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Le Pèlerinage à l'île de Cythère est un tableau d'Antoine Watteau, réalisé en 1717, et présenté par le peintre comme morceau de réception à l'Académie royale de peinture[1]. Il est reçu à l'Académie, qui crée spécialement pour lui le genre de la fête galante. Le tableau est aujourd'hui exposé au musée du Louvre.

Pèlerinage à l'île de Cythère
Artiste
Jean Antoine Watteau
Date
1717
Type
Fête galante, scène de genre (en)
Technique
Huile sur toile
Dimensions (H × L)
129 × 194 cm
Mouvement
Rococo
Propriétaire
État français
No d’inventaire
INV 8525
Localisation
Musée du Louvre, Paris (France)
Embarquement pour Cythère
Artiste
Jean Antoine Watteau
Date
1718
Technique
Huile sur toile
Dimensions (H × L)
129 × 194 cm
Localisation
Château de Charlottenburg, Berlin (Allemagne)

En 1718, Watteau en fit lui-même une réplique sensiblement différente, intitulée Embarquement pour Cythère, ayant appartenu à Frédéric II de Prusse et exposée aujourd'hui au Château de Charlottenburg à Berlin.


Le sujet


Dans l'Antiquité, l'île de Cythère, située dans les îles grecques de la mer Égée, abritait un temple dédié à Aphrodite, déesse de l'amour : ses eaux auraient vu naître la déesse. L'île représente donc le symbole des plaisirs amoureux.


Description


Premier plan: Des couples s'apprêtent pour le départ, une statue d'Aphrodite se dresse devant des arbres. Deuxième plan: Suite de la procession. Arrière plan: Le côté gauche est envahi par le bleu de la mer et du ciel et le rose des montagnes lointaines. On y voit plusieurs signes mythologiques :

La touche de peinture est si légère qu'on peut observer de près les dessins préparatoires et les repentirs[2].


Composition


« En peinture, la perspective linéaire perd de son omnipotence. Watteau estompe ses effets. Dans l’Embarquement pour Cythère le regard s'enfonce obliquement dans une brume lumineuse et la distance est suggérée par des plans successifs. La couleur recherche des effets de surface qui font reculer la géométrie et les proportions devant le charme, l'imprévisibilité, le je ne sais quoi. Au début de son Cours de peinture par principes (1708), Roger de Piles écrit : « La véritable peinture est donc celle qui nous appelle (pour ainsi dire) en nous surprenant & ce n'est que par la force de l'effet qu'elle produit, que nous ne pouvons nous empêcher d'en approcher, comme si elle avait quelque chose à nous dire ».
L'évolution depuis la grande querelle entre rubenistes et poussinistes se confirme. De Watteau à Tiepolo ce sont les lignes ondoyantes, les accidents de surface, les méplats qui l'emportent, et avec eux l'asymétrie et le chatoiement des couleurs. La grâce d'un geste, le charme de l'entrevu, la féérie d'un instant qui suspend le temps, l'emportent définitivement sur la majesté des constructions préétablies. Mais l'attaque frontale contre les critères esthétiques hérités de la Renaissance vient de Hogarth qui s'en prend à Dürer et Lomazzo et récuse les calculs mathématiques « qui ont plongé le monde dans la perplexité en créant des divisions artificielles » et en « corrigeant la nature à l'aide de règles, d'équerres et de compas » (Analysis of Beauty). Il met ainsi en question le système des proportions et apparaît comme le théoricien du roccoco le plus fidèle à l'épistémologie empiriste. »

 Michel Baridon, « Les deux grands tournants du siècle des Lumières », Dix-Huitième Siècle, 1999, no 31, p. 20 (lire en ligne)

Watteau a établi un certain équilibre dans le tableau en distribuant avec succès ses éléments.

Il a pu compenser le déséquilibre créé dans son tableau par les lignes verticales des arbres et l'axe de la statue.

Il peint d'une manière rapide, fait des esquisses sans donner de lignes précises ou des masses.

Ses couleurs chaudes (or-rose) sont accompagnées de vert ou de bleu.

Il fait des contrastes et des dégradés de lumière pour représenter les rayons du soleil marquant la fin de la journée.


Interprétation



Départ vers l'île, ou retour ?


On ne peut déterminer par l'analyse picturale si les personnes viennent de débarquer sur l'île ou si au contraire, elles s'apprêtent à la quitter, à regret. Pour l'historien d'art anglais Michael Levey, le tableau représente le départ de l'île, et non pas le départ vers l'île[3]. En effet, plusieurs symboles érotiques laissent penser que l'île est celle de Cythère :

La jeune femme du couple de gauche, au premier plan, se retourne et regarde avec regret le lieu de son bonheur. C'est pourquoi il est possible que l'île soit déjà celle de Cythère et non celle d'un départ vers cette île. Il n'y a pas d'île au loin, ce qui aurait pu lever le doute ; lumière et clarté basse suggèrent la fin de la journée, crédibilisant d'autant l'hypothèse d'un retour. Cela expliquerait également l'aspect mélancolique de la scène quoique la nacelle, en forme de lit, garantisse que l'île une fois quittée, la passion ne s'éteindra pas.


La représentation de la séduction


Pour Auguste Rodin, Watteau a réalisé une représentation des trois étapes successives de la séduction, exprimées selon les principes de la simultanéité médiévale, grâce aux trois couples du premier plan[3]. Le tableau pourrait alors se lire ainsi, de droite à gauche :

Rodin donne du tableau la description suivante :

«  Ce qu'on aperçoit d'abord (...) est un groupe composé d'une jeune femme et de son adorateur. L'homme est revêtu d'une pèlerine d'amour sur laquelle est brodé un cœur percé, gracieux insigne du voyage qu'il voudrait entreprendre. (...) elle lui oppose une indifférence peut-être feinte (...) le bâton du pèlerin et le bréviaire d'amour gisent encore à terre. À gauche du groupe dont je viens de parler est un autre couple. L'amante accepte la main qu'on lui tend pour l'aider à se lever. (...) Plus loin, troisième scène. L'homme prend sa maîtresse par la taille pour l'entraîner. (...) Maintenant les amants descendent sur la grève, et, (...) ils se poussent en riant vers la barque ; les hommes n'ont même plus besoin d'user de prières : ce sont les femmes qui s'accrochent à eux. Enfin les pèlerins font monter leurs amies dans la nacelle qui balance sur l'eau sa chimère dorée, ses festons de fleurs et ses rouges écharpes de soie. Les nautoniers appuyés sur leurs rames sont prêts à s'en servir. Et, déjà portés par la brise, de petits Amours voltigeant guident les voyageurs vers l'île d'azur qui émerge à l'horizon[1]. »

Le tableau ne tend pas à exprimer une réalité sociale, car la volonté de Watteau est avant tout une représentation poétique. Watteau était un poète rêveur. Par exemple, il n'y a pas de volonté d'opposition sociale dans la mise en parallèle des aristocrates et des gens populaires, mais une représentation de l'univers du théâtre, inspirée de la commedia dell'arte.


Télévision


Les secrets de la fête galante. Le pèlerinage à l'île de Cythère d'Alain Jaubert, épisode de la série télé Palettes (1995).


Notes et références



Annexes



Liens externes



На других языках


[de] Einschiffung nach Kythera

Einschiffung nach Kythera (französisch Pèlerinage à l’île de Cythère) ist der Titel dreier Gemälde des französischen Malers Jean-Antoine Watteau. Die älteste und kleinste Fassung entstand 1710 und befindet sich im Städel, Frankfurt am Main. Sieben Jahre später entstand eine weitere Version, die wahrscheinlich die bekannteste ist. Sie befindet sich heute im Louvre in Paris und entstand 1717 als verspätete Arbeit Watteaus zur Aufnahme in die französische Akademie. Die jüngste und größte Fassung, die 1717 oder 1718 entstand, befindet sich im Schloss Charlottenburg, Berlin. Mit diesen sogenannten Fêtes galantes-Gemälden schuf Watteau eine neue Bildtradition, bei denen Rubens und dabei insbesondere dessen Gemälde Liebesgarten das Vorbild waren. Watteau begründete mit ihnen jedoch eine Bildtradition der Darstellung gesellschaftlichen Lebens im Garten, die bis zu den Impressionisten prägend war.

[en] The Embarkation for Cythera

The Embarkation for Cythera ("L'embarquement pour Cythère") is a painting by the French painter Jean-Antoine Watteau. It is also known as Voyage to Cythera and Pilgrimage to the Isle of Cythera.[1] Watteau submitted this work to the Royal Academy of Painting and Sculpture as his reception piece in 1717.[2] The painting is now in the Louvre in Paris. A second version of the work, sometimes called Pilgrimage to Cythera to distinguish it, was painted by Watteau about 1718 or 1719[3] and is in the Charlottenburg Palace, Berlin. These elaborated a much simpler depiction painted by Watteau in 1709 or 1710, which is now in Frankfurt.

[es] Peregrinación a la isla de Citera

Peregrinación a la isla de Citera (en francés, Pèlerinage à l'île de Cythère) es el más célebre de los cuadros del pintor francés Jean-Antoine Watteau, considerado su obra maestra. Está realizado en óleo sobre tela. Mide 129 cm de alto y 194 cm de ancho.
- [fr] Le Pèlerinage à l'île de Cythère

[it] Pellegrinaggio a Citera

Pellegrinaggio a Citera è un'opera del 1717 di Antoine Watteau, saggio di ammissione per l'ingresso all'Accademia reale di Pittura; oggi è custodita al Louvre di Parigi.

[ru] Паломничество на остров Киферу

«Паломничество на остров Киферу» (фр. Le Pèlerinage à l'île de Cythère). Правильное название первой версии картины: «Отплытие с Киферы» (фр. L'embarquement de Cythère); второй версии картины — «Отплытие на Киферу» (фр. L'embarquement pour Cythère)[2] — картина французского живописца периода регентства Антуана Ватто. Первая версия картины (1717) в настоящее время экспонируется в Лувре, вторая (ок. 1718) — во дворце Шарлоттенбург (Берлин).



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