Fils aîné de parents émigrés juifs polonais, Samuel Berger passe les premières années de son enfance dans le quartier des Halles de Paris. Il habite au 158, rue Saint-Martin dans le 3earrondissement de Paris[3].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il échappe à la rafle du Vélodrome d'Hiver et se cache dans un premier temps chez des paysans dans le Loiret[4], puis à Espalion (Aveyron), dans une famille de républicains espagnols[5]. À dix ans, il est brièvement interné au camp de Drancy d’où il est libéré par les Américains, après la fuite des Allemands le [4].
Alors que son père et une grande partie de sa famille ont été massacrés dans les camps nazis[6], il est envoyé en 1944 par la Croix-Rouge à Winterthur en Suisse[5], où il est accueilli par la famille Halberstadt. En 1947, il embarque à Marseille avec sa mère et sa sœur pour Melbourne en Australie, où ils sont accueillis par un oncle maternel[5].
Formation
À son retour en France en 1951, totalement autodidacte, il suit quelques cours du soir de dessin dans les écoles de la Ville de Paris[5] et mène une existence particulièrement rude et précaire.
Boîtes de pastel dans l'atelier de Sam Szafran (2010).
Szafran retourne ensuite vers la figuration. Il produit une première série de Choux (1958–1965)[7].
En 1960, une boîte de pastels offerte lui permet une tournure importante dans son œuvre, le pastel devenant sa pratique de prédilection[5]. Alberto Giacometti, qu’il rencontre en 1964 devient officieusement son maître.
En 1964, l’artiste entre à la galerie Claude Bernard à Paris. Le collectionneur Jacques Kerchache organise sa première exposition personnelle en 1965[8]. Par la suite, son œuvre va se resserrer autour de quelques thèmes: Ateliers (1969-1970), Imprimeries (1972), Escaliers (à partir de 1974).
Szafran rejoint pour un temps Fernando Arrabal, Roland Topor et le groupe Panique en 1972. À l'occasion de l'exposition «60-72. Douze ans d'art contemporain en France» au Grand Palais, il se lie d'une profonde amitié fraternelle avec Henri Cartier-Bresson dont il sera un temps le maître en dessin[5].
En 1977 et 1978, il réalise ses premières grandes aquarelles, variations sur ses thèmes de prédilection: Ateliers, Serres et Escaliers. C’est sur ces mêmes thèmes ainsi que sur celui des Villes, qu’il commence, vers 1987, à combiner le pastel et l’aquarelle, le sec et le mouillé. À partir de 1999, il aborde certains grands Paysages urbains.
En 1999 et 2001, deux rétrospectives sont organisées: la première à la Fondation Gianadda à Martigny en Valais (Suisse)[9],[10], puis, la première présentée à Paris, «L’Atelier dans l’atelier» au musée de la Vie romantique[11].
En 2004 et 2005, il travaille avec le céramiste catalan Joan Gardy Artigas pour la réalisation des deux décors monumentaux Escalier et Philodendrons, destinés au Pavillon Szafran à la Fondation Gianadda, qui est inauguré en 2006[12].
Deux autres grandes rétrospectives vont suivre: «Sam Szafran – dessins, pastels et aquarelles» au musée Max Ernst de Brühl[13], près de Cologne en Allemagne (2010-2011) et «Cinquante ans de peinture» à la Fondation Gianadda (2013)[14]. Il y dévoile pour la première fois ses très grands formats.
Le Pavillon Szafran à Martigny, Suisse
En 2015 est inaugurée la Salle Sam Szafran au Pavillon Szafran de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny. C'est le seul hommage muséal permanent à l'artiste en Europe, décidé par Léonard Gianadda *
La salle est enrichie de manière significative en 2021 et présente désormais en permanence 12 importantes peintures, des œuvres sur papier, une table de pastels Roché etc.
Famille et vie privée
Il épouse en 1963 Lilette Keller, née à Moutier (Jura suisse). Elle donne naissance à leur fils Sébastien l’année suivante[5].
À partir de 1974, la famille réside à Malakoff[15].
Sam Szafran meurt le à Malakoff à 84 ans[16]. Il est inhumé le suivant au cimetière parisien de Bagneux.
Distinction
: Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres[17]
Prix
1993: Grand prix des arts de la Ville de Paris[18]
Sam Szafran, dessins[20], galerie Jacques Kerchache, Paris, 1965
Sam Szafran, fusains 1967-1970, galerie Claude Bernard, Paris, 1970
Sam Szafran, pastels 1970-1972[21], galerie Claude Bernard, Paris, 1972
Sam Szafran, pastels[22], galerie Artel, Genève, 1974
Sam Szafran, fusains[23], galerie Claude Bernard, Paris, 1976
Sam Szafran, pastels[24], galerie Claude Bernard, Paris, 1980
Sam Szafran, pastels, fusains, Le Centre d'art de Flaine, Cluses, 1986
Sam Szafran, recent works, Claude Bernard Gallery, New York, 1987
Sam Szafran, aquarelles[23], galerie Claude Bernard, Paris, 1987-1988
Sam Szafran, dessins, pastels, aquarelles[25], Caja Iberia, Saragosse, 1988-1989
Sam Szafran, aquarelles[24], galerie Vallois, Paris, 1992-1993
Sam Szafran[9], Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 1999; puis Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, 11 février-30 mars 2000
Sam Szafran - L'atelier dans l'atelier[11], musée de la Vie romantique, hôtel Scheffer-Renan, Paris, 2000-2001
Le Pavillon Szafran[26], Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2006
Sam Szafran, exposition au Pavillon des Arts et du Design, Jardin des Tuileries, galerie Hopkins & Custot, Paris, 2008
Sam Szafran[27], Max-Ernst-Museum, Brühl, 2010-2011
Sam Szafran, IIIe prix Piero Crommelynck, estampes, galerie de l'ancien collège, Châtellerault, 2011
Sam Szafran, pastels from the Triton Foundation, musée historique juif (Joods Historisch Museum), Amsterdam, 2011
Sam Szafran, cinquante ans de peinture[14], Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2013
Sam Szafran, galerie Claude Bernard, Paris, 2014, 2015, 2016, 2018, 2019.
Sam Szafran - Arborescences [24], Domaine de Chaumont-sur-Loire, 2017.
Sam Szafran [28], Les Dominicaines, Pont-L’Évèque, 21 mai - 18 septembre 2022.
Expositions collectives (sélection)
Société des Artistes Indépendants, Grand Palais, Paris, 1957
The 1958 Pittsburgh Bicentennial Internationl Exhibition of Contemporary Painting and Sculpture, Department of fine arts, Carnegie Institute, Pittsburgh, 1958
Salon des Réalités nouvelles, Paris 1959
Peintres et Sculpteurs, galerie Max Kaganovitch, Paris 1963
Sculptures de peintres, galerie Claude Bernard, Paris, 1964
À l'œil nu, Centre culturel américain, Paris, 1965
Aspects de la figuration depuis la guerre, musée d’art et d’industrie, Saint-Étienne, 1968
Expo 60/72, douze ans d’art contemporain en France, Grand Palais, Paris, 1972
Primitifs du XXesiècle, château d'Ancy-le-Franc, Ancy-le-Franc, 1972
Panique, galerie Jacques Kerchache, Paris, 1973
New Image in Painting, Biennale internationale, Tokyo, 1974
Trait pour trait. 50 autoportraits, galerie Jean Briance, Paris, 1976
L'Atelier, technique de la peinture, musée du Louvre, Paris, 1976
Nouvelle Subjectivité, Festival d'automne à Paris, Centre national d’art contemporain, Paris, 1976
Papiers sur nature, Festival d'automne à Paris, Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, Paris, 1977
Chemins de la création, dessins de peintres, dessins de sculpteurs, château d'Ancy-le-Franc, 1978
Tours, art vivant, Tours, 4 novembre – 3 décembre 1978
La Nouvelle Subjectivité, Palais des beaux-arts, Bruxelles, 1979
Nouvelles tendances de la peinture en France, Neue Galerie am Landesmuseum Joanneum, Künstlerhaus Graz, 1980
Paris 1960-1980, panorama de l’art contemporain en France, Museum des 20. Jahrhunderts, Vienne, 1982
Dessins français contemporains, Musée-Galerie de la Seita, Paris, puis Knoxville, Tennessee, 1982
Biennale de Venise, Pavillon international, 1982
La Délirante, revue de poésie, musée national d'art moderne, Paris, 1983
L'art moderne à Marseille, la collection du Musée Cantini, musée Cantini, Centre de la Vieille Charité, commissaire général Germain Viatte, Marseille, 1988
Chemins de la création, Jean-Paul Riopelle, Roseline Granet, Sam Szafran, château de Tanlay, centre d'art contemporain, Tanlay, 1989
Art en France, un siècle d’inventions[29], musée Pouchkine, Moscou, puis musée de l’Ermitage, Leningrad, 1989
Twentieth-century modern masters, The Jacques and Natasha Gelman collection, Metropolitan museum of art, New York, 1989–1990
L'aquarelle aujourd'hui, Abrahami, Levine, Salzmann, Szafran, Musée-Galerie de la SEITA, Paris, 1993
De Matisse à Picasso, collection Jacques et Natasha Gelman, Fondation Pierre Gianadda, organisée avec the Metropolitan Museum of art, Martigny, 1994
Made in France 1947-1997, 50 ans de création en France, Centre Georges-Pompidou, Paris, 1997
Le Mystère et l'éclat - Pastels du musée d'Orsay[30], musée d'Orsay, Paris, 2008
De Renoir à Sam Szafran, parcours d’un collectionneur, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2011
Réalisations monumentales
Escalier et Philodendrons, deux céramiques murales monumentales réalisées avec Joan Gardy-Artigas, pour le Pavillon Szafran, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2004
Notes et références
Dans les milieux francophones, Szafran est prononcé [ˈʃa.fran] (approximativement comme «sha-frane»). En Pologne, il est prononcé de façon très légèrement différente [ˈʂa.frãn] (approximativement comme «shha-fran-n'»). Le nom de famille dérive du mot polonais szafran (l'épice safran).
Dans Klarsfeld, 2012, on trouve à l'adresse du 158, rue Saint-Martin, dans le 3earrondissement de Paris le nom de Doba Szafran, né le 16 janvier 1901, à Varsovie, déporté par le Convoi No. 10, en date du 24 juillet 1942, du Camp de Drancy vers Auschwitz. Il y a quinze autres Szafran, dans cette même page, mais avec une adresse différente.
«Le peintre Sam Szafran est mort», Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
Sam Szafran, éd. par Jean Clair, cat. exp., Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2000.
Et présentée ensuite à la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence.
Sam Szafran. L'Atelier dans l'atelier 1960-2000, éd. par Daniel Marchesseau, textes de Michel Le Bris, cat. exp. musée de la Vie romantique, Paris, 2000.
Daniel Marchesseau, Le Pavillon Szafran, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2005.
Sam Szafran – dessins, pastels et aquarelles, éd. par Julia Drost et Werner Spies, cat. exp. Brühl, Max Ernst Museum, Brühl, 2010.
Sam Szafran, cinquante ans de peinture, éd. par Daniel Marchesseau, avec des contributions de Jean Clair, Estelle Pietrzyk et Werner Spies, cat. exp., Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2013.
Daniel Marchesseau, «Le banditisme ou la peinture…», entretien avec Daniel Marchesseau, dans cat. exp. Sam Szafran, L'Atelier dans l'atelier 1960-2000, musée de la Vie romantique, Paris, 2000, p.17-26.
Catalogue, textes de Julia Drost, Werner Spies, Jean Clair, Daniel Marchesseau et Estelle Pietrzyk.
Livret, textes d’Estelle Pietrzyk, Jean Clair et Alain Madeleine-Perdrillat.
Exposition présentée par l’Association française d'action artistique.
Album publié par le musée et la Réunion des musées nationaux.
Annexes
Bibliographie
Beate et Serge Klarsfeld, Mémorial de la déportation des Juifs de France, Paris, 1978; nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms, éd. Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), 2012
Jean Clair, Sam Szafran, Skira, Genève, 1998
Daniel Marchesseau, Le Pavillon Szafran, Fondation Gianadda, Martigny, 2005
Daniel Marchesseau et al., Henri Cartier-Bresson, photographies de "La Collection Sam, Lilette et Sébastien Szafran", Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2005
Alain Veinstein, Entretiens avec Sam Szafran, Flammarion, Paris, 2013
Daniel Marchesseau et al., "Sam Szafran, Cinquante ans de peinture", Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2013
Filmographie
Sam Szafran - Escalier, produit et réalisé par Antoine Cretton pour la Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2006
Sam Szafran - Ni dieu, ni maître, produit et réalisé par Antoine Cretton, coproduit par la Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2013
Philippe Hiquily: L’éloge de l’érotisme en sculpture, entretien Sam Szafran, conception Alexandra Marini, France, 2008, couleur, 84 min env., produit par la maison de haute couture Torrente
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