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Serge Rezvani est un peintre, écrivain[1] et auteur-compositeur-interprète français d'origine iranienne, né le à Téhéran (alors en Perse).

Serge Rezvani
Nom de naissance Boris Rezvani
Alias
Cyrus Bassiak
Naissance (94 ans)
Téhéran, Perse ( Iran actuel)
Activité principale
écrivain, peintre
auteur-compositeur
Distinctions

Prix Mottart de l'Académie française (en 1982)
Grand prix des poètes de la SACEM (en 2000)
Grande médaille de la chanson française (en 2007)

Prix Prince-Louis-de-Polignac (en 2016)
Auteur
Langue d’écriture français

Œuvres principales

  • Les Années-lumière (1967)
  • Les Années Lula (1968)
  • Le Testament amoureux (1981)
  • La Traversée des Monts Noirs (1992)
  • L’Éclipse (2003)
  • Vers les confins (2014)

Il se qualifie lui-même de pluri-indisciplinaire[alpha 1].

Il a écrit plus de quarante romans, quinze pièces de théâtre et deux recueils de poésie. Il est l'auteur de plus de cent cinquante chansons, dont Le Tourbillon (de la vie), interprétée par Jeanne Moreau dans le film Jules et Jim, ainsi que de J'ai la mémoire qui flanche, également interprétée par Jeanne Moreau. Ses chansons ont été signées « Cyrus Bassiak »[alpha 2].


Biographie



Jeunesse


Serge Rezvani naît le à Téhéran (dans l'Empire perse[alpha 3]), sous le nom de Boris Rezvani[alpha 4],[alpha 5] (en persan : سیروس رضوانی) : son père Medjid-Khan Rezvani est persan (né à Ispahan en 1900, mort en 1962) et sa mère est une Juive émigrée russe[alpha 6].

Serge Rezvani arrive avec sa mère en France, à l'âge d'1 an. Jusqu'à ses 7 ans, il ne parle que le russe, sa langue maternelle. Cependant sa mère, atteinte d'un cancer, l'envoie dans un pensionnat pour immigrés russes, pour qu'elle puisse être soignée. Serge Rezvani apprend alors le français. Son départ le laisse seul. Il dit :

« Je n'avais rien, ni jouets ni vêtements. Je me suis toujours senti de nulle part, sans attaches matérielles[3]. »

Après la mort en 1938 de sa mère partie à Varsovie, son père, qui est un magicien tout autant que charlatan et diseur de bonne aventure[alpha 7], le récupère — quasiment de force[alpha 8] — en Suisse, où il était caché[4]. Serge mène une enfance tourmentée, qui le conduit dans diverses pensions d'émigrés russes en région parisienne, tenues par des Russes blancs, avec pour seul havre intermittent le foyer de son père, homme à femmes, délaissant sans états d'âme son enfant[5], jusque pendant la Seconde Guerre mondiale. Ayant pris tôt l'habitude de s'évader par le dessin, il s'enfuit à l'âge de 15 ans d'une de ces pensions[alpha 9] et découvre alors la liberté et la précarité dans un Paris occupé (à Montparnasse), pour devenir peintre. C'est là qu'il rencontre Paul Éluard et qu'ils publient ensemble un ouvrage, tiré à seize exemplaires.

Au sortir de la guerre, il est pêcheur sous-marin au cap Lardier à La Croix-Valmer, près de Saint-Tropez.

« J’ai vécu de ça. Je plongeais très profond et ramenais beaucoup de poissons. La presqu’île était encore minée, car les Allemands venaient juste de partir. J’étais très pauvre. Je me suis installé au cap Lardier, un endroit magnifique et très sauvage[6]. »

C'est ainsi qu'il découvre cette région du massif des Maures, où il s'installera quelques années plus tard.

Mais rapidement Serge Rezvani monte à Paris exercer ses talents de peintre. Il fait alors partie des jeunes peintres abstraits de l'après-guerre et va peindre pendant plus de vingt ans, jusqu'en 1967 environ, date où, la peinture ayant perdu pour lui toute signification, il se tourne vers l'écriture.


La rencontre de Lula


En 1950, il rencontre Danièle Adenot[7], la femme de sa vie, qu'il appelle « Lula ». Il a 22 ans, elle 19[alpha 10]. Le père de Danièle est le chef de cabinet du président du Conseil de l'époque, et leur famille descend de George Sand[3]. Serge Rezvani raconte :

« Il ne voulait pas qu'elle soit avec un étranger, un Juif iranien, un bâtard. Elle laissa tout tomber pour venir vivre avec moi. Pendant cinquante ans, on ne s'est jamais quittés, pas une nuit, pas un jour, pas un repas. La seule exception fut quand je fus en chambre de réveil, après une opération à cœur ouvert.
Ce n'était pas une décision volontaire de notre part, nous avions simplement un tel plaisir à être ensemble. Si quelqu'un nous avait dit au début vous serez ensemble pendant cinquante ans, on se serait tout de suite séparés ! Quelle condamnation ! Mais bien sûr, ce ne fut pas assez. »

Il ajoute : « Quand elle arriva dans ma vie, ce fut immédiat et pour toujours. » Lula prendra place au centre de son travail artistique et sera le sujet de plusieurs de ses romans. Avant de faire sa connaissance, il avait été marié très peu de temps à Évelyne Lanzmann, comédienne, sœur de Claude et Jacques Lanzmann.


Une vie à La Béate


En 1952, Danièle et lui se marient. Ils quittent Paris pour le Midi de la France, à La Garde-Freinet. Le couple vit alors dans une modeste maison du XIXe siècle sans eau ni électricité, enfouie dans la végétation du massif des Maures, juste à la sortie de La Garde-Freinet, et portant le nom de La Béate. « C'était un peu plus grand qu'une cabane, un peu plus petit qu'une villa. » Ils l'adorent, la louent.

Le propriétaire, gentil, la vend au jeune couple pour un prix modique, payable quand ils le peuvent. Et c'est ainsi que leur vie merveilleuse s'enracine.

Là, Rezvani commence à écrire, peint quand ils ont besoin d'argent, compose des chansons pour distraire Lula (elle peint et écrit également). Cette maison devient le centre de leur monde. Le couple est étonnant, ils sont tous deux vêtus de blanc.

« En 1960, le village de la Garde-Freinet, sans agents immobiliers ni vacanciers, était très pauvre. Je pense que nous avons eu la première voiture. Il y avait des chevaux à l'abreuvoir, et même des bœufs. Les villageois sont restés comme ils étaient, des gens réservés des montagnes, pas démonstratifs comme sur la côte. Notre amitié est sérieuse et profonde. »

Après l'avoir longtemps désiré, Danièle et Serge trouvent également leur pied-à-terre idéal à Venise, où ils viennent se ressourcer durant la saison morte, six mois par an[6]. Ils y renouent avec une vie sociale plus large, et Serge y écrit beaucoup. C'est ainsi qu'ils partagent leurs « années-lumière » entre La Béate et Venise.

Ils vivent durant quarante années dans leur maison du massif des Maures[alpha 11]. En 2000, Serge Rezvani raconte ces décennies passées à La Béate dans Le Roman d'une maison, illustré de photos du couple heureux. « La mort ne pourra jamais nous détruire, ça ne pourra jamais effacer une telle perfection sereine », écrit-il.

La Béate est finalement détruite dans un incendie de forêt dans les années 2000.


La maladie de Lula


Dans les années 1990-2000, Rezvani accompagne au quotidien sa femme Lula, atteinte de la maladie d'Alzheimer[8]. En 1999, il se remet à la peinture, également à la photographie et aux collages, et présente l'exposition Femme donna[9] à Venise. Il reprend l'écriture de chansons auprès de Mona Heftre, après tant d'années passées loin de ses chansons. Ces activités l'aident à supporter son l'impuissance face à cette terrible maladie, qui éloigne l'être aimé inéluctablement chaque jour.

En 2002, le diagnostic tant redouté[alpha 12] tombe. Il vit cloîtré auprès d’elle, transformant La Béate  devenue la « maison de la Belle au bois dormant »  en hôpital et faisant construire une maison de gardien[alpha 13] à côté de celle-ci pour héberger les aides-soignants qui assistent Lula durant les mois ultimes. Les dernières années, il passe la semaine à Paris, afin de gagner suffisamment d'argent pour rémunérer le personnel. En 2003, il publie un livre en hommage à sa femme, L'Éclipse, dans lequel il parle de la maladie dont elle a été atteinte.

Après la mort de Lula en , au bout de dix années très difficiles, il songe à se suicider.

Il confie ses pensées dans un livre, Ultime Amour[10] :

« Ce que nous avons vécu ensemble était si fort que si elle était morte subitement je me serais suicidé. Mais pendant plus de dix ans, elle a eu l’extraordinaire élégance de me permettre de m'habituer à son absence. […] J'ai cru ma vie finie, je n'attendais même pas la mort car se figurer sa propre mort, c'est se situer encore dans la vie. »


Depuis 2005


Mi-2005, il rencontre l'actrice Marie-José Nat, veuve de Michel Drach. Les deux couples se connaissaient et s'étaient brièvement rencontrés dans les années 1960. Serge et Marie-José se marient le , en ayant conscience  comme ils le disent eux-mêmes  qu'il ne leur reste plus que quelques années à vivre. Ainsi que le rappelle Serge :

« Je suis amputé. Je ne refais pas ma vie, je la continue autrement… »

Serge Rezvani et Marie-José Nat vivent ensemble à Bonifacio[alpha 14].

Le , sa dernière épouse meurt des suites d'un cancer, à l'âge de 79 ans.


Les différentes facettes de l'artiste


Serge Rezvani aime à se décrire comme ayant « plusieurs arcs à sa flèche », signifiant par là qu'il poursuit toujours le même but, mais en utilisant différents moyens d'expression pour traduire un même sentiment, sous des angles différents.


La peinture



Son parcours de peintre

Il s'initie au dessin et à la peinture à l'académie de la Grande-Chaumière à Montparnasse, et commence dans l’atelier d’Othon Friesz jusqu’en 1946.

« Je voulais vivre la peinture – car peindre c’était avant tout pour moi une façon de vivre – et non pas produire des tableaux. Je ne gardais rien de ce qui sortait de mes mains ; les dessins tombaient à terre, sans que je me donne le peine de les ramasser ; pendant des mois, je peignais sur la même toile que je grattais lorsque la couche en devenait trop épaisse. J’aimais l’acte de peindre, j’aimais la vie qu’imposait l’acte de peindre, j’aimais l’extraordinaire tension qui me mettait en quelque sorte hors de moi lorsque, debout devant la toile, je n’étais plus moi mais ce qui se faisait sur la toile.

L’acte de peindre est, avant tout, une prise de position sensuelle de l’univers ; une sorte d’identification se produit entre vous et ce que vous cherchez à capturer par l’action de peindre. Le peintre se travestit sensuellement en ce qu’il peint. Il devient femme, pomme, fleur, lumière, je ne connais pas de communion plus complète – à part la fusion de l’amour. Peindre c’est aimer. J’aimais, oui, j’étais rempli d’amour pour tout ce que je voyais, pour tout ce que je touchais, je vivais dans une buée d’amour… et en même temps je me tenais à l’écart, parlant peu, ne mangeant presque rien, vivant d’aumônes et de petits vols, posant de temps en temps nu à l’atelier de croquis, au rez-de-chaussée de la Grande-Chaumière. Je survivais grâce aux uns et aux autres... » (Serge Rezvani, Le testament amoureux, Stock collection Points, 1981, p. 97–98)

En 1946, il réalise avec Paul Éluard un beau livre, Elle se fit élever un palais[alpha 15], qui le fait sortir de l'anonymat. Le texte de Paul Éluard est constitué du poème éponyme (tiré de la Rose publique), et Serge Rezvani l'orne de gravures (faites sur le bois de caisses à savon qui servent de poubelles dans les rues de Nice, où il lui arrive de séjourner), et agrémente chaque exemplaire de vignettes originales[11]. Il a alors 18 ans, et n'a pas le sou. Il raconte : « Ne pouvant plus peindre faute de toiles et de couleurs, la nuit j'allais voler des poubelles, à l'époque de simples caisses de bois. Me servant des planches brutes, je gravais des profils de femme. Ensuite, en les encrant, je tirais sur une feuille de papier ces silhouettes de chair en réserve, dont la blancheur nue naissait des nœuds, veines, striures du bois vivant par le tremblé d'une richesse de dentelle de Chine. Paul Éluard vit par hasard les premiers tirages de ces gravures chez Monny de Boully. Il voulut me rencontrer. Ces profils de femmes verticales coïncidaient avec un rêve qu'il avait célébré par un poème. Pendant six mois je tirai chez Mourlot les planches de ce livre (...) j'allais souvent chez Éluard pour lui montrer les planches au fur et à mesure que je les tirais. Avant même que je ne sorte les gravures, il me faisait asseoir à table et m'apportait du pain et du fromage. Je mourais de faim, il le savait. »

Ce livre avec Paul Éluard l'aide à exposer ses premières toiles. Serge Rezvani commence sa carrière en partageant un atelier avec Pierre Dmitrienko et Jacques Lanzmann (le frère de sa première épouse). À partir de 1947, il participe aux expositions du groupe « Les Mains éblouies » à la Galerie Maeght (d'Aimé Maeght) avec, outre Dmitrienko et Lanzmann, Jean Signovert. Il travaille ensuite avec Raymond Mason, qui tiendra une place importante dans son évolution artistique (ils partagent alors un atelier avec Jacques Lanzmann).

Serge Rezvani signe également 80 dessins dans le beau livre de son père Medjid-K. Rezvani, Les coussinets de la princesse, ou le jeu des tomates par l’image (Paris, chez l’auteur, 1950)[alpha 16].

Dès les années 1950, Serge Rezvani acquiert une notoriété avec ses tableaux abstraits. Il est exposé par la galerie Berggrüen (Paris, 1953) et par Lucien Durand, chez qui il côtoie les peintres de sa génération, tels que Dmitrienko et Arnal. Plus tard, la Hannover Gallery de Londres exposera également ses œuvres.

L'église Saint-Nicolas de Oye-et-Pallet, dont Serge Rezvani a dessiné les vitraux.
L'église Saint-Nicolas de Oye-et-Pallet, dont Serge Rezvani a dessiné les vitraux.

Autour de 1956, pendant une période assez courte, Serge Rezvani dessine également quelques vitraux. À cette époque il est sans argent, et des prêtres dominicains, qui admiraient sa peinture, lui proposent de réaliser des vitraux.

Ainsi, en 1956, Serge Rezvani réalise les 150 m2 de vitraux en dalles de verre de couleurs de l'église moderne Sainte-Anne de Saint-Nazaire[12],[13]. Ce sont les ouvriers du chantier qui ont eux-mêmes financé le projet et qui ont demandé à Serge Rezvani de composer le carton des vitraux, qui sont faits d'épaisses dalles de verre coloré, prises dans du ciment. Puis il dessine les vitraux classiques (verre et plomb) de l'église Saint-Nicolas à Oye-et-Pallet (Doubs), exécutés par le jeune maître verrier Paul Virilio (qui deviendra plus tard philosophe)[alpha 17], et de la chapelle de la Clarté-Dieu à Orsay dont les maîtres verriers sont Henri Déchanet et Paul Virilio.

À la fin des années 1960, il se fait construire un atelier pour peindre chez lui, à La Béate. Peu de temps après, s'apercevant qu'il peint les cancers de sa mère, et en voyant certains de ses amis peintres, tels Nicolas de Staël et Serge Poliakoff souffrir de la pression commerciale, ainsi que par crainte de devenir un professionnel du métier, en 1967, il décide d'abandonner la peinture, et se remet à pêcher en apnée à Saint-Tropez. « Quand ma peinture a commencé à se vendre, j’ai arrêté. Je ne suis pas parvenu à être le marchand de mes tableaux, un rôle qui induit d’avoir un certain type de relation avec le monde. Ce dont je suis incapable. C’est trop douloureux. Alors, j’ai commencé à écrire : des chansons, des romans, des pièces de théâtre. Cela dit, quand j’ai terminé un livre et que je ne peux plus écrire, je reprends parfois mes pinceaux pour réaliser de grandes séries. Mais je ne considère pas ce travail comme de la peinture. Il s’agit plutôt d’images très représentatives, très littéraires, par certains côtés. »[6]


Style

Les tableaux de Serge Rezvani se divisent en périodes très différentes.

Toutes les séries de tableaux de Serge Rezvani vont par vingt tableaux, jusqu’à épuisement des thèmes. Ces toiles varient dans de très grands formats pour la plupart, m x 3,5 m par exemple pour Les horreurs de la guerre électronique, puis celles des Marines (dites aussi Plages).


Expositions

Depuis 1946, Serge Rezvani expose dans différentes galeries, et participe à différentes expositions collectives, notamment à Paris (Galerie Maeght en 1950, Arnaud, Durand, Musée Berggruen)[alpha 18] et à Londres (Hanover Gallery). Il expose en 1955 à la galerie Kléber, mais aussi à Lausanne, Stockholm ou New York, etc.

Plusieurs grandes expositions de séries de tableaux marquent sa carrière de peintre :

Les tableaux de Serge Rezvani reflètent, comme il le dit, « soixante-dix ans de "peinture-recherche", plus que de production de choses à vendre ou à accrocher ». Cela explique le fait que la plupart de ses toiles n’ont jamais été exposées.


La chanson



Des chansons pour les intimes

À la fin des années 1950, Serge Rezvani, alors peintre, se met à composer ses premières chansons, destinées à amuser sa femme, sur une guitare offerte par Francesca Solleville[17]. « J'avais envie de musique. Je jouais très mal de la guitare et j'étais incapable de chanter les chansons des autres. Poussé par cette incapacité, j'ai trouvé trois-quatre accords et les mots sont venus. Mon grand ami Jean-Louis Richard, le mari de Jeanne Moreau, a adoré la première chanson, il l'a apprise, s'est amusé à la chanter. Puis une seconde. Au gré de l'inspiration et sans technique, je me suis aperçu que je tenais une sorte de journal chanté. »

Ces chansons étaient connues de leur seul cercle d'amis : Jean-Louis Richard et Jeanne Moreau, François Truffaut (qu'il rencontre grâce à Jeanne Moreau) et Madeleine Morgenstern, Francesca Solleville, Boris Vian. Mais également Maurice Alezra, Marianne Feld et Jean-Claude Vignes.

Ces chansons sont alors le prétexte à de petites fêtes chez les uns ou les autres : « À l'époque, à la fin des années cinquante, mon meilleur ami s'appelait Jean-Louis Richard, mari de Jeanne Moreau. Nous formions deux couples extrêmement liés, Jeanne et Jean-Louis, ma femme Danièle et moi. Nous étions voisins à la Garde-Freinet, dans le Var, où nous passions de chaleureuses soirées à dîner, chanter, organiser des spectacles... De même à Paris, où l'on se retrouvait une fois par semaine chez les Richard, avec Boris Vian, Francesca Solleville... J'y amenais mes dernières chansons, on mangeait des spaghettis, on jouait aux cartes, avec une double punition infligée au perdant : chanter Jo Le Rouge debout sur la table et faire la vaisselle! (rires) »[18]

« Ces chansons, et la communication qu’à travers elles j’établissais avec les autres, m’apportèrent de grandes joies. Le silence de la peinture étouffait depuis longtemps le peintre. Voilà que le peintre se mettait à chanter tout à coup pour dire ce que sa main ne pouvait peindre. Dans ces chansons je parlais de Danièle, de mon amour pour elle, du bruit meurtrier de la ville, de notre vie, de la mort, de mes peurs et de mes espoirs : elles devinrent en quelque sorte mon journal chanté. Je venais de prendre la parole. »[19]


Un succès inattendu

Un jour, François Truffaut - qui adorait les chansons de Serge[alpha 24] - lui demande s'il peut utiliser une de ses chansons pour le film Jules et Jim qu'il avait alors en préparation[20],[alpha 25]. C'est ainsi que, en 1961, l'une de ses chansons intimistes quitte le cercle de ses amis pour rejoindre le cinéma. On y voit Serge Rezvani accompagnant à la guitare Jeanne Moreau pour la chanson Le Tourbillon (de la vie). « Et [François Truffaut] a souhaité que j’accompagne Jeanne sur trois notes. C’est ce que j’aime dans une chanson : qu’elle reste fragile, comme si elle était inachevée. »[alpha 26] Serge Rezvani avait en fait composé cette chanson sept ans plus tôt pour Jeanne Moreau[21], qui n'avait cessé de se séparer de son compagnon du moment Jean-Louis Richard, meilleur ami de Serge à l'époque. Serge y joue lui-même dans le film un second rôle, celui d'Albert (sous le pseudonyme de Cyrus Bassiak).

Il signe à l'origine ses chansons sous un pseudonyme afin de garder son anonymat, avec l'idée qu'un succès du film l'éclairerait trop. Il dit : « Pour différencier mon activité de compositeur de mon activité de peintre, je me suis camouflé derrière un pseudonyme, « Cyrus » ou « Boris Bassiak ».

Le succès, en quelques mois, du Tourbillon conduit Jeanne Moreau en 1963, sous la houlette de Jacques Canetti, à enregistrer un premier 33 tours de chansons de Rezvani, intitulé 12 chansons de Bassiak (album s'ouvrant par la célèbre chanson J'ai la mémoire qui flanche). Ce disque obtiendra le Grand prix de l'Académie Charles-Cros en 1964. Cette même année 1963, elle enregistre la chanson Embrasse-moi, tirée de la bande originale du film Peau de banane de Marcel Ophüls (cette chanson est également reprise à la même époque par Francesca Solleville, qui enregistre quelques chansons de Rezvani et les interprète sur scène).

Toujours en 1963, Jacques Baratier réalise le film Dragées au poivre en y incluant des chansons de Rezvani.

Peu enclin à entrer dans le métier, Rezvani finit par se rendre à la SACEM pour y passer l'examen d'auteur-compositeur. Ne sachant pas écrire ses musiques, il y est considéré comme « mélodiste » : il devra faire cosigner toutes ses chansons par des compositeurs considérés comme tels... Cela explique les cosignatures mentionnées sur tous les enregistrements pendant plus d'une vingtaine d'années, jusqu'à ce que ses œuvres lui soient enfin attribuées au double titre d'auteur et de compositeur. Et qu'il les assume sous son véritable nom[22].

En 1965, Jean-Luc Godard, en repérage dans le Var pour Pierrot le Fou au volant de sa grosse voiture américaine, entend Jeanne Moreau à la radio, et dit à son assistant qu'il « aimerait avoir une chanson du type qui a écrit ça. » Anna Karina se souvient : « Jean-Luc adorait Le tourbillon. Il savait par Truffaut que Bassiak était un auteur-compositeur terriblement original. » Se trouvant alors juste à une vingtaine de kilomètres de La Béate, Godard et son assistant débarquent à 7 h du matin chez les Rezvani. Serge lui fait écouter les 3 chansons qu'il a sur son magnétophone à ce moment-là[alpha 27], et Godard lui répond simplement « ce sont celles qu'il [me] faut. » Anna Karina en chante deux dans le film (Ma ligne de chance et Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours ô mon amour), et, dans un mouvement d'humeur envers Godard (qui était alors son mari), refuse la troisième, Angora rose.

En 1966, Jeanne Moreau reprend notamment cette chanson sur son second album 12 nouvelles chansons de Bassiak, qui obtient le prix de l'Académie Charles-Cros. Trois titres restés inédits en 1966 lors de cet enregistrement (Fille de personne, La Fermeture glissière et Minuit Orly) seront édités en CD par la suite, tandis que d'autres n'ont toujours pas été publiés à ce jour[21]).

Les chansons de Rezvani contribuèrent à faire de Jules et Jim et Pierrot le fou des films culte de la Nouvelle Vague. Et Serge Rezvani devient dorénavant, bien malgré lui (sous le pseudonyme de Boris Bassiak), l'un des compositeurs associés à ce courant du cinéma français.

Sa carrière de discret auteur à succès couvre ainsi juste quelques années, de 1961 à 1966 : car moins de cinq ans après le succès du Tourbillon, et alors que les plus grands studios de cinéma américains lui proposent de venir travailler à Hollywood - en contrepartie d'une rémunération conséquente -, et qu'on lui demande à la même période d'écrire pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot ou Serge Reggiani (dont Jacques Canetti veut faire un chanteur[17]), Serge Rezvani décide de raccrocher sa guitare.


Leur rôle de passage à l'écrit

Ces chansons amènent surtout le peintre vers l'écrit. En 1965, Rezvani part de sa chanson J'ai la mémoire qui flanche pour écrire sa première pièce de théâtre, Les immobiles, dans laquelle un vieil homme dont la mémoire fuit s'efforce de retrouver son passé en écrivant quelques couplets (en 2010, cette pièce n'a encore jamais été jouée[17]). Avec Les immobiles, il approfondit une nouvelle forme d'écriture. Il dit : « J'ai toujours eu la nostalgie de l'écriture. [...] Je suis arrivé à écrire par les chansons et j'ai éprouvé le sentiment d'une grande délivrance le jour où, grâce à elles, j'ai trouvé la voie. J'ai écrit mes premiers livres comme j'écrivais mes chansons. J'emploie des moyens différents mais tout ce que je fais est un ensemble. »[17]

En outre, ces quelques succès lui assureront dorénavant une relative liberté financière, qui l'aidera particulièrement à certaines périodes difficiles de sa vie[23].

En 1968, l'actrice Vanessa Redgrave enregistre dix belles versions de chansons de Rezvani, en version anglaise (adaptations anglaises de Julian More, et sur des arrangements et direction d'orchestre de Antoine Duhamel), pour le film inachevé Red and Blue de Tony Richardson.

En 1976, Jean Arnulf reprend également les chansons de Serge Rezvani dans un album intitulé Jean Arnulf Chante Rezvani.

Les chansons de Serge Rezvani ne seront plus interprétées pendant plus de vingt ans.

En 1994 paraît le CD Notre folle jeunesse (Deyrolle éditeur), sur lequel il chante dix-sept de ses chansons en s'accompagnant à la guitare. C'est la première fois que l'on peut entendre Serge Rezvani interpréter ses chansons. Mais ce coffret à petit tirage, passé quasi inaperçu, a fini dans les bacs des soldeurs.


La redécouverte

À la fin des années 1990, Mona Heftre, comédienne qui s'illustra dans la troupe du Magic Circus de Jérôme Savary, découvre les deux chansons de Cyrus Bassiak dans Pierrot le fou, puis leur véritable auteur, et plonge alors avec passion dans ses romans. Elle décide de reprendre le riche répertoire de Serge Rezvani : « Je veux, dit-elle, porter partout ces chansons d'amour graves, tendres, légères et drôles parfois. Je me sens enfin capable de les interpréter vraiment. Il faut avoir vécu pour chanter Rezvani, et j'ai vécu... des joies, des malheurs, des espoirs. » En 1999, elle crée le tour de chant Tantôt rouge tantôt bleu (avec des airs inédits dénichés dans ses pièces de théâtre[24]) au Sentier des Halles à Paris.
Puis Mona fait la connaissance de Serge Rezvani. Il lui chante des airs oubliés qui lui reviennent en mémoire après des années d'amnésie volontaire[24]. Elle enregistre un premier album de ses chansons intitulé Tantôt rouge, tantôt bleu (Actes Sud, livre-disque contenant les paroles de 72 chansons de Rezvani), avec la complicité du pianiste Gérard Daguerre (accompagnateur notamment de Barbara). Ce disque obtient le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros et de l'Adami. Puis Mona interprète les chansons de Rezvani au TNP (salle Gémier), à l'Opéra-Comique, au Théâtre du Renard (Les années Lula, 2003).

Mona enregistre alors un deuxième album en studio qui aurait dû voir le jour, mais à la suite de problèmes d'héritage avec son producteur, ce sera finalement un album enregistré en public, Embrasse-moi, qui sortira en 2004.

Mona Heftre demanda à Serge Rezvani de nouvelles chansons. Celui-ci, touché par son interprétation, lui suggéra de puiser dans ses pièces de théâtre, où il les a « mises à l'abri », en particulier dans la pièce intitulée Le Cerveau[17]. Puis il finit par se prendre au jeu, et consacra une année à ces seules nouvelles chansons pour Mona Heftre[25]. En ayant l'idée toutefois qu'il ne retrouverait « ni la grâce, ni l'inconscience d'autrefois... J'avais oublié les accords, dit-il, je ne touchais plus ma guitare depuis près d'une vingtaine d'années. Et j'ai réalisé que ça fonctionnait. Plusieurs d'entre elles vont peut-être plus loin que certaines des années 1960. Entre-temps, je me suis imprégné d'écriture et de vie... Alors que Lula était irrémédiablement malade, ces chansons m'ont peut-être sauvé la vie. »

À l'initiative de Bertrand Py (travaillant pour le compte des Éditions Actes Sud), Serge Rezvani entreprend d'enregistrer l'intégrale de ses chansons. À l'occasion de la parution du premier des six CD, il s'aventure sur scène pour accompagner l'événement à Arles et aux théâtre des Bouffes-du-Nord à Paris. Puis à Venise et à La Garde-Freinet durant l'été 2005[26], après le décès de Lula, comme une sorte d'adieu à des lieux chéris. Puis en automne 2005 au Théâtre Ouvert de Lucien Attoun à Paris, par affection pour le couple-maître des lieux. Ces cinq concerts lui donnent le goût de poursuivre lorsqu'il rencontre la professionnelle (Gladys Gabison) à même de concilier la scène et les périodes consacrées à l'écriture. « Je ne me vois pas partir en tournée, dit-il, mais l'idée d'aller ponctuellement dans des lieux différents me plaît bien. Alors que je me suis présenté sur scène, assis, un peu comme si j'étais chez moi, un peu en amateur, feuilletant mon cahier de chansons - je ne les connais pas par cœur et ne peux peut-être pas les apprendre -, je réfléchis avec mon guitariste (Amaury Canovas-Filliard) sur la façon de changer un peu les choses. En travaillant davantage la guitare pour chanter debout. »

Fin 2005, parait le livre-CD Quand tombe la nuit, une comptine pour enfants racontée, dessinée et chantée par Serge Rezvani, avec notamment la participation de Mona Heftre.

En 2007, Helena Noguerra reprend certaines de ses chansons dans l'album Fraise-vanille, dont certains titres sont diffusés à la radio.


Le théâtre


En 1965, Serge Rezvani écrit ses premières pièces de théâtre, L'Immobile et Le Rémora, qui sont mises en scène par Michel Berto au Petit Odéon. Dès lors, il alterne romans et récits autobiographiques, et peint (Les Horreurs de la guerre électronique en 1970, ou Les Grandes Marines en 1975).

Son théâtre est de plus en plus remarqué. À la fin des années 1960, Serge Rezvani est contacté par le premier ministre iranien de l'époque, qui lui propose de lui acheter des toiles et de mettre à sa disposition un atelier immense[27]. Cela intrigue Serge Rezvani, qui commence alors à faire des recherches, à rencontrer des opposants au régime du Shah d'Iran (notamment d'autres expatriés iraniens), à rassembler des informations pendant des mois. Il s'aperçoit qu'il s'y passe des choses atroces, dont aucun média ne parle.

Cela le conduit à publier des articles dans le journal le Monde[28]. Puis à écrire la pièce de théâtre Le Camp du drap d'or, sous la forme d'une satire politique critiquant les célébrations de Persépolis du Shah d'Iran, et stigmatisant la complaisance des pays occidentaux à l'égard de ce sanglant régime (l'une de ses chansons traite également de ce sujet[17]). « Je ne me suis jamais senti Iranien. Si je me suis engagé, c’est malgré moi, pour des raisons humanitaires. Il fallait sauver des vies. »[6] Cet engagement lui vaudra de figurer sur la liste noire des condamnés à mort de la Savak, la police politique d'Iran[17]. Serge Rezvani propose sa pièce à Lucien Attoun, qui créait alors son Théâtre Ouvert. Celui-ci l'accepte, et en fait l'ouverture de sa programmation au Festival d'Avignon de 1971 à la chapelle des Pénitents blancs. La pièce est montée par Jean-Pierre Vincent et Jean Jourdheuil avec la Compagnie Vincent-Jourdheuil (avec notamment Hélène Vincent et Jean Benguigui)[29],[alpha 28].

Par la suite, Serge Rezvani écrit une deuxième pièce sur l'actualité, Capitaine Schelle, capitaine Eçço, qui dénonce tout ce qui se passe autour du pétrole et la violence du capitalisme occidental. Georges Wilson, directeur du Théâtre national populaire de Chaillot, l'accepte. La pièce est mise en scène en 1970 à nouveau par Jean-Pierre Vincent, Jean Jourdheuil et la Compagnie Vincent-Jourdheuil[29], avec notamment Maurice Bénichou (Capitaine Schelle), Gérard Desarthe (Capitaine Eçço), Arlette Chosson (Kouki), Hélène Vincent et Jean Dautremay.

Puis en 1977 est montée La Mante polaire par Jorge Lavelli (avec Maria Casarès dans le rôle-titre et également Nathalie Rheims) au théâtre de la Ville[30].

En 1988-1989, deux courtes pièces, Jusqu'à la prochaine nuit (avec Anna Tatu), suivi de Na (avec Éléonore Hirt[31]), sont créées par Pierre Chabert (1938-2010) à l'Avant-Scène de Marseille. Na est reprise en 1989 au Studio des Champs-Élysées, puis en octobre 1996 dans une mise en scène d'Hervé Taminiaux sur la Scène nationale d'Albi.

Au printemps 1994, La Glycine est présentée par la Comédie-Française dans une mise en scène de Jean Lacornerie au théâtre du Vieux-Colombier (avec Roland Bertin), en même temps qu’une exposition de ses dernières peintures - Repentirs - est présentée à la galerie Weill-Seligmann[32].

À la demande de Jacques Lassalle, Serge Rezvani signe la traduction d’une nouvelle version de Platonov d'Anton Tchekhov, que Jacques Lassalle met en scène à la Comédie Française en .

En 2009, il est président du jury au Festival du cinéma russe à Honfleur.

En 2010, Jean-Michel Guy met en scène Tom Neal et la compagnie théâtrale lilloise La Scabreuse dans la pièce Body (1970).

En , Serge Rezvani devait présenter une nouvelle pièce intitulée On s'est connus, on s'est reconnus, qu'il devait jouer aux côtés de sa femme Marie-José Nat au théâtre Déjazet. La pièce, qui traite d'un couple se retrouvant après 25 ans d'absence, parle sur un ton poétique d'amour et de la nostalgie de la vie[33]. Finalement, au vu de la situation politique en France, et alors que la pièce était quasiment prête, Serge Rezvani décide de ne pas monter celle-ci[alpha 29].


L'écriture


Ses deux premiers écrits, Les Années-lumière (1967), puis Les Années Lula (1968) - deux autobiographies chroniques intimes - lui valent la reconnaissance du milieu littéraire et du public et le consacrent en tant qu'écrivain. Suivent Coma, Les Américanoïaques et La Voie de l'Amérique, trois romans parus en 1970.

Dans Mille aujourd'hui, il « tournoie contre la Babel électronique », puis il continue ses portraits de couples atypiques dans Feu (1973), évoque le couple nomade dans Foukouli (1974), et poursuit son œuvre autobiographique dans Le Portrait ovale (1976), Le Testament amoureux (1981), le journal Les Variations sur les jours et les nuits (1985), J'avais un ami (1987), Les Repentirs du peintre (1993), Le Roman d'une maison (2001), et enfin L'Éclipse (2003), Paru en , son texte, «L’éclipse», qui clôt le cycle autobiographique de son œuvre par le récit de la maladie d’Alzheimer dont souffre sa femme. Paraissent également Les Canards du doute (1979), La Table d'asphalte (1980), La Loi humaine (1983) et Le Huitième Fléau (1989).

Il publie de nombreux romans, dans lesquels il semble poursuivre une véritable poétique du désastre, La Traversée des monts Noirs (1992), La Cité Potemkine (1999) ou encore L'Origine du monde (2000, éditions Acte Sud).

En 2004 il publie un recueil de nouvelles drolatiques intitulé Les Voluptés de la déveine, qui prend pour héros l’un des personnages de son roman L’origine du monde, l’inénarrable commissaire Quevedo flanqué de son chien doué de parole, M. Bull.

Il écrit aussi de la poésie, avec Double Stance des amants (1995), Élégies à Lula (1999), et des essais comme La Folie Tintoretto (1994), ou La Femme dérobée (2005).

En , il publie Ultime amour[34], ainsi intitulé « car la vie, pour moi, n’a été et n’est qu’Amour jusqu’à la Fin », dans lequel il parle ouvertement des personnes ayant très largement profité de lui pendant la maladie d’Alzheimer de Lula, en usant de sa faiblesse et ses souffrances pour escroquer littéralement le couple en détresse. Il évoque ensuite la paix retrouvée grâce à la rencontre de Marie-José Nat. Serge Rezvani annonce que cet ouvrage est son ultime livre[35], « point final à la longue exploration de la première personne du singulier ».

Serge Rezvani aura consacré l'essentiel de son temps au roman et au théâtre, en renouant de temps en temps avec la peinture et la chanson.


Œuvre



Bibliographie



Romans, récits et œuvres autobiographiques


Théâtre


Essais

Participation à l'ouvrage collectif :

Il publia de nombreux livres et articles sur l'histoire de l'art, ainsi que sur le théâtre.


Poésie


Traductions


Beaux livres


Discographie



Par lui-même (sous le nom de Rezvani)

À l'initiative de Bertrand Py, Serge Rezvani a enregistré une Intégrale de ses chansons en 6 CD chez Actes Sud (2004-2008), accompagné par Amaury Canovas-Filliard à la guitare, et illustrées de ses peintures. Voici le texte de présentation du distributeur Naïve à la sortie du premier volume :

« Cette intégrale des chansons de Rezvani paraîtra sous la forme de six CD (chaque CD sera accompagné d’un livret reproduisant les paroles) dont les sorties s’étaleront entre 2004 et 2006. L’intention de ce projet est de les donner à entendre telles que Rezvani les a conçues et les chantait pour ses proches, avec modestie, verve, gaieté, passion. Son interprétation est légère, sans effets artistiques, elle focalise l’écoute sur la pertinence des textes, leur drôlerie ou leur sagacité, leurs trouvailles et leur étonnante fluidité. On comprend pourquoi ses chansons, tout à la fois narratives, drolatiques et métaphysiques ont fait l’admiration de Gilles Deleuze, et lui ont valu le grand prix de la poésie de la SACEM, sous l’impulsion (entre autres) d’Étienne Roda-Gil. Le parti pris a été de conserver la spontanéité qui colore leur composition (une voix, une guitare) – Amaury Canovas-Filliard accompagne si bien Rezvani qu’on croirait ce dernier seul devant son micro – et d’assurer à l’enregistrement de parfaites conditions techniques. »

Depuis l'enregistrement de cette Intégrale, Serge Rezvani a écrit quelques autres chansons, notamment la très émouvante Je suis d'un autre monde[37].


Interprétations par d'autres chanteurs

1963 : Jeanne Moreau interprète la chanson Embrasse-moi, tirée de la bande originale du film Peau de banane de Marcel Ophüls

1965 : Anna Karina chante Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours et Ma ligne de chance pour le film Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard (Emarcy-Universal)

2000 : Mona Heftre, Tantôt rouge, tantôt bleu, Le Chant du Monde (Grand Prix de l’académie Charles-Cros et de l'Adami)

2000 : Anna Karina, Une histoire d'amour (Rosebud-Universal), sur lequel figure Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours en duo avec Philippe Katerine

2001 : La chanson L'homme d'amour, interprétée par Jeanne Moreau, figure dans le téléfilm Lisa (Pierre Grimblat)

2003 : Rezvani a également écrit les chansons du film Rien, voilà l'ordre de Jacques Baratier

2004 : Mona Heftre, album Embrasse-moi (enregistrement en concert avec accompagnement piano, contrebasse et accordéon, Le Chant du Monde)

2012 : Z'elle[alpha 30] : album autoproduit Je te plumtoterai[41],[alpha 31].


Reprises du Tourbillon de la vie


Autres interprètes de chansons de Serge Rezvani


Citations



Récompenses


Serge Revzani a reçu les diverses récompenses suivantes :


Annexes



Thèse


Une thèse a été consacrée au théâtre chez Serge Rezvani[50].

Un mémoire lui a également été dévolu: Rezvani, troubadour contemporain: Quel amour a pu rassembler en une seule femme l'épouse et l'amante, et se répandre sur toute une vie? par Nathalie Dinsart, mémoire de licence en sciences de la famille et de la sexualité sous la direction de Nathalie Frogneux, professeur de philosophie, défendu le 29 août 2007 à l'université catholique de Louvain-la-Neuve (Belgique).


Documentaires consacrés à Serge Rezvani



Articles connexes



Liens externes



Notes et références



Notes


  1. « Tel est le néologisme par lequel j'ai toujours essayé de formuler ma rébellion contre le dressage auquel on nous soumet depuis l'enfance : dressage qui consiste à canaliser nos pulsions vitales, et principalement nos pulsions créatrices, dans ces étroites matrices que sont ce que l'on nomme les disciplines. »
  2. « Bassiak » signifie « va-nu-pied » en russe et Cyrus est son prénom de naissance.
  3. L'Empire perse est rebaptisé Iran en 1935.
  4. En iranien, « Rezvani » signifie « issu du paradis » (source: Article Chez les Rezvani, par Denise Dubois-Jallais, magazine Elle, 1977).
  5. Le mot « bassiak » signifie « va-nu-pieds » ou « vagabond » en russe, Boris est son prénom de naissance, et Cyrus est le prénom — également russe — que lui donnait sa mère lorsqu'il était enfant[2].
  6. Sa mère avait dû fuir son pays au moment de la révolution russe.
  7. Son père a  tout comme Serge  exercé plusieurs fonctions. Il a fondé le Théâtre royal à Téhéran lorsqu'il était jeune. Quand il est arrivé en France, il a été décoré de la Légion d'honneur pour ses traductions de Molière du russe au persan. Il a été danseur dans les Ballets russes. Et il était un très grand magicien, qui inventait de la magie.
  8. À la suite de la mort de sa mère, Serge Rezvani devait partir en Israël. Mais son père intente un procès à sa tante, qui devait le récupérer. Sources : émissions À voix nue, France Culture, novembre 2013 ; et For intérieur, France Culture, janvier 2009.
  9. Il était alors pensionnaire à Antony.
  10. Danièle Lula Rezvani est née en 1930.
  11. Ils y ont également hébergé des personnes en détresse : « Nous avons été les hôtes de réfugiés iraniens, chiliens, etc. Nous nous sommes occupés de Régis Debray quand il était emprisonné en Bolivie. » cf. l'interview du Routard 2004.
  12. Car la mère de Lula avait elle aussi succombé à cette maladie
  13. Il vend pour cela leur maison à Venise.
  14. En 2005, il dit à propos de La Béate : « Je ne pourrais plus jamais vivre ici, plus jamais. »
  15. Magnifique in-folio 53x34,5x3 cm, en feuillets sous couverture repliée. Livre rarissime (tiré à 16 exemplaires) en avril 1947, pour le compte de Maeght éditeur, Paris Union Imprimeur.
  16. In-4° toilé avec serrure et livret sur le premier plat. 150/200. Carnet de 128 pages, 80 dessins de Serge Rezvani et supplément de 16 planches de l’auteur.
  17. Le philosophe Paul Virilio a en effet été le verrier de Serge Rezvani du temps de sa jeunesse d’autodidacte.
  18. Serge Rezvani a également travaillé pour la collection présidentielle du Palais de l'Élysée : cf. The New York Times du 23 juin 2005.
  19. Les Plages est une série de vingt tableaux de m x m.
  20. Le centre Pompidou était alors toujours en cours de construction.
  21. Toute sa série de tableaux Les Horreurs de la guerre électronique a été volée par Cuba (cf. son livre Le tourbillon de ma vie, dans lequel il explique comment cela s'est produit).
  22. Du au .
  23. Ces peintures mettent l'accent sur « l'innocence de la Beauté ». « J'ai attendu cinquante ans pour me décider à saisir par la peinture ce moment artistique d'innocence humaine. C'était pour tenter de le dire par delà les mots - ou tout au moins susciter la réflexion sur ce phénomène - puisque impossible à dépeindre » dit-il. « Ces peintures ne sont absolument pas une exaltation du football, mais l'exaltation de l'esthétique que peut la plupart du temps dégager l'innocence. Car les joueurs d'une partie de foot ne savent pas la beauté artistique de leur gestuelle... Quand deux équipes de footballeurs s'entrechoquent en l'air, ou qu'elles quittent le sol et s'élèvent un instant hors pesanteur en désir du ballon, ces deux équipes ne savent pas qu'elles accèdent à une autre dimension qui est poésie pure... » cf. .
  24. « Pour être absolument sincère, j'avoue, en matière de chansons, préférer toujours l'interprétation de l'auteur lui-même. Ma préférence va à Charles Trenet, Boby Lapointe et Bassiak. » François Truffaut (cité dans le livret du CD Notre folle jeunesse, 1994).
  25. François Truffaut - qui aimait beaucoup Serge Rezvani - souhaitait que ce dernier se mette à l'écriture, et espérait que cette chanson devienne un tube afin que cela donne suffisamment de liberté à Serge Rezvani pour pouvoir écrire.
  26. D'ailleurs, à la fin du second refrain (“On s’est connus”), Jeanne Moreau s’est un peu emmêlé les pinceaux dans les paroles (on la voit faire des signes avec les mains, et Serge et elle sourient). Mais François Truffaut a conservé cette prise plutôt qu'une autre pour le film car elle était la plus spontanée, la plus naturelle... La version studio enregistrée plus tard par Jeanne Moreau diffère donc légèrement de la version du film.
  27. Qui étaient alors ses trois dernières chansons récemment composées.
  28. Le Camp du drap d'or sera à nouveau monté en 1979 dans une mise en scène de Guy Rétoré au théâtre de l'Est parisien.
  29. « J'ai écrit une pièce de théâtre pour elle (Marie-José Nat), avec elle, et où j'aimerais mettre en scène la femme d'aujourd'hui qu'elle est. Et donc ce projet était presque abouti, et puis finalement, vu la situation tellement merveilleuse de la politique française - où on s'aperçoit qu'on patauge dans le vomi -, on s'est dit que ce n'était pas le moment de monter une pièce comme celle-là, qui est intimiste, qui est profonde, qui est grave, qui est silencieuse. Et donc dans des moments comme celle-là, je crois qu'il vaut mieux se retirer à la campagne et cultiver son jardin, et c'est ce que nous faisons. » (Interview le 18 novembre 2011 sur France Musique, dans l'émission Musique Matin, par Christophe Bourseiller).
  30. De son vrai nom Danielle Guibert.
  31. Elle a également donné des récitals de chansons de Rezvani en 2010 et 2011 : cf. Z'Elle chante Rezvani.
  32. Synopsis : De serge Rezvani, tout le monde retient deux chansons J'ai la mémoire qui flanche et Le Tourbillon de la vie, interprétées par Jeanne Moreau. Écrites sous le pseudonyme de Bassiak, ces deux œuvres ne doivent pourtant pas éclipser le reste du travail de cet artiste complet. Peintre, mais aussi écrivain, Serge Rezvani a toujours fui la médiatisation pour lui préférer une vie paisible dans le Sud de la France. Ce documentaire a été diffusé sur la chaine de télévision Orange Ciné-Cinémas en 2010.

Références


  1. Rezvani, Serge, Oxford University Press, coll. « Benezit Dictionary of Artists », (DOI 10.1093/benz/9780199773787.article.b00151775, lire en ligne)
  2. D'après son roman autobiographique Les Années lumière, 1967.
  3. Serge Rezvani ou la nostalgie du présent, Lire, par Alexie Lorca, 1er juin 2004.
  4. 'Ouvert la nuit', France Inter, émission du 16 septembre 2011, par Alexandre Héraud et Tania de Montaigne.
  5. Cf. son premier roman autobiographique Les Années lumière, 1967.
  6. Le monde selon Serge Rezvani, propos recueillis par Michel Doussot et Yves Couprie pour Le Routard en 2004.
  7. Serge Rezvani et Michel Martin-Roland, Le tourbillon de ma vie : Entretiens avec Michel Martin-Roland, Paris, Écriture, coll. « Essais et documents », , 250 p. (ISBN 978-2-35905-204-6, présentation en ligne, lire en ligne).
  8. Serge Rezvani : Accompagner sa femme dans les derniers moments de la maladie d’Alzheimer.
  9. Page consacrée à Serge Rezvani sur le site de la Galleria Del Leone.
  10. Serge Rezvani, Ultime Amour, Paris, Les Belles Lettres, , 154 p.
  11. Jean-Charles Gateau, Éluard, Picasso et la peinture (1936-1952), Librairie Droz, 1983.
  12. Histoire de l'église Sainte-Anne de Saint-Nazaire
  13. Les églises de la Reconstruction à Saint-Nazaire, témoignages du renouveau de l'architecture religieuse, par Laurent Delpire, historien de l'Art, Conservateur des Antiquités et Objets d'Art de Loire-Atlantique.
  14. Ultime amour : le nouveau tourbillon de Rezvani.
  15. Catalogue : (it)(fr) Rezvani : femme, donna (préface de Riccardo Held), Actes Sud Beaux Arts, Arles, 17 juin 1999 (ISBN 2-7427-2339-0). Dix-sept silhouettes féminines dans un cadre naturel, dans des gradations de noir et blanc, précédées d'une introduction sur le peintre-écrivain et son œuvre.
  16. Article du Figaro du 05/02/2009
  17. Magazine Chorus no 55, printemps 2006 - Article de Marc Legras consacré à Serge Rezvani
  18. Livret du CD Dragées au poivre (2007).
  19. Texte d'introduction de Serge Rezvani, livret du CD Notre folle jeunesse (Deyrolle, 1994).
  20. Interview de Serge Rezvani.
  21. Interview de Jeanne Moreau par Antoine de Baecque et Ludovic Deperrin dans Libération.
  22. Cf. notamment la préface de Chansons silencieuses (1975).
  23. Les moments littéraires no 15 2006 - Dossier Serge Rezvani par Bertrand Py
  24. Texte d'introduction de Mona Heftre à son album Embrasse-moi (2004).
  25. Texte d'introduction de Serge Rezvani à l'album Embrasse-moi de Mona Heftre (2004).
  26. Évocation de ce concert-hommage sur un blog
  27. L'autre Iran, Le Monde, 24 novembre 1971.
  28. http://www.passion-theatre.org/cgi-bin/pti_lol/spectacle/affiche/fiche.pl?id_planning=6367
  29. « La Mante polaire », sur lesarchivesduspectacle.net (consulté le )
  30. http://www.aartis.fr/artiste.cfm/75098-eleonore-hirt.html
  31. Portrait de Serge Rezvani en 1994 sur FR3.
  32. Nice Matin du 20 avril 2011 : Marie-José Nat : « Je suis fière de mes choix et je n'ai aucun regret »
  33. Aux éditions des Belles Lettres.
  34. Interview le 18 novembre 2011 sur France Musique, dans l'émission Musique Matin, par Christophe Bourseiller.
  35. Description de Venise qui bouge sur le Guide du routard.
  36. Vidéo de Je suis d'un autre monde
  37. http://blogborygmes.free.fr/blog/index.php/2006/06/02/360-serge-rezvani
  38. (en) « Jeanne Moreau - Ou Vas-tu Mathilde » [vidéo], sur Dailymotion (consulté le ).
  39. Disque vinyle Vanessa Redgrave sings songs from Red & Blue.
  40. Rezvani : Le zèle de Z'elle, article de Michel Kemper.
  41. https://www.youtube.com/watch?v=vDg4kW8HHoY
  42. « Etienne DAHO - le tourbillon de la vie - inedit television » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  43. « LE MINIMUM Le tourbillon de la vie » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  44. « La Patère Rose - "Le Tourbillon de la Vie" @ La Flèche d'Or / Nuit Naïve - 29.06.10 (PARIS) » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  45. « Le Tourbillon de la Vie » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  46. https://www.dailymotion.com/video/xjvefa_patrickjean-le-tourbillon-de-la-vie_music
  47. La Dépêche du Midi, « Limogne-en-Quercy. Un premier CD pour Brindille », La Dépêche, (lire en ligne, consulté le ).
  48. Académie française, « Page de Serge Rezvani » (consulté le ) : « 
    2007 Grande médaille de la chanson française
    Ensemble de ses chansons
    médaille de vermeil
    1982 Prix Mottart
    Le Testament amoureux
    5 000 F »
  49. Le théâtre dans l'œuvre de Serge Rezvani: un genre ouvert, par Dalila Chraimi, thèse de doctorat en lettres, sous la direction de Marie-Claude Hubert, soutenue le 24 novembre 1999 à l'université Aix-Marseille 1. Disponible sur le site de l'Atelier National de Reproduction des Thèses (833 pages, (ISBN 9782729537265).
  50. Lien sur le site film-documentaire.fr
  51. Catalogue de la BNF. Ce documentaire a également été diffusé sur la chaine de télévision France 3 Corse en 2011.
  52. Joshua, la trentaine, vient d'apprendre que son dossier a été classé "sous x" : en d'autres termes, l'identité de ses parents reste à ce jour inconnue. Il décide alors de se désigner des parents lui-même et part à la conquête de mère et de père inconnus dans des circonstances assez inhabituelles...

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[en] Serge Rezvani

Serge Rezvani (born Cyrus Rezvani in 1928) is a French painter, engraver, writer[1] (novels, plays), as well as a songwriter-composer-performer (he describes himself as "multidisciplinary"[2]) He is also known by his pseudonym Cyrus Bassiak.
- [fr] Serge Rezvani



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