Francesco Solimena (1657 - 1747), dit l'Abbé Ciccio, est un peintre d'histoire et de sujets religieux ainsi qu'un architecte de l'école napolitaine de la période baroque. C'est une des grandes figures du développement des styles baroque et rococo qui fut reconnu internationalement comme un des plus fameux artistes de son époque.
Saint Gaétan apaisant l'ange divin, Naples, basilique San Paolo Maggiore.Portrait de Charles III de Habsbourg (vers 1707), musée Capodimonte de Naples.
Biographie
Francesco Solimena est né le à Canale di Serino dans la région d'Avellino en Campanie. Son père Angelo Solimena (-1716) dirigeait un atelier de peinture dans cette région, dans l'entourage de Francesco Guarino[1].
Angelo voulait orienter Francesco vers l'étude des lettres, contre le goût de ce dernier. Mais le cardinal Orsini (futur pape Benoît XIII) l'en dissuada et Francesco devint ainsi apprenti dans l'atelier de son père, en 1672-1673, puis exécuta avec lui la fresque du Paradis de la cathédrale de Nocera Inferiore et une Vision de saint Cyrille d'Alexandrie à l'église San Domenico de Solofra, vers 1675-1680.
En 1674, il se rend à Naples pour étudier chez Francesco di Maria. Il se rapproche à ce moment du style que Giovanni Lanfranco développe dans les fresques de la chapelle Sainte-Anne de l'église du Gesù Nuovo de Naples (1677), et aussi des travaux de Luca Giordano et Mattia Preti dont il retint la leçon d'ombrage par des bruns chauds. Francesco monte alors son atelier à Naples et y réalise de nombreuses fresques, des retables des sujets mythologiques, des célébrations de mariage et d’événements de cour, caractéristiques par leur aspect dramatique, ainsi que des portraits.
Sa première grande commande, au début des années 1690, est la décoration intégrale de la sacristie de la basilique de San Paolo Maggiore, l'un des principaux sanctuaires de Naples et maison de l'ordre des Théatins, où sont conservées les reliques de son fondateur, saint Gaétan de Thiene. Cette réalisation prestigieuse fait de Solimena le nouveau grand peintre de Naples: il obtient, à partir de cette époque, les plus importantes commandes pour la décoration des grands édifices religieux de la cité succédant à Luca Giordano comme chef de file de la peinture napolitaine. Ainsi, Solimena est choisi pour peindre la contre-façade de l'église du Gesù Nuovo, où il représente Héliodore chassé du temple, une grande fresque qui constitue l'un de ses principaux chefs-d'œuvre. D'autres décors majeurs sont la sacristie de San Domenico Maggiore, la chapelle de Saint Philippe Neri aux Girolamini et la voûte de église San Nicola alla Carità(it).
À la fin des années 1690 et dans la première moitié du XVIIIesiècle, son atelier devint pratiquement une académie qui occupe le cœur de la vie culturelle napolitaine. De nombreuses toiles en sortent pour décorer les édifices religieux de la ville.
Selon le Dictionnaire Bénézit (1924), il se serait rendu à Madrid en 1702 à la demande de Philippe V d'Espagne pour y réaliser différentes œuvres au palais royal, mais les autres sources ne mentionnent pas cet épisode de sa vie. Toujours est-il que son influence est flagrante chez des peintres comme Francisco Goya qui travaillait à la cour d'Espagne à cette période.
Dans sa dernière période, il reprend les expériences lumineuses de sa jeunesse, comme on peut le voir dans le groupe de toiles pour Charles III de Bourbon, conservées aujourd'hui au palais royal de Caserte et au musée Capodimonte[1].
Le succès de Francesco Solimena fut considérable et il travailla pour de grandes cours européennes (dont celle de Louis XIV et celle de Vienne). Cela lui permit de vivre très confortablement en accumulant une fortune considérable et il fut même nommé baron. En dépit de son succès et à l'instar de son père Angelo, il ne souhaitait pas que son fils Orazio se consacre à la peinture et il le destinait à devenir juriste. Celui-ci reçut un doctorat de droit dominicain, mais se consacra finalement à la peinture tout comme son père l'avait fait.
Francesco Solimena est resté actif jusqu'à la fin de ses jours et meurt à l'âge de 89 ans à Barra, le , où il est inhumé à l'église Saint-Dominique.
Analyse de l'œuvre
La composition de ses tableaux est souvent soulignée par des éléments architecturaux (marches, arches, balustrades, colonnes) qui concentrent l'attention sur les personnages, de même que le jeu d'ombres et de lumières des étoffes.
Les historiens d'art ont pris plaisir à identifier les nombreux modèles qu'il avait imités dans ses compositions. Ses nombreuses études préparatoires mélangent souvent plusieurs techniques telles que des dessins à l'encre et à la plume, de la craie et des lavis d'aquarelle.
Un exemple typique du style de ses jeunes années de maturité est l'Allégorie d'un règne (1690), ouvrage de la collection Strogonov aujourd'hui conservé par le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.
À partir des années 1680, Francesco Solimena s'approprie l'expérience chromatiste de Luca Giordano, élève de José de Ribera, qui avait assimilé les expérimentations picturales les plus diverses de l'Italie de l'époque et permis l'éclosion de la peinture baroque napolitaine. Francesco Solimena sera son héritier, ainsi que ses élèves Corrado Giaquinto et Sebastiano Conca. À partir de 1690, il revient aux exemples du baroque vigoureux et expressif de Mattia Preti et il commencera à Naples, au début du XVIIIesiècle une période artistique majeure: celle du rococo comme épuisement du baroque, mais aussi comme celle de la victoire du siècle des lumières, de la raison et du raisonnable opposée à l'arbitraire, à l'imagination et au luxe effréné. Au début du XVIIIesiècle, il s'oriente vers de vastes compositions solennelles, aux sujets sacrés ou profanes, et aux tons formels et, à partir des années 1730, revient presque à sa fougue juvénile avec une peinture baroque, retrouvant une bouleversante intensité visuelle.
Francesco Solimena a exercé une influence considérable sur les peintres des plus jeunes générations de Naples mais aussi de toute l'Europe centrale. Il a servi d'exemple aux générations naissantes et notamment Jean Honoré Fragonard, Francisco Goya et François Boucher qui s'inspirèrent abondamment de ses œuvres.
Grâce à lui, en un siècle, la peinture est passée à Naples des clairs-obscurs héroïques du Caravage et de Giovanni Battista Caracciolo aux scénographies lumineuses et cette ville a quitté son statut de centre artistique périphérique pour devenir une des capitales européennes de la peinture.
Liste des œuvres
L’Assomption et le Couronnement de la Vierge (1690), Montargis, musée Girodet.
1675-1680, Paradis, fresque, Duomo, Nocera Inferiore, Campanie (en collaboration avec son père Angelo Solimena)
1675-1680, Vision de saint Cyrille d'Alexandrie, Chiesa San Domenico, Solofra (réalisé avec son père Angelo Solimena)
Vers 1684, Chute de Lucifer, Rome, musées du Vatican
Vers 1685, fresques, Naples, église Santa Maria Donnaregina Nuova
Vers 1685, tableaux, Naples, église San Nicola alla Carità(it)
1685-1690, Chute de Simon le Magicien, esquisse pour la fresque de l'église de San Paolo Maggiore à Naples, Le Havre, musée André Malraux
1689-1690, Sainte Trinité avec la Vierge et saint Dominique, fresque, Naples, sacristie de la basilique San Paolo Maggiore
1689-1690, Saint Gaétan apaisant l'ange divin, fresque, Naples, sacristie de la basilique San Paolo Maggiore
1690, Saint François restitue ses habits à son père, Chalon-sur-Saône, Musée Vivant Denon
1690, La Chute de Magus, Naples, basilique San Paolo Maggiore
1690, Allégorie d'un règne, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
1690, L’Assomption et le Couronnement de la Vierge, huile sur toile, Montargis, musée Girodet
1695, Le Christ montre à saint Benoît la diffusion de son ordre, Naples, église Santa Maria Donnalbina
Vers 1695-1700, La Nativité, La Visitation, L'Annonciation aux bergers, Le Songe de Joseph, La Fuite en Égypte, Naples, autels latéraux de l'église Santa Maria Donnalbina
1730, La Sainte Trinité avec la Vierge et saint Dominique, fresque, Naples, sacristie de l'église San Domenico Maggiore
1730, Vierge entourée de saints dominicains, Naples, église San Domenico Maggiore
Vers 1730, Saint Thomas d'Aquin, Naples, église San Domenico Maggiore
1735, Alexandre vainqueur de Darius, Palacio Real de La Granja, San Ildefonso, Ségovie
1737, Allégories pour les Noces de Charles de Bourbon et de Marie-Amélie de Saxe, musée de Capodimonte de Naples
1739-1741, Didon recevant Énée, huile sur toile, 435 × 340 cm[7], musée Capodimonte de Naples
vers 1741, Portrait du prince de Tarsia, Ferdinando Vincenzo Spinelli, en habit de chevalier de l'ordre royal de saint Janvier, huile sur toile, 250 × 168 cm, musée de Capodimonte, Naples[7]
1744, Portrait équestre de Charles II à la bataille de Velletri, Palais de Caserte, Campanie
1747, Vierge du Rosaire, basilique San Michele, Piano di Sorrento, Campanie
Le Massacre des Justiniens à Chios, musée Capodimonte de Naples
La Conversion de saint Paul, Naples, église San Paolo
Emmanuel Bénézit (dir.), Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, Tome troisième L à Z, Éditeur E. Gründ, Paris, 1924
Encyclopædia Universalis, volume 20, Thesaurus Index Polo à Zyriane, Édition Encyclopædia Universalis France, Paris, troisième publication, 1977
Lucio Felici (dir.), Encyclopédie de l'art, Édition Livre de poche, 1991
(it) Bernardo De Dominici, Vite dei Pittori, Scultori, ed Architetti Napolitani (3 volumes), Stamperia del Ricciardi, Naples, 1742
Nicola Spinosa (dir.), Franceso Solimena (1657-1747) e le Arti a Napoli, catalogue raisonné de l'oeuvre peint et dessiné, 2 vol., Rome, Ugo Bozzi Editore, 2018.
Notes et références
Raffaella Bentivoglio Ravasio, «Biographies», dans Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Editions Place des Victoires, (ISBN2-84459-006-3), p.667
Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre: De l’Antiquité au XIXesiècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 360p. (ISBN2-35031-032-9), p.355
Wolfgang Prohaska, Le Kunsthistorisches Museum de Vienne: Peinture, C.H. Beck/Scala Books, , 128p. (ISBN3-406-47459-4, lire en ligne), p.15
Mina Gregori (trad.de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti: La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685p. (ISBN2-84459-006-3), p.607
Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, sous la direction de E. Bénézit - Tome troisième L à Z - Éditeur E. Gründ, Paris, 1924
Encyclopædia Universalis, volume 20, Thesaurus Index Polo à Zyriane - Édition Encyclopædia Universalis France, Paris, troisième publication 1977
Encyclopédie de l'art, sous la direction de Lucio Felici - Édition Livre de poche, 1991
Другой контент может иметь иную лицензию. Перед использованием материалов сайта WikiSort.org внимательно изучите правила лицензирования конкретных элементов наполнения сайта.
2019-2025 WikiSort.org - проект по пересортировке и дополнению контента Википедии