Artiste symboliste, il eut une influence sur l'éclosion du fauvisme.
Biographie
Eugène Anatole Carrière est le fils de Léon Camille Joseph Carrière, directeur d'assurances, et d'Élisabeth Wetzel; le couple a une autre fils, Ernest, céramiste. Il est élève d'Alexandre Cabanel à l'École des beaux-arts de Paris[2] et demeure au 50, boulevard du Montparnasse à Paris au début de sa carrière[3]. Il reçoit des commandes pour des peintures qui ornent l'hôtel de ville de Paris et la Sorbonne, ainsi que pour des sujets religieux. Son projet de triptyque Le Christ en croix restera à l'état d'ébauche[4].
Eugène Carrière concourt au prix de Rome en 1876, où il est classé premier à l’esquisse mais échoue dans les loges. Ce morceau de concours conservé par le musée du Nouveau Monde à La Rochelle est déposé au musée des Beaux-Arts de Pau. Cette œuvre témoigne d'une formation classique et du goût dominant de l’Académie, loin de la production postérieure de l’artiste. La même année, il expose pour la première fois au Salon.
En 1890, il fonde rue de Rennes l'académie Carrière, où des peintres comme Henri Matisse, André Derain, Jean Puy, Francis Jourdain ou Valentine Val sont élèves; jusqu'en 1905, il se consacre à l’enseignement de l’art. Eugène Carrière, qui enseigne aussi chez Ferdinand Humbert, l'ancien atelier Cormon, au 104, boulevard de Clichy et à l'académie Camillo, cour du Vieux-Colombier[5], attire dans son académie de nombreux jeunes artistes en quête de liberté et d’indépendance. Ce lieu a pour originalité d’être le vivier des futurs «fauves» et l’un des premiers ateliers mixtes de Paris[6].
Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1889, puis promu officier en 1900[7].
Il séjourne de manière régulière pendant l'été avec sa famille chez Raymond Bonheur (1861-1939), compositeur à Magny-les-Hameaux, qui était le neveu de Rosa Bonheur (1822-1899).
Eugène Carrière est réputé pour ses clairs-obscurs en camaïeu à dominante brune et grise, estompant les formes tout en faisant ressortir les mains et les visages[8]. Pour obtenir cet effet, «la toile est d'aspect lisse, au rendu quasiment porcelaine, et la profondeur du regard est rendue grâce au grattage de la toile par le manche du pinceau[9].»
Selon un de ses biographes, Charles Morice, Paul Gauguin a dit de lui: «Les belles couleurs, sans qu'on s'en doute, existent et se devinent derrière le voile que la pudeur a tiré dans ses œuvres. Ses fillettes conçues d’amour évoquent la tendresse. Chez lui, les mains saisissent et caressent[10].» Ses détracteurs voient en son œuvre une forme de sentimentalisme désuet et répétitif[11]. La critique anglo-saxonne, revenant sur ce jugement, perçoit dans cette œuvre, la transition fondamentale entre tradition et modernité: sa lithographie Sommeil (1897)[12] confine presque à l'abstraction —ou du moins à une forme d'expressionnisme— et la plupart des peintres fauves, qui paradoxalement explosèrent la gamme chromatique, passèrent par son atelier[13].
Vie privée
Eugène Carrière est le père de la sculptrice Nelly Carrière (1886-1971), le beau-père de l’homme politique Jacques-Louis Dumesnil (1882-1956) son second époux, et le grand-père de l'artiste peintre Jeannie Dumesnil (1926-2000), leur fille.
Il est aussi le père du peintre et sculpteur Jean-René Carrière (1888-1982).
Il était le frère d'Ernest Carrière (1857-1908), peintre céramiste. Elève et collaborateur du céramiste Théodore Deck, Ernest Carriere fut chef des ateliers de décoration à la manufacture nationale de Sèvres. Il épousa en 1883 Alice Bouron (modèle du tableau "La Toilette" d'Eugène Carrière, conservé au Musée des beaux Arts de Nantes) dont il eût au moins un fils, Camille Carrière, chirurgien.
Citation
«Dans ce moment si beau et si court l'homme est maître de son destin. Il peut vouloir la recherche de sa propre nature, découvrir son image dans ses semblables, jouir de la connaissance des causes profondes de la vie, ou se complaire à la satisfaction passagère des apparences. La lassitude et la tristesse des voyageurs de la mauvaise route nous disent que partout se trouvent la souffrance et la mort. Que du moins notre souffrance ait une raison haute et généreuse, qu'elle soit la préparation aux beaux lendemains. Les Poètes ont le sens du vrai chemin, ils savent les réalités invisibles que la vie nous dévoile au cours de notre labeur.»
—Toast d'Eugène Carrière au banquet de La Plume, .
D'avril à : Paris, galerie Boussod et Valadon, exposition personnelle.
2006: Paris, musée d'Orsay, exposition consacrée aux relations entre le peintre et Rodin.
Du au : musée départemental de l'École de Barbizon, Les échanges philosophiques et artistiques sur l'art du paysage, à l'occasion du centenaire de la mort du peintre.
Sylvie Le Gratiet, «De l'Éveil aux Âges de la Vie. Conception et réception des décors d'Eugène Carrière», in l'Atelier, bulletin no8 de l'Association Le Temps d'Albert Besnard(ISSN1956-2462).
Ce qui fit dire de façon humoristique à Edgar Degas: «On a fumé dans la chambre des enfants» (cf: Didier Rykner, «Une importante donation de tableaux d'Eugène Carrière pour Douai», sur le site de La Tribune de l'art du ).
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