Sa famille habitant la campagne, Hocine Ziani passe son enfance dans un grand isolement culturel[1]. Ses premières années coïncident avec la guerre d'Algérie. En 1964, deux années après l'indépendance de son pays, il s’inscrit lui-même à l'école à l'âge de 11 ans et s'adonne au dessin en autodidacte[2]. Il est interne dans un collège de comptabilité à Bordj Ménaïel en 1969, puis s'installe à Alger en 1973 pour poursuivre ses études et obtenir un poste de comptable dans une société nationale.
De à , il accomplit son service militaire. À cette occasion, il découvre le désert du Sahara, notamment le Hoggar et la culture des Hommes bleus[3]. Cet univers, où l'ocre est la seule couleur de fond, va désormais influencer sa palette pour de bon. À son retour à la vie civile, il retrouve la comptabilité. Cependant, il décide l'année suivante, en 1978, d'abandonner son métier et entame une carrière d'artiste-peintre. En 1979, il organise sa première exposition individuelle dans une galerie algéroise[4]. Il rejoint d'autres artistes pour fonder le groupe des 35 dans lequel figurent notamment Issiakhem, Temam, Khadda, Denis Martinez, Samsom, Kerbouche, Mesli, Ali-Khodja, Louail, Silem, Zoubir, Bourdine et Ouamane.
En 1983, le gouvernement algérien, sous la présidence de Chadli Bendjedid, fait appel à tous les plasticiens nationaux pour la fondation d'un musée consacré à l’histoire du pays[5]. Ziani y contribue, et ses œuvres, généralement de grand format, vont enrichir les collections des institutions gouvernementales ou présidentielles. Après avoir peint, durant une décennie, essentiellement des tableaux historiques, Ziani se détourne peu à peu de cette spécialisation, désirant alors explorer de nouvelles voies artistiques. Comme le décrit Thierry Sznytka, dans un article qu'il lui a consacré dans Arts Actualités Magazine: "Parallèlement, il s'intéresse au thème des natures mortes, des enfants et des fantasias, conscient que trop de spécialisation risque d'endormir son esprit créatif. À l'inverse des toiles historiques, très encombrées, il privilégie les espaces libres traités dans le flou, pour donner de la profondeur à ses compositions[6]». Désormais, sa thématique va se diversifier. Au printemps 1989, son désir de toucher à d’autres techniques l’amène à s’initier à la lithographie. La découverte d’une vieille presse, à l’état d’abandon dans l’un des ateliers de la Villa Abdeltif, tombe à pic. Avec la complicité de son confrère Rachid Djemaï, il remet la machine en état de fonctionner. C’est sous l’œil averti de son ami Salah Hioun, peintre et graveur, qu’il réalise ses premiers essais.
En 1992, il se rend à Paris et fait la connaissance du marchand d’art Daniel Lasnon, animant une galerie d'art située au 17, place des Vosges. Dès lors va s'établir une fructueuse collaboration entre l’artiste et le galeriste. À partir de 1993, ce dernier lui organisera des expositions, individuelles ou collectives, à Paris, Bruxelles et dans quelques grandes villes de France. Après sa première exposition parisienne, Hocine Ziani quitte Alger et s’installe à Paris. Puis, en , il déménage de nouveau pour Strasbourg. En 1997, il rejoint l’Opera Gallery, animée par Gilles Dyan, qui présentera son travail dans quasiment tous les continents. Parallèlement, et durant plusieurs années, Ziani fait des envois au Salon[7],[8],[9],[10]. Il est lauréat de plusieurs prix, notamment le Prix de l'Académie des Beaux-Arts, à Paris.
En 2003, il rencontre le marchand d'art Victor Pérahia, qui lui propose les services de sa galerie, située au cœur de Saint-Germain-Des-Prés et exposant en permanence des œuvres de Toffoli, Weisbuch, Arman, Dali, Braque et d’autres grands noms[11]. De cette rencontre naîtra une longue et fidèle collaboration[12]. Celle-ci se prolongera et connaîtra deux changements opérés au sein de la galerie. En effet, l'établissement change de nom, en se séparant de l'appellation "Galerie Art-Cadre"[13], vieille de trente ans, et se rebaptise "Galerie Pérahia", le nom de la famille[14]. Aussi, Victor, le fondateur, prend sa retraite et cède la main à son fils Robert pour la gestion de la galerie. Si la nouvelle direction oriente sensiblement son intérêt vers l’art dit contemporain, elle reste cependant fidèle à ses anciens artistes qu’elle a toujours défendus, dont Ziani.
En 2010, Hocine Ziani représente l'Algérie à l'exposition internationale de peinture regroupant les trente-deux pays qualifiés à la Coupe du monde de football, organisée en Afrique du Sud par la Fifa[15]. C'est lui qui est chargé de former le groupe des cinq artistes représentant son pays. Il fait appel à ses confrères Ouamane, Djemai, Hamidouche et Zekara pour se mêler aux 160 artistes participants. Hocine va produire et envoyer à Johannesburg une œuvre inspirée du monde footballistique et du continent africain qui accueille l’événement.
En mars et , la ville de Chaumont lui consacre une rétrospective[16]. À cette occasion, Luc Chatel écrit: « La peinture de Ziani se déploie en genre et sujets divers : histoire de l'Algérie, Venise, natures mortes, portraits ou chevaux. Toutefois, cette pluralité ne saurait masquer la quête constante qui anime le travail de l'artiste : la célébration de la lumière. Chez lui tout est question de nuance et de subtilité. Hocine en explore tous les jeux d’ombres et de reflets, de contrastes et de dégradés. Dans cette recherche inlassable des variations lumineuses, il captive d’emblée l'œil du visiteur le conduisant à s'interroger tant sur l'histoire de l'Algérie, l'âge d’or des civilisations d'Orient ou la simple poésie des objets du quotidien. Peintre figuratif, il crée à partir du réel tout en puisant aux ressources de l'imaginaire, parvenant à donner à ses peintures une dimension onirique. De cette approche plurielle naît l’œuvre magistrale d’un des plus grands peintres figuratifs d’Afrique du Nord[17],[18].
En 2018, la ville de Luxeuil-les-Bains le sollicite pour ses œuvres orientalistes[19]. C’est ainsi qu’une dizaine de ses peintures rejoignent celles de Paul-Elie Dubois au musée de la Tour des Échevins, pour constituer une exposition intitulée «Orientalisme, regards croisés entre Paul-Elie Dubois et Hocine Ziani». Le thème du désert, notamment le Hoggar, réunit les deux peintres sur la même affiche du au [20],[21].
Œuvres
La Nuit de la Fuite en Égypte, par Ziani, huile sur toile de lin, 2015, collection Fondation Dürr, Allemagne Le Silo bleu, par Ziani, huile sur toile, 2006 (conservée au Musée des Beaux-Arts d'Alger)[22]La Reine Tin Hinan, par Ziani, huile sur toile, 2007La Reine de Saba chez Salomon, par Ziani, huile sur toile, 2015Aqua Alta, par Ziani, huile sur toile, 120x160 cm, 2012, collection privée, FranceLa Défense de Constantine, par Ziani, huile sur toile, 1999, collection du musée Chadli, AlgerLe cavalier numide, par Ziani, peinture à l'huile sur toile, 1990, collection particulière, AlgerL'Apparition des Pyramides, par Ziani, huile sur toile, 2015, collection privée, FranceLa Dame de Venise, par Ziani, huile sur toile, 2010, collection privée, Allemagne La légende des Cinq Juments, par Ziani, huile sur toile, 2009, collection privée, Alger
L'emploi d'un vocabulaire plastique riche, où dialoguent réalisme, hyperréalisme, impressionnisme et semi abstraction, permet à travers un jeu de contraste entre premier et second plan le jaillissement de la lumière si particulière qui caractérise ses œuvres. Celles-ci enrichissent les collections des institutions gouvernementales et présidentielles en Algérie, France, Maroc, Émirats arabes unis, Venezuela, Cuba, Argentine, la famille royale d’Arabie saoudite, et sont aussi présentes dans de nombreuses collections privées à travers le monde.
Plusieurs de ses œuvres ont fait l'objet d'acquisitions officielles par le musée national des Beaux-Arts d'Alger, depuis 1985 - Le musée central de l'Armée[23], Alger, 1984 à 1999 - Le Cabinet du président de la République algérienne, Alger, 1985 à 1992 - Le président Fidel Castro, La Havane, 1986 - Le prince Rachid du Maroc, Rabat, 1987 - Le gouvernement de la République d'Argentine, Buenos Aires, 1990 - Le Ministère de la Culture, Alger, 1992 - L'Assemblée Nationale, Alger, 2001 - Le Musée d'art Contemporain Artéum, Châteauneuf-le-Rouge (Aix-en-Provence), 2001 - Le président vénézuélien Hugo Chavez, Caracas, 2003 - Le Conseil Constitutionnel, Alger, 2007 - La famille royale d'Arabie Saoudite, 2008 - La Fondation Dürr, Karlsruhe, 2015 - La Présidence des Émirats arabes unis, Abu Dhabi, 2016 - Le musée de la ville de Schwarzach, Allemagne, 2017.
VISIE, magazine en néerlandais, no17, avril-, p.28-31, Pays-Bas.
Monographie
Ziani, Les lumières de l'histoire, monographie en trois versions: française, arabe et anglaise, CPS Éditions, 2002 et 2003, (ISBN9961-771-001)
Références
Hocine Ziani et François Pouillon, Ziani, les lumières de l'histoire, Tours, France, CPS Editions, , 192p. (ISBN9961-771-00-1), p. 22 et 23
Hocine Ziani et François Pouillon, Ziani, les lumières de l'histoire, Tours, France, CPS Editions, , 192p. (ISBN9961-771-00-1), p.25
Elisabeth Cazenave, «Explorations artistiques au Sahara», Livre sur l'histoire de l'art, , p.150, 151, 152 et 153
M. Baghdadi, «L'oeuvre en gestation», El Moudjahid, quotidien national algérien, , Page culturelle
Nicolas Schaub, Représenter l'Algérie: images et conquête au XIXe siècle, France, CTHS-INHA, , 416p. (ISBN978-2-7355-0845-7), "Il faut donc l'émergence d'une situation radicalement autre pour que cette défaite coloniale soit représentée, dans l'Algérie indépendante, celle des années 1980, sous la présidence de Chadli Bendjedid. On veut alors présenter au public algérien l'image d'un âge héroïque qui participe à l'invention d'une tradition nationale. Mais la signification de cette séquence historique doit s'opposer radicalement à celle mise en oeuvre au XIXe siècle par le discours et la propagande coloniale,....." p.135
Thierry Sznytka, «Hocine Ziani, l'Esprit berbère», Arts Actualités Magazine, n°133,, , p. 64
«Salon des Artistes Français», Univers des Arts, magazine, hors série n°2, , P.76
«Salon des Artistes Français», Univers des Arts, magazine, hors sérié n°3, , P.141
«Salon des Artistes Français», Univers des Arts, magazine, hors série n°4, , P.149
«Salon des Artistes Français», Univers des Arts, magazine, hors série n°5, , P.143
Exposition-rétrospective dans la Chapelle des Jésuites, à Chaumont, mars 2013, catalogue préfacée par Luc Châtel.
Abbatte-Piolé, Art Animalier, le cheval dans l'Art contemporain Tome X, France, Editions Abbate-Piolé, , 160p. (ISBN978-2-917500-22-4, www.artanimalier.fr), Pages 152-153-154-155-56-157
J.C., «Un tour dans les galeries strasbourgeoises, peintures de Hocine Ziani», Les Affiches Moniteur,
Elisabeth Cazenave, Explorations artistiques au Sahara, Barcelone, Éditions Ibis Press, , 160p. (ISBN2-910728-50-1), «Sa troisième exposition sur le Sahara lui confère le titre «d’Ambassadeur du Sahara», après son illustre devancier sur le même terrain en 1928, Paul-Élie Dubois.» P. 152
Другой контент может иметь иную лицензию. Перед использованием материалов сайта WikiSort.org внимательно изучите правила лицензирования конкретных элементов наполнения сайта.
2019-2025 WikiSort.org - проект по пересортировке и дополнению контента Википедии