art.wikisort.org - Artiste

Search / Calendar

Robert Louis Nicoïdski, nom d'artiste de Willy Louis Robert-Nicoud[1], né le à La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel) et mort le à Paris, est un peintre et graveur (eau-forte, aquatinte) suisse.

Robert Louis Nicoïdski
Naissance

La Chaux-de-Fonds (Suisse)
Décès
(à 64 ans)
15e arrondissement de Paris (France)
Nom officiel
Willy Louis Robert-Nicoud
Nationalités
Française
Suisse
Activités
Peintre, dessinateur, sculpteur
Formation
École des beaux-arts de Genève, École nationale supérieure des beaux-arts de Paris
Maître
Mouvement
Nouvelle figuration
Conjoint
Clarisse Nicoïdski
Enfant
Louis Sanders
Distinctions
Prix Nichido 1976

Il était mariée à l'écrivaine Clarisse Nicoïdski (1938-1996).


Biographie


La Chaux-de-Fonds
La Chaux-de-Fonds

D'ascendance polonaise, Robert Nicoïdski « naît de père inconnu et est abandonné par sa mère à l'âge de 4 ans aux portes d'un orphelinat suisse où les éducateurs le battirent comme plâtre »[2]. Enfant d'un tempérament solitaire dont la vocation artistique apparaît très tôt (avec cependant une seconde attirance pour la boxe), il commence à peindre en 1948, « et ceci, frénétiquement »[3]. Il est élève de Lucien Schwob[4] à La Chaux-de-Fonds de 1950 à 1952, puis entre à l'École des beaux-arts de Genève en 1952. S'y montrant indépendant et rebelle, reconnu très bon dessinateur mais créant déjà sa propre peinture en lieu et place de l'incontournable copie des classiques de l'art, la relation conflictuelle avec son maître de peinture l'en fait exclure en 1955[3].

11, boulevard de Clichy, Paris
11, boulevard de Clichy, Paris

Arrivant à Paris en 1956  où il vivra au 11, boulevard de Clichy[5],[6] , Robert Nicoïdski fréquente l'École nationale supérieure des beaux-arts de 1957 à 1960, travaillant successivement dans les ateliers de gravure d'Édouard Goerg, dont il ne peut que remarquer « le caricatural douloureux dans ses nus et le traitement sans complaisance du thème de la volupté »[7], et de Jean-Eugène Bersier, maître consensuel en ce qu'« il mêle sympathie pour l'archaïsme et curiosité pour les expressions contemporaines »[8]. Bersier énoncera du reste une relation maître-élève qui fut bonne, voire complice, en évoquant Nicoïdski dans sa Petite histoire de la lithographie originale en France[9]. Le galeriste René Bréheret le découvre alors et est le premier à exposer Robert Nicoïdski à Paris.

En 1962, Robert Nicoïdski se rend à New York où c'est Karl Lunde (1931-2010)[10] qui le découvre à son tour et l'expose, une première fois en 1962, régulièrement ensuite, dans sa galerie The Contemporaries. Malgré son succès immédiat sur le marché américain[3], l'artiste, refusant tout appât d'aisance financière ainsi offerte, tient à rester rigoureusement vigilant à ne pas « produire » de la répétition et s'astreint pour cela, avec son épouse Clarisse (née Abinun, elle est la sœur du peintre Jacques Abinun[11]) et leur fils (qui sera écrivain sous les signatures de Louis Sanders et Élie Robert-Nicoud), à une discipline de vie recluse toute consacrée à la recherche picturale pour lui, à l'écriture pour elle, à une solitude donc qui restera consentie jusqu'en 1975. Il glisse durant cette période de l'abstraction lyrique vers la composition des Nus, où « il déforme et torture le corps pour en faire un paysage, un monstre, un martyr, où il fait les portraits des gens qu'on assassine et de ceux qui les côtoient »[3], annonçant ses séries des Avortements, de La mère et l'enfant, des Décorporations, des 33 crucifixions[12]. « Je me souviens, évoque ainsi Alain Bosquet, du choc exceptionnel que j'avais ressenti, en 1974, en voyant les Avortements, ces quelque quinze toiles de Nicoïdski, où des femmes nues, blafardes et courbées, se vidaient sur des avortons, des menstrues, du plasma, du sang impur mêlé de muscles et de boyaux rejetés de leur anatomie. Il y avait là un retour à l'animalité humaine, sans le truchement désormais éculé de la douleur peinte sur le visage… Ce qui en est resté n'est nullement une sensation d'horreur, tant il est vrai que le créateur a toujours raison, à un certain niveau de tension ou de dépassement. J'ai vite compris que Nicoïdski, comme Goya ou Soutine avant lui, nous avait offert une part de notre enfer que nous n'avions guère l'habitude de contempler, et qu'il l'avait fait avec une pureté exemplaire »[3].

Galerie K., Lyon
Galerie K., Lyon

La plus fulgurante rencontre de Robert Nicoïdski demeure en 1975 celle du lyonnais Roger Kowalski[13] dont il devient immédiatement l'ami, celui-ci l'accueillant pour l'accrochage aux cimaises de sa galerie K., à Lyon, de la série de toiles Avortements. Roger Kowalski mourra quelques semaines après cette exposition et Robert Nicoîdski brossera plusieurs importants portraits, hommages au poète-galeriste, intitulés Portrait de K.[14].

Si les relations entre Robert Nicoïdski et le faussaire Fernand Legros ne sont pas historiquement reconstituées, elles sont attestées par une suite de scènes et portraits peints par Nicoïdski, l'un de ces tableaux illustrant la couverture du livre de Fernand Legros (Fausses histoires d'un faux marchand de tableaux, Albin Michel, 1979)[15].

Sumo, Japon
Sumo, Japon

Le prix Nichido qui est attribué à Robert Nicoïdski en 1976 est doté d'une exposition personnelle itinérante dans les grandes villes japonaises. Le peintre effectue alors un voyage au Japon où une fascination majeure se révèle pour le spectacle des sumo. Il y découvre une notion de l'esthétique qui conforte la sienne propre, où ce qui constitue selon les normes occidentales « de la disproportion et de l'énormité » se transfigure, à ses yeux, en représentation du « beau essentiel » : ses « toiles, où l'on voit s'entrelacer douloureusement ces guerriers nus destinés dès leur plus jeune âge à une mort précoce, portent en elles ce mélange inquiétant de douceur et de violence que suggère la puissante fragilité des formes »[3].

Clarisse Nicoïdski meurt le [16] en laissant comme ultime texte d'écrivain la biographie de son mari qu'elle remit au musée des Beaux-Arts de Chartres en vue de la rétrospective-hommage Robert Nicoïdski qui s'y ouvrit en et à laquelle il était promis qu'elle assistât. « Travailleur infatigable, évoque-t-elle[12], il interrogea tous les aspects du trait sans se donner de limite artificielle entre ce qui relève de l'abstrait et ce qui relève du figuratif. Curieux à l'extrême de toutes les ressources que peuvent offrir à un plasticien les matériaux, il sera un des premiers à utiliser la peinture acrylique dans son association à d'autres types de peinture. Il est également un des premiers à avoir utilisé les résines plastiques pour en faire des vitraux et à collaborer à diverses œuvres architecturales »[17].


Expositions


Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds
Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds
Musée des Beaux-Arts de Chartres
Musée des Beaux-Arts de Chartres

Expositions personnelles



Expositions collectives



Vente publique



Réception critique



Récompenses



Collections publiques



États-Unis



Suisse



France



Collections privées référencées



Notes et références


  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Willy Louis Robert-Nicoud », sur MatchID
  2. Macha Séry, « "Irremplaçables", d'Élie Robert-Nicoud : tendres hommages d'un fils aimant », Le Monde, 1er décembre 2019
  3. Alain Bosquet, Nicoïdski : une peinture de colosse, Éditions Galerie Jade, Colmar, 1977.
  4. Biblipothèque de la ville de la Chaux-de-Fonds, Biographie de Lucien Schwob, Fonds des manuscrits Lucien Schwob].
  5. Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, B.N.F., 1992.
  6. Paris Promeneurs, Ateliers d'artistes, 11 boulevard de Clichy
  7. Jacques Busse, « Édouard Goerg », in Dictionnaire Bénézit, tome 6, Gründ, 1999, pages 242 et 243.
  8. « Jean-Eugène Bersier », in Dictionnaire Bénézit, tome 2, Gründ, 1999, page 203.
  9. Jean-Eugène Bersier, Petite histoire de la lithographie originale en France, Éditions Estienne, 1970.
  10. (en) William A. Peniston, Karl Lunde, College Art Association.
  11. Festival off d'Avignon, Clarisse Nicoïdski, juillet 2018
  12. Clarisse Nicoïdski, André Parinaud et Maïthé Vallès-Bled, Les derniers abstraits de Nicoïdski, Éditions du Musée des beaux-arts de Chartres, 1997.
  13. Christophe Dauphin et François Montmaneix, Roger Kowalski, Les hommes sans épaules.
  14. Ader Nordmann, Catalogue de l'atelier Robert Nicoïdski, 2015. Voir les Portraits de K., n°135 et 145.
  15. Ader Nordmann, Catalogue de l'atelier Robert Nicoïdski, 2015. Voir les Portraits de Fernand Legros, n°34, 40, 41, 42, 48, 50, 52, 53 et 106.
  16. « La romancière Clarisse Nicoïdski est décédée au début de la semaine », L'Humanité, 26 décembre 1996
  17. Fonds municipal d'art contemporain de Genève, Robert Nicoïdski, intervention sur l'architecture et sculpture dans l'espace public.
  18. Roger Sciberras, « De l'abstraction lyrique à la Nouvelle figuration », Art, littérature, psychanalyse, mars 1989
  19. « Événement - Maison des jeunes et de la culture Lillebonne Saint-Epvre : Dessin, libertés », Nancy curieux, mai 2019
  20. « Dessin, libertés », L'Est républicain, 7 mai 2019.
  21. Morgane Hérault, Robert Nicoïdski, communiqué de presse, Ader-Nordmann, septembre 2015.
  22. Jean-Marie Dunoyer, Le Monde, 21 décembre 1974.
  23. Dictionnaire Bénézit, tome 10, Gründ, 1999, page 199.
  24. David Nordmann, Préface, catalogue de la vente de l'atelier Robert Nicoïdski, Ader Nordmann, Paris, octobre 2015.
  25. Vitrosearch Suisse, l'école des Charmilles, Genève
  26. Valérie Muller, Une ville collectionne - 1950-1990, Fonds municipal de décoration, Genève, 1992, pp. 240-241]
  27. Musée d'Art et d'Histoire de Genève, Acquisitions de l'année 1968
  28. Olivier Tartart, « Gilbert Delaine, père du Musée d'art contemporain de Dunkerque », La Voix du Nord, 31 juillet 2013.

Annexes



Bibliographie



Liens externes


Sur les autres projets Wikimedia :




Текст в блоке "Читать" взят с сайта "Википедия" и доступен по лицензии Creative Commons Attribution-ShareAlike; в отдельных случаях могут действовать дополнительные условия.

Другой контент может иметь иную лицензию. Перед использованием материалов сайта WikiSort.org внимательно изучите правила лицензирования конкретных элементов наполнения сайта.

2019-2025
WikiSort.org - проект по пересортировке и дополнению контента Википедии