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Ferdinand Hodler est un peintre suisse né le à Berne et mort le à Genève.

Ferdinand Hodler
Autoportrait aux yeux écarquillés III (1912), Glaris, Kunsthaus Glarus (de).
Biographie
Naissance

Berne (Suisse)
Décès
(à 65 ans)
Genève (Suisse)
Sépulture
Nationalité
Suisse
Activité
Peintre
Enfant
Hector Hodler
Autres informations
A travaillé pour
Université de Genève
Membre de
Sécession Berlinoise
Mouvements
Art nouveau, symbolisme
Maître
Influencé par
Distinction
Docteur honoris causa de l'université de Bâle
Œuvres principales
Le bûcheron (d), La Pointe d'Andey, vallée de l'Arve (d), Madame Valentine Godé-Darel malade (d), The Patient (d)
Signature
Vue de la sépulture.

Hodler est considéré comme le peintre suisse qui a le plus marqué la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Ami de Klimt et de Jawlensky, admiré par Puvis de Chavannes, Rodin et Kandinsky, Hodler est l’un des principaux moteurs de la modernité dans l’Europe de la Belle Époque.

Son œuvre, puissante, navigue entre réalisme, symbolisme et expressionnisme. Au cours de sa carrière, il aura touché à tous les genres, privilégiant le portrait, le paysage, la peinture historique et monumentale et les compositions de figures.


Biographie



Enfance et formation


Ferdinand Hodler est l'aîné d'une fratrie de six frères et sœurs. Son père, Jean Hodler, fait maigrement vivre la famille par son métier de menuisier. Sa mère, Marguerite Neukomm, est issue d'une famille paysanne. À l'âge de huit ans, Ferdinand Hodler perd son père, ainsi que deux de ses frères, tous trois morts de la tuberculose. Sa mère, remariée au peintre décorateur Gottlieb Schüpbach, meurt également de la tuberculose en 1867, laissant huit enfants. En 1865, à l'âge de douze ans, Ferdinand Hodler reprend l'atelier de son beau-père, alcoolique, et fait vivre la famille. Deux ans plus tard, il est envoyé en apprentissage à Thoune, chez un peintre local, Ferdinand Sommer, qui lui apprend à peindre de petits paysages pour les revendre aux touristes. Au cours des dix-huit années suivantes, la tuberculose emporte les uns après les autres tous ses frères et sœurs. Le peintre eut sa vie durant, une conscience aiguë de la fragilité humaine et de la mort[1].

En 1871, il gagne à pied Genève, s'y s'installe après avoir achevé son apprentissage de peintre-décorateur et s'inscrit au collège de Genève. Il vivra dans cette ville jusqu'à sa mort, en 1918 : Établi d'abord au 35, Grand-Rue, il s'installa ensuite dans un appartement sis au numéro 29 du quai du Mont-Blanc, d'où il peindra de nombreuses toiles représentant la vue qu'il avait de son balcon. En 1873, il suit les cours de Barthélemy Menn, fréquente les musées, copie les toiles d'Alexandre Calame, analyse les œuvres d'Albrecht Dürer[1].


Premiers travaux


Ses premières toiles sont directement issues du réalisme suisse d'artistes comme Albert Anker, Rudolf Koller, Alexandre Calame. Il expose ses premières œuvres à côté de celles de Gustave Courbet, exilé en Suisse dans le cadre d'expositions du Turnus (expositions fédérales des beaux-arts) à Lausanne, à Berne, à Aarau et à Genève, en 1876 et 1877[2]. Après un séjour à Bâle en 1875, où il étudie l'œuvre de Hans Holbein, un voyage en Espagne en 1878 et la visite du Musée du Prado à Madrid lui ouvrent de nouveaux horizons esthétiques[3]. Dès lors, il soumet sciemment ses sujets à son désir d'abstraction et de composition, substituant à ses teintes terreuses un chromatisme léger, impressionniste par la grâce, à dominante gris clair. Toutefois, ce n'est que lorsqu'il se tournera vers le symbolisme que son travail sera enfin reconnu. Sa composition de grand format, se déroulant sur près de trois mètres de longueur et intitulée La Nuit, provoqua un scandale au Salon de Genève en , au point qu'elle dut être retirée des cimaises pour « obscénité ». Elle fit au contraire sensation au Salon du Champ-de-Mars quelques mois plus tard à Paris, où elle attire l'attention d'Auguste Rodin et de Pierre Puvis de Chavannes, maître vénéré par Hodler, comme il avait auparavant admiré Gustave Courbet[alpha 1]. L’œuvre de Puvis l'avait non seulement encouragé à tenter l'aventure des immenses compositions murales, mais elle lui avait également enseigné à transformer de manière consciente les formes et les couleurs en éléments décoratifs fondamentaux. En 1917, il met en scène des moments historiques qui fondent l'histoire de la Confédération suisse (La Bataille de Morat, 1917). Du point de vue iconographique, Puvis devient donc le modèle de l'artiste bernois, qui, sous son influence, peint des tableaux de groupes paradisiaques, montrant des figures nues ou vêtues à la mode antique, tel son Dialogue avec la Nature.

En 1884, il rencontre Augustine Dupin (1852–1909), qui devient son modèle et qui, en 1887, donne naissance à un fils naturel du nom d'Hector. Il épouse ensuite Bertha Stucki en 1889, dont il divorce deux ans plus tard[5].


La Nuit, 1889-1890, Berne, Kunstmuseum.
La Nuit, 1889-1890, Berne, Kunstmuseum.



Affirmation


Le Bûcheron (1910), Paris, musée d'Orsay.
Le Bûcheron (1910), Paris, musée d'Orsay.

Fervent paysagiste également, il apprend dès son plus jeune âge la menuiserie avec son père. À partir de1890, il stylise fortement ses thèmes, au point que ses lacs et ses massifs montagneux se transforment en métaphores de l'éternité. Hodler, en cette fin de XIXe siècle, s'approche de l’expressionnisme par des figures colorées et géométriques, en une forme qu'il appelle lui-même le « parallélisme »[6]. Toutefois, les tableaux les plus connus de Hodler mettent en scène des personnages de la vie quotidienne, comme le célèbre Bûcheron[7] (1910, Paris, Musée d'Orsay), geste fondamental, image symbolique du labeur et de la force. Si cette peinture s'intègre parfaitement au renouveau des sécessions allemandes et autrichiennes, elle cherche à combiner l'appel à l'imagination et le réalisme le plus direct, l'idéation de la nature, voire l'expressionnisme. Son travail influença divers artistes dont Albin Egger-Lienz. En 1892, le galeriste parisien Paul Durand-Ruel, qui le représente, le pousse à exposer ses Âmes déçues au Salon de la Rose-Croix esthétique[8].

Le , lors de l'Exposition nationale de Genève, Ferdinand Hodler est filmé pendant quelques secondes au milieu de la foule, par le Morgien[9]. Il met en scène les artistes du moment au Village suisse, le jour du vernissage de l’exposition des beaux-arts. Ferdinand Hodler expose alors vingt-six panneaux de la façade du Pavillon. Ces images filmées montrant le peintre sont les seules de cette sorte connues à ce jour[10].


Enseignement


En 1896, sur invitation de Léon Genoud, alors directeur du Musée industriel de Fribourg, Hodler enseigne la peinture et le dessin à l’École des arts et métiers ; ses élèves sont essentiellement des membres de familles patriciennes appartenant à la Société fribourgeoise des Amis des Beaux-Arts, mais également de jeunes artistes d'origines plus modestes tel Hiram Brülhart, Oswald Pilloud, Raymond Buchs et Jean-Edouard de Castella. À Fribourg, il prononce sa conférence sur La Mission de l'artiste, en , dans laquelle il développe sa perception de l'art[11]. En 1898, il épouse Berthe Jacques.


Dernières années


50e anniversaire de la Société des peintres suisses - 6e exposition de Zurich, affiche lithographiée, octobre 1915.
50e anniversaire de la Société des peintres suisses - 6e exposition de Zurich, affiche lithographiée, .

Dans les années 1900, reconnu en Suisse, Hodler a de la peine à percer en France, où il est considéré à l'époque comme trop moderniste. Il figure parmi les peintres suisses présents à l'Armory Show, à New York, en 1913.

En 1914, alors président de la Société suisse des peintres et sculpteurs (SSPS, aujourd’hui Visarte), le fonds de soutien est constitué et, plus tard, la caisse d’indemnité journalière pour les artistes visuels.

Fin 1914, il dénonce les pilonnages effectués par l'artillerie allemande contre Reims. En guise de représailles, il est exclu des sociétés artistiques allemandes. Depuis la mort en 1915 de sa compagne Valentine Godé-Darel, atteinte d'un cancer, qu'il avait rencontrée huit ans auparavant et dont il peignit d'abord la beauté, la joie, la vie, puis la dégradation de façon quasi obsessionnelle, il sombre dans la dépression et la maladie, songeant même au suicide. En 1916, il compose une vingtaine d'autoportraits[12].

En 1918, il reçoit la bourgeoisie d'honneur de Genève[13]. En avril, il se met à peindre des vues depuis son balcon, qui sont ses dernières œuvres[14].

Il meurt le à Genève, laissant derrière lui quelques peintures inachevées, des paysages représentant le Léman et la chaîne du Mont-Blanc[15]. Il est enterré au cimetière de Saint-Georges à Genève.

Son fils, Hector Hodler, qui fut son modèle pour certains tableaux, est à l’origine de la création de l’Association mondiale d'espéranto.


Postérité


Hodler était surtout réputé en Suisse dans les années 1900-1910 pour ses peintures à caractère patriotique. En novembre 1900, la Poste suisse choisit sur concours son Berger de Fribourg qui sera utilisé jusqu'en 1936[16]. En 1909, la Banque nationale suisse lui commande deux vignettes monétaires, qui deviendront le billet de 50 (« Le Bûcheron ») et de 100 francs (« Le Faucheur »), mis en circulation en 1911[17].


Institut Ferdinand Hodler


L'Institut Ferdinand Hodler, sis à Genève et Delémont (Suisse) a été fondé dans le but de réunir les ressources et les compétences utiles à l'étude et à la valorisation de l'œuvre du peintre. La création de cette institution s'est faite progressivement, à la suite du décès de l'historien de l'art Jura Brüschweiler (1927-2013), l'un des plus importants spécialistes du peintre, à qui il a consacré sa vie de chercheur et de collectionneur. L'Institut Ferdinand Hodler mène un vaste programme de recherche et de publication consacré au peintre[18].


Œuvres dans les collections publiques


Les œuvres de Ferdinand Hodler se trouvent dans les plus importants musées de Suisse et d'Europe, tels le Kunstmuseum de Berne, le Musée d'art et d'histoire de Genève, le Kunsthaus de Zurich, la Neue Pinakothek de Munich ou encore le Musée d'Orsay à Paris. Une partie de son fonds d'atelier et de ses archives personnelles est conservée au sein des Archives Jura Brüschweiler préservées par l'Institut Ferdinand Hodler à Genève[19].

Sans travail (1891), collection particulière.
Sans travail (1891), collection particulière.
Guerrier de Marignan, non daté (vers 1896), Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds
Guerrier de Marignan, non daté (vers 1896), Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds
Le Printemps (1901), Essen, musée Folkwang.
Le Printemps (1901), Essen, musée Folkwang.
Le Lac de Thoune depuis Lessigen (1904), musée des Beaux-Arts de Berne.
Le Lac de Thoune depuis Lessigen (1904), musée des Beaux-Arts de Berne.
Étudiant à Iéna (1908), Munich, Neue Pinakothek.
Étudiant à Iéna (1908), Munich, Neue Pinakothek.

Bibliographie



Filmographie



Expositions



Notes et références



Notes


  1. L'exposition d'Ornans, Courbet/Hodler (2019-2020), démontre des liens esthétiques entre les deux peintres qui vivent dans la même région entre 1873 et 1877 : rien à ce jour ne permet d'affirmer qu'ils se sont effectivement rencontrés[4].

Références


  1. Hauptman 2007, p. 9-10
  2. Diana Blome et Niklaus Manuel Güdel (dir.), Courbet/Hodler. Une rencontre, Genève, Editions Notari, coll. "Hodleriana", vol. IV, (ISBN 978-2-940617-35-7)
  3. Hauptman 2007, p. 12
  4. Guillaume Lasserre, « Bonjour Monsieur Hodler », in: Médiapart, 26 décembre 2019.
  5. Hauptman 2007, p. 43, 100
  6. Hauptman 2007, p. 43
  7. Le tableau figurera plus tard au dos des billets de 50 francs de la série 1911 éditée par la Banque nationale suisse (cf. « 50 francs », sur Commons (consulté le ).
  8. Fiche exposant SRCE 1892, base salons musée d'Orsay.
  9. François-Henri Lavanchy-Clarke, cinématographe des frères Lumières
  10. www.institut-hodler.ch/hodler-filme
  11. Ferdinand Hodler, La Mission de l'artiste, édition de Niklaus Manuel Güdel, Genève, Éditions Notari, 2013.
  12. Hauptman 2007, p. 36, 44
  13. « Liste des personnalités ayant reçu la bourgeoisie d'honneur », sur GE.CH – République et canton de Genève, (consulté le )
  14. Hauptman 2007, p. 102
  15. Encyclopædia Universalis, « FERDINAND HODLER », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  16. [PDF] Ulrich Fehlmann « Walter Tell, sujet d'un conflit : La polémique autour de l’émission des timbres de 1907 », in: SBZ, 1-2, 2013.
  17. « Deuxième série de billets de banque (1911). »
  18. « Institut Ferdinand Hodler | Publications », sur Institut Ferdinand Hodler (consulté le )
  19. « Institut Ferdinand Hodler », sur Institut Ferdinand Hodler (consulté le )
  20. Portrait d'Émile Yung par Ferdinand Hodler, sur le site du Musée Jenish.
  21. Ferdinand Hodler: Landschaft im Tessin
  22. Ferdinand Hodler: L’Adoration II
  23. « Musée d'Orsay: Notice d'Oeuvre », sur www.musee-orsay.fr (consulté le )
  24. P.-F. S., « Cent ans de peinture genevoise », Journal de Genève, (lire en ligne)
  25. « Ferdinand Hodler : documents inédits | Fondation Martin Bodmer » (consulté le ).

Voir aussi



Liens externes



На других языках


[de] Ferdinand Hodler

Ferdinand Hodler (* 14. März 1853 in Bern; † 19. Mai 1918 in Genf; Bürger von Gurzelen BE) war ein Schweizer Maler des Symbolismus und des Jugendstils. Eine besondere Rolle spielen seine Selbstbildnisse als Selbstbiographie in einzelnen Schaffensperioden. Er ist einer der bekanntesten Schweizer Maler des 19. Jahrhunderts.

[en] Ferdinand Hodler

Ferdinand Hodler (March 14, 1853 – May 19, 1918) was one of the best-known Swiss painters of the nineteenth century. His early works were portraits, landscapes, and genre paintings in a realistic style. Later, he adopted a personal form of symbolism which he called "parallelism".

[es] Ferdinand Hodler

Ferdinand Hodler (Gurzelen, cerca de Berna, 14 de marzo de 1853-Ginebra, 19 de mayo de 1918) fue uno de los más destacados pintores suizos del siglo XIX.
- [fr] Ferdinand Hodler

[it] Ferdinand Hodler

Ferdinand Hodler (Berna, 14 marzo 1853 – Ginevra, 19 maggio 1918) è stato un pittore svizzero.

[ru] Ходлер, Фердинанд

Фердинанд Хо́длер (иногда Го́длер, нем. Ferdinand Hodler; 14 марта 1853[1][2][3][…], Берн[4] — 19 мая 1918[4][1][2][…], Женева[4]) — швейцарский художник. Один из крупнейших представителей «модерна».



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