Jean Paul Riopelle, né le à Montréal et mort le à Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues, est un peintre, graveur et sculpteur québécois. Il est le fils de Léopold et Anna Riopelle.
Jean Paul Riopelle
Roseline Granet, Le Grand Jean Paul (2003), Montréal, Place Jean-Paul-Riopelle.
Compagnon de l'Ordre du Canada () Prix Paul-Émile-Borduas () Officier de l'Ordre national du Québec () Grand officier de l'Ordre national du Québec () Allée des célébrités canadiennes () Membre de l'Académie royale des arts du Canada
Jean Paul Riopelle commence à dessiner très jeune. En 1929, son père Léopold le confie à un artiste montréalais, Henri Bisson[1], professeur de dessin à l'école Saint-Louis-de-Gonzague à Montréal. Ils se retrouvent chaque samedi pendant une dizaine d'années pour peindre des paysages, des personnages et des natures mortes. Son jeune frère Pierre meurt en 1930. Cette expérience avec la mort lui laisse des traces profondes[2]. Ses parents espèrent qu'il devienne architecte; il est étudiant, en 1939 et 1940, à l'École Polytechnique de Montréal[3], et suit également des cours d'architecture durant deux ans[4]. Il peint ses premiers paysages à Saint-Fabien, au Bas-Saint-Laurent[5].
Carrière
Les années 1940
Dans les années 1940, Jean Paul Riopelle suit quelques cours à l'Académie des beaux-arts et il est un élève de Paul-Émile Borduas à l'École du meuble de Montréal. Il poursuit son orientation artistique malgré la désapprobation de ses parents, qui cessent de lui venir en aide. Il devient membre du mouvement artistique des Automatistes et l’un des signataires du manifeste Refus global[6]. Il participe à la première exposition du groupe à Montréal en 1946. Il épouse la même année Françoise Lespérance.
En 1947, il s'installe à Paris, où il continue sa carrière en tant qu'artiste. Il fait la connaissance de plusieurs artistes et écrivains. C'est à ce moment qu'il devient réellement automatiste, rencontrant les surréalistes et son fondateur André Breton. Il le surnomme par ailleurs «le trappeur supérieur». Il se lie également avec l'écrivain et critique d'art Georges Duthuit qui le soutient. Il participe à divers salons dont le Salon de mai.
À la naissance de sa fille Yseult en 1948, le couple Riopelle revient séjourner au Québec. La parution du Refus global provoque plusieurs remous. La famille retourne s'installer à Paris en décembre. Jean Paul Riopelle obtient sa première exposition individuelle en 1949 à la galerie Nina Dausset, et une seconde l'année d'après à la galerie Raymond Creuze. Entre-temps, sa fille Sylvie voit le jour. Jean Paul Riopelle participe à plusieurs expositions, dont celle intitulée Véhémences confrontées, organisée par le peintre Georges Mathieu. Durant cette période, il expérimente plusieurs techniques: pinceaux, empâtements, projections de peinture, couteaux et spatules.
Les années 1950
Il rencontre le succès en 1953 lorsque Pierre Loeb lui achète une grande partie de sa production. Il expose régulièrement à la galerie Pierre Matisse, à New York. Il est présent à la Biennale de Venise en 1954 ainsi qu'à celle de São Paulo l'année suivante. Il voyage aux États-Unis, où il se lie d'amitié avec Franz Kline et avec Joan Mitchell[7] qui deviendra sa compagne.
Vers 1958, il réalise ses premières sculptures. Il s'installe pour un an à East Hampton, où il s'adonne à la sculpture. De retour à Paris, il rencontre Sam Szafran, qui l'aide pour exposer ses sculptures et l'initie à la technique du pastel. Dans les années qui suivent, il recourt à des techniques variées: le pastel, la lithographie, le collage, le niellage, l'estampe, la céramique, etc. La référence à la nature devient plus explicite. Riopelle commence à introduire des éléments figuratifs.
Les années 1960
Il rencontre un succès grandissant, représente à nouveau le Canada à la Biennale de Venise de 1962[8], expose régulièrement à la galerie Maeght à Paris et obtient une grande rétrospective à la Galerie nationale du Canada (maintenant le Musée des beaux-arts du Canada) en 1963, et au Musée du Québec (devenu depuis le Musée national des beaux-arts du Québec) en 1967. Il obtient une commande pour l'aéroport de Toronto, sa plus grande toile, Point de rencontre (426 × 549 cm) qui sera offerte par le gouvernement canadien à la France en 1989, à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française, et qui est maintenant exposée à l'opéra Bastille à Paris. À partir de 1968, le thème animalier se retrouve de plus en plus dans ses sculptures.
Ses séjours au Québec deviennent plus fréquents. En 1968, il rencontre Champlain Charest. Avec lui, il s'adonne à la chasse et à la pêche au cours des années 1970 dans le Nord et le Grand Nord du Québec et du Canada, voyages qui lui inspireront les séries Jeux de ficelles (1971-1972), Rois de Thulé (1973) et Icebergs (1977)[9].
Les années 1970
En 1973, Riopelle est récipiendaire du Prix Louis-Philippe-Hébert, remis par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal[10]. En 1974, il se fait construire un atelier à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, dans les Laurentides. Il partage son temps entre cet atelier et celui qu'il possède en France, à Saint-Cyr-en-Arthies. Il réalise sa série de toiles en noir et blanc intitulée Iceberg. En 1976, sa sculpture fontaine La joute, entreprise dès 1969, est installée au Stade olympique de Montréal. En 1979, il travaille avec Hans Spinner à la production d'un mur de 61 éléments en céramique pour la fondation Maeght.
Les années 1980
Au début des années 1980, il consacre plusieurs œuvres aux oies sauvages, thème récurrent jusqu'en 1992. Il subit deux blessures sérieuses avec fractures à la colonne vertébrale qui l'obligent à de longs séjours de réadaptation.
Les années 1990
Il revient au Québec définitivement en 1990. Sa production est abondante. Une importante rétrospective lui est consacrée en 1991 pour l'inauguration du pavillon Jean-Noël Desmarais du Musée des beaux-arts de Montréal. Il fait l'acquisition d'une résidence sur l'Isle-aux-Grues, où il résidera jusqu'à sa mort.
Riopelle a passé plusieurs années à perfectionner la technique du all-over, qui consiste à éliminer toute forme de perspective dans le tableau au moyen d'éclats de peinture en couches multiples, technique picturale emblématique de l'artiste américain Jackson Pollock. Par la suite, il se tourne vers la peinture au pochoir avec des bombes en aérosol. Enfin, il renoue avec la figuration: c'est l'arrivée des oiseaux. Il termine sa carrière avec quatre 1ers prix internationaux et devient, par le fait même, l'un des plus grands peintres de l'histoire du Canada.
Les années 2000
À sa mort le , le gouvernement du Québec lui réserve des obsèques nationales[11]. Sa fille Yseult a entrepris en 1987 la production d'un catalogue raisonné des œuvres de son père.
Les années 2010
En octobre 2019, la Fondation Jean Paul Riopelle est créée. Elle a pour but de valoriser le travail de la relève en arts visuels au Canada et à l'international, ainsi que de faire rayonner le travail du peintre automatiste[12]. Un fonds d’archives orales sera constitué par la Fondation et l'Université Concordia pour le centenaire de naissance de Jean Paul Riopelle[13].
Les années 2020
La Ville de Montréal donne le coup d'envoi des célébrations du 100e anniversaire de naissance de Riopelle en présentant au 625, rue Milton une murale réalisée par Marc Séguin au cours de l'automne 2022[14]’[15]. En 2023, Robert Lepage présente, au Théâtre Jean-Duceppe, une pièce de théâtre sur la vie et l’œuvre de Jean Paul Riopelle, avec comme interprètes Luc Picard dans le rôle de Riopelle et Anne-Marie Cadieux dans le rôle Joan Mitchell[16]’[17]’[18].
Héritage
Une de ses œuvres les plus ambitieuse est L'Hommage à Rosa Luxemburg. Cette suite de trente tableaux fut créée en hommage à Joan Mitchell, lorsque Riopelle apprit sa mort en 1992. Riopelle a ceci de particulier qu'il est peut-être le seul peintre québécois du XXesiècle à avoir pleinement vécu la grande période parisienne de l'après-guerre. Une grande exposition, organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal, a été présentée en 2006 au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, en Russie.
La Place Jean-Paul-Riopelle a été aménagée en face du Palais des Congrès de Montréal avec le transfert de sa fontaine La Joute[19].
Œuvres
Jean-Paul Riopelle, La Joute, place Jean-Paul-Riopelle, Montréal.
Peinture
Hibou premier, entre 1939 et 1941, huile sur carton entoilé, 40,5 x 30 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[20].
Saint-Fabien, 1944, huile sur toile collée sur carton, 30,4 x 41 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[21].
Soleil de minuit (Quatuor en Blanc), 1977, Musée des beaux-arts de Montréal[38]
Iceberg no 1, 1977, Huile sur toile, 280 x 430 cm[39].
Pangnirtung, 1977, huile sur toile, 200 x 560 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[40].
Soufflé d'oies, 1982, acrylique, peinture en aérosol, bois et têtes d'appelants en plastique et en carton fixés sur papier monté sur panneau de bois dans un boîtier, 164,2 x 167,5 x 28,3 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[41].
Enseigne, 1982
Le Bestiaire, 1989, acrylique, peinture en aérosol et collage sur papier marouflé sur toile, 655 x 400 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[42].
Sans titre, 1992, Acrylique et peinture en aérosol sur bois, 203 x 151,5 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[43].
L'Hommage à Rosa Luxemburg, 1992, passage entre le pavillon central et le pavillon Pierre Lassonde, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[44].
Sculpture
La Victoire et le Sphinx, 1963 fonte en 1965, bronze, 172 x 156 x 182 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[45].
Femme Hibou, 1969-1970 fonte en 1974, bronze 4/4, 111 x 48 x 48 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[47].
Le Chien, 1969-1970 fonte en 1974, bronze 4/4, 56,5 x 71 x 50 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[48].
La Tour, 1969-1970 fonte en 1974, bronze 1/4, 258 x 243 x 85 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[49].
Le Poteau, 1969-1970 fonte en 1974, bronze 1/4, 157 x 74 x 74 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[50].
Le Poisson, 1969-1970 fonte en 1974, bronze 1/4, 310 x 50 x 75 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[51].
L'ours, 1969-1970 fonte en 1974, bronze 4/4, 154 x 122 x 106 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[52].
Hibou accompagné, 1970 fonte en 1991, bronze, bois et métal, tirage de 3, 139 cm (diamètre) x 20 cm (profondeur), Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[53].
Hibou-Totem, 1973 fonte en 1986, bronze 4/8, 39 x 19 x 22 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[54].
Hibou-Carnaval, 1973 fonte en 1986, Bronze 8/8, 29 x 29 x 16 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[55].
À l'affût, 1973, fonte en 1986, bronze 5/8, 31,5 x 33,6 x 19,2 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[56].
La Tour, 1969-1970, fonte 1974, Jardin de sculptures Julie et Christian Lassonde (borde le Musée national des beaux-arts du Québec).
La joute (1976), place Jean-Paul-Riopelle
Citations
«Mes tableaux sont faciles à reconnaître. On croit voir des draps de lit sur lesquels un peintre en bâtiment aurait essuyé ses pinceaux[58].»
«Pour moi, une toile n'est jamais la reproduction d'une image. Ça commence toujours par une sensation vague, l'envie de peindre. Pas d'idée graphique. Le tableau commence où il veut... mais après, tout s'enchaîne. Ça c'est l'essentiel[59]...»
Collections publiques
Musée national des beaux-arts du Québec, Québec, Canada[60]’[61].
1991-1992: Jean Paul Riopelle, 26 novembre 1991 au 19 janvier 1992, Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal.
2006-2007: Riopelle. Œuvres de la collection de Power Corporation et du Musée des beaux-arts de Montréal, du au au Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersburg et du au au Musée Cantini, Marseille[65].
2014-2022: Jean-Paul Riopelle. Métamorphoses. février 2014 - 2022, Pavillon Charles-Baillairgé, Musée national des beaux-arts du Québec[66].
2016: Riopelle au Cap Tourmente, Maison Hamel-Bruneau, du 14 juin au 18 décembre 2016, Québec[67]’[68].
2018: Mitchell / Riopelle. Un couple dans la démesure, du au au Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[69]’[70].
2020-2021: À la rencontre des territoires nordiques et des cultures autochtones, 25 novembre 2020 au 12 septembre 2021, Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal[71].
2021-2022: À la rencontre des territoires nordiques et des cultures autochtones, 23 octobre 2021 au 21 février 2022, Audain Art Museum, Whistler[72].
Honneurs
1952: Prix Unesco
1954: Représente le Canada à la Biennale de Venise avec Bertram Charles Binning, Paul-Émile Borduas
1955: Mention honorable à la Biennale de São Paulo
1958: Mention au prix international Guggenheim
1962: Représente le Canada à l'exposition internationale d'art de la Biennale de Venise
1994: Grand Officier de l'Ordre national du Québec[74]
Notes et références
Guy Robert, Riopelle ou la poétique du geste, Les Éditions de l'Homme, Ottawa, 1970
Monique Brunet Weinmann, François-Marc Gagnon, Guy Patenaude, sous la direction de Robert Bernier, Jean-Paul Riopelle. Des visions d'Amérique, Les Éditions de l'Homme, Montréal, 1997 (OCLC 37980988)
(en) Morency, Catherine, 1977-, Martin, Michel, 1946-, Brummel, Kenneth, et Michaud, Yves,, Mitchell Riopelle: nothing in moderation = un couple dans la démesure, Québec/Toronto/Landerneau/Milano, MNBAQ, Musée national des beaux-arts du Québec / AGO, Art gallery of Ontario / Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la culture / 5 continents, 205p. (ISBN978-88-7439-791-4 et 8874397917, OCLC1011094168, lire en ligne)
(en) Franco Russoli, Jean Paul Riopelle: Peintures et sculptures = Paintings ans Sculpture = Dipinti e sculture, s.n., (lire en ligne)
Daniel Gagnon, Riopelle grandeur nature, Fides, Collection Approches, Montréal, 1988.
Entretiens avec Jean Paul Riopelle; suivis de Fernand Seguin rencontre Jean Paul Riopelle, Édition Liber, collection de vive-voix, Montréal, 1993.
Hélène de Billy, Riopelle, Édition Art Global, Montréal, 1996.
Revue Connaissance des arts (H. S. 179), Riopelle: [exposition, Montréal, Musée des beaux-arts, 19 juin-29 septembre 2002], Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, , 126p. (ISBN2-89192-989-6).
René Viau, Jean Paul Riopelle, Édition Musée du Québec, 2003.
Lise Gauvin, Chez Riopelle. Visites d Atelier, Montréal, Éditions de L'Hexagone, .
Yseult Riopelle, Catalogue raisonné de Jean Paul Riopelle, Tome 1, 1939-1953, Hibou Éditeurs, Montréal, 1999.
Yseult Riopelle, Catalogue raisonné de Jean Paul Riopelle, Tome 2, 1954-1959, Hibou Éditeurs, Montréal, 2004.
Yseult Riopelle, Catalogue raisonné des estampes de Jean Paul Riopelle, Hibou Éditeurs, Montréal, 2005.
Yseult Riopelle et Tanguy Riopelle, Catalogue raisonné de Jean Paul Riopelle, Tome 3, 1960-1965, Hibou Éditeurs, Montréal, 2009.
Louise Vigneault, Espace artistique et modèle pionnier. Tom Thomson et Jean-Paul Riopelle, Montréal, Hurtubise, 2011.
En 1985, l’idée d’une fondation Jean Paul Riopelle germe tranquillement dans l’esprit du peintre, Marie-Hélène Poirier, 15 novembre 1985 https://www.youtube.com/watch?v=JXYejuQzsqM
En 1994, l’historien de l’art François-Marc Gagnon parle de l’Œuvre de Jean Paul Riopelle, Raymond Saint-Pierre, Le Point, 26 décembre 1994, https://www.youtube.com/watch?v=FcQTqssNAf0
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