gaggio »). Ce n’est qu’en 1988, que Miklós Boskovits[5] déchiffrant l’inscription fragmentaire du panneau d’Édimbourg, déterminera l’identification du Maestro di San Gaggio à Grifo di Tancredi.

Le parcours stylistique de Grifo di Tancredi est un remarquable témoignage des révolutions picturales survenues à la fin du Duecento. En effet, si l’ensemble de son œuvre reste marquée par les stéréotypes byzantins (à l’image du Maître de la Madeleine, influence première si manifeste que certains voient en Grifo l’un de ses disciples), elle fit pourtant sienne, et de manière très précoce, de 1270 à 1290 environ, la leçon vigoureuse de Cimabue, avant d’intégrer  au tournant du siècle  les innovations du jeune Giotto. Aussi, surtout si elle est examinée en connaissance des évolutions futures, l’œuvre peut parfois apparaître déroutante, curieux mélange entre tradition et renouveau[6], même si fortement personnelle.


Diptyque d'Amsterdam


La plus ancienne œuvre attribuée est le Diptyque d'Amsterdam (vers 1275-1280, Amsterdam, Rijksmuseum) représentant la Déposition de Croix et la Mise au tombeau, fragments d’un vraisemblable tabernacle (dossale) représentant les Épisodes de la Passion (Tartuferi cite d’autres fragments autrefois dans la collection Harris à Londres[7]). Si l’ensemble de la composition est typiquement hérité du Maître de la Madeleine[8],[9], les personnages très expressifs – notamment par leurs gestes, leur visage – font inévitablement penser à Cimabue. L'attribution de ces panneaux reste très débattue entre les peintres florentins influencés par le Maître de la Madeleine, entre Grifo di Tancredi et Corso di Buono notamment.


Polyptyque Artaud de Montor


Le polyptyque Artaud de Montor (c. 1280), aujourd’hui démembré mais qui, en 1843, comprenait encore 5 panneaux liés : Saint Pierre (Washington, National Gallery of Art), Saint Jean Baptiste (Musée des beaux-arts de Chambéry)[10], le Christ rédempteur bénissant (Washington, National Gallery of Art), Saint Jacques (Washington, National Gallery of Art) et Sainte Ursule (?) (localisation inconnue, connue uniquement par une gravure de 1843) montre aussi la forte influence cimabuesque : modelé rendu par des traits clairs, nez en fourche, contours des yeux, etc[11]. Bernard Berenson en 1920 l’avait d’ailleurs attribué à Cimabue lui-même[12]. À noter aussi la forte similitude entre le saint Jean Baptiste de Chambéry et celui représenté sur la Maestà di San Gaggio, confirmant entre autres l’attribution à Grifo.


Tabernacle de Berlin


Tabernacle de Berlin(inv. N1047)
Tabernacle de Berlin
(inv. N1047)

Le tabernacle de Berlin (inv. N.1047)[13], que l’on situe vers 1280-1285, représentant une Vierge à l’Enfant sur le panneau central, entourée à droite d’une Crucifixion et de la Flagellation, et à gauche de quatre saints, fut lui aussi attribué à Cimabue[14] : il n’y a qu’à comparer la vivacité de l’Enfant à celle de la Maestà du Louvre, ou à rapprocher la scène de la Flagellation de celle du panneau de la collection Frick (New York)[15], œuvres de Cimabue contemporaines du panneau berlinois. Quant à la Madone, elle est à rapprocher de la Vierge à l’Enfant de Manfredino da Pistoia, actuellement dans la collection Acton (Florence)[16].

En 1994, Angelo Tartuferi[17] a ajouté au catalogue de Grifo un « petit coffret peint » (c. 1285), remarquablement conservé : on y trouve la représentation de dix saints sur les côtés ainsi que la Vierge, le Christ en Homme de douleurs, saint Jean et sainte Hélène (?) sur le couvercle[18].


Tabernacle d’Édimbourg


Tabernacle d'Édimbourg(c. 1290)
Tabernacle d'Édimbourg
(c. 1290)

Toujours à la même période appartient le magnifique Tabernacle d’Édimbourg (dit aussi panneau Crawfold & Balcarres) (c. 1290). L’iconographie est originale et pourrait reposer sur un modèle byzantin : la partie centrale représente la Mort de saint Ephraïm de Syrie (mort en 373) avec des scènes de la vie des saints de la Thébaïde (premiers ermites vivant dans le désert égyptien, dont saint Jérôme, saint Antoine abbé, et saint Jean l’Égyptien). Au-dessus du pinacle, le Christ Rédempteur avec six anges. Dans les volets sont représentées six scènes de la Passion du Christ, à gauche : les anges en affliction, la Crucifixion, les trois Maries au Tombeau ; à droite : la Flagellation, le Christ aux outrages et la descente aux limbes. C’est a priori sa seule œuvre signée : « H(oc) op(us) q(uod) fec(it) m(agister) Gri(fus) Fl(orentinus) » selon la lecture de Boskovits[5].

Grifo di Tancredi ne s’est pas contenté d’assimiler le nouveau langage de Cimabue : il fut aussi le maître florentin le plus dynamique et le plus précoce à diffuser la nouvelle esthétique giottesque (l’espace du tableau, le clair obscur, le naturalisme…), et de ce fait il est souvent catalogué comme faisant partie d’un cercle de peintres dit protogiottesques au côté du Maestro della Cappella dei Velluti, de Pacino di Bonaguida, de Lippo di Benivieni, du Maestro della Santa Cecilia, de Jacopo del Casentino par exemple.


Tabernacle de San Diego


Maître de la Madeleine/Grifo di TancrediTabernacle de San Diego (c.1295)
Maître de la Madeleine/Grifo di Tancredi
Tabernacle de San Diego (c.1295)

Une œuvre comme le tabernacle de San Diego (c. 1295), qui semble être le fruit d’une collaboration entre le Maître de la Madeleine (auteur de la Vierge à l’Enfant au centre) et Grifo auteur des 12 Scènes de la Passion réparties de part et d’autre, exacerbe tout à la fois le caractère statique, classique, byzantin, presque maniéré, en tout cas résolument tourné vers les solutions du siècle passé du Maître de la Madeleine, et les aspects novateurs, dynamiques des scènes fébriles peintes par Grifo.


Maestà de San Gaggio


Maestà di San Gaggio (c. 1300)
Maestà di San Gaggio
(c. 1300)

Ce mélange d’ancien et de nouveau caractérise aussi la grande Maestà de San Gaggio (c.1300), qui jusqu’en 1988 avait valu à l’auteur la dénomination de Maestro di San Gaggio, une Vierge à l'Enfant sur un trône avec saint Paul, saint Pierre, saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Évangéliste, jadis au monastère San Gaggio, maintenant à la Galleria dell'Accademia à Florence. L’influence de Giotto est ici manifeste : dans le manteau de la Vierge (inspiré de la Madonna della Costa ainsi que de la contemporaine Vierge d'Ognissanti), dans les jeux d’ombres et le complexe trône cosmatesque (qui paraît cependant bien maladroit, soulignant la nouveauté et la difficulté du procédé pour l’atelier de Grifo). L’héritage du Duecento est lui aussi perceptible, notamment dans les figures cimabuesque de la vierge et des quatre saints, figures à la fois vives et solennelles[19].

Les mêmes constats s’appliquent à deux œuvres de la même période :

Grande Maestà de Berlin (inv. N.1042)
Grande Maestà de Berlin (inv. N.1042)

Dernières œuvres


Les dernières œuvres identifiées montrent une assimilation de plus en plus fine et personnelle du langage giottesque, notamment dans les trois petits triptyques suivants :

De cette dernière phase datent les fresques de la chapelle (Oratorio di Sant'Jacopo) à Castelpuci (Firenze) avec les Scènes de la vie de sainte Catherine d’Alexandrie, récemment attribuées à Grifo[29].

On attribue aussi à Grifo di Tancredi une intervention sur les mosaïques illustrant les Histoires de la Passion au Baptistère de Florence, ainsi que le Couronnement de la Vierge au revers de la façade du Duomo de Florence à la fin du XIIIe siècle[10]. Mais ces attributions sont actuellement très fortement débattues[30].

Le nombre d’œuvres parvenues jusqu’à nous, ainsi que le prestige des commandes (il ne faut pas oublier les fresques du Palazzo Vieccho - cf. Biographie) suffiraient à démontrer à la fois la forte activité et la renommée de l’atelier de Grifo di Tancredi à la fin du Duecento et au tournant du Trecento[31]. Mais son rôle majeur restera avant tout d’avoir diffusé très tôt la toute nouvelle esthétique giottesque, notamment auprès de ses contemporains florentins.


Liste des œuvres attribuées



Bibliographie


(par ordre chronologique de parution)


Notes et références


  1. [TARTUFERI 2003.2], p. 94
  2. [CHIODO 2009]
  3. [Garrison 1946]
  4. [Longhi 1948]
  5. [Boskovits 1988], p. 122
  6. [CHIODO 2004.3], p. 115.
  7. [TARTUFERI 1990], fig.216.
  8. [Marques 1987], p. 212
  9. [PARENTI 1992]
  10. [CHIODO 2013]
  11. [BELLOSI 1998]
  12. [BERENSON 1920]
  13. [CHIODO 2004.1]
  14. restitué au peintre à la fois (et indépendamment) par Luciano Bellosi ([BELLOSI 1985]) et Angelo Tartuferi ([TARTUFERI 1986], p. 277)
  15. [BELLOSI 1998], p. 118-121
  16. [TARTUFERI 1990], fig.191
  17. [TARTUFERI 1994]
  18. [CHIODO 2004.2]
  19. [TARTUFERI 2003.2], p. 94,98
  20. [TARTUFERI 1990], fig.222
  21. [CHIODO 2004.3]
  22. [BELLOSI 1974]
  23. [TARTUFERI 1990], p. 108
  24. [TARTUFERI 2004], p. 61, fig. 21
  25. [CONTI 1983], p. 63
  26. [TARTUFERI 2003.1], p. 399
  27. [BIETTI 1993]
  28. [GNONI MAVARELLI 2011], p. 43
  29. [GARZELLI 1974]
  30. Angelo Tartuferi, pour ne citer que lui, ne les cautionne pas en 2003 [TARTUFERI 2003.1]
  31. occupant « un rôle de premier plan dans la peinture florentine de l'époque » [TARTUFERI 2004], p. 61
  32. Carlo Falciani et Pierre Curie (dir.), La Collection Alana : Chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Bruxelles, Fonds Mercator, , 214 p. (ISBN 978-94-6230-154-2)
    Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition au musée Jacquemart-André du 13 septembre 2019 au 20 janvier 2020

Annexes


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Bibliographie


Les sources principales de cet article sont les travaux des studiosi (historiens d'art) Miklós Boskovits, Sonia Chiodo, et Angelo Tartuferi : les points d’entrée étant les articles dans L'arte a Firenze nell'età di Dante 1250-1300 (2004), dans l'encyclopédie Treccani, et dans Cataloghi della Galleria Dell’Accademi di Firenze, articles s’appuyant eux-mêmes systématiquement sur la biographie ci-dessus. Les sources sont ainsi majoritairement en langue italienne : la documentation française sur ce peintre reste très limitée, excepté l'important chapitre de Luiz C. Marques dans La peinture du Duecento en Italie centrale.


Liens externes



На других языках


[en] Grifo di Tancredi

Grifo di Tancredi (active 1271 - 1312) was an Italian painter who was likely born in Florence. Little biographical history is known for this painter, and one existing work, a triptych at the National Gallery of Scotland, has been attributed to him on the basis of inscriptions. He was active in Volterra by 1271, and later moved to Florence. He was previously cited as the Master of San Gaggio.[1][2]
- [fr] Grifo di Tancredi

[it] Maestro di San Gaggio

Con il nome Maestro di San Gaggio viene indicato un anonimo pittore attivo nel terzo quarto del Duecento fino agli inizi del Trecento. Prende il nome da una tavola proveniente dalla chiesa di San Gaggio, ora conservata nell'Accademia di Firenze. Il Longhi ha ricostruito una serie di opere che qualificano il loro autore come una delle personalità più vive del panorama fiorentino contemporaneo a Giotto. Il maestro si formò nell'ambito del Maestro della Maddalena, come è testimoniato dal dossale ora conservato a San Diego, per poi seguire i nuovi orientamenti di Cimabue, con nuove innovazioni sia formali che illustrative, come testimoniato dalle tavole ora a Berlino ed il dossale del Bode Museum di Berlino.



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