Giovanni Benedetto Castiglione, dit Le Benédette en français et Il Grechetto en italien, baptisé à Gênes le et mort à Mantoue le , est un peintre, graveur et imprimeur italien de l'école génoise baroque.
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Giovanni Benedetto Castiglione est probablement né en 1609. Il fut baptisé le 23 mars de cette année[1],[2]. Sa formation initiale reste obscure. Il pourrait avoir travaillé, dans sa ville natale, dans les ateliers de Giovanni Battista Paggi, Giovanni Andrea de Ferrari et Sinibaldo Scorza[3]. Wittkower le décrit comme un étudiant passionné d'Antoine Van Dyck, qui séjourna dans la ville ligure de 1621 à 1627, et de Pierre Paul Rubens, qui a séjourné dans la ville durant la première décennie du XVIIesiècle, et dont les peintures étaient là facilement accessibles. Jan Roos, élève de Snyders, qui habita Gênes de 1614 à 1638, le mit en contact avec la peinture flamande. Castiglione a peut-être étudié avec le Génois Bernardo Strozzi, et certainement eu connaissance de l'œuvre de Domenico Fetti à Mantoue. Il fut aussi influencé par Titien et Paul Véronèse.
Il partit pour Rome, avec son frère Salvatore et son fils Francesco Benedetto, en 1632, comme l'attestent les stati d'anime de la paroisse Sant'Andrea delle Fratte. Il se fit connaître, et fut admis, en 1634, à l'Accademia di San Luca. Il fréquenta alors des artistes comme Pier Francesco Mola, Nicolas Poussin[4] et Mattia Preti.
En 1635, il rencontra à Naples, Andrea del Lione, avant de retourner à Gênes en 1639. Il réalisa quelques retables qui exercèrent une influence certaine sur les peintres locaux[4]. Marié en 1641, il eut, la même année, un fils, appelé Francesco, qui deviendra peintre à son tour. Il séjourna également à Parme.
De retour à Rome de 1647 à 1652, il y connut Salvatore Rosa, Gian Lorenzo Bernini, et Pietro da Cortona qui exercèrent une grande influence sur sa peinture à partir de 1650[4]. Il entre en 1651 au service du comte Charles Ier Gonzague de Mantoue, et dès 1652, il répartit son activité entre Gênes, Venise et Mantoue[4]. À cette même époque, Rubens est également l'hôte de la cour de Gonzague. C'est là que Giovanni Benedetto Castiglione reçut le surnom de Grechetto, à cause de ses scènes pastorales de facture classique.
Dans son atelier, auquel étaient associés son fils et son frère, Giovanni Benedetto Castiglione peignit d'une manière distinguée des portraits, des tableaux historiques, des paysages et des natures mortes, mais son originalité concerne surtout les scènes rurales (marchés, vendanges, campagnes remplies de travailleurs et de troupeaux, etc.). Ses compositions bibliques et historiques servent surtout de prétexte à la peinture du bétail et du paysage, le sujet qui donne son nom au tableau ne jouant qu'un rôle secondaire (voir, par exemple, La Caravane, où celle-ci n'occupe qu'un espace très réduit, en haut et à gauche du tableau, alors que l'âne et son chargement, ainsi que les moutons qui l'entourent, sont le véritable sujet de la toile[5]). L'arche de Noé, avec ses animaux, était un de ses sujets favoris. La composition de ses tableaux est conçue à partir d'une forme ovoïde. Si les formes sont conventionnelles, la couleur est très variée. En particulier, dans ses dessins à l'huile sur papier, une technique apprise des Vénitiens et des Flamands, il est le premier à employer le vermillon.
Giovanni Benedetto Castiglione est également connu comme graveur à l'eau-forte. Il a cherché, dans cet art, à imiter Rembrandt (1606-1669), dont il découvrit les gravures vers 1630. Il est probable que l'influence avec le peintre flamand ait été réciproque. En dépit d'un tracé très léger, et d'une utilisation habile de la lumière et des ombres, les œuvres de Giovanni Benedetto Castiglione restent conventionnelles, même si elles connurent une popularité certaine, qui valut même à leur auteur le surnom de «second Rembrandt». Sa gravure la plus remarquable est Diogène cherchant un homme. On connaît plus de 70 planches de Castiglione, principalement d'inspiration religieuse ou moraliste (voir, dans ce registre, L'Aveugle conduisant l'aveugle). En 1786, G. Zompini publie, à Venise, un ensemble de douze planches gravées par Castiglione. Des gravures des œuvres de Giovanni Benedetto Castiglione ont également été réalisées par Francesco Bartolozzi (1727-1815)
Aux alentours de 1648, Giovanni Benedetto Castiglione fut l'inventeur du monotype, la seule technique d'impression originaire d'Italie[6],[7]. Elle consiste à effectuer un tirage unique à partir de la plaque métallique portant le dessin réalisé à l'encre. Giovanni Benedetto Castiglione réalisa plus de vingt monotypes avant sa mort. La série la plus populaire fut un ensemble de têtes exotiques, principalement des hommes de type vaguement oriental, mais également des femmes, et parfois des animaux. Elle fut reproduite en un nombre considérable d'exemplaires.
Évolution stylistique
Durant ses premières années, à Gênes, il s'inspire[8] du naturalisme des peintres flamands, appris de Roos et Van Dyck. Ses œuvres sont alors proches de celle du Caravage. Il va progressivement se détacher de ce style, pour se rapprocher du néo-vénitianisme de Poussin, lors de son premier séjour romain. Ses peintures religieuses, exécutées lors de son retour à Gênes, entre 1635 et 1647, sont nettement influencées par le baroque de Rubens. À partir de 1647, son second séjour romain voit une évolution nette vers le maniérisme, sous l'influence du Bernin.
Peintures
Diogène cherchant un homme, Prado
Ses peintures se trouvent principalement à Gênes et Mantoue, mais aussi à Rome, Venise, Naples et Florence. Une de ses toiles les plus célèbres est le Presepio (Nativité du Christ), de l'église San Luca, à Gênes.
Il est possible qu'un certain nombre de toiles soient des copies d'originaux de Giovanni Benedetto Castiglione, ou des œuvres de son frère ou de son fils.
Jacob conduisant les troupeaux de Laban, huile sur toile, vers 1632, 114 × 150 cm, collection privée
La Caravane, vers 1635, huile sur toile, 193 cm × 284 cm, Rouen, Musée des beaux-arts
Le Voyage de Rebecca, v. 1637-39, huile sur toile, 63 × 71 cm, Musée des beaux-arts de Houston
Les Bergers, vers 1640, Los Angeles, J. Paul Getty Museum
Isaac rencontrant RebeccaIsaac rencontrant Rebecca, huile sur toile, vers 1640, 124 × 175 cm, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage
Abraham et Melchisédek, 1645, toile, 100 × 125 cm, Paris, Musée du Louvre
L'Adoration des bergers, 1645, Gênes, Église San Luca
Un Satyre assis à côté d'une statue de Priape, vers 1645, San Francisco, Fine Arts Museum
La Nativité du Christ, 1645, toile, 398 × 218 cm, Gênes, église San Luca
Pan assis à côté d'un vase, vers 1645, San Francisco, Fine Arts Museum
Portrait d'un homme barbu et moustachu, portant un chapeau avec une grande plume (Portrait de G. L. Bernini?), vers 1645-1650, San Francisco, Fine Arts Museum
Le Christ chassant les marchands du Temple, huile sur toile, 1645-1655, 100 × 124 cm, Paris, Musée du Louvre
Diogène cherchant un homme, 1645-1647, San Francisco, Fine Arts Museum
L'Expulsion de Hagar, vers 1647-1649, Los Angeles, J. Paul Getty Museum
Tobit enterrant les morts, vers 1647-1655, Minneapolis, Institute of Arts
Gianlorenzo Bernini, vers 1648–1650, Gênes, Palazzo Bianco
Bacchante et Satyre
Circé, vers 1650, huile sur toile, 186 × 218 cm, Florence, musée des Offices, corridor de Vasari. Commandé par Jean-Charles de Médicis (1611-1663) pour décorer le palais Pitti[9].
Circé changeant en animaux les compagnons d'Ulysse, années 1650, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage
Circé changeant en animaux les compagnons d'Ulysse, vers 1650, Vevey, Musée Jenisch
Une Famille de satyres au milieu des animaux, vers 1650, Worcester, Art Museum
Jeune garçon jouant de la flûte pour un satyre, années 1650, New York, Metropolitan Museum of Art
L'Immaculée Conception, 1650, Minneapolis, Institute of Arts
Le Sacrifice de Noé après le déluge, 1650-1655, huile sur toile, 140 × 192 cm, Los Angeles County Museum of Art
Noé et les animaux entrant dans l'Arche, vers 1650, Austin, Blanton Museum of Art at the University of Texas
Noé et les animaux entrant dans l'Arche, huile sur toile, vers 1650, 145 × 195 cm, Dresde, Gemäldegalerie
Noé et les animaux entrant dans l'Arche, vers 1650, Minneapolis, Institute of Arts
Voyage pastoral, vers 1650, Los Angeles, J. Paul Getty Museum
Les Animaux entrant dans l'Arche de Noé, 1650-1655, Montréal, Musée des Beaux-Arts
Les Animaux entrant dans l'Arche de Noé vers 1650-1655, San Francisco, Fine Arts Museum
Avant 1650
Jacob et les troupeaux de Laban, 1632, Collection privée
Le Voyage de Rebecca, 1637-1639 Musée de Houston
Isaac et Rebecca, v. 1640 Musée de l'Ermitage
Le Christ chassant les marchands du temple, 1645-1655, Musée du Louvre
Devant l'arche de Noé, v 1650 Gemäldegalerie, Dresde
Le Voyage de la famille d'Abraham, 1650 - 1660, Tableau, 186 × 282 cm, Musei di Strada Nuova, Gênes
La Madone et l'Enfant en majesté avec un ange, vers 1654-1655, Austin, Blanton Museum of Art at the University of Texas
Circé changeant en animaux les compagnons d'Ulysse vers 1655, San Francisco, Fine Arts Museum
Pyrrha et Deucalion, 1655, huile sur toile, 155 × 121 cm, Denver Art Museum[10]
Bergers arcadiens, vers 1655, Los Angeles, J. Paul Getty Museum
Le Miracle de Soriano, huile sur toile, 1655, 319 × 204 cm, Gênes, Santa Maria del Castello
L'Adoration des bergers, huile sur cuivre, 1659, 68 × 52 cm, Paris, Musée du Louvre[11]
La Sainte Famille avec les anges, vers 1660, Paris, Musée du Louvre
L'Adoration des bergers., vers 1660, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage
Crucifixion, Tableau, v. 1660, 60 × 45 cm, Musei di Strada Nuova, Gênes
Après 1650
Sacrifice de Noé, 1650-1655 Musée du Comté de Los Angeles
Le Voyage de la Famille d'Abraham, 1650-1660 Musei di Strada Nuova
Courtauld Institute of Art, Londres, (10 œuvres de l'artiste et de son atelier)
Hunterian Museum and Art Gallery, Université de Glasgow, Écosse
The Royal Collection, Londres (6 œuvres)
Russie
Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg
Suisse
Musée Jenisch, Vevey
Notes et références
Encyclopédia Britannica
(de) Zur Problematik der Rembrandt-Rezeption im Werk des Genuesen Giovanni Benedetto Castiglione, (Genua 1609-1664 Mantua), 2004
Wittkower p.354
Angela Acordon, «Biographies», dans Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Editions Place des Victoires, (ISBN2-84459-006-3), p.649
(en) Sue Welsh Reed et Richard Wallace, Italian Etchers of the Renaissance and Baroque: [exhibition held at the Museum of fine arts, Boston, January 24-April 2, 1989, the Cleveland museum of art, April 25-June 25, 1989, National gallery of art, Washington, September 24-November 26, 1989], Boston, Museum of Fine Arts, , 302p. (ISBN0-87846-306-2), p.262-271.
(en) A. Hyatt Mayor, Prints and People: a social history of printed pictures, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, , 450p. (ISBN0-691-00326-2, lire en ligne), p.526-527.
Michel Laclotte, Jean-Pierre Cuzin et Arnauld Pierre, Dictionnaire de la peinture, éd. Larousse
Mina Gregori (trad.de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti: La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685p. (ISBN2-84459-006-3), p.441
Pyrra et Deucalion, 1655, Denver
Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre: De l’Antiquité au XIXesiècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 589p. (ISBN2-35031-032-9), p.357
Henry-Claude Cousseau, Le Musée des Beaux Arts de Nantes, Paris/Nantes, Fondation Paribas, , 125p. (ISBN2-907333-09-7, BNF35475626), p.28
Annexes
Bibliographie
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(de) Zur Problematik der Rembrandt-Rezeption im Werk des Genuesen Giovanni Benedetto Castiglione, (Genua 1609-1664 Mantua), 2004
(it) P. Bellini, L'opera incisa di Giovanni Benedetto Castiglione, 1982, éd. Ripartizione cultura e spettacolo, Milan
(fr) E. Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, p.589-590, 1976, Paris, éd. Librairie Gründ, tome II
(it) G. Dillon, Il genio di Giovanni Benedetto Castiglione, Il Grechetto, 1990, éd. Sagep, Gênes
(fr) Michel Laclotte, Jean-Pierre Cuzin et Arnauld Pierre, Dictionnaire de la peinture, éd. Larousse
(en) Lipmann, Engraving and Etching, 1906, New-York
(en) Maberly, The Print Collector, 1880, New-York,
(it) Soprani, Le Vite de' pittori genovesi, 1768, Gênes
(de) Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, p.164-166, 1912, Lepizig, vol. 6
(en) Rudolf Wittkower, Art and Architecture Italy, 1600-1750, p.353–355, 1993, Pelican History of Art, éd. Penguin Books
(de) Kurt Zeitler (sous la direction de), Werke von und um Giovanni Benedetto Castiglione (1609-1664), 2004, éd. Staatliche Graphische Sammlung, Munich
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