Hélène Bertaux, plus connue sous le nom de Madame Léon Bertaux, née Joséphine Charlotte Hélène Pilate à Paris le et morte à Saint-Michel-de-Chavaignes (Sarthe) le , est une sculptrice française et une militante pour les femmes artistes.
Pour l’article ayant un titre homophone, voir Hélène Berthaud.
Hélène Bertaux
Hélène Bertaux travaillant au modèle de la fontaine Herbet, photographiée par Étienne Carjat en 1864, Paris, Bibliothèque nationale de France.
Issue d'un milieu d'artisans modestes, proches des idées saint-simoniennes favorables à l'émancipation des femmes, Hélène Pilate, commence sa formation très tôt aux côtés du compagnon de sa mère, le sculpteur Pierre Hébert. Elle y réalise de nombreuses sculptures de petites dimensions, telles que des pendules, très prisées à cette époque, avant de se tourner vers des œuvres d'une taille plus importante[1]. Par la suite, elle se formera auprès du sculpteur Auguste Dumont.
Mariée à Augustin-François Allélit (nom sous lequel elle expose au Salon de 1849), elle s'en séparera rapidement[2]. Dès 1854, elle signe ses œuvres du nom de «Madame Léon Bertaux», nom de son nouveau compagnon qu'elle ne pourra épouser qu'en 1866[3], après la mort de son premier mari[Notes 1], puisque le divorce était alors interdit.
Médaillée plusieurs fois au Salon, elle y sera déclarée hors concours en 1873. Lors de l'Exposition universelle de 1889, elle est la première sculptrice à recevoir une médaille d'or[4], pour son œuvre Psyché sous l'empire du mystère.
En 1873, elle ouvre un atelier de dessin et de modelage réservé aux femmes et une école de sculpture en 1881. Son but est de développer un enseignement pour les femmes accessibles et peu cher.
En 1896, elle devient la première et l’unique femme membre du jury de sculpture du Salon des artistes français.
Elle a notamment créé une statue du peintre Jean Siméon Chardin pour la façade de l'hôtel de ville de Paris et deux frontons pour le palais du Louvre.
Elle meurt le à Saint-Michel-de-Chavaignes.
Son combat pour la place des femmes dans l'art
Au XIXesiècle, dans le monde de l'art, les femmes sont souvent considérées par les artistes masculins comme des muses inspiratrices et des modèles mais rarement reconnues comme artistes[5], à part quelques exceptions comme Rosa Bonheur ou Marcello, contemporaines d'Hélène Bertaux. À cette époque, l'École des beaux-arts de Paris leur est interdite et les préjugés négatifs quant à leur capacité à produire des œuvres d'art de qualité sont encore profondément ancrés dans la société[6].
Devant les difficultés que rencontrent les femmes qui veulent se destiner à la sculpture, Hélène Bertaux décide alors d'ouvrir un atelier de dessin et de modelage en 1873 à Paris au 233, rue du Faubourg Saint-Honoré. Puis en 1879, elle lance l'édification d'un immeuble d'ateliers pour artistes femmes avenue de Villiers, qui ouvre en 1880.
En , elle crée l'Union des femmes peintres et sculpteurs (UFPS), association reconnue d'utilité publique en 1892, dont elle sera la première présidente jusqu'en 1894. Le but de cette association est de permettre aux femmes françaises et étrangères d'obtenir un véritable statut d'artiste et de créer une solidarité entre elles. Pour cela, elle met en place un salon annuel spécifique, sans jury de sélection, mêlant artistes débutantes et artistes reconnues. Elle en assure la promotion auprès de l'État, de la presse généraliste ou féministe, des hommes politiques et des collectionneurs.
En 1889, Hélène Bertaux va mener un combat de longue haleine pour tenter de réaliser son rêve: faire bénéficier les femmes de la qualité et de la gratuité de l'enseignement de l'École des beaux-arts de Paris, et leur permettre d'accéder au prestigieux concours du prix de Rome. Grâce à sa mobilisation et à son acharnement, les femmes artistes seront enfin admises aux Beaux-Arts[Notes 2] et pourront participer aux différentes concours, dont celui du grand prix de Rome à compter de 1903. Lucienne Heuvelmans sera la première femme artiste à qui sera décerné un premier grand prix de Rome —de sculpture, en l'occurrence— en 1911.
Carrière artistique
Psyché sous l'empire du mystère, bronze, Paris, Petit Palais.
En 1864, son travail est reconnu par ses pairs masculins puisqu'elle reçoit commande d'un grand bas-relief —La Navigation— pour le fronton de la nouvelle façade du palais des Tuileries, qui sera suivi en 1878 d'un second bas-relief —La Législation— pour le fronton du palais du Louvre sur la cour du Carrousel à Paris. En 1864, le modèle en plâtre de son Jeune Gaulois prisonnier et sa version en marbre de 1867 lui valent deux médailles. En 1873, elle rencontre un réel succès avec sa Jeune fille au bain et est dès lors déclarée hors concours au Salon annuel. Elle connaît une véritable reconnaissance officielle lors de l'Exposition universelle de 1889 à Paris où elle reçoit une médaille d'or de première classe pour le plâtre de sa Psyché sous l'empire du mystère[Notes 3].
Elle fait partie de la délégation de femmes françaises artistes qui, au cours de l'Exposition internationale de 1893 à Chicago, exposeront volontairement dans le Woman's Building[7], bâtiment créé par l'architecte Sophia Hayden, séparé du palais officiel des Beaux-Arts.
En désaccord avec l'artiste peintre Virginie Demont-Breton, Hélène Bertaux quittera la présidence de l'UFPS en 1894, tout en restant présidente honoraire.
Elle continuera à sculpter, présentant régulièrement ses œuvres au Salon de l'UFPS jusqu'en 1897 ainsi qu'au Salon des artistes français jusqu'en 1900. Elle sera d'ailleurs la première femme admise à faire partie du jury de sélection de ce Salon en 1897.
Hélène Bertaux, malgré sa brillante carrière et son engagement pour les artistes femmes, promue officier d'Académie et officier de l'Instruction publique, meurt en 1909, quasi oubliée, à Saint-Michel-de-Chavaignes (Sarthe), au château de Lassay[Notes 4]. Elle y est inhumée dans le cimetière communal.
Œuvres
Œuvres dans les collections publiques
Jeune Gaulois prisonnier (1867), marbre, musée des Beaux-Arts de Nantes.
place Longueville: Fontaine Herbet, 1864, bronze, envoyée à la fonte sous le régime de Vichy en 1942[9].
musée de Picardie: À la mort d'Hélène Bertaux, son mari, qui fut aussi son praticien, réalisa un exemplaire en marbre de quatre œuvres majeures de sa femme qu'il légua au musée à sa mort en 1915:
palais du Luxembourg: Psyché sous l'emprise du mystère, 1889, statue en marbre.
Petit Palais:
Psyché sous l'empire du mystère, statue en bronze, présentée à l'Exposition universelle de Chicago de 1893.
Jeune fille au bain, statue en bronze, présentée à l'Exposition universelle de Chicago de 1893.
Saint-Amand-les-Eaux: L'Ensevelissement du Christ, 1877, marbre. À l'origine à l'église des Augustins de Cambrai.
Saint-Gratien, église:
Les trois Vertus théologales, 1859, bénitier monumental en bronze;
Pour les pauvres s'il-vous-plaît, 1861, tronc à quêter en bronze.
Saint-Michel-de-Chavaignes, église: Vierge à l'Enfant ou En Égypte, plâtre original.
Sens, parc public, boulevard du Centenaire: Vierge à l'Enfant ou En Égypte, 1900, marbre.
Sète, musée Paul-Valéry: Psyché sous l'empire du mystère, 1889, plâtre original, médaille d'or à l'Exposition universelle de 1889.
Vannes, musée des beaux-arts: Assomption de la Vierge, 1861, bronze, dépôt du Fonds national d'art contemporain.
Œuvres d'édition
Les statues des quatre saisons —Le Printemps, L'Été, L'Automne et L'Hiver— ont été éditées en fonte par la fonderie Durenne et diffusées en France (Fleurance[11], Savigny-sur-Orge, Montier-en-Der, Fleurance, Saint-Dizier), au Portugal (dans les jardins du Palácio de Cristal à Porto et au Chili (au parc Isadora Cousiñ à Lota[12] et sur la plaza de Armas à Santiago de Chile). Au Mexique, elles sont situées dans l'Alameda Central à Mexico[13] ainsi que dans le Zócalo de la ville de Puebla[14].
Salons
Les informations suivantes proviennent principalement de: Liste établie d'après les catalogues des salons (Pierre Sanchez (dir.), Catalogues: Salon de l'Académie des beaux-arts, Salon de la Société des artistes français, Salon de l'Union des femmes peintres et sculpteurs., Dijon, L'Échelle de Jacob, 1999-2014).
Salon de l'Académie des beaux-arts:
1849: Portrait de MlleGabrielle de V… (sous le nom de son premier mari «Allélit»);
1857: Portrait de M.P. de B…;
1861: L'Hiver; Pour les pauvres, s'il vous plaît;
1863: Assomption de la Vierge; Fontaine Herbet, maquette en plâtre;
1864: Jeune Gaulois prisonnier, statue en plâtre;
1865: L'Amour dominateur;
1867: Jeune Gaulois prisonnier, statue en marbre;
1866: Les Caresses fatales;
1868: Saint Mathieu, plâtre;
1873: Jeune fille au bain, plâtre ;
1874: Jeune Gaulois prisonnier, statue en bronze;
1875: Le Printemps, bronze:
1876: Une jeune Fille au bain, marbre;
1880: Portrait de M.Émile Cardon.
Salon des artistes français:
1881: Sophie Arnould, buste en marbre; Louise Belloc, buste en marbre.
Partiellement dès 1896-1897, et pleinement en 1900.
Cette œuvre est conservée à Sète au musée Paul-Valéry. Hélène Bertaux fut la première sculptrice à obtenir une telle récompense à l'occasion d'une exposition.
Acheté en 1897.
Références
Édouard Lepage, Une conquête féministe: Mme Léon Bertaux, Paris, Imprimerie française J. Dangon Soleil en livres., 1911. réédition en 2009, 214p. (ISBN978-2-7466-0610-4)
Sophie Jacques, La statuaire Hélène Bertaux (1825-1909) et la tradition académique: Analyse de trois nus (mémoire universitaire), Québec, Université Laval, (lire en ligne), p. xv.
Margarita de Orellana, Catherine Chevillot, Françoise Dasques et Charles Garnier, «FONTES D'ART», Artes de México, no72, , p.73–88 (ISSN0300-4953, lire en ligne, consulté le ).
(es) Adriana Hernández Sánchez, «LAS CUATRO ESCULTURAS DE ANTOINE DURANNE EN EL ZO?CALO DE LA CIUDAD DE PUEBLA ME?XICO», Alzaprima, no5, , p.24–37 (ISSN2452-6150, lire en ligne, consulté le ).
Édouard Lepage, Une conquête féministe. MmeLéon Bertaux, Paris, Imprimerie française J. Dangon, 1911. Réédition en 2009, Soleil en livres (ISBN978-2-7466-0610-4).
Sophie Jacques, La statuaire Hélène Bertaux (1825-1909) et la tradition académique. Analyse de trois nus, mémoire de maîtrise en histoire de l'art, Québec, Université Laval, 2015, 173p. (en ligne sur Archimède).
Fabienne Dumont et Séverine Sofio, «Esquisse d'une épistémologie de la théorisation féministe en art», Cahiers du Genre, vol.43, no2, 2007, pp.17-43 (en ligne sur cairn.info).
Pauline Craven, Récit d'une sœur, Paris, Librairie Didier et Cie, 1866 (en ligne sur Gallica). — Récit de l'histoire de son frère Léon et de son épouse Hélène Bertaux, tous deux sculpteurs.
Iconographie
Étienne Carjat, «Hélène Bertaux», dans Recueil. Photographies positives. Œuvre d'Étienne Carjat (deux photographies), Paris, Bibliothèque nationale de France,
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