Jean-Baptiste[n 1] Greuze est né le à Tournus[n 2] en Saône-et-Loire. Fils d'un entrepreneur et architecte, Jean-Baptiste Greuze fut dès sa plus tendre enfance attiré par le dessin, malgré la volonté de son père qui le destinait au commerce. Il fut soutenu dans sa vocation par le peintre lyonnais Charles Grandon, dont il sera l'élève. Greuze suit son professeur à Paris où il s'installe en 1750. Il devient l'élève de Charles-Joseph Natoire à l'Académie royale de peinture et de sculpture, professeur avec lequel il eut des démêlés.
Ses débuts au Salon de 1755 furent un triomphe. Son Père de famille lisant la Bible à ses enfants connaît un grand succès. Il devient membre associé de l'Académie[1]. Il part étudier à Rome de 1755 à 1757[2] et il y peint Les Œufs cassés peu de temps après son arrivée[3].
Aux couleurs claires et lumineuses, à l'attitude légère de la peinture du XVIIIe siècle, Greuze introduit un réalisme d'influence néerlandaise dans la peinture de genre et le portrait français. Par des expressions faciales vives et des gestes dramatiques, ces peintures moralisantes illustrent l'idée selon laquelle la peinture doit se rapporter à la vie. Il capture les détails des décors et des costumes, parle au cœur, éduque les observateurs et cherche à les rendre "vertueux" [4].
Madame Greuze, lavis d'encre de Chine, Rijksmuseum Amsterdam.
Le , il épouse Anne-Gabrielle Babuty, fille d'un libraire du quai des Augustins, François Babuty, dont il expose en 1761 le portrait. Cette même année, il suscite l'engouement du public et de la critique au Salon, avec son Accordée de village[2].
L'année suivante, le , à Paris, son épouse donne naissance à une première fille qu'ils prénomment Anna-Geneviève. Elle embrassa la carrière de son père qu'elle soutiendra jusqu'à sa mort.
Greuze demande le divorce qui est prononcé le , et il se venge de ses déboires matrimoniaux en exécutant un dessin au lavis intitulé La Femme en colère où Anne-Gabrielle a l'apparence d'une furie; dessin qui est aujourd'hui la propriété du Metropolitan Museum of Art de New-York[5].
Ayant placé sa fortune en rentes sur l'Hôtel de Ville, la Révolution le ruina entièrement.
Mort en sa demeure sise rue des Fossés Saint Denis (qui longeait le boulevard de Bonne-Nouvelle), Greuze repose à Paris au cimetière Montmartre. Depuis 1864, une rue Greuze, voie du 16earrondissement de Paris, rend hommage à l'artiste. On peut, d’autre part, toujours voir sa maison natale à Tournus, ville qui érigea une statue en son honneur en 1868 (œuvre de Benoît Rougelet, visible place de l'Hôtel-de-Ville)[6].
Sépulture
La tombe de Jean-Baptiste Greuze et de ses filles: Anna-Geneviève (décédée le 6 novembre 1842) et Louise Gabrielle Greuze (décédée le 10 avril 1812), se trouve au cimetière de Montmartre à Paris.
On peut y lire (en majuscules):
RIVAL DE LA NATURE, ORGUEIL DE NOTRE FRANCE
IL GARDA TOUJOURS PUR L'HONNEUR DE SES PINCEAUX
IL PEIGNIT LA VERTU, L'AMITIE, L'INNOCENCE
ET SON AME RESPIRE A TRAVERS SES TABLEAUX
Tombe de Greuze au cimetière de Montmartre à Paris, ornée de La Cruche cassée par Ernest Dagonet.
Détail de la stèle.
Détail de la stèle.
Détail de la stèle.
Pied de la stèle - inscriptions
Les pendants de Greuze
Une des œuvres les plus connues de Greuze, La Malédiction paternelle, est un diptyque en deux parties: Le Fils ingrat et Le Fils puni. Greuze s'intéressait à ce type de composition, particulièrement propre à faire passer un message émotionnel et moral. Il avait même projeté une série de treize pendants, Basile et Thibaut ou les Deux Éducations, véritable vade-mecum destiné aux pères de famille, qu’il n’a jamais réalisé[7].
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Jeune fille à la poupée, (vers 1750), huile sur toile, 65 × 55 cm[8],[9], Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
Le Jeune Homme au chapeau (1750), huile sur toile, 61 × 50 cm[10],[11], Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
Après son Père de famille expliquant la Bible à ses enfants en 1755, sa popularité se confirme avec d'autres scènes de genre à visée morale, comme L'Accordée de village (Salon de 1761, Paris, musée du Louvre), La Piété filiale (Salon de 1763, acquis par Catherine II, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage), Le Fils ingrat, Le Fils puni (esquisses en 1765, Palais des beaux-arts de Lille, tableaux en 1778, musée du Louvre) ou La Mère bien aimée (Salon de 1769, Madrid, collection particulière).
Enfant endormi sur son livre, dit Le petit Paresseux, 1755, huile sur toile, Montpellier, musée Fabre
La Lecture de la Bible ou Un Père de famille expliquant la Bible à ses enfants, 1755, huile sur toile, 65 × 82 cm[12], Paris, musée du Louvre
Indolence (La Paresseuse Italienne), Wadsworth Atheneum, Hartford
Le Guitariste ou Un oiseleur qui, au retour de la chasse, accorde sa guitare, Guitariste, Nantes, vers 1757, huile sur toile, 70 × 57 cm, Musée d'arts de Nantes (pendant du précédent)
Pendants pour Madame de Pompadour:
La simplicité, 1759, Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas
Un berger qui tente le sort pour savoir s’il est aimé de sa bergère, 1761, Petit Palais, Paris
Portrait de l'abbé Louis Gougenot, 1757, huile sur toile, 59,6 x 53 cm[15], Musée des beaux-arts de Dijon
Etude pour le paralytique, 1763, huile sur toile, Montpellier, musée Fabre
Portrait de la femme de l'artiste (Ritratto della moglie dell'artista) ou Portrait de jeune fille (Ritratto di giovane Donna), huile sur toile cm. 45 x 37, palazzo Barberini - Gallerie Nazionali d'Arte Antica à Rome, inventaire 2490. Non daté.
Diderot exprime son enthousiasme pour le Portrait de Wille présenté au salon de 1765[17].
Jeune fille, vers 1765, huile sur toile, 45 × 37 cm, Chantilly, musée Condé[19]
Le Tendre désir, vers 1769, huile sur toile, 40 × 32 cm[20], Chantilly, musée Condé
En 1769 il est élu à l'Académie comme peintre de genre et non comme peintre d'histoire comme il l'espérait avec son Empereur sévère. À partir de cette date, déçu, il ne participa plus aux Salons jusqu'en 1800[1].
L'Empereur Sévère reprochant à Caracalla, son fils, d'avoir voulu l'assassiner, 1769, huile sur toile[n 3], Paris, musée du Louvre
Jeune fille au panier[21], 1770-1780, huile sur toile, 46 × 38 cm, Montpellier, musée Fabre
Personnage debout vu de face, sanguine sur papier beige. H. 0,559; L. 0,364 m[36]. Beaux-Arts de Paris. Ce dessin représentant un personnage isolé à la sanguine est préparatoire à celui du mari situé à droite de la Réconciliation familiale, une composition d'une facture très achevée à la pierre noire, au lavis brun et d'encre de Chine, conservée à l'Art Museum de Phoenix. Datée vers 1785, elle met en scène le retour de l'époux volage vers sa femme éplorée[37].
La Révolution de 1789 amena la vogue de l'antique et dévalorisa son œuvre, mais le XIXesiècle perpétua la tradition de la peinture sentimentale.
Psyché couronnant l’amour, 1785-1790, huile sur toile, 147 × 180 cm, Palais des beaux-arts de Lille[38];
La Blanchisseuse, 1791, Los Angeles, Getty Center.
Après avoir exposé aux Salons de 1800, 1801 et 1804, le Salon en 1808 exposa Sainte-Marie l'Égyptienne trois ans après sa mort.
La Surprise, vers 1800, huile sur toile, 47 × 38 cm[39], Chantilly, musée Condé;
Portrait de Michel-Nicolas Hussard[40], vers 1805, huile sur toile, 73 × 59 cm, Musée d'arts de Nantes.
Étude pour Le Fils puni, pierre noire et lavis d'encre de Chine, H. 0,266; L. 0,363 m[41]. Paris, Beaux-Arts de Paris[42]. Cette esquisse appartient à un petit ensemble de dessins préparatoires au Fils puni, toile ambitieuse qui fait pendant au Fils ingrat. La composition est dense, ramassée et encombrée de motifs pour donner à voir et à ressentir le drame qui se joue dans la chambre du mourant.
Tête d'enfant regardant avec effroi, sanguine sur papier beige, contre-collé en plein sur carton, H. 0,421; L. 0,318 m[43]. Paris, Beaux-Arts de Paris[44]. Cette tête d'expression est importante en ce qu'elle témoigne de l'attention particulière que ne cessa de porter Greuze à l'étude des sentiments. Il s'agit d'émouvoir le spectateur en parvenant à traduire , comme "d'après nature", la première rencontre de l'enfance avec l'horreur de la mort.
Torse d'Homme, nu à mi-corps, pastel sur papier bleu, H. 0,440; L. 0,320 m[45]. Paris, Beaux-Arts de Paris[46]. La feuille est une étude préparatoire pour la toile d'histoire: L'Empereur Sévère reproche à Caracalla, son fils, d'avoir voulu l'assassiner. La nudité de l'empereur révèle un corps fatigué et mourant, elle exprime la débilité de ce vieillard fragilisé par la tentative de paricide. Les nombreux détails scrupuleusement étudiés de son corps sont remarquables.
Jeune fille aux deux colombes, plume, encre brune et lavis d'encre de Chine, H. 0,226; L. 0,241 m[47]. Paris, Beaux-Arts de Paris[48]. La colombe est un motif ordinaire des scènes d'amour depuis la Renaissance. Greuze accordait de l'importance au motif de l'oiseau comme symbole érotique. Dans cette feuille, d'une plume agile, quelques traits d'encre brune à l'éxécution nerveuse, il nous convie dans l'univers intime et bourgeois de cette jeune fille dont le regard est tourné vers le spectateur.
Les Amants surpris, plume et encre noire, pinceau, lavis d'encre de Chine, H. 0,240; L. 0,280 m[49]. Paris, Beaux-Arts de Paris[50]. Il s'agit d'une petite comédie bourgeoise, campée par Greuze à coups de pinceaux au lavis gris, qui rappelle les vaudevilles des foires parisiennes. Dans une chambre, une jeune fille est allongée dans un lit à rideaux, un gandin débraillé se trouve à son chevet. Alors qu'une servante tire le rideau comme pour nous inviter à observer la scène, face à elle, sur une chaise, un petit chien semble excité par ce qui se donne à voir.
Le Charcutier, pinceau et lavis gris, tracé préparatoire à la pierre noire, H. 0,355; L. 0,275 m[51]. Paris, Beaux-Arts de Paris[52]. Loin de représenter un charcutier d'après nature, Greuze restitue ici l'image la plus repoussante et avilissante du métier. Ce lavis gris daté des années 1770 est postérieur à l'échec du Septime Sévère de l'artiste au salon de 1769. Les traits du charcutier ne sont pas sans rappeler ceux de Diderot dont il réalisa le portrait un peu plus tôt et qui fut le plus cruel des critiques, composant une diatribe reprise à l'unisson par le public. On pourrait voir dans cette caricature une réponse drôle et amère.
Personnage debout vu de face, sanguine sur papier beige, collé en plein sur le montage ancien, H. 0,559; L. 0,364 m[53]. Paris, Beaux-Arts de Paris[54]. Cette sanguine compte parmi les rares dessins préparatoires à La Réconciliation familiale, toile perdue ou qui ne fut jamais réalisée. Greuze s'intéresse ici aux iconographies du retour, il se joue un moment fort de la vie familiale: le retour du mari volage que l'artiste semble faire hésiter entre le repentir et la désinvolture.
Jean-Baptiste Greuze dans la fiction
Dans le roman La Vallée de la peur (1915), Sherlock Holmes apprend à l'inspecteur MacDonald que le professeur Moriarty possède un tableau de Jean-Baptiste Greuze, intitulé «La Jeune Fille à l'agneau», acquis «quatre mille livres à la vente Portalis[55]» de 1865.
Dans Le Guépard de Luchino Visconti, le Prince de Salina (interprété par Burt Lancaster) contemple La Mort du juste.
Dans Les Thibault de Roger Martin du Gard, Oscar Thibault possède une gravure reproduisant Le fils puni.
Notes et références
Notes
Jean-Baptiste Greuze fut baptisé Jean, et non Jean-Baptiste: «Jean, fils légitime du sieur Jean-Louis Greuze, maître couvreur, demeurant au dit Tournus, et de Claudine Roch sa femme, est né le vingt et unième aout mil sept cent vingt cinq, a été baptisé le même jour par moi, vicaire, soussigné...». Source: Jean-Louis Bourgeois, «Un peintre tournusien: Jean-Baptiste Greuze», revue Images de Saône-et-Loire, n° 35 (novembre 1977), pp. 12-13.
Au numéro 5 de l'actuelle rue Greuze. Une plaque commémorative y a été fixée: «Ici est né / Jean BTE Greuze / le XXI Août MDCCXXV».
Greuze a présenté ce tableau d'histoire pour sa réception à l'Académie royale de peinture en 1769. Le tableau fut mal reçu et donna lieu à une controverse. On reprochait à Greuze d'être sorti de la hiérarchie des genres admise à l'époque: peintre de genre reconnu, il n'aurait pas dû prétendre à la qualification plus prestigieuse de peintre d'histoire. C'est d'ailleurs comme peintre de genre qu'il fut admis à l'Académie. Cf. Daniel Arasse, «L'Échec du Caracalla, Greuze et “l'étiquette du regard”», Diderot et Greuze, op. cit., p.107-119.
Références
(en) Bernice Davidson, Paintings from the Frick Collection, New York, Harry N. Abrams, Incorporated, New York, (ISBN0-8109-3710-7), p. 101
Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre: De l’Antiquité au XIXesiècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 356p. (ISBN2-35031-032-9), p.177
Matthew Armstrong (trad.de l'anglais), L’Europe de 1750 à 1870: par les conservateurs du Metropolitan Museum of Art, Paris, Gründ, , 159p. (ISBN2-7000-2058-8), p.30
Alain Dessertenne, «Les statues publiques en Saône-et-Loire. 1re partie: les statues aux illustres.», revue trimestrielle Images de Saône-et-Loire no205 de mars 2021, p.6-11.
Florence Vidonne, Greuze, la fille du peintre: enquête et restauration, bulletin de la Société des amis des arts et des sciences de Tournus, tome CXVII, Tournus, 2018, pp. 85-97 (ISSN0153-9353).
«Jeune garçon», notice no00000104674, base Joconde, ministère français de la Culture
Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, De Poussin à Fragonard: hommage à Mathias Polakovits, Carnets d’études 26, Beaux-arts de Paris éditions, 2013, p. 120-122, Cat. 26.
Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, de l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p.102-105, Cat. 28
Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, de l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p.106-107, Cat. 29
Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, de l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p.108-109, Cat. 30
Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, de l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p.110-111, Cat. 31
Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, de l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p.112-113, Cat. 32
Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, de l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p.114-115, Cat. 33
Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, de l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p.116-117, Cat. 34
Jean Martin et Charles Masson, Catalogue raisonné de l'œuvre peint et dessiné de Jean-Baptiste Greuze, suivi de la liste des gravures exécutées d'après ses ouvrages, Paris, 1908.
Camille Mauclair, Greuze et son temps, Paris, Éditions Albin Michel, 1935.
Collectif, Diderot et Greuze, Actes du colloque de Clermont-Ferrand () réunis par Antoinette et Jean Ehrard (Université de Clermont II, Centre de recherches révolutionnaires et romantiques), Clermont-Ferrand, Adosa, 1986, (ISBN978-2-86639-049-5)
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