La Librairie de l'Art Catholique ou Art Catholique est une ancienne maison d'édition et librairie catholique parisienne fondée par Louis Rouart en 1911[1],[2],[3].
Elle édite des livres religieux chrétiens mais aussi des images et des sculptures anciennes et modernes[4]. Ces dernières se veulent en rupture avec l'art sulpicien ou les académismes qui prévalaient jusqu'alors.
Elle joue un rôle important dans le renouvellement de l'art sacré dans la première moitié du XXème siècle.
La maison d'édition située au 6 place Saint Sulpice à Paris est fondée en 1911 par Louis Rouart[1], membre de la célèbre famille d'artistes et mécènes français Rouart. Ami de Maurice Denis, Rouart souhaite participer activement au renouvellement des idées et des formes artistiques du monde catholique.
La maison édite des intellectuels catholiques contemporain comme Paul Claudel et Jacques Maritain[5] ou encore des auteurs classiques comme Blaise Pascal.
Elle participe au développement du mouvement liturgique via la publication de la revue mensuelle « La vie et les arts liturgiques » dirigé par le R.P. Dom Besse[6]. Louis Rouart fait partie du comité de direction.
Fidèle à sa vocation artistique, elle publie également des partitions musicales notamment des oeuvres de Déodat de Séverac[7].
La maison édite d’abord des images religieuses ainsi que des moulages de maîtres anciens.
À partir de 1926, elle propose à la vente des œuvres de plusieurs artistes contemporains membres des Ateliers d’Art Sacré[1]. Ces derniers venaient d’être créé en 1919 par Maurice Denis et George Desvallières pour favoriser l'émergence et la production d'œuvres d'art sacré à la fois modernes et théoriquement accessibles à un large public.
Un catalogue édité vers 1935 propose ainsi 128 sculptures modernes et 88 sculptures anciennes[4]. L'ensemble des sculptures anciennes reproduites s'échelonne sur une large période.
Révélateur de la mentalité de Louis Rouart et de ses amis intellectuels, le XIXème siècle n’est représenté que par une seule sculpture. En effet, ils considèrent ce siècle comme une période de décadence artistique où l’art était quasi-absent et où les œuvres de qualité ne pouvaient être que méprisé par la population et les élites. Cette mentalité n’aura de cesse de progresser jusqu’à la fin des années 1970.
La Librairie de l’Art Catholique entre donc rapidement en concurrence, si ce n’est en guerre, avec les fabricants de statues et de mobiliers d’église de type sulpicien notamment la maison Raffl. Le succès de la Librairie de l’Art Catholique et des Ateliers d'Art Sacré incite paradoxalement les anciennes fabriques fondées au XIXème siècle à moderniser leurs œuvres et à faire appel à des artistes modernes[8].
Ce combat pour l'art est soutenu dans la revue L’Art Sacré (1935 – 1968) qui présente régulièrement des publicités pour la Librairie de l’Art Catholique[9],[10], ne manque pas d’en faire l’éloge[11] et s’attaque à l’ « art de saint sulpice »[12],[11].
Louis Rouart meurt en 1964[13] et la Librairie de l’Art Catholique semble fermer ses portes dans les années 1970.
Les ateliers d’art sacré et les artistes y participant privilégiaient les œuvres uniques réalisées sur mesure pour le lieu de destination. La reproduction en série d’œuvres peut donc paraître paradoxale. Dans son livre de référence publié en 1927, Manuel d'art chrétien, Abel Fabre, prêtre assomptionniste et historien d'art, donne quelques explications[3] :
Dans notre siècle de machinisme et de vie chère, l’édition mécanique est une nécessité sociale. On ne la prône pas ici pour elle-même, de préférence à la création directe, mais pour son avantage économique…Si nos éditeurs [de statues] publiaient, au lieu de modèles quelconques, les belles œuvres des maîtres contemporains, on ne voit pas le mal du système et l’on devine l’excellence du résultat. C’est pour obéir à une préoccupation de ce genre que L.Rouart a fondé « L’Art catholique » où l’imagerie imprimée se complète de sculpture moulée. Le Saint Joseph et la Sainte Geneviève de R. de Villiers sont des exemples capables de rallier le public le plus difficile à l’idée de séries.
En définitive, il s'agit de renouveler l'art sacré en répandant une nouvelle esthétique moderne via la reproduction en série permettant d’obtenir des œuvres à prix abordable.[1]
Sur les autres projets Wikimedia :
Beaucoup d'oeuvres anciennes reproduites sont anonymes notamment celles des époques romane et gothique. Néanmoins, plusieurs auteurs sont mentionnés dans les catalogues.
Un catalogue est désormais accessible en ligne :
Famille Rouart
Ateliers d'Art Sacré
Style sulpicien