Il est le principal représentant de l’école de Leyde, dite de la «peinture fine» (Fijnschilderei), dont la technique s'apparente à la miniature (enluminure). Formé par Rembrandt, il est si proche du style de son maître que l’on attribue certaines œuvres à un travail commun entre les deux artistes. Les tableaux de Gérard Dou ont la particularité d’être toujours de petit format, dans un style extrêmement minutieux, représentations de scènes souvent surmontées d’un encadrement en forme d’arc en trompe-l'œil.
Biographie
Fils et élève d'un graveur sur verre, il apprit aussi la gravure sur cuivre et la peinture sur verre, avant de devenir en 1628, le premier élève de Rembrandt. Il avait alors quinze ans et Rembrandt seulement vingt-deux.
Après son départ pour Amsterdam en 1631-1632, Rembrandt renonça au fini de ses premières œuvres, adoptant une manière plus libre. Dou, en revanche, poursuivit dans la même veine miniaturiste, puisant souvent dans les couleurs brillantes de la peinture sur verre. Sa technique, proche de l'émail, lui valut une renommée internationale, mais il déclina l'invitation de Charles II qui lui proposait de s'installer en Angleterre. Il préféra rester dans sa ville natale où il fonda l'école des fijnschilders (peintres fins), constituée en guilde à partir de 1648[1], et qui perdurera jusqu'au XIXesiècle[2]. Il préférait peindre sur des panneaux de bois qui offraient une surface plus lisse que la toile, et se servait d’une loupe pour le fini des détails[3].
Dans Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, le Nautilus est décoré de peintures dont des Vernet[pasclair]: «Les diverses écoles des maîtres anciens étaient représentées par une madone de Raphaël, une vierge de Léonard de Vinci, une nymphe du Corrège, une femme du Titien, une adoration de Véronèse, une assomption de Murillo, un portrait d’Holbein, un moine de Vélasquez, un martyr de Ribeira, une kermesse de Rubens, deux paysages flamands de Téniers[Lequel ?] [sic], trois petits tableaux de genre de Gérard Dow, de Metsu, de Paul Potter, deux toiles de Géricault et de Prud'hon, quelques marines de Backuysen et de Vernet.» (chapitre IX)
Dans La Peau de chagrin de Balzac, lorsque le jeune Raphaël de Valentin flâne dans la mystérieuse boutique d'antiquaire, un vieil homme (le propriétaire) surgissant de nulle part lui fait l'effet d'une apparition magique (c'est d'ailleurs lui qui lui remettra la terrible peau de chagrin). Dans cette atmosphère fantastique, le narrateur fait le portrait du vieillard au physique marqué: «Son large front ridé, ses joues blêmes et creuses, la rigueur implacable de ses petits yeux verts dénués de cils et de sourcils, pouvaient faire croire à l'inconnu [Raphaël] que le Peseur d'or de Gérard Dow était sorti de son cadre. Une finesse d'inquisiteur trahie par les sinuosités de ses rides et par les plis circulaires dessinés sur ses tempes, accusait une science profonde des choses de la vie. Il était impossible de tromper cet homme qui semblait avoir le don de surprendre les pensées au fond des cœurs les plus discrets.» On retrouve Dou dans le vaisseau du corsaire de La Femme de trente ans, comme exemple du raffinement: «...un Gérard Dow eclipsait un Drolling...»[8].
Notes et références
Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre: De l’Antiquité au XIXesiècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 589p. (ISBN2-35031-032-9), p.455-459
Erika Langmuir, National Gallery: Le Guide, Flammarion, , 335p. (ISBN2-08-012451-X), p.191-192
Emile Meijer, Les Trésors du Rijksmuseum Amsterdam, Paris, Scala Books, , 160p. (ISBN2-86656-022-1), p.80
Mère de Rembrandt, 1630, Berlin
Mina Gregori (trad.de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti: La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685p. (ISBN2-84459-006-3), p.547
Collection d'autoportraits du Musée des Offices. Gravure dans Museum Florentinum, vol. III de la Serie di ritratti degli eccellenti pittori dipinti di propria mano, 1756, p. 119. (it) Wolfram Prinz (et aut.), «La collezione di autoritratti: Catalogo generale», dans Gallerie degli Uffizi, Gli Uffizi, Florence, Centro Di, (1reéd. 1979), 1211p. (ISBN88-7038-021-1), p.861.
Françoise Pitt-Rivers, Balzac et l’art, Paris, Sté Nelle des Editions du Chêne, , 159p. (ISBN2-85108-799-1), p.100-103
Wolfgang Prohaska, Le Kunsthistorisches Museum de Vienne: Peinture, C.H. Beck/Scala Books, , 128p. (ISBN3-406-47459-4, lire en ligne), p.86
Francesca Baldassari (trad.de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti: La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685p. (ISBN2-84459-006-3), p.643
Willem Martin, Gérard Dou, sa vie et son œuvre: Étude sur la peinture hollandaise et les marchands au dix-septième siècle, Jouve & Cie Éditeur, Paris, 1911
Guillaume Robin, Les Peintres oubliés, du Quattrocento à l'ère moderne, Collection Vision d'Art, Éditions Ovadia, Paris, 2013
(nl) Arnold Houbraken, «Gerrit Dou», dans De groote schouburgh der Nederlantsche konstschilders en schilderessen, 1718 (1976) (lire en ligne), p.2-3
(de) Thieme-Becker, vol. 9 (1913), p. 503-505
(en) Hollstein et al., Dutch & flemish etchings, engravings and woodcuts ca., 1949-2010, vol. 5 (1951), p.267-272
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