Jean Legros est un artiste peintre abstrait géométrique né le dans le 6earrondissement de Paris[1], mort le à Malakoff (Hauts-de-Seine). Il fut également sculpteur et créateur de cartons de vitraux.
Jean Legros baigne dès l'enfance dans un univers artistique: les amitiés de son père, chef de bureau au Ministère des finances, se nomment entre autres André Derain, Jules Pascin, Charles Despiau, Émile Othon Friesz et Francis Gruber. Si ses études l'orientent vers une licence de philosophie et un diplôme de l'Institut de psychologie de l'université Paris Descartes, si après la Seconde Guerre mondiale (frère aîné de Lucien Legros, l'un des cinq Martyrs du lycée Buffon fusillés en , il rejoint la Résistance et est arrêté), il passe un C.A.P. de berger et se consacre à ce métier pendant un an, il revient à la vocation de peintre, à laquelle l'avaient encouragé Paul Éluard, Henri Laurens, Ossip Zadkine et Adolphe Péterelle, pour, s'installant alors au 83, rue Daguerre (s'y liant d'amitié avec une co-habitante, la cinéaste Agnès Varda), participer aux salons parisiens à partir de 1947 avec une peinture encore figurative[2].
Professeur de dessin à Paris, passant ses étés en Touraine où les paysages resteront sa source d'inspiration essentielle de la décennie 1950, il n'en poursuit pas moins, en 1949, sa formation auprès de Jean Dewasne. De son union avec Micheline Tieffry, native de Chalo-Saint-Mars, naît sa fille Marie en 1952.
Le tableau que Jean Legros peint en 1956 et qu'il intitule La fenêtre est vu par Jean-Pierre Delarge comme annonciateur de l'abstraction géométrique minimale qui va dominer son œuvre[3]. C'est en Touraine, confirment Jacques Busse et Alain Gründ[2], que Jean Legros semble s'orienter vers l'abstraction. Après sa seconde exposition à la Galerie Simone Heller, en 1956, il renonce aux expositions pour, dans une période solitaire de douze années (il s'installe en 1958 à Léouville, dans le Loiret), approfondir ses recherches: «pendant cette phase de recherches dans différentes directions, on remarque déjà la présence de peintures incluant des bandes, alors sans rigueur géométrique spéciale, comme générées par la seule sensibilité, mais surtout on est frappé par la subtilité chromatique qu'il développe à ce moment, comme pour concilier Bonnard, Jacques Villon et une formulation abstraite déjà austère»[2]
En 1973, s'ouvre pour Jean Legros, résidant désormais rue de la Vanne à Montrouge, la période de l'abstraction colorée purement géométrique. «Les couleurs, tantôt statiques ou tantôt dynamiques, qui s'allient ou au contraire glissent et se percutent, "se mettent en lumière", selon sa propre expression»[4]: Ce sont alors, de 1973 à 1981, les séries des Toiles à bandes, des Espaces biais, des Oiseaux-nuages, des Ronds musicaux, des Carrés tensifs, des Circuits colorés.
D'un tempérament solitaire, en réalité jamais consolé de l'immense chagrin que fut en 1943 la perte du jeune frère adoré (ce qu'en psychologue il appelait «l'angoisse du survivant»), Jean Legros n'a pas supporté de croire en l'incompréhension de son temps: malgré de vraies amitiés intellectuelles (Aurélie Nemours, Jean Leppien…), il n'a pas cru percevoir la large reconnaissance qui eût été pour lui la juste consécration d'une vie de recherches rigoureuses et d'une œuvre exigeante. «Il n'a pas su attendre», dira Aurélie Nemours. Le , l'artiste, dont plus tard Roger Leloup affirmera «qu'il demeure en France ce qu'est Barnett Newman aux États-Unis»[5], choisit de quitter ce monde. Rejoignant la Beauce dont les paysages l'ont inspiré, Jean Legros repose au cimetière de Léouville.
Œuvre
Peintures, collages, sculptures
Assemblages en relief, bois peint et laiton, 1966-1970: «Ces reliefs-sculptures sont des combinaisons de rigueur géométrique et de fantaisie surréaliste issue de Jean Arp»[4].
Les symboles, pochoirs sur papier d'Arches Signal, Chemin dans la plaine, Les blés coupés, L'épaule, Diapason), 1970-1972.
Les grues de Beaubourg, réinterprétation par Jean Legros en peintures et collages minimalistes de ses photographies de grues mises en place à Beaubourg lors de la construction du Centre Georges-Pompidou, 1973.
Pure géométrie inaugurée par les Toiles à bandes, 1973-1981.
Tôles émaillées, 1974-1978.
Musiques, collages et peintures sur bois, 1978 (dont: Hommage à Alban Berg, œuvre conservée au Musée d'art et d'histoire de Cholet; Hommage à André Boucourechliev, œuvre en couverture du CD André Boucourechliev: Thrène - Texte I - Texte II - Concerto pour piano, Orchestre national de France/GRM[6]; Hommage à Karlheinz Stockhausen; Hommage à Arnold Schönberg; Hommage à Iannis Xenakis).
Écrits
Aurélie Nemours
Carnets d'un peintre: peinture de bruit - peinture de silence, carnets I à XIX (1961-1965), extraits de 43 carnets journaliers de Jean Legros réunis par Madame Micheline Legros, préface de Germain Roesz, L'Harmattan, 2008. Extraits publiés dans la revue Les moments littéraires - La revue de l'écrit intime, no9[7].
Essai d'une grammaire picturale pour aujourd'hui, texte inédit, 1975[2]
Andrei Nakov présente Jean Legros, Semaine musicale de Donaueschingen, Forêt-Noire, 1998[9].
Hommage à Jean Legros, Espace d'art contemporain Eugène-Beaudoin, Antony (soutien Galerie Nery Marino et Madame Marie Legros), Yvon Mutrel et Roger Leloup commissaires d'exposition), [5].
Vincent Wapler, puis Crait+Müller, commissaires-priseurs, et Cabinet Chanoit, expert, Ventes de l'atelier Jean Legros, Hôtel Drouot, Lundi [13], vendredi et lundi .
Et que l'aventure continue... - Exposition d'art contemporain: la collection Philippe Delaunay, Musée des beaux-arts de Bernay, juin-[20].
Réception critique
«Dans la dernière partie de son œuvre, les peintures sont constituées de larges bandes d'un trait strict, de couleurs posées en aplats impeccables, vives, on est tenté de dire dures, parfois tempérées de bandes de couleurs plus tendres intercalées. Des séries y présentent des variations et combinatoires soit de l'orientation des bandes en obliques, soit du format en triangle ou en cercle, soit du matériau avec les Tôles émaillées. On peut y voir, justifiées par son sens panthéiste de la nature, des métaphores du paysage de la Beauce, où il travaillait depuis 1960, les larges bandes horizontales faisant écho à la terre et au ciel de chaque côté de l'horizon plat.» - Jacques Busse et Alain Gründ[2]
«Ne reste-t-il à voir que la couleur que l'énigme n'en continue pas moins à accompagner ce qui, à nos yeux, est présent dans les compositions de Jean Legros, intensément présent. L'énigme est au cœur de l'évidence. La couleur, Legros l'enserre, la canalise dans l'exacte géométrie des strates parfaites dont seule l'épaisseur varie: c'est pour la contraindre à accéder à un pouvoir qu'elle ne tiendra que d'elle. Autre façon de le dire: le peintre exige de lui-même qu'il sache obtenir que prenne place dans le visible une réalité jamais vue, qui soit constituée de couleur et rien d'autre, et qui, en dépit de cela, soit incontestable! Or, dès que cela a lieu, ce qui vient s'établir, s'affirmer dans le visible, entraîne avec soi la question abyssale de toujours: de quoi cela est-il l'apparence? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?» - Henri Raynal[21]
Fonds national d'art contemporain, Puteaux, Grue de Beaubourg.
Musée d'art moderne de Saint-Étienne.
Fonds régional d'art contemporain - Alsace, Sélestat, dont œuvres déposées au Rectorat de l'Académie de Strasbourg (Grue à Beaubourg) et à l'Artothèque de la ville de Strasbourg[22].
Atelier Jean Legros - Un minimaliste français in La Gazette de l'Hôtel Drouot, no13, 1eravril 2016, page 84 (annonce) et no16, 22 avril 2016, page 80 (compte-rendu).
Jean Legros, Roger Leloup et Jean-Pierre Simon (avant-propos de Micheline Legros), Cahiers Jean Legros, n°1, Éditions J.M. Legros, Paris, 1982, 500 exemplaires numérotés enrichis chacun de trois sérigraphies originales de Jean Legros.
Eda Maillet et Andrei Nakov, Jean Legros, Éditions du Musée Tavet-Delacour, Pontoise, 1986.
Monique Fuchs, Roger Leloup, Andrei Nakov, Claude Rossignol et Jean Legros, Jean Legros, Éditions du Musée des beaux-arts de Mulhouse, 1988.
Dictionnaire de l'art moderne et contemporain, Hazan, Paris, 1992.
Hommage à Jean Legros, Éditions du Centre culturel Noroit, Arras, 1997.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999, article de Jacques Busse et Alain Gründ, Gründ, 1999.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Dictionnaire de la peinture, Larousse, 2003 (lire en ligne).
Marie Lapalus et Jean-François Biellmann, Jean-François Baltzen, Jean Legros, Marcelle Cahn - Entre amis, Éditions Ville de Mâcon, 2011.
Roger Leloup, Jean Legros, Éditions Galerie Lahumière, 2013.
Vincent Wapler (Mica S.A.R.L.), 16 place des Vosges à Paris, puis Crait+Müller, commissaires-priseurs, Catalogues de la vente de l'atelier Jean Legros, Hôtel Drouot, , .
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