Nommée peintre officiel de la Marine, élue à l'Académie de marine en 2019, elle se partage entre le 14earrondissement de Paris et Nogent-le-Roi.
Biographie
Le Touquet, huile sur toile, 50 × 65 cm, localisation inconnue.
Michèle Battut naît le dans le 11earrondissement de Paris du mariage de Germaine Cabourdin («une mère très littéraire» évoquera-t-elle[1]) avec l'architecte Jean-Frédéric Battut (mort en 1980), élève de Paul Bigot et Auguste Perret, dont le nom demeure cité, avec ceux de Marc Brillaud de Laujardière, Le Corbusier, Maurice Novarina et Auguste Perret[2], parmi les reconstructeurs d'un espace urbain ruiné par la Seconde Guerre mondiale: se centrant pour sa part avec son associé Robert Warnesson, dans les années 1950, sur les dommages de guerre de la région du Ternois[3], on retient parmi ses travaux l'église Saint-Germain de Siracourt, l'église Saint-Henri de Libercourt[4], l'église Saint-Vaast de Frévent[5], l'église Notre-Dame du Mont-Carmel d'Éclimeux[6], l'église Saint-Paul et l'hôtel de ville de Saint-Pol-sur-Ternoise[7], enfin l'hôpital d'Arras.
Vivant de la sorte «une enfance heureuse»[1] successivement dans les villages de Roëllecourt et de Gauchin-Verloingt, Michèle Battut effectue ses études primaires et secondaires dans le Pas-de-Calais, puis au lycée Fénelon de Paris[8]. Adolescente consacrant ses loisirs à la peinture, elle reçoit un premier prix de compositions décoratives à Saint-Pol-sur-Ternoise et connaît ses premières expositions à Arras et au Touquet en 1962. Elle entre en 1963 à l'Académie de la Grande-Chaumière dans l'atelier de Jean Aujame, fréquentant en même temps les cours d'art dramatique de René Simon (elle est ainsi l'interprète de plusieurs courts métrages comme On a kidnappé Papa de Jean-Marie Isnard et avec pour partenaire Georges Aubert en 1963 ou Blaise d'Albert Magnier en 1964) , puis, en 1964, à l'École nationale supérieure des beaux-arts dans l'atelier de Roger Chapelain-Midy[9].
Michèle Battut obtient le diplôme d'arts plastiques en 1969 et, alors qu'en 1970 elle devient artiste permanent de la galerie Artcurial à Paris, que Frédéric Mégret relève déjà dans Le Figaro littéraire que «la jeune fille ne saurait taire le goût qu'elle éprouve pour un Paul Delvaux et un Balthus, pour certaines situations de René Magritte et qu'avec elle l'objet s'installe dans la toile comme un piège à images»[10], le prix de la Casa de Velázquez en 1971[11], qui lui est attribué par la ville de Paris, lui vaut de séjourner pendant un an à Madrid, s'y souvenant de sa première rencontre avec Christian Sauvé, lauréat l'année précédente. Elle devient sociétaire en 1972 du Salon d'automne, en 1973 du Salon des artistes français; elle en sera présidente de la section peinture en 1985.
Michèle Battut est alors largement entrée dans son long cycle des voyages qui va profondément inspirer «ses paysages intemporels, se situant entre une réalité tangible et un imaginaire illimité»[12], celui-ci ayant commencé dès 1966 avec Palma de Majorque, le Maroc et la Grèce pour se poursuivre avec les États-Unis et le Canada (1967), l'Italie, la Tunisie et la Roumanie (1968), le Japon (1970), la Thaïlande (1970, 1981), l'Inde (1972, 1973), le Cameroun (1972), le Pérou, l'Équateur et les Îles Galápagos (1973), Saint-Pierre-et-Miquelon (1975), le Kenya (1977)[13]. On lui connaît également, par sa peinture et par quelques écrits autobiographiques, des séjours en Islande, en Afrique occidentale, au Moyen-Orient, en Chine et surtout, liés aux nombreuses expositions qui lui sont consacrées à Tokyo et à Osaka, de réguliers retours au Japon[13],[14]. Michèle Battut, analyse Jean-Pierre Chopin, «sait traduire l'exotisme de ces pays de rêve, où règnent la lagune et la chaleur sans ombre, avec l'œil insolite d'un géomètre. C'est au cœur de cette sieste métaphysique qu'un vieil abri, une barque, une chaise esseulée, un livre oublié, une bicyclette abandonnée, un graffiti, retiennent l'humain dans une présence absente. La fluidité de ses horizons contraste merveilleusement avec l'opacité de ses murs d'argile et de pierres où transpire l'histoire de l'homme»[15].
Dans son approche de l'œuvre, substituant à la notion de paysage celle d'«un univers sublimé appartenant à l'imaginaire de l'artiste», Patrice de La Perrière perçoit que «la finesse d'exécution figurative des toiles de Michèle Battut provoque d'une manière paradoxale un sentiment d'intemporalité. La précision du détail et le réalisme mis en avant renforcent les sensations d'irréalité grâce à une complicité puisée dans un réalisme réinventé... Même quand elle prend comme sujet la plage de Punta del Este ou les étendues de la Californie, c'est encore pour en montrer l'aspect de démesure, pour mettre l'accent sur ses géométries excessives, pour en révéler les lignes pures et l'esthétique particulier»[16].
Œuvre
Contributions bibliophiliques
Jean-Paul Sartre, Les Mots, préface de Michel Tournier, illustrations de Michèle Battut, Bibliothèque des chefs-d'œuvre, Éditions Rombaldi, 1979.
Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, seize lithographies originales de Michèle Battut, Club du Livre, 1988.
Ouvrage collectif (quatre vingt-huit textes par Boutros Boutros-Ghali, Jacques Chirac, Jacques-Yves Cousteau, François Mitterrand, Mère Teresa, Léopold Sédar Senghor, Reine Noor de Jordanie, Prince consort Henri de Danemark, Barbara Hendricks, Shimon Peres, Yasser Arafat, Iannis Xenakis, Alexandre Zinoviev…), Le livre international de la paix, lithographies originales de Françoise Adnet, Paul Ambille, Michèle Battut, Pierre Boudet, Hans Erni, Monique Journod, Michel Jouenne…, trois cents exemplaires numérotés, Éditions Pierre et Philippe de Tartas, 1994.
Varia
Étiquette du vin Monsoon Valley pour Chaleo Yoovidhya, Bangkok, 2002.
Galerie (huiles sur toiles)
Les cabanes, 38 × 46 cm, localisation inconnue.
Balade à Bali, 100 × 100 cm, localisation inconnue.
Société générale (tour Montparnasse et porte Maillot, 1993.
Manoir de Vacheresses-les-Basses, Nogent-le-Roi, 1994, février 2015.
Galerie Tosaka, Tokyo, Osaka, 1996, 1997, mars 1999, avril-mai 2000, septembre 2000, mars 2001, septembre 2001, mars 2002, mars 2003, mars 2004, septembre 2007.
Galerie Tosaka, Paris, décembre 1998 - janvier 1999, octobre-novembre 1999.
Château de Montigny-le-Gannelon, avril-septembre 2001.
Abbaye de Loudun, mai 2002.
Maison François-Ier, Aubigny-sur-Nère, avril 2005.
Galerie Tosaka, Tokyo, Sendaï, Osaka, Hiroshima, septembre 2002, septembre 2003, septembre 2004.
Galerie Hugues Penot, La Baule, août 2005.
Michèle Battut - Retour de Corée, Brie-Comte-Robert, 2005.
Galerie Art Brillant, Tokyo, Osaka, Hiroshima, septembre 2005, septembre 2006, avril-mai 2012, mai 2013, mai 2014, mai 2015.
Lithographies de Michèle Battut, musée de Bourbonne-les-Bains, mai-août 2007.
Cercle de l'Union interalliée, Paris, septembre-octobre 2020.
Galerie du Cadran solaire, Beaune, novembre 2022.
Collectives
Une île, huile sur toile, 10x100cmLa maison de Tikal, Mexique, huile sur toile, 81x100cmMousson en Corée, huile sur toile, 65x46cmMystère végétal, huile sur toile, 46x65cmUne île de rêve, huile sur toile, 100x100cm
Salon des artistes français, Grand Palais, Paris, participation régulière dont médaille d'argent en 1968, hommage personnel (salle d'honneur du Grand Palais) en 1987.
Salon du dessin et de la peinture à l'eau, Grand Palais, Paris, 2017.
52e Salon d'arts plastiques de l'Association des artistes châtillonnais, espace Maison Blanche, Châtillon (Hauts-de-Seine), .
Sept peintres officiels de la Marine en escale à Sète - Michèle Battut, Michel Bez, Christoff Debusschere, Marie Détrée, Jean Lemonnier, Jacques Rohaut, Anne Smith, Dock Sud, Sète, mars-[29].
Fête de l'eau, Langres, Michèle Battut invitée d'honneur, [12].
Les peintres des armées, hôpital d'instruction des armées Percy, Clamart, [31].
Bateaux - Les Peintres officiels de la marine, musée du Bord de mer, Bénodet, juillet-septembre 2020.
Salon Arbustes, Mantes-la-Jolie, Michèle Battut invitée d'honneur, septembre-octobre 2020.
Hommage au général de Gaulle - Exposition des peintres de l'Armée de Terre, de l'Air et de l'Espace, de la Marine nationale et de la Gendarmerie nationale, Mémorial Charles-de-Gaulle, Colombey-les-Deux-Églises, avril-octobre 2021.
Bicentenaire de la Société de géographie - Exposition de peintures: Nature et paysages, Salon du vieux Colombier, mairie du 6e arrondissement de Paris, décembre 2021 - janvier 2022[32].
Citations
Dits de Michèle Battut
«Je suis une observatrice du ciel, je me suis toujours attachée à comprendre comment il était fait.» - Michèle Battut[11]
Réception critique
«Vous avez, chère Michèle Battut, choisi la voie étroite de l'indépendance et de l'authenticité. Puissiez-vous y demeurer fidèle tout au long de votre vie. C'est la seule qui vous conduira à l'expression complète de tout ce que vous portez de précieux en vous.» - Roger Chapelain-Midy[13]
«Dans la recherche onirique de Michèle Battut, je crois discerner une constante: elle tente d'approcher l'objet au plus près. Les choses la fascinent par leur présence et c'est cette présente têtue, obsédante, qu'elle veut capter par sa toile. Parce qu'elle choisit de jouer le jeu, de n'utiliser son pinceau que pour rendre la troublante matérialité des choses, Michèle Battut s'efforce, avec succès, d'en manifester l'énergie latente.» - Jean-Paul Sartre, 1979[13]
Irène Frain
«Le plus humble des lieux a son mot à dire dans le monde des couleurs en attente de l'œil perspicace et de la main habile qui saure le saisir. L'Inde a le privilège d'avoir pu rencontrer une artiste dotée de ces atouts. Michèle Battut a su relever ce défi en imprégnant les sujets qu'elle peint d'une réelle beauté visuelle d'où émane une force alliée au mystère.» - Indira Gandhi, [13]
«La peinture de Michèle Battut tente de capter l'insaisissable, le langage du rêve... Elle aime user de la même architecture, des mêmes couleurs et surtout de la même atmosphère que dans la vision onirique... Comment diable fait-elle, pour nous faire croire au toucher de cette soie, à la colère de ce ciel d'orage, mieux encore, à l'odeur des nuages? Aucune réponse, jamais. Seulement ce curieux vertige. Alors on devient comme ce qu'elle vient de peindre. Fiché soi-même dans la toile, sans savoir pourquoi.» - Irène Frain[13]
«De ses nombreux voyages en Afrique, au Sahara et aux Antilles, Michèle Battut a rapporté des paysages solitaires et silencieux, décrits avec exactitude, comme ses natures mortes au réalisme étrange.» - Gérald Schurr[33]
«Elle intervient plus personnellement et plus poétiquement dans ses nouveaux thèmes qu'énumère Georges Cheyssial: Chemins du crépuscule... déserts... Plages mortes... maisons murées que le remords hante... villes abandonnées aux architectures folles... et que précise Nicole Lamothe: Murs vétustes que réchauffe un soleil ardent, tentes et chaises longues sur une plage déserte, la mer, le ciel dans leur infinie immensité ou bien l'atmosphère des îles écrasées de chaleur, imprégnées d'odeurs...» - Dictionnaire Bénézit[34]
«Michèle Battut, un nom connu, synonyme de grands espaces, de paysages d'eau et de ciel, de voyages infinis... La présence humaine n'est qu'implicite dans les toiles de Michèle Battut où la nature reste primordiale, et d'où jaillit l'imaginaire comme un ultime recours de l'être humain en quête d'absolu.» - Alix Saint-Martin[35]
«Ses soleils qui se couchent découpent des contre-jours incandescents dans de vibrantes eucharisties crépusculaires. Des ciels impitoyables de vérité, sortis pourtant de sa météo imaginaire, se marient au tellurique par l'arbre ou l'objet qui est là, posé comme un ostensoir. Ciel, Terre, Chose, telle est la triade de son art économe et abouti qui possède à la fois la pureté classique et la verticalité fantastique d'un vertige au cœur de l'homme.» - Jean-Pierre Chopin[13]
«Elle connaît des ciels que Turner aurait reconnus et que nous pensions connaître avant qu'elle n'imprime notre mémoire de cette nouvelle version du visible.» - Philippe Lejeune[36]
Prix et distinctions
Épaulette P.O.M.Ruban de Chevalier de l'Ordre du Mérite maritimeVenise le soir, huile sur toile, 46x55cmVenise, huile sur toile, 89x116cm
Médaille d'argent du Salon des artistes français, 1968[8].
Prix des jeunes du Salon de Versailles, 1970.
Prix de la Casa de Velázquez, 1970 (41e promotion).
Prix des jeunes, Salon des femmes peintres, 1973.
Prix Saint-Pierre-et-Miquelon, Société internationale des beaux-arts, 1975.
Prix Rocheron, 1975.
Prix de la Jeune Peinture, Salons d'automne 1975 et 1977.
Grand Prix du Salon des artistes français, 1977.
Prix de la peinture de la ville de Touques.
Prix de la Guadeloupe, 1978.
Prix «Rose d'or» des Rosati d'Arras, 1979.
Prix de la Coopération de la Société internationale des beaux-arts, 1980.
Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France: lithographies, dont Les quatre saisons, Éditions Terre des Arts, 1974[24].
Musée national de la marine: «Le Triomphant» en cale sèche, huile sur toile 100 × 100 cm.
Jean-Pierre Chopin (préface), Indira Gandhi, Jean-Paul Sartre, Irène Frain, Georges Cheyssial, Philippe Lejeune, Nicole Lamothe, Patrice de la Perrière, Alice Fulconis, Bertrand Duplessis, Christian Thomas et Michèle Battut, Battut, voyages, Éditions Jean-Pierre Delville, 2000.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001, p.90.
Jean-Claude Lethiais, Michèle Battut, Éditions du Conseil général d'Eure-et-Loir, 2007.
[La Perrière 2007] Patrice de La Perrière, «Michèle Battut - Peintre officiel de la marine, sur le fil de l'horizon», Univers des arts, no122, , p.54-57.
Didier Hamel Dhaimeler, Les artistes francophones inspirés par l'Indonésie: peintres, sculpteurs, graveurs, Jakarta: Centre culturel français Jakarta en collaboration avec la Duta Fine Arts Foundation, , 207p. (ISBN978-979-96145-0-6, lire en ligne), p.164.
Agnès Lecompte et Christian Germak, rédacteurs en chef, «Michèle Battut, miroir de l'âme et de la nature», Arts Gazette International, numéro spécial, décembre 2011 (consulter en ligne).
[La Perrière 2019] Patrice de La Perrière, «Michèle Battut, peintre officiel de la Marine - La soif des grands espaces», Univers des arts, no196, , p.56-61.
«Michèle Battut», Univers des arts, no202, , p.62
Hélène Queuille, «Visite d'atelier - Le monde médité du peintre Michèle Battut», La Critique parisienne, no82, .
Denis-Michel Boëll et Jacques Rohaut (préface de Didier Decoin), Les peintres officiels de la Marine, Locus Solus / Ministère des Armées, 2020.
François Bellec de l'Académie de marine (préface), Jean-Pierre Chopin (introduction), Alain Souchon, Philippe Lejeune, Nicolas Vial, Xavier Debeaurain, Hélène Queuille, Jeanne Maillet, Philip Plisson, Indira Gandhi, Jean-Gabriel Montador, Daniel Gallais, Hélène Legrand, Irène Frain, Nadine Le Prince, Jean Avy, Jean-Paul Sartre, Anne Smith, Patrice de La Perrière (textes), Joël Cadiou (photographies), Michèle Battut, Atelier 80, Paris / Graph'Imprim, Créteil, 2020.
Michèle Battut, «Le Japon de Michèle Battut», La Critique parisienne, n°85, 2021.
Filmographie
Michèle Battut, au-delà du réel, film de Jean Desvilles, texte dit par Marie-Martine Bisson, musique de Symbad de Lassus, éditions Arts et résonances, Boulogne-Billancourt (durée: 40 min). Festival du film sur l'art, Unesco, 2004.
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