Georges Kars, pseudonyme de Georg Karpeles, ou Jiri Karpeles, dit aussi Georges Karpeles, né le [1],[2], selon d'autres sources 1882[3] à Kralupy (Autriche-Hongrie, aujourd'hui en République tchèque), et mort le [4] à Genève (Suisse), est un peintre tchécoslovaque, principalement actif en France.
Georges Kars
Georges Kars, Autoportrait (1929), Strasbourg, musée d'Art moderne et contemporain.
Georges Kars est né à Kralupy dans la région de Prague, où ses parents, juifs d’origine allemande et négociants en grains, s’étaient établis. Il dessine alors sur ses cahiers de classe, fréquente à la sortie de l'école une galerie de tableaux tenue par un certain Lheman, et ne manque jamais un Salon praguois. Georges Kars suit des cours de peinture chez un jeune peintre avant de partir pour Munich en 1899, où il étudie avec Franz von Stuck et se lie avec Jules Pascin, Rudolf Levy et Paul Klee[5].
Entre 1905 et 1907, il passe par Prague puis s’installe à Madrid, où il rencontre Juan Gris, qui l'influence dans le cubisme, puis il s’imprègne de la peinture de Diego Vélasquez et Francisco de Goya.
Georges Kars, Maurice Utrillo, 1926, huile sur toile, Prague, Pudil Family Foundation.
En 1908, après un séjour à Prague, Kars arrive à Paris, s'installe dans le quartier de Montmartre, fait la connaissance de Suzanne Valadon[6], Maurice Utrillo, André Utter, et retrouve son ami Pascin. Il se lie avec Marc Chagall, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, le critique d'art Maurice Raynal et le peintre-graveur grec Demetrius Galanis. Pendant la Première Guerre mondiale, il réside en Belgique avec Pascin.
Georges Kars. Autoportrait. 1902. Crayons de couleur rouge et bleu sur papier vélin. Musée d'Art Moderne de Fontevraud.Vue de Tossa de Mar.
En 1923, il passe l’été à Ségalas, dans les Hautes-Pyrénées, avec la famille de Suzanne Valadon, dont André Utter.
Georges Kars, Tossa de Mar, huile sur toile, collection particulière.
En 1933 —année où il peint le Portrait de Berthe Weill qui lui a alors consacré plusieurs expositions[7]—, Kars achète une maison à Tossa de Mar près de Barcelone, où il passe trois ans (c'est l'époque où Jacques Guenne le compare à Camille Corot[8]). De retour à Paris, il s'installe au 89, rue Caulaincourt, dans le 18earrondissement.
En 1939, il se réfugie à Lyon où il loge dans un immeuble subventionné par la Croix-Rouge[9] et Katia Granoff expose une série de ses dessins.
En , informé de l'imminence de l'occupation de la zone libre, passant la frontière en même temps que Chana Orloff grâce à l'aide du commissaire de police Louis Duclos[10], il se réfugie en Suisse près de Zurich, chez sa sœur[9]. «Cette âme sensible, évoque Katia Granoff, ne consentit pas, la Libération venue, à passer l'éponge de l'oubli sur tout ce qui s'était passé. Réfugié en Suisse, à bout de nerfs, il ne voulut pas accepter la vie tranquille qui s'offrait à nouveau»[11]: le , Georges Kars se jette du cinquième étage de son hôtel à Genève, la veille de son retour en France.
À la mort de son épouse Nora, son atelier est vendu aux enchères le , à Paris, au palais Galliera. Pierre Lévy et Oscar Ghez achètent un ensemble important d'œuvres de Kars. Katia Granoff défend son œuvre et présente sa première rétrospective.
Contributions bibliophiliques
Oskar Butter(cs), Otakar Flanderka, Lucien Hubert et Štefan Osuský (préface de Paul Valéry, Štefan Osuský, ministre de Tchécoslovaquie à Paris - Commémoration du vingtième anniversaire de son arrivée à Paris et de son activité politique et diplomatique, dessins d'Othon Coubine, Georges Kars et Jan Zrzavý, Société centrale d'impression, Paris, 1937.
Expositions
Expositions personnelles
Affiche d'exposition, 1913.
Georges Kars - Gemälde und Zeichnungen, Galerie Hans Goltz, Munich, octobre-novembre 1913.
Montparnasse déporté - La fin de l'École de Paris, Yad Vashem Museum, Jérusalem, 2006.
Destins brisés, musée de la Résistance, Toulouse, 2010[24].
Modigliani et l'École de Paris, fondation Pierre-Giannada, Martigny, 2013[25].
Dessine-moi une collection, musée d'Art moderne de Troyes, juillet-octobre 2015[26].
Les artistes tchèques pour la Tchécoslovaquie: hommage à un pays inexistant - Centième anniversaire de la création du Conseil national tchécoslovaque, Centre tchèque de Paris, juin-septembre 2016[27].
Ces artistes-pèlerins qui ont quitté la Tchécoslovaquie, château de Litomyšl, juin-juillet 2018[28].
Rendez-vous à Paris - Picasso, Chagall, Modigliani et Cie (1900-1939), Louvre Abou Dabi, septembre-décembre 2019.
Participations non datées: Salon d'automne, Salon des Tuileries, Salon de Grenoble, salons à Genève, Amsterdam, Londres et au Japon.
Réception critique
«Georges Kars faisait des chefs-d'œuvre sans bruit.» - Max Jacob[17]
«Chose rare, vous savez conserver à votre peinture le caractère dépouillé de votre dessin qui est simple et grand.» - Suzanne Valadon, Lettre à Georges Kars[17]
«Voilà un peintre qui sait ce qu'il veut; ce n'est pas si commun. Dans chacune de ses toiles, d'une couleur toujours raffinée et vraie, on trouve un dessinateur savant et sensible. Kars ne peint que lorsqu'il a quelque chose à exprimer; aussi ne montre-t-il jamais une toile indifférente, une toile exécutée en pensant à autre chose. Ses paysages sont fort beaux; mais on devine que, passionné de dessin, l'artiste préfère pourtant la figure,et se réjouit de retracer l'arabesque d'une jambe repliée, le raccourci d'un bras. Félicitons Kars et aussi Mademoiselle Weill.» - François Fosca[12]
«Voici enfin un artiste authentique. Peu connu à cause de sa modestie. Ayant à peine exposé, il se révèle à son heure l'un des mieux doués de sa génération.» - Germain Bazin[13]
«L'œuvre de Kars réclame le recul dans le temps, l'isolement d'un certain silence pour être jugée à sa valeur. C'est un art à la fois ardent et discret, un art qui s'est élaboré sans turbulence mais non sans passion, un art senti autant que pensé. Il n'ignore rien des recherches les plus modernes, mais il préfère tenter la synthèse plutôt qu'appliquer les formules.» - Raymond Cogniat[29]
«La destinée n'a accordé à Georges Kars que des demi-faveurs. C'est le lot des artistes qui sont soucieux avant tout d'une sorte de perfection et d'une très exacte sincérité: ils mènent de fond la découverte de leurs moyens et la découverte d'eux-mêmes. On reconnaîtra plus tard en Georges Kars un des peintres les plus singuliers de l'après-guerre. Au fur et à mesure on prêtera à son œuvre plus de sens. On sera touché d'une inspiration qui transmet la plus précise rigueur. Kars était un dessinateur subtil et pur, épris de la densité et de la logique de la forme aussi bien que de la fermeté et de l'élégance du rythme. Il avait un sentiment des proportions quasi infaillible. Il était un coloriste raffiné. Il y avait du tzigane chez cet artiste musicien qui savait joindre la nonchalance et le rêve à une secrète angoisse. Et c'est le caractère mélodique de ses œuvres qui frappe dans l'exposition de la Galerie des Beau-Arts. Un lyrisme fait de nostalgie, d'ironie, de tendresse et de détachement caractérise le langage très particulier d'un peintre dont l'accent et le ton sont uniques..» - Jacques de Laprade[16]
«Un dessin de sculpteur, par ses rythmes larges, ses volumes amples caressés par la lumière; des couleurs sobres et denses où dominent les bleus et les ocres.» - Gérald Schurr[30]
«Venu à Paris, il y rencontre Juan Gris, puis bientôt le trio Valadon-Utrillo-Utter, plus proche de lui dans sa recherche picturale qui reste fidèle à la réalité la plus immédiate, et dans un souci de retenue qui l'éloigne sensiblement des foyers de la modernité. C'est l'homme des intimités tranquilles, des lumières rares et secrètes. Usant d'une palette retenue, subtile, et dans un souci de rigueur qui la nettoie de tout éclat gratuit, il est particulièrement attiré par la figure humaine et aime la mettre en situation dans les gestes tranquilles de la vie quotidienne.» - Jean-Jacques Lévêque[31].
«De ses contacts avec Juan Gris et Apollinaire, sa peinture fut orientée, sinon marquée, plus forte de cette influence constructive du cubisme. Ses dessins aux lignes continues, simples, dépouillées, soulignent des volumes amples.» - Dictionnaire Bénézit[5]
«Bien qu'influencé par le cubisme qui l'incite à simplifier les formes, Kars reste un réaliste dans ses nus et ses portraits synthétiques.» - Sophie Krebs[32]
Fontevraud-l'Abbaye, musée d'Art moderne, collections nationales Martine et Léon Cligman: ensemble de 81 œuvres sur papier, sur toile ou sur panneau parqueté (8 tableaux)[36],[37].
Raymond Cogniat, Georges Kars, éditions de la Galerie des Beaux-Arts, 1945.
Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1975, vol.1, p.147.
Jean-Jacques Lévêque, Les Années folles, 1918-1939 - Le triomphe de l'art moderne, ACR Édition, 1992, page 262.
Sophie Krebs, Rendez-vous à Paris - Picasso, Chagall, Modigliani et Cie (1900-1939), éditions du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, 2019, pp.180-181.
Florent Fels, Georges Kars, 125 exemplaires numérotés, Éditions Le Triangle, 1930.
Jacques Guenne, «Georges Kars», L'Art vivant, 1942.
Raymond Cogniat, Georges Kars, Éditions Galerie des Beaux-Arts, Paris, 1945.
George Besson, «Georges Kars», Les Lettres françaises, no719, .
Joseph Jolinon, La vie et l'œuvre de Georges Kars, Éditions de l'Imprimerie générale du Sud-Est, 1958. — Le romancier lyonnais publie une courte monographie après la mort de l'artiste.
Claude Robert, commisaire-priseur, catalogue de la vente de l'atelier Georges Kars, Paris, palais Galliera, .
Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, vol.1, Les Éditions de l'Amateur, 1975.
Katia Granoff, Mémoires, Paris, Éditions Chemin de ronde, 1976.
Philippe-Gérard Chabert, Georges Kars, Éditions du Musée d'art moderne de Troyes, 1983.
Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
Jean-Jacques Lévêque, Les Années folles, 1918-1939 - Le triomphe de l'art moderne, ACR Édition, 1992.
Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Paris, Éditions A. Roussard, 1999, p.336.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Jean-Louis Andral et Sophie Krebs, L'École de Paris, 1904-1929 - La part de l'autre, Êditions Paris Musées, 2000.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Sylvie Buisson, Montparnasse déporté, artistes d'Europe, éditions du Musée du Montparnasse, 2005.
Svetlana Reingold, The Desire of Paris, Haifa, Musée Mané Katz, 2012.
Limore Yagil, Au nom de l'art, 1933-1945 - Exils, solidarités et engagements, Fayard, 2015.
(en) Karen L. Carter et Susann Waller, Foreign artists and communities in modern Paris, 1870-1914 - Strangers in Paradise, Ashgaate Publishing, 2015.
Emil Szittya, Le paysage français, Paris, Ars, coll.««Problèmes d'art»», .
Suzanne Valadon, Catalogue de l'exposition Georges Kars à la galerie Weill, Paris, 1931. — Lettre préface.
Limore Yagil, Au nom de l'art 1933-1945: exils, solidarité et engagements, Fayard, 2005 (ISBN9782213680897). — Pour le policier Louis Duclos et Chana Orloff, et Georges Kars, à consulter l'ouvrage p.108-109; à noter que cet ouvrage n'est pas mentionné par Rebecca Benhamou dans son livre publié en 2019.
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