Ancienne École régionale des beaux-arts (aître Saint-Maclou), RouenÉcole nationale supérieure des beaux-arts, Paris
Commençant à peintre à l'âge de douze ans[1], Christian Sauvé est, en même temps qu'il fréquente Léonard Bordes, Maurice Vaumousse et Gaston Sébire[2], élève de Léon Toublanc (1900-1990) et de Robert Savary (1920-2000) à l'École régionale des beaux-arts de Rouen, alors située dans l'aître Saint-Maclou[3]: «l'école de Saint-Maclou, évoque-t-il ainsi, c'était une immersion dans la vie. Il suffisait de passer la porte pour se trouver dans la beauté et de trouver tous les prétextes à dessiner et à peindre. C'est un environnement exceptionnel et les élèves pouvaient se lancer dans des excursions esthétiques qui allaient de l'hôtel de ville à ce Pré-aux-Loups en bord de Seine qui a servi de toile de fond à toute l'École de Rouen»[2].
Dès cette époque où il rencontre Marie-Ange Rialland (1946-2022), elle aussi étudiante aux beaux-arts et qui deviendra son épouse[2], il est appelé par le peintre havrais Reynold Arnould (1919-1980) à contribuer avec lui aux fresques murales de la nouvelle cité scolaire de Caucriauville conçue par l'architecte Bernard Zehrfuss au Havre[4]. Il est ensuite, en 1967-1968, élève de Maurice Brianchon (1899-1979) à l'École nationale supérieure des beaux-arts à Paris.
Après des villégiatures en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas et en Angleterre en 1968, le Grand Prix de la Casa de Velázquez, dont il est récipiendaire en juin 1969 (40e promotion)[5], lui vaut un séjour à Madrid - il y situe ses premières rencontres avec Michèle Battut (41e promotion), le sculpteur Daniel Druet, les compositeurs Philippe Hersant et Édith Lejet - qu'il étend, en 1970-1971, à des parcours de l'Espagne (jusqu'aux îles Canaries et plus particulièrement Lanzarote dont «il étudie les terres volcaniques»), du Portugal, du Sénégal, de la Mauritanie, du Maroc[6].
Christian Sauvé, dont l'estime et l'amitié vont tout autant à ses confrères rouennais figuratifs comme Jean Bréant et Georges Mirianon qu'abstraits comme Georges Breuil, est professeur de peinture et de croquis de nu à l'École des beaux-arts de Rouen de 1971 à 2008[6]. «Ses cours libres duraient environ 2 h 30, une bonne mesure pour poser rapidement les bases du travail sur un sujet donné, se souvient Karine Lemoine qui fut de son atelier. Christian Sauvé laissait ses élèves s'exprimer sans les abreuver de discours. Juste quelques mots. Juste l'essentiel»[7]. L'artiste part en 1972 vivre à Mortemer (Seine-Maritime) où les vestiges du donjon du XIIesiècle, «que l'on dirait un grand squelette dont la nudité n'est même pas cachée par le lierre»[8], font partie des sujets qu'il peint sur le motif, puis il s'installe définitivement en 1974 dans le village voisin de Sainte-Beuve-en-Rivière[9].
Dans un texte intitulé L'œil et la main, l'universitaire Jean-Pierre Maquerlot restitue que, figurative dans un lyrisme gestuel et un empâtement qui tantôt la rapprochent de l'expressionnisme, tantôt la situent aux frontières de l'art abstrait, «toute l'œuvre de Sauvé, dès le début, mais de façon toujours plus marquée avec le temps, nous rappelle que la touche n'a pas pour seule fonction de servir d'adjuvant à la modulation des couleurs pour exprimer le volume, mais qu'elle a un rôle unique, spécifique et irremplaçable qui est de matérialiser dans la pâte le geste du peintre; ce peut être la vibration dans la tenue du pinceau, le mouvement du couteau ou du doigt (l'usage du pouce est fréquent chez Sauvé), ou encore, si le tableau exige une touche ayant l'amplitude d'une véritable trajectoire, c'est le mouvement du bras tout entier qui se lit dans la trace laissée par la brosse sur le support»[10].
Expositions
Expositions personnelles
Maison de la culture d'Amiens, 1975Conseil général d'Eure-et-Loir, Chartres, 2000
Salon de Rouen de la Société des artistes normands, Christian Sauvé invité d'honneur, espace Bérégovoy, Hôtel de département de la Seine-Maritime, Rouen, octobre-novembre 2010[21],[22],[23].
Salon Rouen National Arts, halle aux Toiles, Rouen, mai 2012[24], mai 2014[25].
Les artistes de la Galerie Rollin, Galerie Dominique et Annick Rollin, Rouen, janvier-février 2014[26].
Biennale Noir et blanc, office de tourisme du pont Jehan-Ango, Dieppe, mai 2014.
Les arts d'été - L'art actuel, Salle Philippe-Debeaupuis, Lyons-la-Forêt, juillet-août 2014[27].
Des expositions non datées sont également citées à Paris (participations au Salon des artistes français), à l'orangerie du château de Versailles ainsi qu'à Aalen (Allemagne), Londres, Milan et Seattle (États-Unis)[29].
Citations
Dits de Christian Sauvé
«La peinture exige de la lenteur, de la concentration. Il faut lui accorder du temps pour la recevoir et pouvoir la méditer. Un artiste est comme un volcan. Il exprime en lui tout un monde. L'acte de peindre s'apparente à une respiration vitale, une expérience universelle. C'est une constante quête de lumière.» - Christian Sauvé[10]
Réception critique
«Bucolique et fantasque, Christian Sauvé peint comme il respire, par évidence, avec la plus grande décontraction, avec humour et avec joie. Sauvé peint parce que c'est sa condition première; sa raison d'être, le pinceau bien en main, il s'attaque à tout ce qui peut créer sur l'instant l'événement, un frisson de vent, un brin d'herbe, un peu de ciel bleu, un nuage, une fleur, un bouquet, la courbe d'un sein, un bout de chiffon sur un visage, le galbe d'une cuisse, un matou "amitieux"… Sauvé peint mille thèmes, mais d'abord Sauvé peint. Ses meilleurs thèmes comportent toujours un très beau registre d'écritures abstraites, la liberté du geste, la légèreté du trait, le dynamisme de la composition, c'est cela Sauvé, un peintre qui ne professe qu'une seule théorie: conjuguer le plaisir de peindre à tous les temps.» - Rémy-Francis Parment[29]
«Le destin des couleurs contribue vigoureusement à cette sensation de fraîcheur, de matière drue et saine, de lumière intense qui anime toutes les atmosphères et tous les objets qui s'en trouvent comme éclairés de l'intérieur par la vie et la plénitude. Audacieuse, un brin provocante, sa palette, en fait, vit de sa propre vibration, intense et dense, sans gesticulation inutile, complice en joie de voir et de sentir. La couleur devient geste, rythme, mouvement de désir et du plaisir d'être elle-même. Le plus grand mérite, à mes yeux, de la peinture de Christian Sauvé, est qu'elle reste toujours, elle aussi, un regard exigeant sur la peinture, une quête sans concession: le "motif" ou le "sujet" n'est jamais qu'un support, un tremplin vers l'essence de la peinture, le lyrisme des formes et des couleurs dans leurs dialogues intimes.» - Serge Salaün[12]
«Il n'ignore pas les pistes tracées par les grands fauves ni les labyrinthes troublants où s'enferment parfois les grands agitateurs. Je sais aussi que sa palette contient le sentiment de l'inquiétude; des paysages sombres et d'autres qui sont incandescents l'attestent parmi ses plus fortes œuvres sans effets narratifs trop indiscrètement appuyés. Christian Sauvé, peintre, procède à la manière des parents d'autrefois qui approchaient de l'oreille des enfants un gros coquillage en disant: "Écoute, c'est la mer!". Bien sûr, ce n'est pas la mer. Mais on l'entend.. Ainsi Sauvé avec sa peinture remplie d'allusions et de rêve: il la pose entre lui et nous et, pour qui sait écouter, une voix souffle: "Écoute, c'est la mer!".» - François Bergot[13]
«Chacune de ses planches peintes est un paysage où revit la structure même du bois dans son apparente liberté, éléments qu'il nous propose pour reconstruire à notre tour des paysages variables. Il accorde une grande importance à la nature et à la terre et tente de l'exprimer dans sa brutalité.» - Dictionnaire Bénézit[6]
«Abstraits, les nus de Sauvé? Bien sûr, mais comme le reste de sa peinture, même à son plus figuratif… Partir du réel, soit, mais en partir afin que, précisément, le bonheur d'une perception rafraîchie, dépaysée, l'emporte sur le morne désir de s'y "retrouver". Il faut bien que le dernier mot revienne à la peinture! Or Sauvé voit en peintre: sa vision du motif n'est autre que l'anticipation des gestes à faire pour le peintre; d'où cette touche grandiose qui, sensuellement, s'étire, pour devenir trajectoire vers l'imaginaire.» - Jean-Pierre Maquerlot[14]
Conservation
Collections publiques
Maison de la culture d'Amiens, dessins.
Musée des arts et traditions populaires Mathon-Durand, Neufchâtel-en-Bray.
Conseil départemental de la Seine-Maritime, Rouen.
Le jardin de Bellevue, Jardin remarquable de Beaumont-le-Hareng, a donné en 2014 le nom de Christian Sauvé à une nouvelle variété d'hellébore[32],[33].
Richard Louapre, «L'école des beaux-arts dans les années 60: un véritable vivier de talents multiformes», 1958-1968: les années Rock en Haute-Normandie, éditions Falaises, 2002.
Élisabeth Le Borgne, Salon de printemps de Saint-Aubin-lès-Elbeuf - Invitée d'honneur: Karine Lemoine, dossier de presse, Société des artistes Elbeuf Boucle de Seine, mars 2016.
Abbé Jean-Eugène Decorde, Essai historique et archéologique sur le canton de Neufchâtel-en-Bray, Bouvet, Mathon et Derache, 1848, p.173(consulter en ligne)
Annuaire des peintres, sculpteurs, experts et galeries de France, Patrick Bertrand, éditeur d'art, 1995, p.415.
Rémy-Francis Parment, Jean-Pierre Maquerlot, Luis Porquet et Marie-Ange Rialland, textes sur Christian Sauvé, Salon de Rouen - Société des artistes normands, catalogue de l'exposition, éditions de l'Hôtel du département de Seine-Maritime, Rouen, 2010, pp.6, 8, 10, 12.
Carole Vallée, Jacques Chamaillard, Annie Hartmann, Irène Gautier-Leblond, Dominique Dudouble, Catherine Mahieu, Gérard Planterose, Patrick Barbie et Joël Boulier, Au rendez-vous des coupeurs de doigts, nouvelles inédites, illustrations de Bernard Héranval, Marcel Laquay, Milab, Michel Pinier, Gérard Remigereau, Christian Sauvé, Jean-Paul Tourbatez et Dominique Vervisch, Publications de l'Université de Rouen, 1993.
Bibliographie
François Bergot, Artistes normands de la Casa de Velázquez, éditions du Musée des Beaux-Arts de Rouen, 1981.
Rémy-Francis Parment, Christian Sauvé conjugue le plaisir de peindre à tous les temps, Imprimerie Jean-Jacques Debeauvais, Rouen, 1987.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol.12, Gründ, 1999.
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