Louis Henri Forain, dit Jean-Louis Forain, Jean Forain ou Louis Forain, né à Reims le et mort à Paris le , est un peintre, illustrateur et graveur français.
Jean-Louis Forain
Jean-Louis Forain dessinant dans son atelier (1923).
«Doux pays – Le péril clérical», croquis pour L'Écho de Paris, publié dans Le Pèlerin en 1902.
Il participe à la guerre de 1870, puis devient l'ami de Paul Verlaine et d'Arthur Rimbaud. Il habite avec ce dernier dans une chambre louée par Verlaine à Paris, rue Campagne-Première, de janvier à . À cette époque on le surnomme Gavroche[2]. Il servira également de messager entre Verlaine et Rimbaud, leur permettant de se domicilier chez lui pour leurs envois de lettres aimantes ou «martyriques»[3].
Bientôt, il est un familier des salons de Nina de Callias et de la comtesse de Loynes, où il croise les écrivains Maurice Barrès, Paul Bourget, et fréquente Edgar Degas et Édouard Manet. Il commence sa carrière de peintre aux côtés des impressionnistes avec qui il participe à plusieurs expositions entre 1879 et 1886. Il est très proche de son aîné Degas, qui, évoquant ses futures funérailles, dira un jour: «Je ne veux pas de discours. Si! Forain vous en ferez un, vous direz: il aimait le dessin[4].» Degas, volontiers cinglant, dira aussi à propos d'une Danseuse de Forain: «Ce jeune homme vole de nos propres ailes[5].»
Il débute comme illustrateur en 1876 dans la revue La Cravache parisienne et publie quelques caricatures dans différents journaux tels que Le Scapin en 1876, puis La Vie moderne, Le Monde parisien et La République des lettres, où il fait preuve d’une ironie pleine de verve. Découvrant le monde de l'opéra avec ses danseuses et ses abonnés, il en fait son thème de prédilection.
Jean-Louis Forain participe à quatre des huit expositions impressionnistes (1879, 1880, 1881 et 1886). Dans les années 1885 et 1886, il fréquente le café-restaurant Au Tambourin au 62, boulevard de Clichy[6].
Son tableau Le Buffet, qui montre une réception mondaine, est reçu au Salon des artistes français de 1884. Le Veuf est également accepté au Salon de 1885. À partir de 1887, Le Courrier français lance Forain en publiant régulièrement ses dessins satiriques et, en 1891, débute sa collaboration avec Le Figaro qui durera 35 ans. De nombreux journaux tels L'Écho de Paris, le New York Herald, le Journal amusant, Le Rire, Le Temps, L'Assiette au beurre, Le Gaulois se disputent également son esprit caustique. Il explique dans Le Fifre, son propre journal lancé en 1889[7], qu’il veut «conter la vie de tous les jours, montrer le ridicule de certaines douleurs, la tristesse de bien des joies, et constater rudement quelquefois par quelle hypocrite façon le Vice tend à se manifester en nous»[8].
Le peintre Forain et sa femme dans son atelier en 1891, photographie anonyme, Paris, musée d'Orsay.Au départ de l'excursion des touristes de la course Paris-Berlin en 1901, Paris, BnF.«Le Service auxiliaire», dessin paru dans Le Figaro du .
En 1891, Forain épouse la portraitiste Jeanne Bosc.
Avec le boulangisme, le scandale de Panama, et l’affaire Dreyfus, Forain se détourne de la satire sociale et s’oriente progressivement vers la satire politique contre les «turpitudes» de la Troisième République. Il fréquente à cette époque le salon de la comtesse de Martel. Le polémiste se déchaîne dans le Psst…![9], journal anti-dreyfusard et antisémite qu’il fonde en 1898 avec Caran d'Ache et le soutien actif d'Edgar Degas et Maurice Barrès. Le guide Paris-Parisien, qui le considère en 1896 comme une «notoriété de la vie parisienne», le décrit comme un «dessinateur de grand talent qui voit les choses en laid»[10]. En 1900, il retrouve la foi catholique de son enfance et participe à plusieurs pèlerinages à Lourdes[11].
Forain fait désormais partie du Tout-Paris. Il a sa loge à l'opéra[12], sa table chez Maxim's, sa place à l'hippodrome[12] et son atelier au 30 bis, rue Spontini dans le 16earrondissement de Paris)[13]. Il est membre de cercles sélects comme le Jockey Club et l'Automobile Club de France (ACF)[14]. Passionné de mécanique, il participe en 1901 avec sa voiturette Bertrand à l'excursion des touristes qui précède et accompagne la course de vitesse Paris-Berlin organisée par l'ACF. Une panne mécanique le contraint à abandonner[12].
Pendant la Première Guerre mondiale, il exalte le patriotisme de ses contemporains dans L’Opinion, Le Figaro et Oui avec des légendes telles que «— Pourvu qu’ils tiennent. — Qui ça? — Les Civils», parue le [15].
Engagé volontaire en 1914, âgé de 62 ans, quand débute la Première Guerre mondiale, il intègre la Section camouflage avec d'autres artistes comme Lucien-Victor Guirand de Scevola et André Dunoyer de Segonzac[14]. Il accompagne les soldats dans les tranchées pour continuer à dessiner et à les soutenir moralement. Il est extrêmement populaire pendant ces années de guerre.
Après la guerre, durant l'hiver 1920, Forain participe avec d'autres artistes —Adolphe Willette, Francisque Poulbot, Maurice Neumont, Louis Morin, Maurice Millière, Raoul Guérin, Jules Depaquit— à la fondation de la fantaisiste République de Montmartre, et en est élu président[16]. Il est, aux côtés de Joë Bridge, Adolphe Willette, Francisque Poulbot, Maurice Neumont,etc. membre de la goguette du Cornet[17].
En 1921, par attachement à sa ville natale de Reims, il offre au musée municipal un lot important de dessins préparatoires. Certains de ses dessins de guerre sont d'ailleurs conservés au musée des Beaux-Arts de Reims.
Forain est élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1923[18]. La même année, il devient président de la République de Montmartre et le restera jusqu'à la fin de sa vie. Il est membre de la Royal Academy en 1931 et promu commandeur de la Légion d'honneur[19]. Il est inhumé au cimetière du Chesnay-Rocquencourt, ville où il possédait une maison de campagne. Une note mentionne ses obsèques dans les Cahiers de Paul Valéry, à la date du .
Dix-sept cartons (1894) pour des panneaux de mosaïque en céramique illustrant la société parisienne et ses mœurs à la fin du XIXesiècle, réalisés par l'atelier du mosaïste Giandomenico Facchina (1826-1903) pour la façade du Café Riche, boulevard des Italiens à Paris, dont entre autres: La Confidence au bal[80], Le Crieur de journaux[81], La Cycliste, Jeune femme coiffée d'un chapeau au champ de courses, La Petite Marchande de violettes et l'étude Femme avec loup et gants noirs[82], Paris, musée des Arts décoratifs. À la même commande appartiennent Le Trottin, L'Enceinte du pesage ou Les Élégantes aux courses (collection particulière) et L'Artiste en villégiature[83].
Jean-Jacques Lefrère, Arthur Rimbaud, Fayard, 2001, pp.253, 441, 465 et 466.
Leila Jarbouai et Marine Kisiel (dir.), Degas Danse Dessin. Hommage à Degas avec Paul Valéry, Paris, Gallimard, , 255p. (ISBN978-2-07-275197-4), p.227.
Pierre Mouliet, «Les petits Salons. Le Salon des Indépendants (1903)», Notes d'art et d'archéologie. Revue de la Société de Saint-Jean, quinzième année, Paris, Lyon, Emmanuel Vitte éd., 1903, p.90 (en ligne sur archive.org).
La Confidence au bal, peinture à la gouache, sur papier brun marouflé sur toile et tendu sur châssis, Inv. 2918.B, musée des Arts décoratifs, Paris (notice en ligne).
Le Crieur de journaux, peinture à la gouache, sur papier jaune marouflé sur toile et tendu sur châssis, Inv. 18505, musée des Arts décoratifs, Paris (notice en ligne).
Femme avec loup et gants noirs, peinture à la gouache, sur papier marouflé sur toile et tendu sur châssis, Inv. 19076, musée des Arts décoratifs, Paris (notice en ligne.
Delphine Christophe, Georgina Letourmy, Paris et ses cafés, Action artistique de la Ville de Paris, 2004, p.148.
Les Maîtres Humoristes. J.-L. Forain, Société d'Édition et de Publications, Paris, Librairie Félix Juven, 1908.
Les Maîtres Humoristes. J.-L. Forain, Deuxième Album, Société d'Édition et de Publications, Paris, Librairie Félix Juven, 1908.
Gustave Geffroy, «Forain», L'Art et les Artistes, no21, Paris, .
Charles Kunstler, Forain, Paris, F. Rieder & Cie, , 63p.
Léandre Vaillat, En écoutant Forain, Flammarion, , 257p.
J.-L. Forain, peintre, dessinateur et graveur: exposition organisée pour le centenaire de sa naissance, Bibliothèque nationale, juin-septembre 1952, Paris, Bibliothèque nationale, , 45p.
Jean-François Bory, Forain, Paris, H. Veyrier, , 126p. (ISBN2-85199-197-3).
(en) Alicia Craig Faxon, Jean-Louis Forain: a catalogue raisonné of the prints, New York, Garland Pub., , 297p. (ISBN0-8240-9343-7).
(en) Alicia Craig Faxon, Jean-Louis Forain: artist, realist, humanist: organized and circulated by the International Exhibitions Foundation, Washington, D.C., 1982-1983, Washington, D.C., The Foundation, , 60p. (ISBN0-88397-042-2).
Jean-Louis Forain: chroniqueur - illustrateur de guerre, 1914-1919: catalogue édité à l'occasion de l'exposition organisée par la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Musée des deux guerres mondiales, janvier-juillet 1986, , 82p..
Cécile Coutin, Jean-Louis Forain et la guerre de 1914-1918, Université de Paris 4, (thèse de doctorat).
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