Adrien de Witte (de son nom complet Lambert Jean Adrien de Witte de Limminghe), né le à Liège et mort le dans sa ville natale, est un peintre, graveur et dessinateur belge, et l'un des plus grands artistes de l'école liégeoise.
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Auguste Chauvin, Charles Soubre, Prosper Drion, Lambert Herman (d) ![]() |
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Femme au corsage noir (1873) La Lessiveuse (1879) Femme au corset rouge (1880) |
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Lambert Jean Adrien de Witte de Limminghe naît à Liège, le 2 août 1850[1],[2],[3],[4], fils de Jean-Baptiste Corneille de Witte de Limminghe, peintre[5], et de Marie Catherine Antoinette Albertine Andrien[3].
Adrien de Witte acquiert ses premières notions de dessin avec son père[6]. Ce dernier était peintre, avait été bon élève de l'Académie royale des beaux-arts de Liège et y avait obtenu des distinctions. En soirée, il crayonnait pour amuser ses enfants des croquis que le petit Adrien coloriait ensuite. Adrien de Witte a conservé des albums remplis de ces enluminures auxquelles père et fils ont collaboré. Il fait ses études à l’école Saint-Jean puis au Collège des Jésuites dans la section professionnelle. Le dessin, pour lui, est un amusement qui contente un instinctif besoin. Il dessine ainsi ses grands-parents, le vieux domestique Paquay, et même le voisin qui vient jouer aux cartes[2],[3].
En 1866 il entre à l'Académie royale des beaux-arts de Liège, où il suit les cours de Lambert Herman pour le dessin « d’après la feuille », d’Auguste Chauvin pour le dessin « d’après nature », de Charles Soubre pour le dessin « d’après l’antique » et de Prosper Drion pour l’anatomie[3],[5],[6]. La découverte, lors d’une visite rendue à un amateur d’art, M. Keppenne, d’un tableau de Gustave Courbet, représentant une femme vue de dos sur un lit, est une révélation pour le jeune homme. Il perçoit ce que doit être l’art : l’expression de la vérité[2],[3].
En 1870 il s’installe avec son ami le sculpteur Léon Mignon dans son atelier, rue de l’Étuve, et il collabore avec ce dernier et Joseph Demoulin au journal satirique « Le Caustique ». Durant cette période, diverses réunions ont lieu avec un petit groupe d’amis: Alphonse Taïée (sculpteur amateur), Hubert Zeyen (photographe), Félix Nisen (peintre ; fils du portraitiste Jean-Mathieu Nisen), Jean Ubaghs (peintre) et Léon Mignon (sculpteur). Il fait également ses premiers essais à l’eau-forte et dessine les portraits de ses amis[3],[5],[6].
En 1872, il obtient une bourse de 1000 francs et voyage en Italie avec Félix Nisen[7],[8] ; ils passent par Munich et le Tyrol, visitent Venise et Vérone puis séjournent à Rome[5] où ils rendent visite à Pierre Joseph Antoine (1840-1913), pensionnaire de la Fondation Darchis, auteur des peintures murales de l’église Sainte-Véronique de Liège[6].
Revenu à Liège en 1873, il retourne pendant quelque temps à l'Académie puis s'installe dans son atelier rue Hocheporte. Durant les années suivantes, il réalise de nombreux dessins, dont son portrait de M. Fétis (parent de François-Joseph Fétis) en 1873, une série d’eaux-fortes, dont son portrait de Gérimont en 1874, et peint diverses toiles, dont son portrait de « Femme au corsage noir » en 1873 et « La Lessiveuse » en 1879[2],[3],[5],[6].
En 1879, il obtient la bourse de la Fondation Darchis. Il séjourne à Rome jusqu’en 1884 avec quelques brefs retours à Liège, notamment fin septembre 1880 à la suite de l’effondrement de la maison paternelle, rue Hocheporte, le 23 juin, à cause d’un violent orage, et en juin 1883 à la suite du décès de sa mère au printemps[2],[3].
Adrien de Witte est élève à l'Académie Chigi (1879-80)[6] où il dessine, à l'aide du fusain, de la plume, de la mine de plomb et du burin, des scènes populaires[8]. Durant ce séjour en Italie, il étudie les grandes œuvres du passé, mais ce qui l'attire davantage, c'est la nature, la vie contemporaine, la pittoresque humanité de la rue[7]. Jules Bosmant le décrit avec justesse en 1930[9]: « Ce qui séduit tout de suite Adrien de Witte c’est la ville elle-même, ses maisons pittoresques, ses osteries, ses paysans et paysannes venus de la proche campagne, ses processions violentes, puis le Tibre avec ses ponts et ses lavoirs, ou bien encore les hallebardiers du Vatican et les superbes cardinaux pourpres. Ce dont le Maître se souvient, quand il consent à ouvrir les cartons bondés ou sont rangés avec un soin si méticuleux, d’innombrables croquis de cette heureuse époque, c’est le vif détail et l'anecdote localement colorée qui situent le dessin avec une précision vraiment surprenante, quand on pense au demi-siècle écoulé depuis lors. » En 1880, il peint un de ses modèles favoris à cette époque, Luisa Giardini, qui pose pour son œuvre « Femme au corset rouge »[10].
Son niveau de vie à Rome est modeste. Invité un soir à dîner avec Philippet et d'autres pensionnaires Darchis chez un ministre, il emprunte un paletot à un ami russe, le sien étant trop vieux. La pension qui lui est allouée s'élève à 133 francs, et il envoie souvent des dessins à Liège, à Hubert Zeyen, pour qu’il les vende. En 1881, il reçoit mille francs de subside, qui, selon ses propres mots[2] : « Il sera bienvenu, il fermera tout d'abord les plaies de mes souliers et de mes culottes ».
Sa vie romaine est bien remplie comme il écrit à sa sœur Charlotte en juin 1881[2]:
« Tu veux savoir ce que je fais. Voici. Le matin à 7h30, je vais prendre le café près de chez moi où l'on reçoit, de Paris, le Journal des débats et l’Illustration. À 8 heures vient le modèle qui reste jusqu'à midi. À une heure, je vais manger (collazione), on est servi très lentement, il faut une heure et demie avant d'avoir fini, je flâne jusque trois heures puis je vais faire des études dehors jusque huit heures ou huit heures et demie, alors je vais dîner (pranzo), comme nous sommes ensemble et que l'on s'attend l'un l'autre, on n'a jamais fini avant dix heures et demie ou onze heures et puis on va tout doucement se coucher. »
Adrien de Witte voit passer en 1882 au Capitole, l’enterrement de Garibaldi. En 1883, il rencontre à Rome et se lie d'amitié avec Henri Simon. Ce dernier a gardé un souvenir ému de son séjour qui s'est traduit dans la dédicace à Adrien de Witte de son tableau de mœurs populaires Coûr d'ognon (1888)[2],[3]. Adrien de Witte voyage de juillet à septembre 1883 dans la vallée de l'Aniene, notamment à Scarpa et à Anticoli Corrado, dont le cadre agreste et sauvage le fascine[8].
Il rentre finalement à Liège en septembre 1884, où il est chargé de remplacer temporairement le professeur Nisen, malade, à l'Académie royale des beaux-arts de Liège. En 1885, il part pour Paris, qui l'attirait depuis longtemps. Alors qu'il projette d'y séjourner plus longuement, Nisen décède en octobre 1885 et Prosper Drion, directeur de l’Académie, lui propose la chaire qu’il finit par accepter après de longues hésitations[2],[3],[4],[5]. Il entre en fonction le 7 décembre et, désormais, se consacrera à sa charge de professeur au détriment de sa production personnelle. Il est nommé professeur de dessin d’après le modèle vivant en février 1887, puis professeur de dessin et de peinture à la section des demoiselles en avril 1893[3].
De 1893 à 1897 il réalise ses portraits au pastel d’Édouard Brahy, Maurice Chizelle et Mme de Soer de Solières. Il réalise aussi ses derniers portraits gravés dont celui de Félicien Rops[3]. Absorbé par son enseignement, il travaille de moins en moins pour lui-même. Il reprend la gravure en 1902, créant une vingtaine de planches cette année-là, même si certaines ne seront pas terminées[5].
Adrien de Witte est nommé en 1910 directeur de l'Académie royale des beaux-arts de Liège où il succède à Évariste Carpentier. Il occupe ce poste jusqu’en août 1913. Il est admis à la pension en 1921[2],[3],[4],[5],[6].
Il continue à exposer en diverses occasions les années qui suivent ; à La Boverie à Liège et à Brighton en 1926, à Stockholm et de nouveau à La Boverie en 1927, et au Cercle des beaux-arts d’Anvers en 1934. Il est nommé Commandeur de l'Ordre de la Couronne en 1927. Enfin, une rue de Liège, dans le quartier des Vennes, lui est dédiée en 1933[2],[11].
Adrien de Witte décède à l’âge de 84 ans le 25 juin 1935[1],[4]. Il est inhumé au Cimetière de Sainte-Walburge à Liège.
Dessinateur ainsi que graveur (principalement aquafortiste), il est surtout un peintre de genre, de natures mortes, de portraits, de fleurs et de figures. Sa production artistique se situe dans le réalisme[12],[13], comme le confirme Jacques Hendrick en 1964[14]: « Léon Philippet (1843-1906) et Adrien de Witte (1850-1935) sont les initiateurs du renouveau. Ils ont renoncé à la peinture d’imagination et au langage théâtrale de leurs prédécesseurs pour transcrire simplement sur leurs toiles le spectacle quotidien des choses ; ils ont ouvert les yeux sur la nature et ils ont oublié les recettes d’atelier ; leur palette s’est illuminée de clarté et de fraîcheur. C’est au contact de l’Italie – non pas celle des musées, mais celle de la réalité contemporaine – qu’ils ont acquis ce style fait de ferveur et de vérité. » Il est reconnu pour sa minutie, sa sincérité et son dépouillement[12],[13], comme le décrivent avec justesse Françoise Clercx-Léonard-Etienne et Sylvie Lejeune[2]:
« En dessin comme en gravure, c'est à la figure humaine qu'il a accordé la plus grande part. S'il s'est tourné vers les types populaires, ce n'est pas par goût du pittoresque mais parce qu'il y a trouvé l'authenticité. Une grande sérénité émane de ces visages où s'exprime une vie intérieure profonde, de ces hommes et de ces femmes si attentifs à ce qu'ils font. C'est en humaniste que de Witte aborde son modèle. Témoin des travaux et des jours, il révèle la noblesse et la beauté des gestes les plus simples de la vie quotidienne. »
Description de l'œuvre d'après Françoise Dehousse et Maurice Pauchen[15]:
« La jeune femme assise, vue de trois quarts, le bras gauche légèrement appuyé sur le dossier d'une chaise en bois, porte un corsage égayé d'une collerette et de manchettes en dentelle blanche. Les yeux du spectateur se portent tout d'abord vers le visage dont les traits délicats sont mis en valeur par un jeu subtil d'ombre et de lumière. Une douce mélancolie émane de cette jeune femme au regard triste, aux lèvres fines. La coiffure quelque peu négligée, le lobe délicat de l'oreille, une petite fossette au menton, lui donnent une grâce quasi enfantine. Les mains élégamment croisées confèrent au modèle un caractère posé et méditatif. Le fond neutre de teinte brunâtre fait ressortir la douceur de la carnation où se mêlent savamment touches de rose et de bleu. »
Ce portrait est souvent considéré comme une des premières œuvres maîtresses d'Adrien de Witte[16], et est également commenté dans l'ouvrage de Charles Delchevalerie[3]: « Cinq ans plus tard, il réalise ce magistral portrait de femme assise, en corsage noir et collerette blanche, d'une facture si délicate, si ferme, et qu'anime un sentiment si doucement spiritualisé. On pense aux intimités d'un Fantin-Latour devant une œuvre aussi riche dans sa simplicité, et l'on a peine à croire que tant de distinction pensive émane du pinceau d'un artiste de vingt-deux ans. »
Œuvre qui a été classée Trésor par la Fédération Wallonie-Bruxelles le 14 mars 2014[17] et analysée par Gaëtane Warzée sur le site du Musée de La Boverie[10],[18]:
« Adrien de Witte, peintre, graveur et dessinateur liégeois signe ici son chef-d’œuvre. L’ancien conservateur du Musée du Louvre, René Huyghe, en évoquant la Femme au corset rouge, n’hésitait pas à la prétendre digne d’un tableau d’Edgar Degas. Exécutée à Rome en 1880, durant le second séjour italien de l’artiste alors boursier de la Fondation Darchis, la peinture donne à voir un de ses modèles favoris : Luisa Giardini. Adrien de Witte l’a croquée sur le vif, et non durant la traditionnelle séance de pose. Le moment est dérobé à la jeune femme qui se rajuste dans une intimité des plus sensuelles: levant les bras pour mettre de l’ordre à sa coiffure, elle révèle involontairement le galbe de sa poitrine jaillissant de la chemise et du corsage à peine relacé. Le côté instantané auquel s’ajoutent les jeux d’ombres et de lumières confèrent au tableau un caractère impressionniste. Mais bien au-delà de toute appartenance à un mouvement stylistique, la simplicité même de la composition et l’économie de la palette suffisent à lui conférer le statut d’une œuvre de tout premier ordre.
En Italie, les femmes du peuple portaient le corset par-dessus leur chemise, au vu de tous. La couleur de la pièce de lingerie indiquait le statut social de celle qui l’arborait. Le rouge était réservé aux femmes mariées. Depuis le XVIIIe siècle, les représentations figurant des Italiennes vêtues de la sorte étaient légion, toutes écoles confondues. Tableaux d’histoire, scènes de genre et portraits de personnages typiques en costume traditionnel multipliaient les représentations en la matière. Le trait de génie d’Adrien de Witte est de n’avoir retenu que le détail du fameux vêtement, ainsi sublimé et devenu le sujet essentiel de la composition. L’artiste campe là une jeune paysanne corsetée de rouge, certes, mais dans la veine des femmes à leur toilette et autres scènes intimistes à la mode de son temps. Le tout est peint avec finesse et sensualité, sans vulgarité aucune. »
Toile également décrite par Léon Koenig en ces termes[19]: « Allons à la Femme au corset rouge du Musée de Liège, et à ce rouge noyé, modulé, qui est le thème, le prétexte de la toile, il a si bien marié le tout que cette couleur, dangereuse et magnifique en même temps n’impose pas à l’ensemble un règne tyrannique ; la ligne même, le geste des bras, l’arrondi des hanches, la tête penchée avec douceur, contribue à l'enveloppement calme, à l’atmosphère sereine mais forte et bien assise de l’œuvre. »
Au total, Charles Delchevalerie estime que l'œuvre d'Adrien de Witte se compose d'environ 600 pièces (répertoriées en 1927 par son élève et ami Armand Rassenfosse)[3],[11]:
Des œuvres d'Adrien de Witte sont présentes dans les collections de l'Art Institute of Chicago[20], du Minneapolis Institute of Art[21],[22], du département d'art (Miriam and Ira D. Wallach Division of Art, Prints and Photographs) de la New York Public Library[23],[24], des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique[25], du Musée d'Art wallon (La Boverie)[10],[26] et de l'université de Liège[26].
En plus de sa qualité d'artiste peintre et graveur, Adrien de Witte a eu un rôle prépondérant comme professeur à l'Académie royale des beaux-arts de Liège[4], comme le décrit Jules Bosmant[9]: « Sans doute de Witte fut un de ces professeurs très rares qui se vouent entièrement à leur tâche pédagogique et, la mort dans l’âme, lui subordonne leur œuvre propre. Or cette tâche fut particulièrement lourde puisque professeur de 1885 à 1910, recteur de 1910 à 1913, il ne prendra sa retraite qu’en 1921, après avoir consacré plus de trente-six années à un enseignement particulièrement fécond d’ailleurs, puisqu’il n'est guère d'artiste de chez nous qui ne réclame, avec fierté, la qualité d’élève d’Adrien de Witte. »
En 1900, Jules du Jardin, cité par Alfred Micha, observe avec regret la progressive réduction de la production artistique d'Adrien de Witte à partir du moment où il commence à travailler comme professeur à l'Académie et commente à ce sujet[27]: « S'il peut y avoir, sous ce rapport, un soulagement apporté à nos regrets, c'est la conviction, en nous profonde, que le maître continue à former des élèves dignes de lui, des disciples aussi convaincus qu'il l'est lui-même, que, suivant l'expression de Victor Hugo, le dessin est la loi première de tout art. »
Quelques élèves notables d'Adrien de Witte[5],[6] :
Liste des expositions jusqu'en 1981 établie d'après Françoise Clercx-Léonard-Etienne et Sylvie Lejeune[2]:
« S'il a beaucoup peint, et surtout beaucoup dessiné, d'admirables et fins croquis de personnages à la plume, il a beaucoup gravé aussi. Et toutes ses planches sont d'une valeur supérieure, à la fois par la pureté de forme, par la révélation de la vie morale, par la sûreté savante de l'exécution. [...] Pour lui seule compte la nature ; mais il la découvre à travers un tempérament délicat, qui prête de la distinction aux éléments les plus vulgaires et enjolive même la laideur. Que de figures douces et méditatives ne compte pas son œuvre, figures repliées aux gestes placides, dont de Witte semble garder le secret ? D'autant plus que son outil est d'une finesse qui évite toutes les rudesses et semble amortir toutes les duretés en les touchant. Cet interprète de la vie humble est de toute manière un aristocrate, par sa technique recherchée et savante et par son esprit subtil à l'abri de la passion et de la violence. »[31]
« C'est le moment de parler de l'œuvre gravé d'Adrien de Witte. [...] Il n'a pas fallu longtemps à l'artiste pour atteindre la virtuosité technique, et pour s'assimiler les ressources de son art. Qu'il s'agisse d'un croquis tracé avec un apparent laisser aller qui donne à la science du rendu l'apparence d'un jeu, ou d'un de ces portraits académiques dans lesquels se montre (comme dans les dessins à la plume) l'analytique minutie du métier, la manière est toujours aussi sure, aussi ferme, aussi largement expressive. Et quel art des contrastes pour donner a une planche sa coloration frémissante, quel sagace emploi des blancs et des noirs dosés sans les brutalités qui rendent l'effet facile, quelles délicates symphonies de nuances dans le mariage des clartés et des ombres ! »[3]
— Charles Delchevalerie
« Son œuvre, par sa haute probité, par la finesse et la rigueur de sa technique, par le sens aristocratique de sa vision, réalise, d’une seule foulée, l’équilibre que l’on peut concevoir entre une discipline classique et l’esthétique naturiste qui le commande. Adrien de Witte est un dessinateur impeccable, qui apporte un souci de justesse jamais défaillant, dans toutes ses créations. Comme Philippet, il a vécu en Italie, et, comme lui, la vie romaine, les types populaires romains ont été ses modèles préférés, comme le furent durant sa longue carrière dans sa ville natale, les botteresses, les hiercheuses, les femmes du peuple de chez nous. Les gravures d’Adrien de Witte reflètent fidèlement l’âme probe et aristocratique de ce maître authentique auquel l’école liégeoise doit ses plus fructueuses leçons. La figure de de Witte se dresse, au premier plan de notre histoire moderne des Beaux-Arts. Il fut un professeur d’élite, et son enseignement à l’Académie reste présent à la mémoire de tous ses disciples. »[32]
— René Tonus
« Déjà de Witte, par des dessins d'une impeccable correction, d'une maîtrise incontestée, d'une probité absolue de réalisme, avait rompu avec la boursouflure antérieure. On connaît aussi de lui des tableaux d'une grande délicatesse de tons, des portraits, des natures mortes où la gamme des gris est d'une élégance et d'une distinction extrêmes. »[33]
— Maurice Des Ombiaux
« Adrien de Witte est, de même, un artiste liégeois préoccupé davantage de produire de belles œuvres que de rechercher la gloire, d'autant plus que les cours qu'il professe au sein de l'académie de Liège absorbent une grande partie de son temps. Puis, au demeurant, il semble bien que le maître aime la paix qui lui est nécessaire pour le travail, qu'il s'ingenie à caresser ses œuvres avec amour, et c'est cela surtout qui l'éloigne des expositions. [...] Quoi qu'il en soit, Adrien de Witte a produit des tableaux d'une belle couleur, tableaux exécutés notamment en Italie, et on connaît de lui des dessins à la plume reproduisant des types liégeois d'un procédé délicat. »[34]
— Jules du Jardin
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